Le nom du troubadour Dauphin d Auvergne et l évolution du mot dauphin en Auvergne au Moyen Age - article ; n°1 ; vol.91, pg 66-99
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Le nom du troubadour Dauphin d'Auvergne et l'évolution du mot dauphin en Auvergne au Moyen Age - article ; n°1 ; vol.91, pg 66-99

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1930 - Volume 91 - Numéro 1 - Pages 66-99
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Fournier
Le nom du troubadour Dauphin d'Auvergne et l'évolution du mot
dauphin en Auvergne au Moyen Age
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1930, tome 91. pp. 66-99.
Citer ce document / Cite this document :
Fournier Pierre. Le nom du troubadour Dauphin d'Auvergne et l'évolution du mot dauphin en Auvergne au Moyen Age. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1930, tome 91. pp. 66-99.
doi : 10.3406/bec.1930.448896
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1930_num_91_1_448896LE NOM DU TROUBADOUR
DAUPHIN D'AUVERGNE
ET
L'ÉVOLUTION DU MOT DA UPHIN EN AUVERGNE
AU MOYEN AGE
Au xne siècle, « à la suite d'événements mal expliqués » (et
qui n'importent pas ici), le comté d'Auvergne se trouva par
tagé entre deux membres de la maison comtale qui portaient
tous les deux le nom. de Guillaume ; pour les distinguer l'un
de l'autre, l'usage est d'ajouter à leur nom respectivement
les épithètes Vieux et Jeune1. La lignée de Guillaume le
Vieux perpétua le titre de comte d'Auvergne ; celle de Guil
laume le Jeune l'abandonna peu à peu et finalement adopta
celui de dauphin d'Auvergne. Les érudits sont divisés sur
les points suivants : 1° le fils et successeur de Guillaume le
Jeune a-t-il porté seulement le nom de Dauphin, ou n'a-t-il
pas porté en même temps celui de Robert? 2° à quelle
époque la mutation de Dauphin nom propre de personne en
dauphin nom commun de dignité féodale s'est-elle accomplie
en Auvergne? Ce sont ces deux questions que je me propose
d'examiner ici.
A première vue, l'objet pourrait paraître très mince. S'il
ne s'était agi que de rectifier, ou plus exactement de remettre
au point un détail de la généalogie des comtes-dauphins
d'Auvergne, une note de quelques lignes aurait dû suffire.
1. Voir E. Teilhard [de Chardin], Montferrand avant sa charte de commune,
dans les Mémoires de V Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-
Ferrand, 1882, XXIV, 328-332 ; Gilbert Rouchon, dans Boule, Glangeaud,
Pcouchon, Vernière, Le Puy-de-Dôme et Vichy, guide. Paris, 1901, 116. LE NOM DU TROUBADOUR DAUPHIN D'AUVERGNE 67
Tel a été d'abord mon dessein. Mais peu à peu il s'est élargi.
C'est qu'en effet deux méthodes sont praticables pour les
investigations touchant l'évolution des noms propres de
personne : l'une repose sur la statistique ; elle vaut pour les
families dont les membres ne sont connus que par des ment
ions isolées, sans que le lien qui les unit entre eux puisse,
être suivi, ni la biographie de chacun d'eux reconstituée;
l'autre a pour point de départ la généalogie de familles mieux
connues. Si la première méthode permet d'embrasser le cours
général des transformations, la deuxième offre l'avantage de
procurer une perception plus directe des transitions en même
temps que des conditions plus favorables pour l'analyse des
circonstances qui ont pu déterminer telle ou telle mutation.
Considérés de ce point de vue, les avatars de Dauphin
prennent une portée plus générale et méritent en quelque
mesure de retenir l'attention, pour leur rapport avec la
transformation, des noms propres individuels de personne
en noms propres collectifs de famille au moyen age et avec
celle des noms propres de personne en noms communs de
dignité 1.
Au préalable, afin de fixer l'état actuel de la controverse,
je commencerai par résumer les principaux travaux2 qui ont
fait pencher l'opinion savante tantôt d'un côté, tantôt de
l'autre. Puis un tableau présentera les témoignages des
transformations du nom de Dauphin réunis et classés. L'his
toire des transformations ressortira de l'examen des él
éments de ce tableau.
Historique de la controverse
Justel ni Baluze n'ont connu de document propre à leur
faire penser que le fils de Guillaume le Jeune eût pu porter
un autre nom que Dauphin. Pour eux, il tenait ce nom, porté
alors pour la première fois dans la famille des comtes d'Au
vergne, d'un aïeul comte d'Albon et de Viennois, et il le
1. Les exemples d'une transformation de ce genre ne sont pas nombreux. Le
plus connu est celui de César. Cf. Manteyer, D'où provient, 8, 97-98.
2. Les principaux seulement, ceux qui peuvent servir de points de repère. Le
dénombrement complet de tous les ouvrages où il est question de l'origine et de
l'histoire des dauphins d'Auvergne serait sans utilité. LE NOM DU TROUBADOUR DAUPHIN D AUVERGNE Öö
transmit « héréditaire à ses successeurs » ; s'il « prit un dau
phin sur -son escu », ce fut aussi « à l'exemple des comtes
d'Albon et de Vienne1 ».
Les auteurs de VArt de vérifier les dates ont entassé erreur
sur erreur. Trompés par un prétendu acte de juillet 1149,
qu'ils n'ont pas su reconnaître pour un faux grossier2, ils
ont cru que Guillaume le Jeune lui-même aurait adopté le
« titre » de dauphin, « à l'imitation », disent-ils, « de Guigues,
son aïeul maternel, qui le premier se qualifia dauphin de
Viennois » (sic) 3 ; il aurait été également le premier à quitter
« les armes d'Auvergne », « pour prendre un dauphin », « ce
qui fut », ajoutent-ils, « dans la suite, mais beaucoup plus
tard, adopté par les dauphins de Viennois4 ». Quant au fils
de Guillaume le Jeune, les mêmes auteurs ont cru qu'il avait
porté concurremment le nom de Robert 5 et « le surnom de
Dauphin » ; partant, ils l'ont désigné sous le double nom de
1. C. Justel, Hisl. généalog. de la maison d' Auvergne, 1645, 104 (cf. 37) ; E.
Baluze, Hist, généalog. de la maison d' Auvergne, 1708, I, 158. Même opinion
dans J. Savaron, Les origines de la ville de Clairmont, éd. Pierre Durand, Paris,
1662, 159.
Selon Justel (si je comprends bien sa pensée), les terres restées à Guillaume le
Jeune auraient reçu, du temps de son fils, le nom de « terres Dauphin » ou « fief
Delfin », et, cette dénomination survivant à Dauphin sous la forme de « dau-
phiné d'Auvergne », ce serait de là que ses descendants auraient pris le nom de
« dauphins d'Auvergne ». Justel n'allègue aucune référence ; sans doute il a
pensé à des actes de 1211, 1229, v. st., et 1246, insérés dans ses Preuves, 43, 141,
146 (réédités par Baluze, II, 81, 250, 267 ; cf. plus loin le tableau des dénominat
ions, type 2). Même théorie chez Chabrol [Coutumes génér. et loc. de la prov.
d'Auvergne, IV, 1786, p. xxxin) et le P. Anselme (Hist, généal. et chronol. de la
maison royale de France, 3e éd., 1733, VIII, 50). Baluze n'entre point dans tant
de détail ; il reproduit mot pour mot des passages de Justel.
2. Éd. : Baluze, II, 62 (cf. I, 62-63). Extr. : Justel, Pr., 29 (cf. Hist., 137) ;
Justel a corrigé la suscription et proposé de corriger la date en 1169. Cî.Gallia
christ., éd. Piolin, II, 410. Cet acte a donné lieu à des discussions sans fin, pour
avoir été allégué à propos de deux questions qui ont fourni l'une et l'autre l'oc
casion de controverses parfois vives : l'origine des dauphins d'Auvergne et
l'identification de Gergovie (cf. Ad. Michel, L'ancienne Auvergne et le Velay,
1843-1844, I, 126 ; II, 187). Le prétendu original (communiqué parles religieux
de Saint- André à Baluze, au collège des Bernardins, à Paris, en 1705) est aujour
d'hui aux arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H, fonds de Saint- André, sans cote.
C'est un faux manifeste ; à en juger par les caractères de l'écriture, il ne paraît
pas 3." plus 3e éd., ancien 1784, que in-fol., le xve II, siècle. 358 ; 4e éd., 1818, in-8°, X, 137. Erreur reproduite
par H. -F. Rivière, Hist, des institutions de V Auvergne, Paris, 1874, I, 227 ; A.
Giry, Manuel de diplomatique, 1894, 332 ; etc.
4. 3e éd., II, 359 ; 4e éd., X, 158.
5. Ils fondent leur opinion sur un acte de 1215, qui sera examiné plus loin. LE NOM DU TROUBADOUR DAUPHIN D'AUVERGNE 69
« Robert-Dauphin1 » ; ailleurs, ils l'appellent aussi « le Dau
phin 2 ». Des auteurs plus récents ont glissé de là à l'appella
tion « Robert Ier, dauphin d'Auvergne3 ».
Dans une thèse présentée &

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