Le principe de bijection - article ; n°1 ; vol.40, pg 135-147
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Description

Communications - Année 1984 - Volume 40 - Numéro 1 - Pages 135-147
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Hilda Koopman
Dominique Sportiche
Le principe de bijection
In: Communications, 40, 1984. pp. 135-147.
Citer ce document / Cite this document :
Koopman Hilda, Sportiche Dominique. Le principe de bijection. In: Communications, 40, 1984. pp. 135-147.
doi : 10.3406/comm.1984.1599
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1984_num_40_1_1599Koopman et Dominique Sportiche Hilda
Le principe de bijection *
1. Introduction.
L'usage du terme variable a été introduit dans le vocabulaire des
développements récents de la théorie linguistique par analogie avec celui
de la logique des prédicats. Dans les formes suivantes :
(1) (a) [Chacun d'eux]; [0 x; aime le thé fort]
(b) V x, x 6 S [o P (*)]
l'unité O est une assertion incomplète dont la valeur de vérité ne peut être
évaluée, car la référence, ou plutôt le domaine des valeurs, de x sont
spécifiés hors de O.
Dans la terminologie de la logique des prédicats, on dit que x en (lb) est
une variable liée par le quantificateur universel V. Par analogie, dans la
forme (la) qui est la représentation au niveau de la forme logique de la
phrase « chacun d'eux aime le thé fort » (et déduite de la représentation en
structure de celle-ci par application de la règle montée de quantificateur),
on dit que xx est une variable liée par le quantificateur chacun. Cependant,
si cette analogie sert de base à la notion intuitive de variable, elle ne peut
suffire comme définition de cette notion dans le cadre de la théorie
syntaxique. Jusqu'aux travaux présentés dans Chomsky 1981, la caracté-
risation implicite de cette notion, généralisée à partir du mode de
dérivation de la représentation (la), pouvait s'énoncer * :
(2) x est une variable ssi x est la trace en position-/!
d'une catégorie déplacée vers une position-v4 .
Par position-/!, nous entendons une position NP d'un arbre syntagmatique
assumant une relation grammaticale, telle que « sujet de », « objet de »...
Une position-/! est une position NP qui n'est pas une position-/! (COMP,
position adjointe...).
Au-delà d'une simple décision terminologique, l'introduction de la
définition (2) pose une affirmation empirique implicite : cette définition
caractérise une classe d'éléments dont on devrait s'attendre à ce qu'elle
possède quelque propriété distinctive. De fait, pour Chomsky 1976, cette
corrélation est illustrée par le phénomène dit du crossover faible (ci-après
PCF) dont voici des exemples :
135 Koopman et Dominique Sportiche Hilda
(3) (a) Qui sa mère aime-t-elle
(b) Sa mère aime chaque enfant
(c) Sa mère aime Jean (accent focal sur Jean)
(d) Sa mère aime qui
Dans ces exemples, le pronom « sa » ne peut être compris comme lié par
« qui » (respectivement par « chaque enfant », « Jean »). Dans ces interpré
tations, les phrases en (3a) recevraient, au niveau de la forme logique, les
représentations suivantes (d'où nous omettons les détails non perti
nents) :
(4) (a) qui,- [s sa,- mère aime x]
(b) [chaque enfant], [s sa mère aime xt]
(c) [Jean], [s sa, mère aime x]
(d) qui, [s sa mère aime xt]
(4a) pourrait se paraphraser : « pour quel x, la mère de x aime-t-elle x ».
(4a) est semblable à sa représentation en 5-structure (3a). (4b) est déduite
de la sienne par application de la règle de montée de quantificateur
(cf. May 1977), c'est-à-dire par adjonction au nœud 5 du syntagme
quantifié 3, (4c) de (3c), par la règle d'interprétation des éléments focalisés
(cf. Chomsky 1976 et infra section 4); et (4d) se dérive de (3d) par
montée- WH, c'est-à-dire par déplacement- WH en forme logique (cf. Aoun,
Hornstein et Sportiche 1981, Huang 1982).
D'après la définition (2), les termes x{ en (4) sont tous des variables,
puisqu'ils résultent tous d'un déplacement vers une position-yi . L'examen
de tels exemples a conduit Chomsky 1976 à formuler la contrainte à
l'œuvre dans le PCF comme suit :
(5) La condition de gauche (ci-après CG) :
Une variable ne peut fonctionner comme antécédent d'un pronom à
sa gauche.
Le fonctionnement de la CG dans le cas des formes en (3)/(4) est
transparent : par exemple, l'interprétation (4a) de (3a) est illicite car le
pronom « sa,- » auquel la variable x,. sert d'antécédent (ils sont co-indicés)
se situe à gauche de celle-ci.
Chomsky 1981 propose une modification de la définition de variable
donnée en (2), conforme à l'hypothèse selon laquelle la nature des
catégories vides se détermine fonctionnellement, par l'examen de leur
Heur le plus proche, s'il en existe. Cette nouvelle définition que nous
supposons opérer au niveau de la forme logique (au moins) est donnée
en (6) :
(6) x est une variable ssi x est une catégorie vide et
x est dans une position A et
x est À —liée localement 4.
136 principe de bijection Le
Cette nouvelle définition est compatible avec l'explication du PCF donnée
en termes de la CG, puisque, en ce qui concerne les exemples de (4), les
définitions (2) et (6) s'accordent à caractériser les mêmes éléments comme
variables.
Nous allons pourtant proposer qu'une explication différente du PCF
peut être construite, sur la base d'une modification supplémentaire de (6),
explication qui s'étend à une nouvelle classe de constructions au sujet
desquels la CG, et d'autres hypothèses concernant le PCF, sont muett
es.
Dans la section 2, nous montrerons que la définition (6) est trop
restrictive et doit être généralisée de façon à inclure certaines occurrences
de pronoms comme variables 5. Dans la section 3, nous examinerons les
conséquences de cette généralisation et nous proposerons une nouvelle
explication basée sur ce que nous appellerons le principe de bijection. Dans
la section 4, nous évoquerons les problèmes posés par le traitement des
constructions focalisées. Quant à nos hypothèses théoriques fondamental
es, nous adoptons le modèle de grammaire universelle présenté dans
Chomsky 1981 et conçu comme un ensemble de niveaux de représenta
tions distincts structuré suit :
(7) base ► structure D
Déplacer a
théorie du : structure S
liage
montée de quantificateur,
montée - WH
forme phonétique forme logique : PCV
(FP) (FL)
forme logique'
(FL')
où le principe des catégories vides (PCV) est formulé comme suit :
(8) PCV: Une catégorie vide doit être gouvernée par un gouverneur
propre 6'7.
Notons enfin que nous nous limiterons dans cet article au traitement des
NP, en position-^4 ou  ; en particulier, nous ne parlerons pas des autres
catégories majeures (PP..).
137 Hilda Koopman et Dominique Sportiche
2. Pronoms de rappel.
L'existence de langues utilisant la stratégie dite à pronom de rappel pose
à première vue un problème pour la définition (6), qui requiert des
variables qu'elles soient des catégories vides. Que dire dans le cas d'une
position localement À -liée et remplie par un pronom de rappel manifest
ant le PCF, qui est supposé être une propriété caractéristique des
variables? Un tel problème se pose par exemple en haïtien (cf. Koopman
1982a). Ce genre de configuration suggère qu'un aménagement de la
définition (6) est nécessaire. Toutefois, ce raisonnement n'a de force que si
l'on peut montrer que ces pronoms de rappel ne sont pas des catégories
vides en FL : la conclusion ci-dessus peut être évitée en supposant qu'un
pronom de rappel est traité en FL comme une catégorie vide, sa réalisation
phonétique ne se produisant qu'en FP. Nous allons exhiber le cas d'une
langue de l'Afrique de l'Ouest, le vata, dont les propriétés interdisent de se
dérober à cette conclusion 8.
En vata, le mouvement- WH depuis la position sujet d'une proposition
finie exige l'insertion d'un pronom de rappel dans la position laissée
vacante par le mouvement (cela n'est pas vrai d'autres positions, dont
91° : l'objet d'un verbe)
(9) (a) àlô *(ô) mit lk
(qui *(il-R) partir WH)
(qui est parti)
(b) yl n gûgû nâ *(i) bit lk
(quoi tu penser que *(il-R) tomber WH)

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