Les Angoysses douloureuses qui procèdent d amours, une vision ambiguë de l amour - article ; n°1 ; vol.42, pg 7-28
23 pages
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Les Angoysses douloureuses qui procèdent d'amours, une vision ambiguë de l'amour - article ; n°1 ; vol.42, pg 7-28

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Description

Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance - Année 1996 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 7-28
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Janine Incardona
Les Angoysses douloureuses qui procèdent d'amours, une
vision ambiguë de l'amour
In: Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance. N°42, 1996. pp. 7-28.
Citer ce document / Cite this document :
Incardona Janine. Les Angoysses douloureuses qui procèdent d'amours, une vision ambiguë de l'amour. In: Bulletin de
l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance. N°42, 1996. pp. 7-28.
doi : 10.3406/rhren.1996.2052
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhren_0181-6799_1996_num_42_1_2052ANGOYSSES DOULOUREUSES QUI PROCEDENT LES
D'AMOURS1,
UNE VISION AMBIGUË DE L'AMOUR
Ces dernières années, le discours critique concernant Les Angoysses
douloureuses qui procèdent d'amours d'Helisenne de Crenne a com
mencé à changer pour s'intéresser de plus en plus au roman dans son
ensemble et non plus seulement à sa première partie2. La critique
1. Nous avons basé notre étude sur la version intégrale du roman, à partir de
l'édition de Denis Janot, Paris, 1538.
2. Depuis l'ouvrage de Gustave Reynier, Le roman sentimental avant l'Astrée,
Paris, Armand Colin, paru en 1908, et jusqu'aux années 1970 environ, c'est la
première partie du roman qui retient surtout l'attention des spécialistes qui, trop
souvent, n'ont pas hésité à mutiler cette œuvre, détruisant ainsi sa structure et
son unité. En effet, plusieurs éditions modernes présentent uniquement la
première partie : l'édition critique et annotée de Paule Demats, Hélisenne de
Crenne, Les angoysses douloureuses qui procèdent d'amours (1538), Première
partie, Paris, Les Belles Lettres, 1968, l'édition de Jérôme Vercruysse, Hélisenne
de Crenne, Les angoisses douloureuses qui procèdent d'amours (Première
partie), Paris, Minard-Lettres Modernes, 1968, à partir du texte de 1560 et
l'édition d'Antonio Possenti, Hélisenne de Crenne, Les Angoysses Douloureuses
(Première Partie), Texte de 1538, Naples, éd. Liguori, 1973. Les raisons qui ont
motivé la critique à n'étudier que la première partie du texte se basent aussi bien
sur l'interprétation autobiographique de cette première partie que sur des
considérations de manque d'unité stylistique et des problèmes d'appartenance à
un genre déterminé. Dans son édition de 1968, Jérôme Vercruysse ne présente que
la première partie des Angoysses douloureuses, qu'il qualifie « d'authentique petit
chef-d'œuvre qui ne mérite pas son enfouissement quatre fois séculaire » (Préface)
tandis que les autres parties exigent, selon lui, un effort de lecture « de plus en
plus pénible » ce qui rend le roman « presque illisible » (p. 18). Pour Paule Demats,
« le roman vécu ne laissait pas présager, au moins jusqu'au chapitre XXII, une
perversion aussi grave du goût et de la langue, malgré la gaucherie de l'écrivain en
telle de ses pages. Il semble que les Angoisses II et III n'aient pas été écrites de la
même encre que les Angoisses I » (op. cit., p. XXVII). D'autre part, plusieurs
articles sont consacrés exclusivement à la première partie du roman. Nous
citerons pour exemples : Anne R. Larsen, « The Rhetoric of Self-Defense in Les
Angoysses douloureuses qui procèdent damours (Part One) », Kentucky Romance
Quarterly, 1982, 29 :3, p. 235-243, Colette H. Winn, « La symbolique du regard dans
Les Angoysses douloureuses qui procèdent d'Amours d'Helisenne de Crenne »,
Orbis Litterarum, 1985, 40, p. 207-227, Ewa Janiszewska-Kozlowska, « Le destin
RHR 42 — Juin 1996 8 JANINE INCARDONA
aurait enfin pris conscience de la nécessité de considérer ce roman
dans son intégralité, c'est-à-dire qu'elle en apprécierait enfin l'unité
structurelle et thématique1. C'est sous cet angle que nous voulons
appréhender le texte, en nous proposant de dégager le thème de
l'amour comme un des éléments structurants des Angoysses doulou
reuses non seulement de par sa continuelle présence mais surtout de
par son traitement par l'auteur2.
féminin dans Les Angoisses douloureuses et La Princesse de Clèves », Ac ta
Universitatis Lodziensis, Folia Litteraria, 14, 1985, p. 81-87, Barbara Ching,
« French Feminist Theory, Literary History, and Hélisenne de Crenne's Les
Angoysses douloureuses », French Literature Series, Vol. XVI, 1989, p. 17-26,
Robert D. Cottrell, « Female Subjectivity and Libidinal Infractions : Hélisenne de
Crenne's Angoisses douloureuses qui procèdent d'amours », French Forum, 1991
Jan., p. 5-19.
1. Depuis les années 1970, plusieurs études considèrent Les Angoysses
douloureuses dans son intégralité révélant ainsi que seul un examen de toutes les
parties de cette œuvre peut en révéler la portée. Ainsi, Donald Stone, dans son
article « The unity of Les Angoysses douloureuses », From Tales to Truth, Essays
on French Fiction in the XVIth century, Vittorio Klostermann, Analecta Romanica,
Heft 34, Francfort, 1973, p. 12-21, considère que la rhétorique employée par
Hélisenne de Crenne est inséparable du but didactique annoncé qui suit point par
point le débat amoureux qui sévissait à cette époque ; M. J. Baker (« France's first
sentimental novel and novels of chivalry», Bibliothèque d'humanisme et de
renaissance, XXXVI, 1974, p. 33-45) s'efforce de démontrer que le récit de
Guenelic n'abandonnant pas le caractère sentimental de la première partie n'est
pas assimilable aux romans de chevalerie ; Tom Conley (« Feminism, Ecriture, and
the closed room : The Angoysses Douloureuses qui procèdent damours »,
Symposium, XXVII, Winter 1973, n° 4, 1973, p. 322-332) et Luce Guillerm (« La
prison des textes ou Les angoysses douloureuses qui d'amours,
d'Helisenne de Crenne (1538) », Revue des Sciences Humaines, n° 196, tome LXVII,
oct-déc. 1984, p. 9-23) se sont attachés au thème de l'écriture qui traverse le roman
dans chacun de ses récits tandis que Christine de Buzon dans sa thèse « Les
Angoisses douloureuses d'Helisenne de Crenne (1538), Lectures et écritures »,
Université François-Rabelais, Tours, Centre d'Etudes Supérieures de la
Renaissance, novembre 1990, s'est penchée sur les structures énonciatives et
narratives du texte ainsi que sur l'élaboration d'un style « piteux » de la part
d'Helisenne de Crenne.
Par ailleurs, plusieurs éditions intégrales ont été publiées : une édition
américaine proposée par Harry Rennell Secor (Hélisenne de Crenne, Les
Angoysses douloureuses qui procèdent d'Amour, A Critical Edition based on the
Original Text with Introduction, Notes and Glossary, Ph. D., Yale University) en
1957 à partir du texte de 1538 et celle de Jérôme Vercruysse (Hélisenne de Crenne,
Œuvres, Genève, Slatkine, 1977), à partir du texte de 1560.
2. Dans « Ecriture et Parole dans Les Angoysses douloureuses qui procèdent
d'amours d'Helisenne de Crenne, 1538 », Quaderns de Filologia, Estudis literaris UNE VISION AMBIGUË DE L'AMOUR 9
Les Angoysses douloureuses est en général considérée comme une
œuvre didactique et moralisante ayant pour but la condamnation de
l'amour. Il nous faut, à ce sujet, être prudent car le titre complet, Les
angoysses douloureuses qui procèdent d'amours : contenantz troys
parties, Composées par Dame Helisenne : Laquelle exhorte toutes
personnes a ne suyure folle Amour, ne condamne pas l'amour mais un
certain type d'amour, en annonçant dès avant la lecture de l'œuvre,
que l'amour possède plus d'un visage. Effectivement, la lecture des
épîtres et des différents récits confirme cette impression et installe le
lecteur face à la dichotomie1 « fol amour » / « vray amour ».
Cependant, une étude attentive nous permettra de découvrir qu'il
ne s'agit pas tant d'une vision dichotomique de l'amour que d'une
vision complexe et multiple. Vision d'autant plus complexe qu'elle
naît, entre autres, du jeu des narrateurs qui présente à partir de trois
focalisations successives (celles d'Helisenne, de Guenelic et de
Quezinstra), tous les points de vue possibles d'une même histoire
d'amour : le point de vue intérieur - à travers le récit

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