Le vrai temple d Apollon à Délos - article ; n°1 ; vol.103, pg 109-135
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Le vrai temple d'Apollon à Délos - article ; n°1 ; vol.103, pg 109-135

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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1979 - Volume 103 - Numéro 1 - Pages 109-135
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Georges Roux
Le vrai temple d'Apollon à Délos
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 103, livraison 1, 1979. pp. 109-135.
Citer ce document / Cite this document :
Roux Georges. Le vrai temple d'Apollon à Délos. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 103, livraison 1, 1979. pp.
109-135.
doi : 10.3406/bch.1979.1980
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1979_num_103_1_1980LE VRAI TEMPLE D'APOLLON À DÉLOS
Les pèlerins de l'Antiquité pouvaient contempler à Délos un monument extra
ordinaire, parfois classé, nous dit Plutarque, au rang des sept merveilles du monde,
et tel qu'à ma connaissance n'en possédait aucun autre sanctuaire grec : un autel
construit par un dieu. C'était le fameux autel des cornes, le κεράτινος βωμός qu'Apollon
lui-même avait façonné en entrelaçant avec une habileté divine les cornes (cornes
droites ou cornes gauches, Plutarque se contredit) des chèvres que sa sœur Artémis
tuait sur le Mont Cynthe. Un autel était en lui-même un monument sacré. Mais
imaginons ce que devait être aux yeux des Anciens la sainteté de celui-là, bâti par un
dieu, touché par les propres mains d'Apollon ! Il va de soi qu'un monument aussi
vénérable, et aussi périssable, n'avait pas été abandonné sans protection aux intem
péries ou aux risques de profanations éventuelles. Effectivement, les auteurs anciens
et les inscriptions de Délos nous font connaître l'existence d'un Κεράτων, construction
(j'emploie à dessein un terme vague) qui abritait le κεράτινος βωμός.1
Il y avait dans le sanctuaire un autre édifice non moins remarquable du culte
apollinien, un Pythion, dans lequel le dieu de Délos était honoré en tant que dieu
pythien2. Les comptes des hiéropes et les inventaires athéniens, qui seuls nous parlent
de lui, contiennent une esquisse de son signalement : il possédait une colonnade
intérieure, renfermait un thalamos où se trouvait «le palmier», θάλαμος ού ό φοίνιξ3,
très vraisemblablement, comme les lauriers de Delphes et de Didymes, un arbre
véritable, le palmier sacré au pied duquel Léto avait mis au monde Apollon4. Le temple
avait des fenêtres (παραθυρίδες) et un lanterneau (ύπολαμπάς) 5, dispositif d'éclairage et
de ventilation rendu nécessaire par la présence du palmier et par celle d'un autel
intérieur sur lequel brûlait un feu perpétuellement allumé, το πυρ εν τώι Πυθίωι6.
Dernier détail, trop peu considéré jusqu'ici mais capital pour la suite : le Pythion
délien avait plusieurs portes7. Cette particularité n'est pas sans exemple dans l'archi-
(1) Toutes les références utiles ont été rassemblées et commentées par Ph. Bruneau, Recherches sur les
cultes de Délos à Vépoque hellénistique et à l'époque impériale (cité ci-après RCD), p. 19-29.
(2) Bruneau, RCD, p. 115-125.
(3) IG, XI, 199, 1. 80 (274 av. J.-G.) ; Ch. Le Roy, BCH Suppl. I (1973), p. 276-279.
(4) G. Roux, Delphes, p. 123, n. 2 ; Ch. Le Roy, l. l.
(5) Textes cités par Bruneau, RCD, p. 115-117.
(6) IG, XI, 199, 1. 41-42.
(7) Cf. ci-après, p. 123-124. 110 GEORGES ROUX [BCH 103
tecture des temples grecs; elle est tout de même assez rare pour constituer, à Délos,
un élément d'identification décisif.
Car tel est le problème : où se trouvait le Kératôn, où se trouvait le Pythion,
qui renfermaient à eux deux les reliques les plus sacrées de la religion délienne, le
palmier natal d'Apollon, l'autel construit par Apollon, le feu perpétuel d'Apollon?
Depuis longtemps les spécialistes de Délos se sont évertués à en reconnaître les
ruines parmi les monuments du sanctuaire, sans succès, si j'en crois Ph. Bruneau qui,
dans ses Recherches sur les cultes de Délos, après avoir soumis à une critique méthodique
et serrée les hypothèses contradictoires de ses prédécesseurs, conclut qu'aucune
d'entre elles n'est convaincante et, pour sa part, donne sa langue au chat8. Si j'aborde
après tant d'autres cette question difficile et chaudement débattue, c'est qu'à mon
avis les difficultés apparemment insurmontables auxquelles on s'est heurté jusqu'ici
tiennent moins au problème lui-même qu'au fait que le problème n'a pas été bien
posé, ou plus exactement que l'on a posé un faux problème. Est-il légitime en effet de
chercher à Délos un Pythion et un Kératôn ? Le Kératôn ne serait-il pas une partie
du Pythion, de même que le « Parthénôn », sur l'Acropole d'Athènes, n'était à l'origine
qu'une partie du temple d'Athéna Parthénos ? Telle est l'hypothèse que je voudrais
examiner ici. Elle fournit, me semble-t-il, une explication satisfaisante de plusieurs
constatations archéologiques et nous conduit à identifier, parmi les nombreux
édifices du sanctuaire, le vrai temple d'Apollon à Délos.
Tout d'abord, pour aller du général au particulier, je dirai qu'il existe, grosso
modo, deux catégories de temples grecs. La première est celle que j'appellerai des
« temples-trésors ». J'entends par là les temples que l'on construit non parce qu'ils
sont indispensables à la célébration d'un culte, à la protection d'un lieu sacré ou d'un
monument sacré, mais simplement parce qu'en période de prospérité, ou à la suite
d'un succès militaire, une cité désire manifester sa gratitude envers la divinité tutélaire
en lui offrant un somptueux cadeau, un édifice qui embellira le sanctuaire et servira
de parure à la cité elle-même. Le type de ces « temples-trésors », c'est le Parthénôn,
assurément le plus beau « trésor des Athéniens» qui ait jamais existé sur le sol grec,
ou encore le temple d'Olympie, offert à Zeus par les Éléens, dans le deuxième quart
du ve siècle, après leur victoire sur leurs rivaux de Pise. Le « temple » n'est en ce cas
qu'un «trésor» à grande échelle. La langue grecque n'établit d'ailleurs pas entre les
deux catégories une distinction aussi nette que nous le faisons : Polémon, auteur d'un
traité Περί των εν Δελφοΐς θησαυρών, dénomme temples (ναοί) les « trésors » d'Olympie9,
Plutarque le monument chorégique de Nicias10 (6 εν Διονύσου νεώς) et Pausanias
au moins l'un des deux trésors dans le sanctuaire delphique d'Athéna Pronaia11.
(8) RCD, p. 27-29.
(9) «Πολέμων γράφει καΐ ταΰτα ' ναός Μεταποντίνων, έν φ φιάλαί. .. ναός Βυζαντίων, έν φ Τρίτων
κυπαρίσσινος. . . » (Athénée, XI, 479 F -480 A). Mais dans son traité «Sur les trésors de Delphes » (cité par
Plutarque, Quaest. conviv. V, 2, 675 B), ce même Polémon écrit : « Έν Δελφοΐς, έν τω Σπινατών θησαυρω,
παίδες είσιν λίθινοι δύο... » (Athénée, XIII, 606 Α-Β).
(10) Nicias, 3.
(11) Χ, 8, 4 (είσίν έφεξης ναοί) ; G. Roux, RE Α 67 (1965), ρ. 37-53. LE VRAI TEMPLE D'APOLLON À DÉLOS 111 1979]
Les « temples-trésors » se reconnaissent à plusieurs caractéristiques communes.
Tout d'abord, du fait que leur fonction principale est simplement de témoigner
aux dieux la reconnaissance des hommes, ils ne sont pas liés à un lieu sacré déterminé.
Dans les limites d'un téménos, ils peuvent être construits ici ou là et, s'ils viennent à
être détruits, reconstruits sur un emplacement autre que leur emplacement primitif,
comme il advint pour le temple d'Héra dans son sanctuaire d'Argos, à la fin du ve
siècle12. Beaucoup d'entre eux n'ont pas d'autel qui leur soit propre. Gomme les trésors,
ils renferment assez souvent une ou plusieurs statues précieuses qui font partie de
l'offrande au même titre que le temple, dont la raison d'être est avant tout de les
protéger13. Enfin, comme leur rôle n'est pas d'abriter un lieu sacré ou une cérémonie
religieuse particulière, l'architecte pas tenu de concevoir son plan en fonction
de telle ou telle nécessité topographique, de telle ou telle obligation rituelle : il le
choisit librement. C'est pourquoi ces temples ont en général des plans « normaux »,
conformes aux schémas traditionnels de l'architecture grecque.
Tout autre est la finalité des &

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