Le poème en malais d un peranakan sur la visite du Roi Chulalongkorn à Batavia en 1871 - article ; n°1 ; vol.22, pg 133-166
35 pages
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Le poème en malais d'un peranakan sur la visite du Roi Chulalongkorn à Batavia en 1871 - article ; n°1 ; vol.22, pg 133-166

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Description

Archipel - Année 1981 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 133-166
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Claudine Lombard-Salmon
Denys Lombard
Le poème en malais d'un peranakan sur la visite du Roi
Chulalongkorn à Batavia en 1871
In: Archipel. Volume 22, 1981. pp. 133-166.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard-Salmon Claudine, Lombard Denys. Le poème en malais d'un peranakan sur la visite du Roi Chulalongkorn à Batavia
en 1871. In: Archipel. Volume 22, 1981. pp. 133-166.
doi : 10.3406/arch.1981.1675
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1981_num_22_1_1675POEME EN MALAIS D'UN PERANAKAN SUR LA VISITE LE
DU ROI CHULALONGKORN A BATAVIA EN 1871
par Claudine SALMON et Denys LOMBARD
Au cours de nos recherches sur la littérature en malais des Chi
nois d'Indonésie, nous avons trouvé dans la Bibliothèque du Musée de
Jakarta (sous la cote : XXXII, 260) l'exemplaire apparemment unique
d'un petit fascicule de 42 pages, dont la première ponte comme titre :
Sair Kadatangan Radja Siam di Betawi. La couverture de l'ouvrage a
malheureusement disparu, ce qui empêche de savoir si le nom de
l'auteur y figurait. Selon le catalogue, le texte fut imprimé à Batavia,
en 1871. Comme le suggère le titre, il s'agit d'un poème commémorant la
première visite du roi Chulalongkorn à Batavia, en mars-avril 1871.
Le plus ancien syair imprimé, rédigé par un auteur d'origjuue chinoise.
Au premier abord, rien ne permet d'affirmer que le syair a été
écrit par un Chinois peranakan. Après lecture du texte cependant, le
fait apparaît évident. Dans la description de l'accueil fait au Roi, l'auteur
insiste à maintes reprises sur la participation des Chinois, n'omettant
jamais de les mentionner à côté des Hollandais et des "indigènes", qu'il
désigne toujours comme "musulmans" : Holanda, slam dan orang tjina
(cf. notamment, strophe 78, 114). La communauté chinoise est évoquée
d'abord à la strophe 29:
"Major, capitaines et lieutenants chinois
IS'y pressent en bon ordre auprès de leur nation.;"
Elle est à nouveau mise à l'honneur à propos du grand défilé du deu
xième soir (strophes 73 et 74) : 134
"C'est aux Chinois qu'était dû ce gala,
Le défilé s'en venait de Kota
C'est le Major, le chef de la Kongkoan,
Qui a ordonné de tout préparer ;
A Petak Baru et à Patekoan,
Des Chinois experts ont tout fabriqué.
L'auteur n'oublie pas de signaler que le Roi est allé visiter l'Hôpital
des Chinois (roema sakit tjina, strophe 97) — un détail qui n'est pas
consigné par la presse contemporaine — et rapipelle, dans un petit poème
annexe, que Baitavia aura eu exceptionnellement cette année là "deux
Tjap Go Meh", le premier comme d'habitude à l'occasion du Nouvel
an chinois, le second, à l'occasion de la venue du Roi de Siam (le 28
mars, c'est-à-dire quelques semaines seulement après le premier) :
"Ini taon doea kali tjapgomé,
Boeat orang Siam dengan radjanja.
Sekali boeat orang tjina,
Kadoeanja boeat orang Siam."
Il est clair d'autre part, que si l'auteur s'assimile parfois aux orang
siam (à la strophe 92 par exemple : "Car si musulman ou chinois vous
êtes,/A plus forte raison on vous arrête..."), il n'hésite pas, à l'occasion,
à leur donner un léger coup de patte ; à la strophe 31 par exemple :
"Puis viennent les - Musulmans des hameaux.
Une pique à la main, mais sans chapeau.
Il y en a des courtauds et des costauds,
Mais aucun n'a envie de faire le faraud..."
Ajoutons que la totalité des syair composés par des Chinois Pera-
nakan — nous en avons recensé quelque 179 dans notre catalogue sous
presse — utilisent dans leurs titres, comme ici, la graphie sair.
L'auteur précise bien d'aïutre part (strophes 142 et 143) qu'il a
rédigé son poème immédiatement après -la visite du Roi et insiste sur
l'exactitude de son récit ; ceci confirme la date de 1871, indiquée par
le catalogue, et rend le texte d'autant plus intéressant. Dans l'état
de notre documentation, il apparaît en effet comme le plus ancien texte
malais imprimé susceptible d'être attribué à un auteur d'origine chi
noise, et donc comme le tout premier témoignage de cette littérature
peranakan qui prit à partir des années 1880 l'importance que l'on sait.
Autre intérêt de ce document: il nous renseigne sur les rapports
entre la presse et la littérature en malais des Chinois de Java, pour une
période où les sources sont encore rares. Soucieux de véracité, l'auteur
a cherché à voir de ses yeux la plupart des cérémonies (cf. strophe 135
94), mais il nous dit aussi s'être servi de sources écrites, du programme
officiel d'abord (strophe 6, 45) et aussi du Bintang Barat (strophe 134,
et dans un des poèmes annexes), un quotidien malais paraissant
alors à Batavia, dont les premières années ont maliheureusemest di
sparu (x). On peut même se demander, si ce syair, dont l'auteur nous
dit qu'il a été composé pour faire connaître au plus vite la nouvelle
(strophe 142) n'est pas paru d'abord dans quelque quotidien, et pour
quoi pas dans le Bintang Barat, publié alors ches Ogilvie (depuis 1870).
Il est en effet fréquent, à partir des années 1880-1890, de voir dans
les journaux, des poèmes commémorant des événements rapportés par
ailleurs, paraître par fragments dans des livraisons successives ; certains
étaient repris ensuite, sous forme de fascicules tirés à part. Les deux
poèmes complémentaires qui suivent ici le syair principal et qui trai
tent, l'un de la personne du Roi de Siam, l'autre du culte de l'éléphant
blanc, peuvent également donner l'impression d'avoir été composés pour
un journal. "■•'*:
On sait qu'à partir du milieu du XIXème s., divers journaux en
malais romianisé ont fait leur apparition à Java, tels le Soerat kabar
bahasa melajoe (1856), le Soerat chabar Betawi (1858), le Slompret
Melajoe (1860), le Bintang Soerabaya (1860), mais les numéros anciens
n'ont guère été conservés et s'ils l'ont été, à la Bibliothèque du Musée
de Jakarta, ils sont en si mauvais état qu'on ne peut pas . consulter
les séries antérieures aux années 1880.
Il est encore intéressant de noter qu'au moment où cette littérature
peranakan imprimée commence, elle s'inscrit dans le droit fil de la
littérature malaise dite"classique", dans cette longue série de syair,
qui tels le Syair perang Mengkasar ou le Syair Kompeni berperang
dengan Cina (2) relatent, avec un souci plus ou moins grand de vérac
ité, les événements de la chronique contemporaine. A partir des an
nées 1880, et pour ainsi dire jusqu'à la veille de la Guerre du Paci
fique, les auteurs peranakan multiplieront les syair. A côté des syair
proprement "historiques", relatant tel ou tel fait divers ou tel ou tel
événement, fleuriront les syair "merveilleux" (contant les amours d'ani-
(!) La Bibliothèque du Musée de Jakarta possède deux séries incomplètes du Bintang
Barat: années'9 à 26 (1878-1895) cotées Q-369, et années 23, 26-27 et 29-32
(1891, 1894 et 1896-1899) cotées Q-607 ; voir Katalogus Surat-Kabar, Koîeksi
Perpustakaan Museum Pusat 1810-1973, Museum Pusat, 1973, p. 13.
(-') Voir les éditions traduites et commentées par C.' Skinner, Sja'ir Perang Mengkasat
(The Rhymed Chronicle of the Macassar War), VK1 deet 40, La Haye, Nijhoff,
1963; et par J. Rusconi, Sjair Kompeni Welanda berperang dengan Tjina, Wa-
geningen, 1935. ■
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maux, symboles de personnages réels (3), ou prenant pour thèmes
des histoires fabuleuses) et les syair "moralisateurs" (donnant • des
conseils, nasehat, et cherchant à définir une sagesse).
Le second syair écrit par un peranakan dont nous ayons retrouvé
la trace (dans sa deuxième édition de 1882) est dû à un certain Tan
Kit Tjoan et s'intitule : Saier Boeroeng dan saier mengimpie ; quant
au troisième, composé par le célèbde Lie Kim Hok en 1884, il s'intitule
Sair Tjerita, Siti Akbari et reprend le thème du célèbre syair "classique"
Syair Sultan Abdulmuluk (4). De 1886 à 1910, nous avons pu retrouver
les noms de plus de quarante peranakan auteurs de syair. Notons que
le thè

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