Le port de Pontrieux - article ; n°3 ; vol.40, pg 443-456
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le port de Pontrieux - article ; n°3 ; vol.40, pg 443-456

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales de Bretagne - Année 1932 - Volume 40 - Numéro 3 - Pages 443-456
14 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

J. Lejeune
Le port de Pontrieux
In: Annales de Bretagne. Tome 40, numéro 3, 1932. pp. 443-456.
Citer ce document / Cite this document :
Lejeune J. Le port de Pontrieux. In: Annales de Bretagne. Tome 40, numéro 3, 1932. pp. 443-456.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1932_num_40_3_1703LEJEUNE J.
LE PORT DE PONTKIEUX
Gomme tous les cours d'eau de la côte bretonne septent
rionale, le Trieux est d'abord un ruisseau, puis une rivière
de maigre importance, dont les eaux tranquilles ne sont uti
lisées que pour faire tourner quelques moulins installés sur
ses bords. (Largeur, profondeur, tout est médiocre ; seules,
quelques rares pluies torrentielles viennent rompre la mo
notonie du régime; pendant quelques heures, quelques jours
au plus, des eaux limoneuses courent sans bruit, débordant
sur les étroites prairies riveraines.
Soudain, tout change ; l'estuaire prend des proportions
inattendues, des aspects de fleuve; à marée haute, une
immense nappe d'eau calme, encadrée de coteaux en pente
raide, fait penser à quelque lac étiré en longueur, dont la
largeur varie de 1.500 mètres à 2 kilomètres et parfois plus;
c'est la « rivière »; quand la mer s'est retirée, le cours d'eau
révèle alors sa médiocrité; il serpente misérablement à tra
vers un immense lit de vase.
Grâce au jeu régulier des marées, ces estuaires sont acces
sibles aux bateaux, même de fort tonnage, et tout naturelle
ment, des ports se sont établis, suivant une règle générale,
là où le flot de marée cesse de se faire sentir; ports plus ou
moins importants, car l'existence d'un chenal navigable est
pour tout port de ce type une condition nécessaire, mais non
suffisante : il faut, pour que le port vive, des possibilités 444 LE PORT DE PONTRIEUX
solides de commerce. Grâce à sa situation fluviale Pontrieux
a pu être un port; il l'est devenu grâce à sa condition de
centre commercial d'une petite région naturelle.
L'agglomération de Pontrieux est née et s'est développée
autour du dernier pont du Trieux vers l'aval. La ville s'est
donc agrandie indépendamment du port; le port a donné
lieu seulement à un nouveau quartier un peu en aval de la
ville et prolongeant celle-ci; il s'est accru avec l'établiss
ement de la voie ferrée. Mais il n'y a pas eu un véritable
déplacement d'activité vers le port; les magasins sont situés
en ville même et la rue du Port ne compte, sur 300 mètres
environ, que l'ancien entrepôt de sel, le poste de douanes
et quelques cafés vivant à la fois du port et de la gare. Ce
petit quartier n'a que 200 à 250 habitants (sur 1.740 en 1931).
Pontrieux est aujourd'hui une toute petite ville, presque
morte; la création récente d'industries ne parvient pas à lui
rendre son activité d'autan. Autrefois, en effet, Pontrieux a
connu des périodes de prospérité (sous la Révolution, son
importance lui valut d'être chef-lieu de district). Elle le devait
en grande partie à son port et au commerce que faisait naître
le port. D'anciens magasins, aujourd'hui vides ou utilisés
pour d'autres fins, attestent encore que Pontrieux servait
d'entrepôt aux céréales de toute une région agricole; son
port était en effet le débouché naturel de la zone intérieure
située au sud, aux époques où les communications par terre
étaient difficiles et coûteuses et où un port situé très avant
dans les terres était favorisé : les bateaux avaient intérêt à
venir charger les grains le plus loin possible vers l'intérieur, et
Pontrieux voyait affluer après la récolte les convois de char
rettes amenant, parfois de 40 ou 50 kilomètres, les céréales
destinées à la vente. En retour, les cultivateurs des environs
y prenaient les sables et amendements marins, la chaux et
les engrais chimiques. Les mêmes bateaux, jaugeant de 20
à 80 tonneaux, qui venaient chercher les grains, transport
aient donc, à l'aller, des engrais chimiques, de la pierre à
chaux, du ciment, de la houille, des pommes à cidre, parfois
des farines. LE PORT DE PONTRIEUX 445
Puis, la grande navigation utilisa le port pour le com
merce du bois du Nord, provenant des pays Scandinaves.
En 1886, fut fondée une usine de cartonnages et papiers
qui, peu à peu, prit de l'extension!1). La matière première
consistait d'abord en vieux chiffons, mais dès 1892, on fit
appel à la pâte de bois, et le port fut amené à alimenter
ainsi une nouvelle branche d'industrie; d'ailleurs une autre
usine fondée à Belle-Isle-en-Terre dans le même but s'al
imenta également à Pontrieux. Au cabotage déjà actif de port
français à port français s'ajouta donc la navigation interna
tionale; à côté du pavillon français flottaient, outre l'inévi
table pavillon anglais, ceux de la Norvège, de Suède, du
Danemark (la Norvège eut même, mais pendant quelques
années seulement, un représentant consulaire à Pontrieux).
Toute cette belle activité, aujourd'hui singulièrement
réduite, suppose pour le port même de sérieux avantages
naturels.
Situé à 25 kilomètres environ de la mer, donc à faible dis
tance, il est accessible à tous les navires calant moins de
12 pieds; les sondages ont révélé tout au long du chenal de
fortes profondeurs; d'aval en amont : de 6 à 8 mètres de
l'embouchure au confluent du iLeff, son affluent le plus
important; de 5 à 7 mètres du confluent du Leff à l'écluse
du bassin; de 3 m. 85 à 4 m. 10 de l'écluse au dernier quai;
des profondeurs très suffisantes, donc permettant aux navires
calant 12 pieds d'entrer à toutes marées de vive-eau ou
morte-eau (la marée entre dans le bassin par dessus le
(1) L'énergie matrice est fournie à cette usine par la force hydraulique,
fournie par un barrage. Un barrage, créant une différence de niveau entre
deux biefs pour établir une petite chute d'eau artificielle, coupant par suite
la rivière et arrêtant la navigation, ne pouvait être établi qu'en amont du
port; il a dû être reporté en amont même de l'agglomération, qui était
trop serrée le long du Trieux pour qu'on pût y trouver l'emplacement d'une
usine. Celle-ci est donc située à l'endroit précis où le Trieux entre en ville,
avant les premières maisons, à 1.500 mètres du port. Il résulte qu'il faut
assurer le transport des marchandises entre le quai de débarquement et les
hangars de l'usine, par charrettes autrefois, aujourd'hui par camions auto
mobiles. Dès qu'un chargement de matières premières est à quai, l'incessant
va-et-vient des camions donne aux rues de Pontrieux une animation inaccou
tumée et éphémère. 446 LE PORT DE PONTRIEUX
barrage quand le coefficient atteint ou dépasse 80, soit 113 à
Saint-Malo). De là un avantage marqué sur Paimpol, dont
les bassins ne sont pas établis en eau profonde, et où les
navires doivent attendre un flux de marée suffisant. Enfin la
remontée du Trieux, quand elle s'effectuait à la voile, se
trouvait facilitée par l'emprunt de la marée montante.
Par contre, la navigation sur le Trieux présente des incon
vénients que la main de l'homme a voulu réduire et qu'elle
n'a fait qu'aggraver au point de porter le coup fatal à l'acti
vité du port.
Les navires d'assez gros tonnage qui remontent le Trieux
doivent s'assurer un pilote connaissant parfaitement l'empla
cement exact du chenal; faute de quoi ils risquent de
s'échouer dans la vase. Un remorqueur leur est toujours
utile, souvent nécessaire, surtout quand il s'agit, ce qui
d'ailleurs est rare de nos jours, de voiliers. iLe service de
remorquage n'a été assuré régulièrement que de 1902 à 191-4;
pendant cette période, un industriel de Pontrieux a disposé
d'un excellent bateau, acheté à Liverpool, et dont les deux
hélices, une à chaque extrémité, constituaient une nou
veauté et permettaient de tourner très facilement (rattaché
au petit port de Lézardrieux, à 6 kilomètres de l'embou
chure, ce remorqueur servit, non seulement aux bateaux
de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents