Le hall d ordination dans le monastère thaï - article ; n°1 ; vol.87, pg 125-149
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Le hall d'ordination dans le monastère thaï - article ; n°1 ; vol.87, pg 125-149

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 2000 - Volume 87 - Numéro 1 - Pages 125-149
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Pierre Pichard
Le hall d'ordination dans le monastère thaï
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 87 N°1, 2000. pp. 125-149.
Abstract
Pierre Plchard
The ordination hall in Thai monasteries
Frequently sheltering the most important Buddha image, the ordination hall (ubosof) is today the principal building of a Thai
monastery. This was not always the case: in the Sukhothai Kingdom, a stupa and a large main hall (vihan) mark the centre of
most fourteenth-century monasteries, while the ordination hall, surrounded by its boundary stones (bai semas), is built away to
one side or, when on the main axis, at some distance. The Ayutthaya monasteries (1351-1767) do not alter this pattern
substantially. Only after the founding of Bangkok in 1782, the ordination hall takes its present prominence, often standing alone at
the centre of a courtyard surrounded by a roofed gallery. This has become standard throughout the country and has replaced the
old regional variations.
Résumé
Pierre Pichard
Le hall d'ordination dans le monastère thaï
Si le hall d'ordination (ubosot) est aujourd'hui le bâtiment majeur des monastères de Thaïlande, et souvent celui qui en abrite la
statue la plus vénérée, il n'en a pas toujours été ainsi. Au XIVe siècle, dans le royaume de Sukhothai, les monastères sont
généralement centrés sur un stupa associé au grand hall principal(vihari), et le hall d'ordination, distingué par les bornes rituelles
(bai sema) qui l'entourent, se trouve écarté sur le côté, ou à quelque distance lorsqu'il est sur l'axe de l'ensemble. La
configuration des grands monastères d'Ayutthaya (1351-1767) reste proche de ce modèle. Ce n'est qu'après la fondation de
Bangkok en 1782 que le hall d'ordination, souvent implanté au centre d'une cour entourée d'une galerie couverte, prend son
importance actuelle, qui s'est imposée dans tout le pays au détriment des anciennes variantes régionales.
Citer ce document / Cite this document :
Pichard Pierre. Le hall d'ordination dans le monastère thaï. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 87 N°1,
2000. pp. 125-149.
doi : 10.3406/befeo.2000.3473
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_2000_num_87_1_3473hall d'ordination dans le monastère thaï Le
Pierre PlCHARD
L'ordination du nouveau moine, ou les ordinations puisque, depuis les débuts du
bouddhisme, elle comporte deux degrés, voire trois en Chine (Prip-Moller, 1967 : 311
sq.), est une cérémonie majeure de l'institution monastique. En particulier dans le
bouddhisme theravâdin, elle fonde la légitimité de la congrégation et fait l'objet d'un
règlement pointilleux jusqu'à la prononciation des formules récitées en pâli par le
candidat (Bizot, 1988). De plus, l'ordination a été au cours de l'histoire le prétexte le
plus utilisé par le pouvoir politique ou les réformateurs religieux pour prendre le
contrôle d'une communauté monastique, pour déconsidérer une tendance jugée
dangereuse ou prononcer l'exclusion de ses représentants : quel meilleur moyen que de
déclarer invalide l'ordination d'une lignée, puisque ses membres ne pourront rester
moines qu'à la condition de se soumettre à une nouvelle ordination selon l'orthodoxie
officielle ?
Le Vinayapitaka en décrit pédagogiquement la genèse, depuis l'admission des
premiers disciples par le Buddha lui-même (Mahâvagga : I, 12), qui les autorise ensuite
à conférer les deux niveaux de l'ordination, lapabbajjâ et Yupasampadâ, « en tous pays
et en toutes régions », et en fixe la formule, la prise de triple refuge à répéter par trois
fois, jusqu'au moment où, face à l'extension de la communauté, il devient nécessaire de
formaliser encore plus strictement les conditions requises du candidat et l'acte rituel de
Yupasampadâ {Mahâvagga : I, 28, 30-32, 38, 76 ; Bizot, 1988 : 19).
Dans quel lieu, quel cadre, quelle sorte de bâtiment prenait place ce rituel ? Le
Vinayapitaka ne le précise pas, alors qu'il énumère les éléments d'un monastère et en
détaille à l'occasion certaines dispositions : cellules d'habitation, hall pour la
distribution des robes, allée pour la méditation, salle de bain, puits et latrines
{Cullavagga : V, 14, 16 ; VI, 3). En revanche, un bâtiment doit être dévolu à la
récitation du Pâtimokkha, à laquelle tous les moines d'une même communauté étaient
tenus d'assister les jours ďuposatha (Mahâvagga : II, 1-7). À cette fin, l'un des
bâtiments du monastère devait être choisi par l'assemblée pour être officiellement
nommé uposathâgâra, hall de Yuposatha ; le texte précise que ce pouvait être aussi bien
une salle à usage communautaire qu'une maison avec ou sans étage ou qu'un lieu
souterrain, mais qu'il ne devait y avoir qu'un seul uposathâgâra par monastère
(Mahâvagga : II, 8).
•-v*<-> +1ч /-**•«-» т т7\ А**л 1 г» +*As*Î4-r*4-î <-k*^ y-4-ii T)s
ordinations sont en général pratiquées dans un même bâtiment dont le nom,
uposathâgâra ou poya ge au Sri Lanka, ubosot ou bot en Thaïlande, se réfère à la
cérémonie de Yuposatha qui est effectivement son usage le plus régulier, les derniers
jours de la lune ascendante et descendante de chaque mois, alors que les ordinations n'y
Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, 87 (2000), p. 125-149 126 Pierre PlCHARD
sont qu'une occurrence occasionnelle. Cet édifice est pourtant appelé le plus souvent
« hall d'ordination » par les Occidentaux, à l'exception d'André Bareau (1957 : 18) qui
préfère le terme certainement plus approprié mais à résonance bien chrétienne de « salle
capitulaire ».
C'est en effet le bâtiment destiné aux assemblées propres à la communauté
monastique. Au Sri Lanka ou en Birmanie, il est resté jusqu'à nos jours de dimensions
modestes et se trouve souvent relégué dans un angle ou à l'arrière du monastère, alors que
dans les grands monastères de Bangkok, comme dans ceux que l'on construit ou que l'on
rénove aujourd'hui dans toute la Thaïlande, ce hall d'ordination est le plus souvent
l'édifice principal, le plus haut et le plus richement décoré. C'est aussi, dès qu'une
communauté a réuni un trésor suffisant, celui qu'elle remplacera en priorité par un édifice
neuf et plus prestigieux. De plus, l'intérieur du hall est dominé, face à l'entrée, par une
statue du Buddha qui est aussi bien souvent, dans les monastères récents, l'image majeure
et la plus vénérée du monastère. Ce bâtiment est donc aussi un temple : il en a
l'organisation spatiale, et la partage de plus avec un autre édifice d'apparence peu diffé
rente, le vihan. Propre à la Thaïlande, cette curieuse gémellité devient parfois, on le verra,
presque absolue.
Ailleurs, ces fonctions sont plus différenciées : ainsi, parmi les édifices du monastère
sri lankais se trouvent le temple (vihâra), le hall d'ordination (uposathâgâra) et la salle de
prédication {dharmasâlâ), auxquels s'ajoutent des éléments rituels et commémoratifs,
stupa et arbre de la bodhi, et des bâtiments d'habitation et de service (Bareau, 1957).
Accessible aux moines comme aux laïcs, le temple est plus ou moins développé selon
l'importance du monastère, de même que son iconographie qui peut comprendre plusieurs
images du Buddha, ou celles de Maitreya, de disciples, ou de dieux hindous. Le hall
d'ordination au contraire, réservé aux cérémonies monastiques, est généralement dépourvu
d'image et n'abrite que le siège du supérieur et ceux des moines, encore qu'André Bareau
observe dès 1957 (p. 18) dans de grands monastères urbains que ce hall tend à «rivaliser
avec le temple » par le décor et l'iconographie, ce qui pourrait annoncer une évolution vers
la situation actuelle du monastère thaï.
Plus simple est la configuration que le monastère bouddhique a prise au Cambodge et
au Laos : outre le logement des moines, en général le premier construit dans un nouveau
monastère, un hall ou un pavillon, la sala, est dévolu aux assemblées et aux

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