Les fêtes du mariage de Madame Première à Versailles les 26 janvier et 26 août 1739. - article ; n°1 ; vol.149, pg 107-129
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Les fêtes du mariage de Madame Première à Versailles les 26 janvier et 26 août 1739. - article ; n°1 ; vol.149, pg 107-129

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1991 - Volume 149 - Numéro 1 - Pages 107-129
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 76
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marie-Christine Moine
Les fêtes du mariage de Madame Première à Versailles les 26
janvier et 26 août 1739.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1991, tome 149, livraison 1. pp. 107-129.
Citer ce document / Cite this document :
Moine Marie-Christine. Les fêtes du mariage de Madame Première à Versailles les 26 janvier et 26 août 1739. In: Bibliothèque
de l'école des chartes. 1991, tome 149, livraison 1. pp. 107-129.
doi : 10.3406/bec.1991.450610
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1991_num_149_1_450610LES FETES DU MARIAGE
DE MADAME PREMIÈRE À VERSAILLES
LES 26 JANVIER ET 26 AOÛT 1739
par
Marie-Christine MOINE
Le mariage de Louise-Elisabeth, Madame Première, fille aînée de
Louis XV, avec l'infant d'Espagne, don Philippe, fut l'occasion de deux
somptueuses fêtes de nuit qui se déroulèrent dans les grands appartements
du château de Versailles et dans les jardins. Elles sont à situer, l'une et
l'autre, dans la tradition des grandes fêtes de cour à caractère officiel. Cent
rées autour du roi et de la famille royale, elles célébraient les événements
importants liés à la vie monarchique : fiançailles, mariage, naissance, sacre,
entrée ou visite d'un souverain étranger constituaient l'essentiel de ces
fêtes de circonstance plus ou moins fastueuses selon les cas. Par les réjouis
sances qu'elles suscitaient et auxquelles la population était conviée, elles
assuraient autour de la cour une cohésion nationale, garante de stabilité.
Tout au long du XVIIIe siècle, elles furent marquées par des querelles de
préséance au sein de la noblesse de cour, et de conflits de compétence
parmi le personnel des Menus-Plaisirs du roi qui en assuraient l'organisat
ion, seuls ou en collaboration avec les Bâtiments du roi. Fêtes d'intérieur,
de plein air ou mixtes, elles pouvaient occuper plusieurs jours, ou un seul
comme ce fut le cas pour le mariage de Madame Première.
Eventuellement, la municipalité d'une ville, par exemple Paris, organisait
de semblables fêtes dans les mêmes circonstances. C'est ce qui se produisit
au mariage de Louise-Elisabeth que Paris fêta avec grande magnificence, le
29 août 1739 \
Enfin, il existait, parallèlement aux fêtes de cour officielles, des diverti
ssements plus modestes qualifiés d'« ordinaires » par les contemporains de
Louis XV, ainsi qu'à partir des années 1737-1738 une troisième catégorie
1. Arch, nat., 01 3263 et 3264; Le Mercure de France, août-septembre 1739.
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 149, 1991. MARIE-CHRISTINE MOINE 108
de divertissements, à caractère privé et strictement réservés au roi entouré
d'un petit nombre de privilégiés qu'il choisissait parmi les courtisans 2.
I. LA FÊTE DU 26 JANVIER 1739.
Le 26 janvier 1739 eut lieu une soirée de bal d'une grande magnifi
cence. Officiellement, il s'agissait de divertir la cour avant le début du
carême, et deux autres bals étaient prévus par Louis XV pour les deux
lundis suivants 3, mais le cardinal-ministre Fleury jugea leur coût excessif et
les fit annuler. Cependant, le bruit courait que cette fête étaient donnée
« en considération du mariage de Madame Première » 4, ce que confirment
les documents d'archives5. En effet, si la conclusion du mariage ne fut
déclarée que le 22 février, les tractations, déjà bien avancées au début de
l'année 1739, en étaient connues de la cour et d'une partie de l'opinion
publique 6.
Quatre temps forts ponctuent cette soirée qui fut l'une des plus belles
fêtes jamais vues 7 : un bal paré, une collation, un bal masqué et des illumi
nations. Son organisation matérielle était placée sous la responsabilité du
duc de la Trémoille, premier gentilhomme de la chambre, en remplace
ment du duc de Gesvres retenu par la maladie de son père. C'est l'inten
dant des Menus-Plaisirs, M. de Bonneval, qui fut chargé du détail de la
fête.
Ce fut la première grande fête de cour qui eut lieu dans le salon d'Herc
ule, dont le peintre François Lemoyne avait achevé le plafond trois ans
2. Duc de Luynes, Mémoires... sur la cour de Louis XV (1735-1758), Paris, 1860-1865,
t. I et II, où l'auteur explique les débuts de cette « petite société » qui se regroupait autour du
roi dans ses petits appartements.
3. P. Narbonne, Journal des règnes de Louis XIV et Louis XV, de 1701 à 1744, Paris,
1866, p. 416-417 (année 1739).
4. E. J. F. Barbier, Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (1718 à 1763)...,
Paris, 1857-1885, t. III, p. 157-158.
5. Arch, nat., 0 1 194 : Décisions du roy : dépenses de la Maison de sa Majesté en 1 725, et
de 1739 à 1745, années 1739 et 1740; 012864, fol. 125-152 et 348; O1 3261, dossier 2.
Les états des dépenses mentionnent un « bal du roy » qu'ils incluent dans le montant total
des dépenses pour la fête du mariage de Madame Première. Nous savons, par les sources li
ttéraires notamment, qu'aucun bal ne fut donné à la cour le 26 août et si les ordonnateurs en
ont porté le coût sur l'état des dépenses de la fête du 26 août, c'est parce que ce bal s'incrit
dans l'ensemble des divertissements qui célébrèrent l'alliance de Madame Première avec
don Philippe.
6. « Avant le bal paré, il se répandit ici une nouvelle que le mariage de Madame avec
l'infant don Philippe était déclaré... On ne doute pas que le mariage ne soit conclu, mais on
ne sait encore quand il sera déclaré » (Luynes, op. cit., t. II, p. 344-345).
7. Jugement rapporté par Barbier, op. cit., p. 158. FÊTES DE MARIAGE À VERSAILLES 109
auparavant. En effet, le salon d'Hercule fut choisi pour servir de cadre au
bal paré et par la suite, même après l'aménagement ou la création de salles
de spectacles au château de Versailles, il resta le lieu privilégié des bals de
la cour. Dans ce superbe espace, on avait disposé des sièges et neuf gra
dins, dont sept étaient adossés aux embrasures des sept croisées du salon,
trois du côté des jardins et quatre du côté de la cour de la chapelle; ils
étaient recouverts de tapis couleur cramoisie et réservés aux dames de
Paris. Un huitième gradin s'appuyait contre la cheminée monumentale sur
montée du tableau de Veronese montrant Eliézer et Rébecca ; faisant face au
fauteuil du roi, il était destiné à cinquante musiciens 8, tous vêtus de domi
nos bleus. Le neuvième et dernier amphithéâtre, long de trente pieds, soit
près de dix mètres, réservé aux dames de la cour qui ne dansaient pas, se
trouvait en face de la cheminée, au pied du mur aveugle qui supportait
l'immense toile en largeur du maître vénitien, le Repas chez Simon le Pharis
ien, que la Sérénissime République de Venise avait offerte à Louis XIV 9.
La soirée commença avec deux heures de retard, à sept heures du soir, en
raison d'un incident survenu au gradin réservé aux dames de la Ville.
Comme un grand nombre de billets avaient été distribués à des gens de
petite condition, le lieu de la fête se trouva bientôt envahi d'une foule
considérable, ce qui causa un important désordre. Des femmes non titrées,
« peu connues... remplissaient entièrement » 10 le gradin. Le duc de la Tré-
moille ordonna qu'on leur fît céder la place, et le maréchal de Noailles,
capitaine des gardes, accompagné de deux de ses hommes, cria haut et fort
à tout ce monde de sortir. « II se mit lui-même en devoir de faire retirer une
partie des personnes qui étaient entrées, parmi lesquelles il y avait jusqu'à
des grisettes et de simples particulières. Une femme étrangère lui répondit
qu'elle ne sortirait pas, et l'envoya promener » n. Fort surpris, Noailles alla
sur-le-champ en rendre compte au roi qui dut se déplacer en personne.
Selon un témoin de cette scène extraordinaire, Louis XV ne fut pas mieux
obéi : la même femme parlementa en sa présence et poussa l'audace
jusqu'à lui dire qu'elle était venue de très loin pour le voir, « qu'elle ne par-
8. André Néricault-Destouches était le surintendant de la musique de la Chambre du roi
pour le premier semestre, charge dont

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