Le silence dans la communication - article ; n°1 ; vol.20, pg 5-14
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Description

Communication et langages - Année 1973 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 5-14
Le sens commun se réfère souvent au silence : « Le silence est d'or », « Les grandes douleurs sont muettes »... ; les musiciens connaissent la valeur du silence, comme, sur un autre plan, certains ordres religieux. Ce rôle du silence, s'il est évoqué, n'a jamais été étudié de façon systématique. Voici donc un panorama du silence, qui comporte classification, description et explication de son rôle dans la communication : on pourrait presque parler d'une typologie du silence.
L'article que nous publions ici est extrait du « Journal of Communication », vol. 23, du mois de mars 1973. Malgré quelques obscurités dans l'exposé, c'est un texte d'une profonde originalité, qui a le grand mérite, faisant le tour du sujet, de montrer le nombre et l'intérêt des questions qu'il soulève.
10 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Thomas J. Bruneau
Francine Achaz
Le silence dans la communication
In: Communication et langages. N°20, 1973. pp. 5-14.
Résumé
Le sens commun se réfère souvent au silence : « Le silence est d'or », « Les grandes douleurs sont muettes »... ; les musiciens
connaissent la valeur du silence, comme, sur un autre plan, certains ordres religieux. Ce rôle du silence, s'il est évoqué, n'a
jamais été étudié de façon systématique. Voici donc un panorama du silence, qui comporte classification, description et
explication de son rôle dans la communication : on pourrait presque parler d'une typologie du silence.
L'article que nous publions ici est extrait du « Journal of Communication », vol. 23, du mois de mars 1973. Malgré quelques
obscurités dans l'exposé, c'est un texte d'une profonde originalité, qui a le grand mérite, faisant le tour du sujet, de montrer le
nombre et l'intérêt des questions qu'il soulève.
Citer ce document / Cite this document :
J. Bruneau Thomas, Achaz Francine. Le silence dans la communication. In: Communication et langages. N°20, 1973. pp. 5-14.
doi : 10.3406/colan.1973.4045
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1973_num_20_1_4045LE SILENCE
DANS LA
COMMUNICATION
traduit de l'anglais par Thomas par Francine J. Bruneau Achaz
Le sens commun se réfère souvent au silence : « Le silence est d'or », « Les
grandes douleurs sont muettes »... ; les musiciens connaissent la valeur du
silence, comme, sur un autre plan, certains ordres religieux. Ce rôle du s'il est évoqué, n'a jamais été étudié de façon systématique. Voici
donc un panorama du silence, qui comporte classification, description et
explication de son rôle dans la communication : on pourrait presque parler
d'une typologie du silence.
L'article que nous publions ici est extrait du « Journal of Communication »,
vol. 23, du mois de mars 1973. Malgré quelques obscurités dans l'exposé,
c'est un texte d'une profonde originalité, qui a le grand mérite, faisant le tour
du sujet, de montrer le nombre et l'intérêt des questions qu'il soulève.
Dans l'absolu, le silence n'existe pas. Toute proposition qui
prétend établir le contraire relève du mythe pur et simple. John
Cage le dit en termes clairs : « II n'existe pas de silence absolu ;
» il se produit toujours quelque chose qui émet un son. » Ainsi,
le silence paraît être à la fois un concept et un processus ment
al réel. Seul l'homme, semble-t-il, est capable de créer le
silence, les animaux étant obligés de subir le bruit devant leur
état de veille. Le silence apparaît alors comme un concept et
comme un processus mental imposés par chaque esprit à
lui-même et à l'esprit d'autrui. Le silence est à la parole ce
qu'une feuille blanche est au texte imprimé. Physiologiquement,
le silence se présente comme le reflet dans un miroir de la
forme des sons perceptibles par chacun. Les signes du langage,
nés d'une nécessité ou créés volontairement, semblent être des
formes imposées par l'esprit sur un fond de silence, imposé de
même. L'esprit crée ces deux concepts, dont Sontag a clairement
défini l'interdépendance : « Le silence ne cesse jamais d'impli-
» quer son contraire et d'en dépendre [...]. Aussi est-il néces-
» saire de prendre conscience du fond sonore de notre
» environnement (bruit ou langage) pour reconnaître le
» silence [...]. Tout silence peut se révéler comme une étendue
» temporelle perforée par des bruits. » Le système entier du
langage parlé s'écroulerait si l'homme était incapable à la fois
d'enregistrer et de créer des séquences de signes constituées Le silence dans la communication
en unités silence/son/silence. En d'autres termes, les signes du
langage prennent une signification de par leur interdépendance
avec les silences obligatoires. Ils s'ensuit qu'il n'est possible de
donner un sens aux différentes situations, intensités, durées et
fréquences des silences imposés que grâce à leur interdépen
dance avec le langage.
LE SILENCE PSYCHOLINGUISTIQUE
Nous admettons ici qu'il existe deux formes de silences psycho
linguistiques utilisés pour le décodage du langage : le silence
de faible durée, dit « silence rapide », et le silence de longue
durée, dit « silence lent ». Le premier est ce mental
imposé, étroitement associé au déroulement horizontal du
langage dans le temps. Les silences rapides varient en temps
mental mais ont une intensité et une durée relativement faibles ;
leur fréquence, par contre, est plutôt élevée.
Leur durée est généralement inférieure à deux secondes. Ces
silences rapides semblent liés aux hésitations syntaxiques et
grammaticales de très courte durée ou aux ralentissements qui
accompagnent le décodage du discours. Les silences du « déco
deur » (qui se situent au niveau de la réception) semblent être
des processus automatiques de signalisation. Selon Goldman-
Eisler, certaines hésitations de l'« encodeur » (qui se situent
au niveau de l'émission) peuvent être en relation directe avec le
type de réponses attendues et avec un blocage « réticulaire ».
Il semble que la plupart des silences rapides imposés par le
décodeur aux messages de l'encodeur soient fonction soit de
l'accoutumance aux réponses, soit du blocage cérébral.
Le silence lent est ce silence mental obligatoire étroitement
associé aux processus sémantiques (et métaphoriques) du
décodage du langage. Ces silences sont plus des symboles que
des signaux. On pense que les silences lents sont liés à des
mouvements d'organisation, de catégorification et de spatialisa-
tion à travers les niveaux d'expérience et les niveaux de
mémoire. Selon les hypothèses les plus probantes, la profondeur
des expériences, la complexité du stockage des souvenirs et le
rappel de ces souvenirs seraient liés à la fois à l'intensité et à
la durée du silence lent. La mémoire n'est pas uniquement consi
dérée comme un magasin de mots et d'objets qui, après avoir
été verbalisés, ont été fixés et « engrammés » ; elle est égale
ment envisagée en fonction des trajets propres qui s'effectuent
à travers des niveaux verticaux de l'espace mental. En d'autres
termes, le silence lent permettrait le déroulement de ce mouve
ment vertical dans l'espace mental. Mais, souvent, ce n'est pas uniquement vertical : un trajet horizontal ou une
boucle horizontale peuvent se produire à divers étages durant
cette phase. Linguistique 7
Ce processus, engendrant le silence lent tel que nous venons de
l'évoquer, semble être une fonction volontaire qui diffère d'indi
vidu à individu. Chaque décodeur semble capable de régler
personnellement l'intensité, la durée et la fréquence des
silences lents qu'il accepte au niveau de la réception. Cela est
particulièrement vrai, semble-t-il, des silences lents, imposés
par un encodeur, qu'un individu ressent comme incompatibles
avec son propre système de pensée, ses dispositions naturelles
à motifs' répondre et pressions ou ses qui conceptions. peuvent inciter Il existe, un décodeur certes, de à imposer nombreux le
silence à son propre esprit. Un encodeur peut alors favoriser le lent en combinant de multiples façons des unités
parole/silence/parole. Il peut aussi, bien sûr, essayer de facili
ter ou d'empêcher chez le décodeur l'usage de ces silences
lents. Chaque décodeur peut, par ailleurs, avoir acquis une
certaine compétence à imposer des silences lents. Chez un
décodeur adulte, ce niveau de compétence peut être lié tantôt
au degré habituel de tolérance à l'ambiguïté, tantôt au rejet des
pensées et des silences différents des siens. Il semble que
Goldman-Eisler évoque cette en tant que « capacité
de l'organisme à différer l'acte de parler ». Ce décalage de la
parole paraît dépendre de la façon dont les individus admettent
soit l'identité, soit la différence. Certaines hésitations

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