Le procès d Enguerran de Coucy - article ; n°1 ; vol.79, pg 5-44
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1918 - Volume 79 - Numéro 1 - Pages 5-44
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1918
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

J. Tardif
Le procès d'Enguerran de Coucy
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1918, tome 79. pp. 5-44.
Citer ce document / Cite this document :
Tardif J. Le procès d'Enguerran de Coucy. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1918, tome 79. pp. 5-44.
doi : 10.3406/bec.1918.448605
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1918_num_79_1_448605LE PROCÈS
D'ENGUERRAN DE COUCY
INTRODUCTION.
Le procès d'Enguerran IV est l'un des épisodes les plus con
nus du règne de saint Louis. Les Grandes Chroniques l'ont
popularisé et depuis il n'est guère d'historien qui ne le cite
comme un des plus remarquables exemples de l'esprit d'équité
qui animait ce prince. Il nous a paru intéressant de rechercher
pour quels motifs un événement d'importance secondaire avait
pris par la suite des temps des proportions considérables. Cela
tient sans doute à ce que l'imagination populaire a vu là une
manifestation de la loi du talion qui, chez les peuples primitifs,
est considérée comme la suprême justice. Si le roi a songé un
moment à condamner Enguerran IV de Coucy à la même peine
qu'il avait fait subir aux trois jeunes Flamands, comme le lais
serait supposer une phrase de Guillaume de Saint-Pathus, cette
pensée révèle chez Louis IX un esprit singulièrement novateur ;
car il était inouï, dans les idées du temps, d'infliger à un per
sonnage de la noblesse la peine capitale et surtout de l'envoyer
à la potence comme un manant. Les grands seigneurs, sauf
peut-être en cas de lèse-majesté ou de haute trahison, échap
paient à la peine de mort qui frappait les personnes de condition
moyenne et les serfs, et ils n'étaient soumis qu'à des amendes
ou à des pèlerinages lointains. En voulant appliquer la loi du
talion à Enguerran IV de Coucy, saint Louis se montrait un
hardi novateur : c'est ce qui explique l'émotion qu'a produite
parmi les contemporains le procès du sire de Coucy. Louis IX
fut arrêté vraisemblablement par des scrupules sur la légitimité
de ses droits et il n'alla pas jusqu'au bout. Toutefois, malgré
l'importance de cet événement, il n'est encore qu'imparfaite- LE PROCÈS d'eNGUERRAN DE COUCT. 6
ment connu : la date du procès n'est pas précisée; certains
détails de la procédure sont restés ignorés ; il nous a donc paru
utile de soumettre cette affaire à un nouvel examen approfondi.
Malgré la sécheresse des Chroniques, il est cependant facile
d'augmenter la somme des renseignements biographiques rela
tifs à Enguerran IY et à ses contemporains. Si le chartrier de
Coucy a été pillé et dispersé pendant les guerres entre Arma
gnacs et Bourguignons, on peut néanmoins retrouver une cer
taine quantité de doubles des chartes octroyées par des bienfai
teurs aux différentes abbayes du Vermandois, ce qui permet de
combler un certain nombre de lacunes. Le catalogue des actes
émanés d'Enguerran IV comprend 150 pièces environ ; il faut
y ajouter les titres qui proviennent des Coucy -Vervins et
des Coucy-Pinon, ainsi que ceux de la maison de Montmirail;
notamment les actes de Marie de Montmirail et de ses deux
frères Jean et Mathieu de Montmirail. De nombreux documents
judiciaires, enquêtes et fragments d'enquêtes, jugés, appels,
conservés dans la série des registres du Parlement, dont les
premiers sont désignés sous le nom d'OHm, nous font encore
connaître un grand nombre de procès auxquels Enguerran IV a
été mêlé soit comme demandeur, soit comme défendeur, dans
les conflits si nombreux qu'il eut avec les établissements ecclé
siastiques de son voisinage. Parmi les débris du chartrier de
Coucy qui ont été versés aux Archives nationales, les deux
séries qui renferment le plus de documents intéressants sont,
d'une part, la série P, Chambre des comptes (aveux, hommages*
terriers et censiers), et, d'autre part, la série R, apanages des
princes : R1, apanage d'Artois, et R4, apanage d'Orléans. Quant
aux rouleaux de comptes et aux registres de comptabilité, on
n'en trouve que quelques-uns qui aient échappé à la destruc
tion lors du triage des titres, les commissaires s'étant contentés
de garder seulement quelques spécimens des diverses séries de
comptes, et leur choix a porté malheureusement sur des registres
de la première moitié du xvie siècle. Il est heureux que
M. Broche, archiviste du département de l'Aisne, ait eu la
bonne fortune d'acquérir pour ses archives un registre de
recettes et de dépenses de la châtellenie de Coucy pour l'exercice
1386-1387 1.
1 . Il est très regrettable que le savant auteur du Dictionnaire topographique
de l'Aisne, M. Matton, n'ait pu profiter des études de M. A. Longnon sur la IE PROCÈS ü'eNGÜERRAN DE COUCY. 7
CHAPITRE Ier.
Les ancêtres d'Enguerran IV.
Le domaine de Coucy, qui appartenait primitivement à l'ab
baye de Saint-Rémy de Reims, a subi de nombreuses vicissi
tudes avant d'arriver à la maison de Coucy. Sous les derniers
descendants de la dynastie carolingienne, cette terre a passé
plusieurs fois de main en main : tantôt c'est Herbert, comte
de Yermandois, qui s'en empare1; tantôt, au contraire, c'est
Bernard de Senlis qui l'emporte en 927. Quelques années plus
tard ce sont les troupes de Hugues le Grand et de Thibaud le
Tricheur, comte de Blois, qui y tiennent garnison2 ; mais en 958,
les vassaux de l'archevêque de Reims, Artaud, enlèvent la for-
formation des noms de lieux. Je me bornerai à citer quelques exemples.
Le Dictionnaire topographique de l'Aisne donne à l'article suivant :
« Dagny-Lambercy, canton de Rozoy-sur-Serre. — Altare de Aegniis. 1144
(Oartulaire de Thenailles, fol. 8 et 35). — In territorio de Agnies. 1205 (Car-
tul. de Thenailles, fol. 5). = Aulers, hameau de Bassoles, canton d'Anisy-le-
Château : Aullers. 1132 (Musée de Soissons); Anslers (Bibliothèque de Soissons.
Cartul. de Prémontré, fol. 18). = Hary, canton de Vervins : Aheries. 1162 (Car-
tul. de Bucilly, fol. 34); Haaris. 1326 (Bibliothèque nationale, Supplément de
Dom Grenier, n° 287). = Oohartille, hameau de Froidmont, canton de Marie :
Gunhardi insula. 1136; Gohardi insula. 1181. — Cohartile. 1563 (Abbaye de
Saint- Jean de Laon). »
1. 927. « Rodulfus vero in Burgundiam revertitur, Rotgarii filiis cum uxore
sua ad custodiam Lauduni relictis, qui egredientes loca quaeque dévastant
circa Codiciacum, episcopi Remensis castrum » [Flodoardi Annales (927) ;
Monumenta Germanise historica. Scriptores, t. III, p. 377, 1. 31; Annales de
Flodoard (Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de
l'histoire), éd. Ph. Lauer, p. 39).
930. « Heribertus Ansellum Bosonis vassalum, qui Victoriacum tenebat, cum
ipso castello recipit et Codiciacum illi cum alia terra concedit » (Flodoardi
Annales; Mon. Germ. hist. Script., p. 379, 1. 8; Annales de Flodoard,]). 45).
2. 949. « Codiciacum castrum domno Artaldo praesuli redditur ab his qui
custodiebant illud ex parte Hugonis comitis vel Tetbaldi » (Mon. Germ. hist.
Script., p. 399, 1. 11; Annales de Flodoard, p. 124).
950. « Deinde colloquium petit Hugonis, quod dum haberet, custodes castri
Codiciaci, qui desciverant a domno Artaldo praesule, Tetbaldum comitem in
ipso recipiunt oppido... Tetbaldo a Codiciaco plures eorum, quos intus invene-
rat, expulit » [Mon. Germ. hist. Script., t. III, p. 400, 1. 14; Annales de Flo
doard, p. 128). LE PROCÈS d'eNGUERRAN DE COUCT. 8
teresse de Coucy à Hardouin, châtelain de Thibaud1, qui la
reprend de vive force en 961 , après la mort d'Artaud, et la res
titue à Hugues, fils d'Herbert de Vermandois et archevêque de
Reims2, sous condition que ce domaine devienne un fief archié
piscopal3.
Vers le milieu du xie siècle, le possesseur de Coucy et de ses
dépendances était un chevalier du nom d'Aubri de Coucy. On le
rencontre, pour la première fois, en 1059; à cette date, il prie
l'évêquedeLaon, Hélinand, d'affranchir l'église de Nogent-sous-
Coucy de toute redevance et d'y installer des religieux, grâce
aux fondations qu'il a faites ainsi que ses chevaliers. — En 1066
(avant le 1er octobre), il est débouté des droits exorbitants qu'il
prétendait exercer, en qualité d'avoué, sur les hommes de Saint-
Médard de Soiss

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