Le problème des électeurs indécis - article ; n°1 ; vol.2, pg 56-67

Sten Sparenilson

Description

Revue française de science politique - Année 1952 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 56-67
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1952
• Nombre de lectures: 18
• Langue: Français

Extrait

Monsieur Sten Spare Nilson
Le problème des électeurs indécis
In: Revue française de science politique, 2e année, n°1, 1952. pp. 56-67.
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Nilson Sten Spare. Le problème des électeurs indécis. In: Revue française de science politique, 2e année, n°1, 1952. pp. 56-67.
doi : 10.3406/rfsp.1952.392115
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1952_num_2_1_392115Problème des Electeurs Indécis Le
STEN SPARE NILSON
La classe moyenne est la garantie -la
plus sûre une bonne société. est elle
qui se rangeant un côté fera pencher
équilibre et empêchera un ou autre
extrême de dominer
ARISTOTE Politique
livre IV ch xi
Le problème du comportement des électeurs indécis déjà fait
objet assez nombreuses discussions mais étude de la com
position sociale et intellectuelle de ce groupe pas encore été
entreprise de fa on systématique Dans un livre récent Maurice
Duverger présenté quelques hypothèses au sujet de cet élément
du corps électoral influence des systèmes électoraux sur la vie
politique 50 II suffit remarque-t-il du déplacement un
dixième des suffrages anglais pour changer toute orientation poli
tique de la Grande-Bretagne Or en étudiant de fa on approfondie
la composition de ce dixième
on Constaterait peut-être il représente la partie la plus
vivante et la plus évoluée de la population celle qui est en
définitive la plus capable politiquement elle sait profiter
des le ons de expérience et déterminer après elle son com
portement électoral et elle donne sa confiance un parti
après son activité antérieure et sous réserve de son compor
tement futur au lieu que les neuf dixièmes restants demeurent
imperméables aux résultats positifs et votent en raison un
attachement traditionnel un parti entre les mains duquel ils
se démettent pratiquement de tout pouvoir
Cahiers de la Fondation nationale des Sciences politiques no 16 Paris
Colin 1950 In-80 180 pages
56 Le Problème des Electeurs Indécis
Cependant autres auteurs ont exprimé une opinion entière
ment opposée Ramsay Muir par exemple pu écrire en
se référant des incidents comme la publication de la lettre
Zinoviev quatre jours avant les élections générales britanniques
de 1924 que le vote flottant représentait la partie la moins
solide la moins instruite et la moins stable du corps électoral..
ceux qui peuvent être conduits de ci de là par des paniques brus
ques des slogans électoraux des campagnes sourdes de diffa
mation ou des promesses absurdes et fantaisistes En Angle
terre le revirement une faible partie du corps électoral peut
donner la victoire un camp ou autre alors que tous les
hommes opinions raisonnables qui ne peuvent être maniés de
cette fa on comptent pour rien autres auteurs ont formulé
des points de vue semblables Mais il semble que la thèse inverse
ait compté depuis Aristote plus de partisans
expérience permet-elle de trancher entre ces deux hypothè
ses Afin étudier le problème sur un plan expérimental Paul
Lazarsfeld et ses assistants ont entrepris étude approfondie
des effets une campagne électorale au comté Erié dans le
Nord des Etats-Unis4 Selon les résultats de cette étude les
personnes changeant opinion au cours de la campagne électorale
appartenaient dans leur immense majorité au groupe des im
pulsifs vis-à-vis de la politique Il agissait des électeurs les
moins intéressés par élection et son issue ceux qui apportaient
le moins attention aux discussions politiques Les gens qui se
forment une opinion et déterminent leur vote la dernière minute
sont très souvent perméables action éléments extérieurs par
exemple infl-uence un de leurs proches Ce résultat était
inattendu déclare Lazarsfeld car les experts politiques ont
souvent affirmé au cours une campagne électorale électeur
le plus intelligent et le plus intéressé portera son vote un candidat
un autre en apprenant davantage sur leurs programmes respec-
MUIR How Britain is Governed Londres 1930 161
Voir par exemple L.F CRISP The Parliamentary Government of the
Commonwealth of Australia Londres et New York 1949 46 BIRCH
et CAMPBELL qui semblent avoir pris comme point de départ la même
hypothèse ont trouvé aucune différence significative entre les électeurs indécis
et le reste du corps électoral dans une circonscription du Lancashire en
Angleterre Mais leur exemple portant seulement sur 67 électeurs indécis ne
peut guère être considéré comme concluant British Journal Sociology vol
1950 208
LAZARSFELD BERELSON et GAUDET The Choice 2* éd New
York 1948 69
57 Sten Spare Nilson
tiis En réalité rares sont ceux qui se comportent comme
le stéréotype standard de électeur démocratique rationnel et sans
passion électeur sans parti pris qui essaie sincèrement de
peser les conséquences de son vote et de juger la valeur des can
didats du point de vue de intérêt de ensemble du pays. existe
principalement dans les manuels civiques au cinéma et dans les
cerveaux de quelques idéalistes Dans la vie réelle il est un type
très rare
Cette opinion de Lazarsfeld est fondée sur une étude expéri
mentale mais ses arguments ne sont pas concluants La recherche
porté en effet que sur les seuls effets de la campagne élec
torale alors en fait celle-ci intervient que pour une faible part
dans les conversions politiques Entre les élections de 1936 et
mai 1940 21 des électeurs démocrates de 1936 étaient sépa
rés des démocrates dans le comté Erié Au cours de la cam
pagne entre mai et octobre 1940 seulement abandonnèrent
le parti7 Lazarsfeld prétend que les gens qui se forment une
opinion la dernière minute sont les plus impulsifs Est-il permis
de supposer en conséquence que la majorité des gens qui chan
gèrent de parti avant ouverture de la campagne électorale et la
propagande intense qui accompagnait étaient des gens réfléchis
intéressant davantage aux questions politiques que les autres
Il est pas facile de trancher cette question on peut toutefois
voir plus clair en comparant les études élections entreprises
en divers lieux et des dates différentes Plusieurs recherches
sur le comportement électoral ayant été faites en Amérique et en
Europe et ce dans des conditions suffisamment variées pour per
mettre au moins quelques tentatives de généralisation
On peut tout abord se poser le problème des fondements
théoriques de pareilles généralisations Dans un exposé présenté
en 1949 la Conférence américaine de Recherche sur opinion
publique Stuart Rice efforce établir les grandes lignes une
hypothèse mathématique destinée expliquer le comportement
des électeurs dans une zone médiane indifférence Si on
distribue les électeurs déclara-t-il conformément intensité de
leurs opinions favorables ou défavorables sur les deux candidats
LAZARSPELD op cit Préface xvii
Ibid 100
Ibid 102
58 Le Problème des Electeurs Indécis
en présence dans une élection on trouve ils tendront se
répartir conformément la courbe de Gauss habituelle des dis
tributions de fréquence normale ou une de ses approxima
tions Le raisonnement de Stuart Rice suppose implicite
ment que chaque électeur est exposé un grand nombre in
fluences différentes sans relation entre elles ce qui est jamais
le cas dans la vie politique Pour établir son hypothèse Rice va
dire Supposons un corps législatif dont chaque mem
bre. est pas influencé dans son vote par des considérations de
parti Les opinions politiques dans une telle Assemblée
seraient-elles distribuées conformément la loi des erreurs Il
est guère possible de répondre car un tel corps législatif serait
difficile trouver Les influences qui exercent sur un électeur au
cours une élection sont également loin être déterminées par le
hasard entourage détermine la propagande laquelle un homme
est soumis Cela est peut être pas aussi clair aux Etats-Unis
que dans les pays où les classes sociales sont plus différenciées
mais même aux Etats-Unis est certainement un fait électeur
américain qui vit la campagne lit généralement des journaux
paysans influencés par les Républicains il trav