Les enquêtes scientifiques françaises et l exploration du monde exotique aux XVIIe et XVIIIe siècles - article ; n°1 ; vol.52, pg 143-155
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les enquêtes scientifiques françaises et l'exploration du monde exotique aux XVIIe et XVIIIe siècles - article ; n°1 ; vol.52, pg 143-155

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1964 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 143-155
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Huard
Ming Wong
Les enquêtes scientifiques françaises et l'exploration du monde
exotique aux XVIIe et XVIIIe siècles
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 52 N°1, 1964. pp. 143-155.
Citer ce document / Cite this document :
Huard Pierre, Wong Ming. Les enquêtes scientifiques françaises et l'exploration du monde exotique aux XVIIe et XVIIIe siècles.
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 52 N°1, 1964. pp. 143-155.
doi : 10.3406/befeo.1964.1592
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1964_num_52_1_1592LES ENQUÊTES SCIENTIFIQUES
FRANÇAISES
ET L'EXPLORATION DU MONDE EXOTIQUE
AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES
par
P. HUARD et M. WONG<»
La révolution scientifique du xvine siècle vaut dans tous les domaines. A la
curiosité désordonnée et individuelle du Moyen Age et de la Renaissance, succède
un mode de connaissance plus précis et plus quantitatif, facilité par les progrès
dans la technique des moyens de transports terrestres et maritimes. Faute d'an
nuaires, de statistiques et d'archives, faute de documentation, les enquêtes étaient
obligatoires aux xvne et xvine siècles dès qu'il s'agissait d'une question un peu
importante intéressant l'État, les Sociétés Savantes ou les simples curieux. Leur
forme très variée va d'un simple questionnaire à des navigations au long cours
ou à de grands voyages terrestres. Il est difficile de les énumérer tous; beaucoup
plus malaisé de les classer et de les apprécier. Leurs conséquences sont la consti
tution de musées, de cabinets de curiosités, de collections et de jardins qui prennent
dans toute l'Europe une importance considérable. Essayons de donner un pano
rama de ce vaste mouvement en nous limitant à la France et en éliminant les
enquêtes sur la Chine qui méritent, à elles seules, une étude spéciale.
XVIIe SIÈCLE
Les initiatives partent de l'Académie des Sciences, du premier médecin du Roi
et aussi du gouvernement. Henri IV et Louis XIII s'intéressent aux pays lointains
et encouragent l'apothicaire Jean Mocquet à faire ses voyages en Afrique, en
Asie et aux Indes Occidentales et Orientales entre 1601 et 1615. Louis XIII crée
même au Louvre un « Cabinet de Singularitez » dont il donne la garde à Jean
Mocquet. Comme son père avait créé le Jardin Botanique de Montpellier (1593),
(!) Pour la bibliographie générale, consulter Nguyen Thanh Buu, La Médecine navale et exo
tique française au XVIIe et au XVIIIe siècle, Thèse de Paris, 1962. 144 P. HUARD ET M. WONG
Louis XIII créa la Jardin royal des Plantes médicinales (1635). Pendant près de
cent ans (1635-1718), ce fut aussi un centre supérieur de recherches médicales
où Louis XIV fera diffuser la théorie de la circulation du sang, selon Harvey, par
Dionis et Joseph Guichard-Duverney.
Colbert, qui prit une part considérable à la formation de l'Académie des Sciences,
est le signataire d'une circulaire du 29-X-1672, recommandant aux agents diplo
matiques français de « faire recherche de manuscrits » pour la Bibliothèque du
Roi. C'est pour lui que le R. P. Raphaël, du Mans (1613-96), rédige son Etat de
Perse (1660).
Louvois (1641-1691) encouragea, en Chine, une enquête d'ordre technologique
et scientifique par des Jésuites, savants professionnels, pensionnés, qui se consa
crèrent uniquement à la recherche. Le gouvernement prit partiellement à sa charge
les trois voyages de YAmphitrite à Canton. Guy Crescent Fagon (1638-1718),
né et mort au Jardin du Roi, dont il était surintendant, était un grand amateur
de plantes exotiques. Il encouragea les recherches du R. P. Plumier (1646-1706)
aux Antilles (1689), du R. P. Feuillée (1660-1732) au Chili et au Pérou; de Tour-
nefort (1656-1708) au Levant (1700); de Lippi en Haute-Egypte et en Nubie;
II prôna la culture et l'usage du thé, du café et du cacao. Il introduisit l'ipéca
et le quinquina dans la médecine française. Il commença également à exporter
des plantes et des semences. Un pied de caféier venu de Batavia via Amsterdam
et multiplié dans une serre chaude (1714), fournira des graines à toutes les colonies
françaises (Y. Laissus).
Dès sa fondation, l'Académie des Sciences suscita des voyages scientifiques
et encouragea des voyageurs. Citons seulement l'astronome Richer à Cayenne
(1672).
Une place doit être faite aux voyageurs isolés, Exquemelin (1646 f après 1707),
chirurgien des boucaniers mais aussi naturaliste; le R. P. Ange Labrosse, auteur
d'une Pharmacopoea persica (1681) ; Dellon, médecin de la Compagnie des Indes,
auteur d'un des premiers traités de pathologie exotique (1685) ; F. Bernier (1620-
1688) médecin du grand Moghol; Surian (-f- 1696) et Vaux de la Martinière (f 1716),
collaborateurs du Père Plumier (1646-1706) aux Antilles.
XVIIIe SIÈCLE
Le XVIIIe siècle est celui de la curiosité, des collectionneurs, des cabinets d'his
toire naturelle W. Sa grande passion est l'acquisition de connaissances scienti
fiques et technologiques, accroissant le pouvoir de l'homme sur la Nature et fai
sant mieux connaître celle-ci. Aussi a-t-il la manie des renseignements et des
enquêtes. Il en fait à tout propos. L'abbé Berthe a montré que F. Dubois de
Fosseux (-{- 1817), secrétaire de l'Académie d'Arras à la veille et au début de la
Révolution, a écrit quelque 13.850 lettres de 1785 à 1793 dont certaines sont de
véritables enquêtes sur des sujets intéressants l'Académie.
Louis XIV avait diffusé jusqu'en Chine la découverte de Harvey sur la circu
lation du sang et envoyé des savants dans les différentes parties du monde connu.
Le Régent (1674-1723) continua cette tradition. Il avait installé au Palais Royal
d) A ce sujet, consulter Ed. Lamy, Les cabinets d'histoire naturelle en France au XVIIIe siècle
et le Cabinet du Roi (1635-1793), Rennes, 1930; Ant. Joseph Desallier d'Argenville, La Conchyo-
logie, Paris, 1742-1780; Ant. Nicolas d'Argenville, Conchyologie nouvelle et portative, Paris, 1767,
et L. V. Thiery, Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, 1787. LES ENQUÊTES SCIENTIFIQUES FRANÇAISES 145
un laboratoire de Chimie très bien monté dont îe chef était Homberg (1652-
1715). Il s'intéressait également aux pays d'outre-mer. Par exemple, il avait
adressé à Le Maire, consul de France au Caire (-J- 1722), à la demande de Reaumur,
un questionnaire « sur la manière de faire éclore les poulets sans le secours des
poules », et un autre, lorsqu'il fut en poste à Damas, sur les techniques des damas-
quineries. C'est encore par l'intermédiaire du Régent, que Réaumur est renseigné
par d'Angervilliers (1675-1740), intendant d'Alsace, sur des méthodes sidérur
giques rhénanes. Le médecin du Régent, Pierre Chirac (1650-1732) reprit l'in
térêt de Fagon pour les plantes exotiques. C'est en partie, grâce à lui, que les capi
taines des navires durent ramener, en France, ces nombreuses plantes exotiques
qui firent de Nantes le « Jardin des Iles ». L'accession de Philippe V au trône
d'Espagne permit aux successeurs de Louis XIV d'obtenir que des expéditions
scientifiques françaises puissent aller en Amérique du Sud, soit seules, soit en
collaboration avec des savants espagnols. C'est ainsi que le R. P. Feuillée alla
herboriser au Chili (1708) ; que F. Frézier relia Saint-Malo au même pays (1712) ;
que La Condamine, les Godin, Bouguer et J. de Jussieu, partirent pour l'Amérique
du Sud (1735) suivis de Joseph Dombey (1742-1794).
Louis XV créa l'Académie de chirurgie et s'intéressa vivement aux Sciences
naturelles et à la Médecine.
Il s'informa des découvertes de Réaumur sur les insectes et le pria de les lui
exposer. Après sa mort, il fit lever les scellés de sa succession pour se faire montrer
deux pots de poison avec lequel les Amérindiens enduisaient leurs flèches (Torlais).
Il se fit démontrer par Daviel l'opération de la cataracte. Il eut à la Muette
son cabinet de physique et de curiosités. Il encouragea l'extension considérable
donnée par Buffon au Jardin du Roi par ses propres découvertes et celles des
autres naturalistes de son temps. Il avait un réel penchant pour la botanique
et voulut avoir à Trianon un grand jardin, ordonné

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents