Le langage héraldique dans le Tournoiement Antéchrist - article ; n°1 ; vol.83, pg 43-53
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1922 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 43-53
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

Max Prinet
Le langage héraldique dans le Tournoiement Antéchrist
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1922, tome 83. pp. 43-53.
Citer ce document / Cite this document :
Prinet Max. Le langage héraldique dans le Tournoiement Antéchrist. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1922, tome 83. pp.
43-53.
doi : 10.3406/bec.1922.448668
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1922_num_83_1_448668LE
LANGAGE HÉRALDIQUE
DANS LE
TOURNOIEMENT ANTECHRIST
Le Tournoiement Antéchrist a été composé par Huon de
Méry, peu après 1234. Le poète raconte comment, étant en
Bretagne, dans l'armée du roi Louis qui combattait alors Pierre
Mauclerc1, il voulut visiter la forêt de Brocéliande et que là il
fit la rencontre de Bras-de-Fer, chambellan de l'Antéchrist, qui
le guida vers une plaine où il vit se dérouler un combat livré
par les serviteurs de l'Antéchrist à ceux du Christ.
Du côté de l'Antéchrist étaient les vices personnifiés, avec les
diables et les dieux de la mythologie. Du côté du Christ étaient
les vertus personnifiées, les anges et les chevaliers de la Table
ronde2. Force coups furent échangés; finalement la victoire
resta au parti de Dieu.
C'est là une épopée allégorique, une Psychomachie dérivée
de celle de Prudence, mais fortement marquée de l'empreinte
du moyen âge. Les armes des vertus et celles des vices sont
décrites en détail. Les caractères des combattants sont indi
qués par des emblèmes figurés sur ces armes, parfois placés au
sommet des heaumes, en guise de cimiers, brodés sur
des gonfanons, le plus souvent peints sur des boucliers.
Tous ces ornements sont bizarrement formés de figures
1. Il s'agit de la troisième campagne de saint Louis contre le duc de Bre
tagne (juillet-novembre 1234).
2. Sur les rapports du poème avec les romans de la Table ronde, voir M. Gre-
bel, Le Tornoiment Antéchrist, p. 73 et suiv. LE LANGAGE HÉRALDIQUE DANS LE « TOURNOIEMENT ANTECHRIST » . 44
visibles et de qualités morales ; pour les décrire, le poète com
bine les termes héraldiques avec les noms abstraits des vertus
et des vices.
Les émaux sont désignés quelquefois par un nom technique.
La couleur rouge est, çà et là, nommée gueules, et l'auteur ne
manque pas de faire, sur ce nom, une plaisanterie facile :
Lècherie réunit gueules et langues dans son écu1.
Parlant d'Orgueil, Huon de Méry dit :
De geules estoit ses escuz,
Plus vermeilles que nus sinoples2.
Sinople est donc rouge ici; il sert de synonyme à gueules3.
Le plus souvent, c'est l'adjectif vermeil qui caractérise un objet
de couleur rouge.
Azur est le seul nom qui soit donné à la couleur bleue4. Les
adjectifs noirb et vertQ sont d'usage constant; il n'est pas ques
tion de pourpre. Quant aux figures & argent, elles sont tantôt
désignées par ce substantif7, tantôt par l'adjectif blanc%. Mais
l'expression d'or9 est partout employée, à l'exclusion de l'adjec
tif jaune. U hermine est mentionnée une fois10; il n'est point
parlé du vair héraldique.
Des grandes partitions, le poète ne paraît connaître que le
parti ou le mi-parti (qu'il n'en distingue pas). On trouve des
1. V. 993. — Je cite l'édition donnée par G. Wimmer, en 1888 (Li Tornoie-
menz Aniecrit, dans les Ausgaben und Abhandlungen aus dem Gebiete der
romanischen Philologie, publ. par E. Stengel, fascicule LXXVI). — Wimmer
(p. 137) explique le mot geules de la manière suivante : « Rote Farbe (zur
Unterscheidung einer Jüngern Linie von dem Stammwappen) ». Il y a là une
confusion singulière; la couleur rouge n'est spéciale aux brisures ni dans
l'héraldique réelle, ni dans les armoiries imaginées par Pluon de Méry.
2. V. 614, 615. — Primitivement, gueules était un pluriel féminin (gulae,
en latin).
3. V. 373, 1268, 2073. — Sinopis est le nom d'une couleur rouge chez Tliéo-
phraste et ceux qui l'ont suivi (Pline, Isidore de Seville, etc.).
4. V. 373, 1378, 1719, 1791.
5. V. 539, 810, 921.
Ö. V. 667, 1385.
7. V. 774, 858, 1594, 1626, 1876.
8. V. 986, 1516.
9. V. 774, 778, 1269, 1385, etc.
10. V. 2071. LE LANGAGE HERALDIQUE DANS LE « TOURNOIEMENT ANTECHRIST ». 45
écus partis « de coros et de félonie1 », « d'outrage et de délices2 »,
« d'oraisons et d'obédience3 », « de proesce et de cortoisie4 »,
des armes mi-parties « de beauté et de cortoisie 5 » .
Parmi les grandes pièces héraldiques, c'est la bande qui est
le plus fréquemment nommée. Antéchrist portait « une bende
de mort soubite6 », Hypocrisie « une bende d'eresie7 ». Sou
vent, la bande est répétée dans un écu bandé. Le blason de
Convoitise est « bandé de termes et d'usure8 », celui de Sapience
« bandez d'onour et de conseil9 ». Mais le mot « bendé » ne
désigne pas uniquement, comme dans le blason moderne, un
champ couvert de bandes d'émaux alternés; il désigne égale
ment un champ chargé d'une seule bande. Les écus d'Aumône,
de Piété, de Leauté et de Vérité « d'une bende d'aliance erent
bendé10 ».
La bande est parfois côtoyée de deux bandes plus étroites, de
deux cotices. Ainsi, l'écu de Trahison est
A une bende de faintié
Coutichiee d'ennemistié H .
Une bande étroite isolée, un « baston » de pénitence, se voit
sur les boucliers des filles d'Humilité12.
La fasce se trouve citée dans le blason de Glouternie, qui est
A la fasse de desmesure13.
1. Var. du ras. d'Oxford, p. 49, vers 47.
2. V. 993.
3. V. 1555.
4. V. 1985.
5. V. 1997.
6. V. 542, 543.
7. V. 859.
8. V. 779.
9. V. 1879.
10. V. 1956, 1957. — Wimmer (p. 112) traduit bendé par « mit einem Querst
reifen von Metall versehen ». Les bandes héraldiques ne sont point nécessai
rement de métal.
11. V. 827, 828. — On a imprimé à tort contichiée. Wimmer (p. 119) traduit
ce mot par « belleckt, besudelt », ce qui veut dire sali. En face delà variante
« coustichiée », il inscrit (avec un point d'interrogation) : « durchflechten »
(entrelacer).
12. V. 1628.
13. V. 1001. 46 LE LANGAGE HÉRALDIQUE DANS LE « TOURNOIEMENT ANTECHRIST » .
La fasce vivrée, appelée dance par les hérauts du moyen
âge, figure dans les armoiries d'Amour et dans celles de Coin-
tise. Les premières sont
... a une dance
Portrete de bone espérance1 ;
et les autres
A dances d'or en vert danciees2.
Les bur elles apparaissent, une fois, dans les armes burelées
de Vilenie3. Les burelles rapprochées deux à deux, les jumelles,
se voient dans l'écu de Mensonge : « a. .11. jumelés de loberie et
de mesdiz4. » Des chevrons décorent le blason de Virginité, qui
est décrit « chevronnez de festes anniex5 ».
Les armes de Jésus-Christ renferment naturellement une
croix, « une grant croix de sinople, asise sor or esmeré6 ».
Nous dirions que Notre Seigneur portait d'or à la croix de
gueules.
La croix se retrouve sur les écus des filles d'Humilité, qui
sont « d'argent a une croiz de pacience7 ».
La croix en X, le sautoir, est « de menaces » sur les bouc
liers de la « mesnie Orgeil8 » ; il est « de meschaance » dans
le blason de Larcin9.
On trouve un quartier d'or sur l'écu de Providence10, et un
quartier « de guerredons » sur celui de Largesse11. Des bla
sons sont bordés de « deableaus12 » ou a" « abominacion13 ».
C'est, sans doute, de bordures endentées qu'il s'agit, lorsque
1. V. 1719.
2. V. 667. Wimmer (p. 121) traduit dance par « Tanz »,
3. V. 986.
4. V. 840. Cf. variantes du ms. d'Oxford, p. 50, vers 160 et 170.
5. V. 1519.
6. V. 1268, 1269.
7. V. 1626, 1627.
8. V. 658.
9. V. 928.
10. V. 1893.
11. V. 1646.
12. V. 540.
13. V. 1049. LANGAGE HÉRALDIQUE DANS LE « TOURNOIEMENT ANTECHRIST » . 47 LE
d' « escu endenté1 », d' « armes endentees Huon de Méry parle
de félonie2 ».
Le lambel (label) se rencontre très fréquemment; il est de
frénésie, de détrac

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