Le texte et les textes - article ; n°1 ; vol.12, pg 315-333
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1986 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 315-333
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Vittorio Citti
Le texte et les textes
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 12, 1986. pp. 315-333.
Citer ce document / Cite this document :
Citti Vittorio. Le texte et les textes. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 12, 1986. pp. 315-333.
doi : 10.3406/dha.1986.1725
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1986_num_12_1_1725DHA 12 19856 315-333
LE TEXTE ET LES TEXTES *
Vittorio CITTI
Université de Venise
(Italie)
Mon propos est d'éclairer quelques aspects de la dimension historique
d'un texte, en montrant son développement dans l'histoire et en fonction d'elle,
dans la tradition qui se réfléchit dans les structures formelles et dans le langage
constituant le fondement même du texte, dans l'élaboration de ce dernier par
son auteur ; enfin, dans le procès de réception par les destinataires contempor
ains et par la postérité (1). Je vais avant tout considérer le travail de constitu
tion et de formation du texte qui, encore parfois, est considéré comme un
objet unique (2).
Notre concept de texte remonte, comme les institutions de base de la
philologie, aux érudits d'Alexandrie, de Zénodote à Aristarque, et àleurs dis
ciples : ils ont constitué cette science avec leurs travaux sur les textes de la litt
érature grecque classique et surtout sur Homère. Je ne crois pas qu'il existe une
définition explicite de «texte» dans les scholies homériques, mais le terme de
diorthosis employé pour indiquer leurs éditions implique qu'il devait y avoir une
forme «correcte» à laquelle ils entendaient reconduire les textes qui s'étaient
corrompus dans la transmission. Alors ils s'efforçaient d'établir le texte correct
d'Homère en choisissant entre les variantes des éditions kat'andra ou kata polin
* Ce texte a fait l'objet d'un séminaire au Centre d'Histoire Ancienne de Besan
çon le 24 avril 1986 et d'une conférence organisée par la délégation d'Aoste de
PAJ.C.C. (Associazione Italiana di cultura classica),le 3 octobre de la même an
née. Je remercie encore une fois les collègues qui m'ont invité, et qui ont enrichi
mon exposé de leurs suggestions; à leur amité j'entends dédier mon écrit. V. CITTI 316
dont ils disposaient ; ils écartaient les vers qu'ils croyaient abusivement intro
duits ou répétés, parfois en les éliminant, parfois en les marquant de signes crit
iques particuliers ; notre Venetus A garde les traces de cette activité dans les as
térisques et les obéloi qu'on voit sur ses marges. C'est selon toute probabilité
après les éditions aristarchéennes que le numerus uersuum s'est établi à peu près
dans la mesure de notre vulgate ; on sait qu'à partir de 150 av. J.-Ch. les Plusver-
se, qui pullulaient surtout pour certains chants d'Homère dans les papyrus anté
rieurs, disparaissent rapidement. A présent nous savons bien que la pluralité des
variantes textuelles, et les variantes aussi du numerus uersuum étaient le reste
de la tradition orale. Le travail des Alexandrins a été de transformer un texte
encore semi-oral en un livre écrit, et il n'y a pas de doute qu'ils concevaient le
texte comme une réalité déterminée de façon définitive par la dernière volonté
de l'auteur ; ce texte s'était corrompu dans la transmission et il fallait le récu
pérer au mieux (3). Dans la même perspective Ptolémée III emprunta aux
Athéniens la copie officielle du texte des tragiques que Lycurgue avait fait
préparer ; il fallait remonter le plus proche possible de l'autographe original
perdu (4).
C'est aussi la direction de travail des philologues modernes, de Maas à
Dain et à West (5). Comme on ne dispose pas d'autographes pour les auteurs
anciens, et que nos témoins présentent des variantes entre eux, on doit supposer
que ces variantes sont en règle fautives, engendrées par des fautes de lecture ou
de dictée des copistes. C'est pour cela qu'on étudie l'histoire de la transmission
des textes, en s'efforçant de remonter le plus haut possible, c'est-à-dire en ten
dant à la reconstruction de l'archétype ou du plus-proche -commun-ancêtre de
notre tradition. Ainsi, dans le domaine de la philologie italienne, à partir du mo
ment où P. de Nolhac a reconnu dans le Vat. lat. 3195 l'autographe des Rerum
vulgarium fragmenta de Pétrarque, il n'y avait plus de problèmes pour la consti
tution du texte du poète. C'est ce que constatait avec satisfaction Carducci dans
l'introduction de son commentaire. Le travail du philologue doit être avant tout
l'identification de la ne uarietur, du texte définitif, de la forme que représente
la dernière intention de l'écrivain (6).
C'est donc là la condition du travail des philologues classiques ; nous
ne disposons pas d'autographes et il faut donc s'efforcer de s'approcher d'eux
autant que possible. Mais c'est justement du côté des modernistes, qui disposent
des autographes de leurs auteurs, que nous sont venues, surtout dans ces derniè
res années, les difficultés les plus graves. Le premier éditeur du poème de Giusep
pe Parini, Л Giorno, dans son texte 'complet; a été Francesco Reina, avec son
édition des oeuvres complètes du poète, de 1801 à 1804 ;pour les deux premièr
es parties il reproduit le texte déjà édité par l'auteur, respectivement dans le
1763 pour le Mattino et dans le 1765 pour le Mezzogiomo. Mais, au bas de la
page, il reproduisait aussi un certain nombre de variantes que l'auteur avait ap
portées de sa main sur deux copies imprimées de ces sections du poème, ou bien D'HISTOIRE ANCIENNE 317 DIALOGUES
dans les cahiers où il avait recommencé à les composer à nouveau. Les éditeurs
de cette époque ont dû choisir entre la fidélité rigoureuse aux textes imprimés
par l'auteur et les réélaborations postérieures . Les premiers représentaient sans
doute la volonté de Parini exactement déterminée dansle moment dubon à tirer',
les autres versions étaient postérieures, mais contradictoires, et sans caractère
définitif. Bellorini, dans son édition de Naples (1921), a suivi le texte des der
niers autographes, mais celle de Bari (1929) adopta la solution de juxtaposer le
texte imprimé par le poète à celui des autographes. L'édition critique d'Isella
(1969) nous donne dans le premier tome le texte des premières éditions avec les
variantes que l'auteur avait indiquées sur ses propres exemplaires, et, dans le
deuxième, le texte de celui qu'on peut raisonnablement croire le dernier auto
graphe, avec les variantes des autres cahiers au bas de la page ; il y a six cahiers
pour le Mattino. Isella commence l'exposition de ses 'critères d'édition' en dé
clarant qu'«étant donné le caractère ďopus in fieri du Giorno, on devra renon
cer à toute tentation d'en publier un texte unitaire et statique» (7). Dans ce cas,
nous avons les autographes, mais, comme on le voit, nous en avons trop.
Parfois le travail d'élaboration formelle aboutit à un résultat que l'auteur
a considéré comme définitif ; c'est peut-être le cas de Balzac. Celui-ci réélabor
ait continuellement ses romans, en les recomposant radicalement même sur
épreuves. C'est, par exemple, le cas du Médecin de campagne. Guyon, en étu
diant l'histoire de ce texte, a justement remarqué une évolution continuelle
depuis les premières ébauches et des manuscrits successifs, jusqu'aux placards
et aux épreuves qui ont précédé l'édition du 1833, et ensuite, à travers les
successives éditions jusqu'à celle du 1846, que l'auteur a considérée comme
définitive (8). Dans ce cas, il paraît y avoir une direction précise dans le sens
d'une amélioration formelle, avec un progrès constant qui aboutit au texte
de la ne uarietur. Celle-ci était l'opinion de Balzac, et l'est des balzaciens aussi;
je ne peux que l'accepter avec respect. Mais si je regarde la première rédaction
de la confession de Benassis, c'est-à-dire la Confession inédite du Médecin de
campagne, celle où Guyon voit l'écho de la relation de l'auteur avec la marquis
e de Castries, je me demande parfois si la substitution à ce texte si vif de la
version qu'on dit dans la Comédie a été aussi heu

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