Les élections générales de l Ordre nouveau militaire en Indonésie (1971) - article ; n°1 ; vol.27, pg 64-91
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Les élections générales de l'Ordre nouveau militaire en Indonésie (1971) - article ; n°1 ; vol.27, pg 64-91

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Revue française de science politique - Année 1977 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 64-91
THE 1971 GENERAL ELECTIONS IN INDONESIA : THE NEW MILITARY ORDER, by FRANÇOISE CAYRAC-BLANCHARD The Indonesian military regime which came to power through a Coup d'etat would like to present a democratic appearance. The 1971 general elections could seem competitive : several partis and a « reasonable » victory (62,8 %) for the governmental organisation, Golkar. Actually, the consultation had been carefully prepared : any possibility of resistance by the political parties of the Sukarno era had been prevented, a special legislation had been set and, above all, the electoral campaign had been rather rough. But, why such pre-built elections ? Beside a fonction of legitimation, they contribute to a restructuring of the political system which, in order to maintain stability at all cost, works for a depoliticization and a « professionalisation » of society, witness the very nature of a « non-party » such as the Golkar (association of functional groups) or the anti-ideological language of the military leaders and of their counsellors. [Revue française de science politique XXVII (I), février 1977, pp. 64-91.]
LES ÉLECTIONS GÉNÉRALES DE L'ORDRE NOUVEAU MILITAIRE EN INDONÉSIE (1971), par FRANÇOISE CAYRAC-BLANCHARD Le régime militaire indonésien, venu au pouvoir par un coup de force, veut paraître respecter les règles démocratiques. Les élections générales qui se sont déroulées en Indonésie en 1971, pouvaient, à première vue, paraître concurrentielles : plusieurs partis en lice et victoire « raisonnable » (62,8 % des voix) de l'organisation gouvernementale, le Golkar. En fait le terrain avait été soigneusement préparé par l'écrasement de toute possibilité de résistance des partis politiques survivants de l'ère sukarnienne, par la mise en place d'une législation adaptée et surtout par une campagne électorale « musclée ». Pourquoi ces élections préfabriquées ? Outre leur fonction de légitimation, elles sont une étape d'une entreprise de restructuration du système politique qui, pour assurer à tout prix la stabilité, va dans le sens d'une dépolitisation et d'une « professionalisation » de la société ainsi qu'en témoigne, par exemple, la nature même du « non-parti » qu'est le Golkar (association de groupes fonctionnels) ou le discours anti-idéologique des chefs militaires indonésiens et de leurs conseillers. [Revue française de science politique XXVII (1), février 1977, pp. 64-91.] THE 1971 GENERAL ELECTIONS IN INDONESIA THE NEW MILITARY ORDER FRAN OISE CAYRAC-BLANCHARD The Indonesian military regime which came to power through Coup etat would like to present democratic appearance The 1971 general elections could seem competitive seve ral partis and reasonable victory 628 for the governmental organisation Gol- kar Actually the consultation had been carefully prepared any possibility of resistance by the political parties of the Sukarno era had been prevented special legislation had been set and above all the electoral campaign had been rather rough But why such pre- built elections Beside fonction of legitimation they contribute to restructuring of the political system which in order to maintain stability at all cost works for depoliticiza- tion and professionalisation of society witness the very nature of non-party Such as the Golkar association of functional groups or the anti-ideological language of the military leaders and of their counsellors Revue fran aise de science politique XXVII I) février 1977 pp 64-91.1
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Françoise Cayrac-
Blanchard
Les élections générales de l'Ordre nouveau militaire en
Indonésie (1971)
In: Revue française de science politique, 27e année, n°1, 1977. pp. 64-91.
Citer ce document / Cite this document :
Cayrac-Blanchard Françoise. Les élections générales de l'Ordre nouveau militaire en Indonésie (1971). In: Revue française de
science politique, 27e année, n°1, 1977. pp. 64-91.
doi : 10.3406/rfsp.1977.393713
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1977_num_27_1_393713Résumé
LES ÉLECTIONS GÉNÉRALES DE L'ORDRE NOUVEAU MILITAIRE EN INDONÉSIE (1971), par
FRANÇOISE CAYRAC-BLANCHARD
Le régime militaire indonésien, venu au pouvoir par un coup de force, veut paraître respecter les règles
démocratiques. Les élections générales qui se sont déroulées en Indonésie en 1971, pouvaient, à
première vue, paraître concurrentielles : plusieurs partis en lice et victoire « raisonnable » (62,8 % des
voix) de l'organisation gouvernementale, le Golkar. En fait le terrain avait été soigneusement préparé
par l'écrasement de toute possibilité de résistance des partis politiques survivants de l'ère sukarnienne,
par la mise en place d'une législation adaptée et surtout par une campagne électorale « musclée ».
Pourquoi ces élections préfabriquées ? Outre leur fonction de légitimation, elles sont une étape d'une
entreprise de restructuration du système politique qui, pour assurer à tout prix la stabilité, va dans le
sens d'une dépolitisation et d'une « professionalisation » de la société ainsi qu'en témoigne, par
exemple, la nature même du « non-parti » qu'est le Golkar (association de groupes fonctionnels) ou le
discours anti-idéologique des chefs militaires indonésiens et de leurs conseillers.
[Revue française de science politique XXVII (1), février 1977, pp. 64-91.] THE 1971 GENERAL
ELECTIONS IN INDONESIA THE NEW MILITARY ORDER FRAN OISE CAYRAC-BLANCHARD The
Indonesian military regime which came to power through Coup etat would like to present democratic
appearance The 1971 general elections could seem competitive seve ral partis and reasonable victory
628 for the governmental organisation Gol- kar Actually the consultation had been carefully prepared
any possibility of resistance by the political parties of the Sukarno era had been prevented special
legislation had been set and above all the electoral campaign had been rather rough But why such pre-
built elections Beside fonction of legitimation they contribute to restructuring of the political system which
in order to maintain stability at all cost works for depoliticiza- tion and professionalisation of society
witness the very nature of non-party Such as the Golkar association of functional groups or the anti-
ideological language of the military leaders and of their counsellors Revue fran aise de science politique
XXVII I) février 1977 pp 64-91.1
Abstract
THE 1971 GENERAL ELECTIONS IN INDONESIA : THE NEW MILITARY ORDER, by FRANÇOISE
CAYRAC-BLANCHARD
The Indonesian military regime which came to power through a Coup d'etat would like to present a
democratic appearance. The 1971 general elections could seem competitive : several partis and a «
reasonable » victory (62,8 %) for the governmental organisation, Golkar. Actually, the consultation had
been carefully prepared : any possibility of resistance by the political parties of the Sukarno era had
been prevented, a special legislation had been set and, above all, the electoral campaign had been
rather rough. But, why such pre-built elections ? Beside a fonction of legitimation, they contribute to a
restructuring of the political system which, in order to maintain stability at all cost, works for a
depoliticization and a « professionalisation » of society, witness the very nature of a « non-party » such
as the Golkar (association of functional groups) or the anti-ideological language of the military leaders
and of their counsellors.
[Revue française de science politique XXVII (I), février 1977, pp. 64-91.]LES ÉLECTIONS GÉNÉRALES
DE L'ORDRE NOUVEAU MILITAIRE
EN INDONÉSIE (1971)
FRANÇOISE CAYRAC-BLANCHARD
L'INDONÉSIE est indépendante depuis 1945. Au cours de ces tren
te années le pays n'a connu que deux élections générales : en
1955 puis en 1971. On ne peut donc pas parler à son propos de
tradition électorale, et un rapide examen de la période coloniale montre
que les Hollandais n'avaient guère travaillé à en établir une.
Après quatre ans de lutte pour imposer son indépendance, l'I
ndonésie a abordé ce qu'on appelle par commodité une période de
« démocratie à l'occidentale ». A un Parlement nommé où les partis po
litiques, dont on ignorait l'audience réelle au sein de la population,
étaient représentés plus ou moins arbitrairement, a succédé après 1955 le
premier Parlement élu. Cette consultation nationale sans précédent avait
soulevé de grands espoirs. Mais elle n'apporta ni la stabilité politique e
scomptée, ni la solution de graves problèmes économiques. Par contre, le
caractère insatisfaisant d'un système de gouvernement de coalition, et le
développement rapide du parti communiste, confirmé par des élections
locales partielles en 1957, suscitèrent des rébellions militaires menaçant
de tourner à la guerre civile.
C'est alors que le président Sukarno, en plein accord sur ce point
avec l'armée restée fidèle, rétablit par décret en 1959 un régime autori
taire de type présidentiel, la « démocratie dirigée ». Cette dernière devait
permettre dans l'esprit de son promoteur d'établir la stabilité permettant
d'insuffler un nouvel élan à l'unité nationale et de faire progresser d'au
tant la révolution. Les partis y perdaient nettement de leur importance.
Leur nombre fut réduit à dix, deux furent interdits — le Masjumi, im
portant parti musulman et le parti socialiste, le PSI, petit parti
64 Les élections sans choix en Indonésie
d'intellectuels — pour avoir soutenu la rébellion contre le gouvernement
central. Le Parlement fut en partie remodelé pour s'adapter aux nouvell
es conditions et le Président adjoignit aux députés des représentants de
« groupes fonctionnels » (répartis en douze catégories : forces armées,
paysans, ouvriers, groupes religieux, jeunes, femmes, intellectuels, entre
preneurs nationaux, « forces de 1945 », anciens combattants, artistes et
journalistes).
Le recours à ces « groupes fonctionnels » était fondé sur un article
assez vague de la Constitution de 1945 ', mais visait surtout à contreba
lancer l'importance des partis politiques dans les assemblées. Certains
avaient même espéré que ces « groupes fonctionnels » — déjà
représentés à l'Assemblée nationale provisoire après 1945 — remplacer
aient complètement les partis, mais Sukarno ne le voulut pas2. Par cont
re, d'autres dénoncèrent cette importation d'un concept d'origine eu
ropéenne pouvant mener à une sorte de fascisme3. Officiellement, on
défendit l'existence des « groupes fonctionnels » comme « instruments
de la démocratie existant à côté des partis, en raison de la nécessité de
classer les citoyens indonésiens selon leur fonction dans le domaine de la
production ou leur service au développement d'une société juste et
prospère »4. La différence majeure avec 1945 était que les forces armées
seraient maintenant représentées au titre de « groupe fonctionnel ». Ce
dernier point — et l'importance de cette représentation — donna lieu à
bien des discussions5.
L'absence d'élections pendant toute la période de « démocratie di
rigée » fut justifiée par la priorité allouée aux problèmes de politique
extérieure. Et sans doute la crainte de voir les bulletins de vote sanction
ner la montée continue du parti communiste, le PKI, et donc de devoir
laisser celui-ci participer au pouvoir fut un argument plus secret mais
non moins important pour les militaires et leurs alliés.
Pour le président Sukarno qui avait toujours regretté la multiplicité
des partis, les élections n'apparaissaient pas de la première urgence. Cri
tiquant la « démocratie parlementaire libérale » où la maj

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