Le récit des origines d un groupe de Pandé à Bali - article ; n°1 ; vol.25, pg 109-136
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Description

Archipel - Année 1983 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 109-136
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-François Guermonprez
Le récit des origines d'un groupe de Pandé à Bali
In: Archipel. Volume 25, 1983. pp. 109-136.
Citer ce document / Cite this document :
Guermonprez Jean-François. Le récit des origines d'un groupe de Pandé à Bali. In: Archipel. Volume 25, 1983. pp. 109-136.
doi : 10.3406/arch.1983.1811
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1983_num_25_1_1811LE RECIT DES ORIGINES
D'UN GROUPE DE PANDE A BALI
par J.F. GUERMONPREZ
L'objet de cet article est de présenter un manuscrit balinais en proposant
au lecteur un commentaire introductif au texte et une traduction française*.
Le manuscrit relate l'histoire de l'origine d'un groupe de Balinais résidant à
Serongga, au Sud de Bali. Précisons tout de suite que le récit ne vaut pas par
ses qualités littéraires ni par son intérêt historique. C'est un document qui cor
respondrait davantage aux préoccupations traditionnelles des anthropologues
alors même que ceux-ci ont, semble-t-il, à peu près totalement négligé le regis
tre de l'écrit à Bali. Nous espérons, en présentant ce texte, montrer que l'écrit
n'y est pas nécessairement le domaine réservé du philologue ou de l'oriental
iste classique et que d'autres disciplines peuvent y trouver un grand intérêt.
Le texte original se présentait sous la forme d'un lontar rédigé enaksara
balinais. Le récit fait appel au double registre du haut et du bas balinais avec
toutefois des occurrences en bas balinais qui ne semblent pas justifiées par le
contexte et traduisent comme un relâchement du niveau de langue auquel
l'auteur prétend se maintenir. La syntaxe de la langue balinaise et l'organisa
tion du récit posent des problèmes spécifiques de traduction. En effet, ou bien
l'on choisit de donner un texte français parfaitement lisible, et cela implique
un remaniement considérable de la version originale; ou bien l'on choisit; au
contraire, de rester assez près du texte en essayant de lui conserver ses caracté
ristiques propres, et il est alors bien difficile de ne pas laisser subsister des for-
* Nous tenons à remercier tout particulièrement I Pandé Nyoman Surawan qui a bien voulu
nous prêter le lontar contenant l'histoire de ses ancêtres et Anak Gedé Raka du Puri Kauhan
d'Ubud qui a assuré la transcription du texte. 110
mes qui apparaissent comme des maladresses en français. Nous avons opté
pour la deuxième solution car, de toute façon, la spécificité des références
balinaises et le caractère parfois elliptique du récit rendaient nécessaire la pré
sence d'un commentaire introductif assez long et d'un jeu de notes explicati
ves assez conséquent. Par ailleurs, ce commentaire et ces notes ne prétendent
pas épuiser la richesse du récit. Ils proposent un mode de lecture autour de
quelques thèmes qui nous ont parus essentiels, avec le souci constant de laisser
entrevoir, à propos mais aussi au-delà de ce texte, la complexité d'une société
qui, à bien des égards, reste fort mal connue.
Introduction au texte et au contexte social et culturel
L 'auteur et son groupe, les Pandé de Serongga
Le village de Serongga (désa adat) comprend en particulier les deux ban-
jar adat de Serongga Kaja et de Serongga Kelod qui correspondent à deux uni
tés résidentielles, proches mais distinctes, toutes deux situées à moins de 3
kilomètres au sud de l'ancienne résidence desraja de Gianyar. Parmi les diffé
rents groupes de descendance^1) que comptent ces deux banjar, se trouvent
trois sous-groupes de Pandé ^ qui se distinguent entre eux par le lieu dont ils
se considèrent originaires : Tusan, Berséla et Pujung @\ Ce dernier sous-
groupe, le plus nombreux et qui nous intéresse plus particulièrement ici, com
prend 136 personnes, hommes, femmes et enfants, répartis en 16
pakarangan^ dont treize pakarangan à Serongga Kelod et trois pakarangan à
Serongga Kaja.
Tous les hommes se considèrent comme parents en ligne agnatique, tous
issus de quatre ancêtres qui étaient frères. Les femmes sont soit des filles
Pandé non mariées soit des filles Pandé mariées à l'intérieur du groupe soit
encore des épouses, Pandé ou non, prises à l'extérieur du groupe. Les, Pandé
de Serongga, originaires de Pujung, se répartissent en quatre branches corre
spondant aux quatre patrilignes initiées par les quatre ancêtres. Le repérage de
ces quatre patrilignes ne résulte pas de l'exercice d'une mémoire généalogique
précise, mais de l'existence de quatre sanggah gedé ^ qui marquent, dans
l'espace habité, les pakarangan d'origine des quatre ancêtres. A partir de ces
quatre pakarangan d'origine, douze nouveaux pakarangan ont été créés au
cours du temps, soit qu'un fils quitte son père pour s'établir indépendamm
ent, soit que deux frères se séparent après un certain temps de cohabitation.
Actuellement l'ensemble des seize pakarangan est ainsi divisé en quatre sous-
ensembles, définissant le cercle des parents qui se considèrent comme issus en
ligne directe du même ancêtre et qui participent au rituel qui a lieu dans cha-
quesanggah gedé, tous les 210 jours. En plus de ces liens locaux, inscrits dans
l'espace habité, le groupe a maintenu une relation rituelle avec Pujung, le vil
lage d'origine des quatre ancêtres. En effet, tous les 210 jours, pour Tumpek
Landep w, les Pandé de Serongga se rendent auPura Pandé de Pujung, le '
EST ET CENTRE
DE BALI
5 * *7 10e «Bangli
Tabanan Gianyar» • •Klungkung
1. Tlepud 9. Tegalalang
10. Srokadan 2. Pujung
3. Taro 11. Tusan
4. Timbul 12. Serongga
13. Sukawati 5. Tegal Sud
14. Tohpati 6. Sebatu
7. Kedisan 15. Bugbug
8. Berséla 112
temple d'origine^ des quatre branches mais aussi celui d'autres parents
Pandé qui ne résident pas à Serongga. Là, ils participent à la cérémonie (oda-
lan) dont le thème essentiel est la réception des dieux et des ancêtres divinisés à
l'occasion de leur visite dans le temple.
Cet emboîtement de temples et de relations que nous venons de décrire
rapidement constitue une configuration classique, donnée à voir à tout obser
vateur un peu attentif. Mais généralement, à l'exception des groupes qui ont
«fait l'Histoire», on ne sait rien de plus que ce que dit la présence de ces temp
les. L'identité des ancêtres, les raisons de leur migration, ainsi que les rela
tions de parenté précises entre les membres du groupe tombent dans l'oubli le
plus total. En effet, l'usage de l'écriture est réservé à une minorité de lettrés, et
d'autre part, il est considéré comme dangereux ou malséant de nommer les
ancêtres ou les parents vivants d'une classe d'âge supérieure. Ainsi, bien sou
vent, les Balinais connaissent à peine le nom de leur grand-père et tout à fait
exceptionnellement le nom de leur arrière-grand-père. Par ailleurs, les guerres
incessantes que se faisaient les seigneurs locaux dans les plaines du Sud de
Bali, au XIXe siècle, ont entraîné d'importants mouvements de population,
brouillant les traces de ces migrations par leur fréquence même. Il est donc
inhabituel de pouvoir disposer d'un récit relatant l'histoire d'un petit groupe,
d'autant plus que les Pandé de Serongga ne sont que de modestes artisans ou
des riziculteurs travaillant de minuscules parcelles.
On doit la rédaction du récit à I Glebag, arrière-petit-fils de l'aîné des
quatre frères qui vinrent s'installer à Serongga. Son frère aîné, I Pineh, était,
selon la tradition, scribe et recopiait des lontar chez le padanda ^ de
Serongga. On peut penser que ce frère lui enseigna l'art de l'écriture et qu'une
fois devenu pamangku @\ I Glebag estima que sa fonction lui assurait une
protection suffisante pour qu'il prît le risque d'évoquer le nom et l'histoire de
ses ancêtres. Il rédigea le texte en 1958, dit-on, peu de temps avant sa mort
survenue en 1964. Le récit lui-même doit être considéré comme une oeuvre
collective, une tradition orale mise par écrit, mais très vraisemblablement
remise en forme et réinterprétée au moment de la rédaction. Enfin,- pour que
le manuscrit donnât lieu à la traduction frança

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