Le petit atelier de taille de la Creusette (commune de Barrou, Indre-et-Loire) - article ; n°10 ; vol.79, pg 399-410

G. Bastien, P. Genty, M. Geslin, N. Mallet, B. Freslier

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1982 - Volume 79 - Numéro 10 - Pages 399-410
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1982
• Nombre de lectures: 33
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

M. Geslin
G. Bastien
Nicole Mallet
P.-Y. Genty
B. Freslier
Le petit atelier de taille de la Creusette (commune de Barrou,
Indre-et-Loire)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1982, tome 79, N. 10-12. pp. 399-410.
Citer ce document / Cite this document :
Geslin M., Bastien G., Mallet Nicole, Genty P.-Y., Freslier B. Le petit atelier de taille de la Creusette (commune de Barrou,
Indre-et-Loire). In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1982, tome 79, N. 10-12. pp. 399-410.
doi : 10.3406/bspf.1982.5345
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1982_hos_79_10_5345:
Bulletin
de 1» SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE
FRANÇAISE 1982 /TOME 79/10-12
Le petit atelier de taille de la Creusette
(commune de J3arrou, Indre-et-Loire)
par Geslin M., Bastien G., Mallet N., Freslier В., Genty P.
Au lendemain de la découverte en 1970 du dépôt desquels apparaissaient déjà trois nuclei : deux livres
de 133 lames brutes sur le site de La Creusette de beurre et un nucleus à lames courtes (fig. 2) **.
(Geslin, 1975), commune de Barrou (Indre-et-Loire) Cet atelier, qui était comme le dépôt de lames (fig. 1), des sondages et fouilles ont été entrepris sur voisin à une profondeur relativement faible, a été le terrain pour retrouver l'environnement de ces atteint lui aussi par la charrue. Un bloc de tuffeau, le lames et tenter ainsi d'expliquer leur présence en ces nucleus à lames courtes et plusieurs pièces ou éclats lieux. Ces travaux ont donné des résultats divers sans du sommet présentent ainsi des traces d'instruments aboutir jusqu'en 1974 à des structures bien précises. aratoires. Après relevé complet et enlèvement de En tous lieux, en effet, jusqu'à une profondeur de 40 cette couche supérieure d'éclats relativement perturà 50 cm, étaient mis au jour de très nombreux éclats bée, la concentration est apparue alors plus particude taille de dimensions moyennes, quelques percu lièrement délimitée sur toute sa périphérie avec deux teurs et fragments de « livre de beurre » sans que l'on angles bien marqués, l'un au Nord, l'autre au Sud. pût cependant parler d'atelier de taille. Lors de ces
fouilles, du petit outillage, des tessons de céramique
dont deux fragments de cuiller, un fragment de
* Nous sommes très reconnaissants à tous ceux qui ont facilité et participé bracelet de schiste ont été recueillis attestant ainsi
à l'accomplissement de ces travaux. C'est ainsi que nous tenons à remercier l'occupation du site par l'homme préhistorique tout particulièrement M. le Dr Allain. Directeur des Antiquités Préhistori
(GESLIN, 1971 à 1977). ques. Jackie Despriée. André Rigaud et Jacques Pèlegrin. Nos remercie
ments vont également au Conseil Général d'Indre-et-Loire, à Messieurs les
Il fallut pourtant attendre l'été 1974 pour découv Maires des Communes de Barrou, La Guerche, Descartes et du Grand-
Pressigny. ainsi qu'à M. le Dr Ouairy pour leur aide financière qui a rir, à l'occasion d'une étude de la résistivité du sol grandement facilité l'équipement du chantier et son fonctionnement. (GESLIN, 1974), un emplacement de taille du silex. Nous ne manquerons pas de citer Mme Brung, M. et Mme P. Geslin. Comme les lames, il était enfoui entre 25 et propriétaires, pour la mise à disposition du terrain. M. Champigny
exploitant qui a toujours été d'une grande compréhension et d'un bon 43 centimètres de profondeur dans les sables allu
service malgré les complications que nos travaux ont pu occasionner. viaux anciens de la Creuse à 10-12 mètres d'altitude
Ont participer à ces travaux et à cette étude F. Audier. R. Arsicaud. C. au-dessus de la rivière à l'étiage. Cet atelier a fait Baranger. C. Beauchamp. A. Bisson. E. Burmann. G. Carpentier. R. l'objet d'un décapage minutieux et de relevés très Cohendy, R. Farre. G. Fouquet. J. et M.-C. Freslier. C. et F. Gerald. Ph.
Jame. H. Laval. M. Légerot. Ph. et Marinval. Y. Marchand. G. précis lors des campagnes 1976 et 1977 (ALLAIN, Picard. H. Pichon. F. Guillou. 1978) *. * * On appelait « Livre de Beurre » au siècle dernier, dans la région du
Grand-Pressigny. les nuclei à grandes lames de débitage lcvallois rappelant
par leurs formes ogivales les pains de beurre que préparaient les fermières
de la région. Par la suite, ce terme a survécu et il désigne toujours ce type 1 — PRESENTATION DE L'ATELIER - DES très particulier de nucleus non exclusivement pressignien mais dont le site
éponyme est la région du Grand-Pressigny (fig. 5). CRIPTION ET STRUCTURES
Une autre forme de nucleus est courante dans cette région. Il s'agit de
nuclei à lames courtes, (fig. 6. n" 6). Les lames obtenues sont relativement
Le décapage terminé, nous avions, sur une surface larges et puissantes. La contemporanéité et la simultanéité des deux types de
nuclei sont attestées par l'étude de l'atelier de La Creusette et nos très délimitée de 1,50 mètre sur 1,15, une accumulat observations sur des zones de débitage encore intactes mises au jour lors de
ion très importante d'éclats de taille dans la masse récents travaux d'excavation. 400
Illustration non autorisée à la diffusion
COMMUNE
DE
BARROU
la С reusette
section E
N? 370
Fig. 1 - Carte de France
+ d'après carte I.G.N. 1/50 000 Preuilly-sur-CIaise, feuille XIX 25 + relevé cadastral En n" 1 : le dépôt de lames
En n" 2 : l'atelier 401
Fig. 2 - Montage photographique reconstituant l'état initial de l'atelier, cf BAMGP 27. p. 48 (Cliche ЛМСР. réalisation Arsicaud). 402
s'explique alors la concentration d'éclats de petites A) Description
dimensions relevés sur la face interne de ce talus et
l'arrêt net de la répartition des silex au-delà de cette A la vue de cette surface très réduite et bien
limite. Cet écran devait être calé par une série de délimitée, on ne pouvait manquer d'envisager aussi grosses pierres dont la présence et la disposition au tôt une fosse dépotoir dans laquelle l'homme préhis fond de l'atelier ne s'expliqueraient pas autrement. torique aurait déversé ou repoussé ses éclats de taille Leur nature géologique est identique à celle des et restes de débitage. La fouille a totalement infirmé
roches environnantes, par contre leur densité n'est cette hypothèse. En effet, il n'a été trouvé dans cet
pas ici naturelle. Il s'agit de chert, de mauvais silex, amas ni sédiment, ni éléments habituels du remplis de tuffeau decarbonate, de fragments de livres de sage des fosses dépotoirs. Pour ce qui concerne déjà beurre très usées et roulées, éléments inutilisables le sédiment intersticiel très réduit, voire inexistant
pour la taille mais ramassés sur le terrain en vue de entre les éclats, il n'était autre qu'une infiltration des
réaliser ce calage. particules fines de la couche alluviale encaissante. De
plus, la répartition des céramiques, des silex brûlés et C'est donc là que l'homme a commencé à tailler à
des quelques pièces utilisées recueillis sur l'ensemble l'abri de son écran, sur un sol ainsi jonché de grosses
de la zone fouillée, confirme l'absence de ces pierres. Il s'est installé à la partie Sud ainsi que
éléments dans les limites de la concentration de silex. l'attestent le remplissage et l'expérimentation, sans
Par contre, nous les retrouvons en dehors de cette doute à cet endroit où, après la réalisation du
limite. premier relevé, apparaît une zone vide que l'on serait
tenté de définir comme l'empreinte négative de son La fouille et l'étude du remplissage montrent en siège. A ses pieds, en arc de cercle, sont tombés la outre à l'évidence qu'il ne s'agit pas là d'un fatras
plupart des gros éclats, ce qui est très nettement d'éclats déversés mais plutôt, comme l'atteste la
visible sur les plans (fig. 3). Ils ont été arrêtés par les photographie du deuxième relevé (fig. 3), d'une grosses pierres et les irrégularités du fond de l'atelier. accumulation résultant d'un travail de taille effectué Par contre, les éclats de plus petites dimensions, soit en ce lieu (travail attesté également par l'abondance
de préparation ultime du nucleus, après avoir heurté des esquilles). A ce stade de la fouille, on observe en