Les foires de l abbaye de Saint-Denis ; revue des données et révision des opinions admises - article ; n°2 ; vol.145, pg 273-338
69 pages
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Les foires de l'abbaye de Saint-Denis ; revue des données et révision des opinions admises - article ; n°2 ; vol.145, pg 273-338

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1987 - Volume 145 - Numéro 2 - Pages 273-338
66 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

Anne Lombard-Jourdan
Les foires de l'abbaye de Saint-Denis ; revue des données et
révision des opinions admises
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1987, tome 145, livraison 2. pp. 273-338.
Résumé
Anne Lombard-Jourdan, Les foires de l'abbaye de Saint-Denis : revue des données et révision des opinions admises. —
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 145, 1987, p. 274-338.
Le dossier historique des foires sandionysiennes, celles de la Saint-Mathias en février, de la Saint-Denis en octobre et du Lendit
en Juin, paraissait clos depuis les savants travaux de Léon Levillain parus en 1927 et 1930. Grands rendez-vous du commerce
occidental et importantes sources de revenus pour l'abbaye, ces foires jouèrent au Moyen Age un rôle économique considérable.
L'article montre qu'elles furent d'origine spontanée et repousse loin dans le temps leurs débuts. Il prouve que les textes attribués
à l'autorité royale ou à l'autorité ecclésiastique et qui étaient censés justifier la tenue de ces foires sont tous des faux ou des
légendes. Des actes authentiques attestent leur existence bien avant les dates admises jusqu'ici.
Le rapide développement économique de la place permanente de Paris, déterminé a l'origine par la présence des foires dans la
plaine voisine du Lendit, entraîna finalement celles-ci vers un déclin d'une durée remarquable, puisqu'elles se tenaient encore à
Saint-Denis aux environs de 1900.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard-Jourdan Anne. Les foires de l'abbaye de Saint-Denis ; revue des données et révision des opinions admises. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1987, tome 145, livraison 2. pp. 273-338.
doi : 10.3406/bec.1987.450473
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1987_num_145_2_450473FOIRES DE L'ABBAYE DE SAINT-DENIS LES
REVUE DES DONNÉES ET RÉVISION DES OPINIONS ADMISES
par
Anne LOMBARD- JOURDAN
L'abbaye de Saint-Denis posséda trois foires dont les origines
sont pareillement enveloppées d'obscurité : celle de la Saint-Mathias,
au jour de la dédicace de la basilique (24 février), avait lieu à l'intérieur
de la ville ; celle de la Saint-Denis, au jour de la fête de ce saint, et
celle du Lendit, en juin, se tenaient dans la plaine voisine, le long
de la route qui menait à Paris. Si la foire de la Saint-Mathias eut
relativement peu d'importance, celle de la Saint-Denis, la première
en Europe à être mentionnée dans des documents écrits, et celle du
Lendit, qui fut longtemps un des grands rendez-vous du commerce
occidental (« la plus roial foire du monde», dira-t-on auxine siècle1),
témoignent d'échanges à longue distance et d'une activité économique
précoce aux abords de Paris.
Au début du xxe siècle, Léon Levillain s'attaqua courageusement
à l'interprétation des documents mérovingiens concernant l'abbaye
de Saint-Denis. Question épineuse qu'il s'efforça d'éclairer. Il publia,
entre autres, deux importants articles sur les foires, qui ont fait date
dans l'historiographie dionysienne. Le premier : « Essai sur les ori
gines du Lendit » parut en 1927 dans la Revue historique ; le second,
intitulé : « La foire de Saint-Denis », fut publié en 1930, dans le cadre
de ses « Études sur l'abbaye de Saint-Denis à l'époque mérovingienne »,
par la Bibliothèque de V École des chartes2. Au terme de ses recherches,
il formula les propositions suivantes :
1) La foire de la Saint-Mathias accompagnait la dédicace de l'église
carolingienne commencée par Pépin le Bref et terminée par Char
lemagne (775), puisqu'il n'y eut jamais, disait-il, de basilique méro
vingienne à l'emplacement de l'actuelle église.
1. Dit du Lendit rimé, v. 5 (écrit aux environs de 1290). Voir abbé Jean Lebeuf, Histoire
de la ville et de tout le diocèse de Paris, éd. Fernand Bournon, Paris, 1883-1901, t. I, p. 545.
2. Revue historique, t. 155, 1927, 2, p. 241-276 ; Bibliothèque de l'École des chartes, t. 91,
1930, p. 5 à 65 et 264 à 300.
BIBL. ÉC. CHARTES. 1987. 2 18
Bibliothèque de VÉcole des chartes, t. 145, 1987. 274 ANNE LOMBARD-JOURDAN
2) La foire de Saint-Denis eut Dagobert pour fondateur ; le diplôme
original qui l'instituait une fois perdu (après 835), il fut remplacé,
sans doute au xe siècle, par le faux daté de 629, connu seulement
aujourd'hui par des copies.
3) La foire du Lendit fut une extension dans la plaine, au tournant
de 1100, d'une foire qui se tenait à l'intérieur du bourg de Saint-
Denis. La bénédiction initiale y était donnée par l'évêque de Paris
grâce à la relique du bois de la Croix envoyée depuis Jérusalem au
chapitre de Notre-Dame en 1109. Léon Levillain adoptait ici l'op
inion déjà formulée par l'abbé Lebeuf au xvine siècle. L'arrivée de
la relique hier osolymit aine à Paris a été récemment mieux datée de
1120 x ; mais c'est toujours du début du xne siècle qu'on date l'appa
rition de la foire du Lendit.
Depuis la parution des travaux de Léon Levillain, tous ceux qui
se sont occupés du commerce dans la région parisienne se sont appuyés
avec confiance sur ces savantes études, qui semblaient avoir tout dit
sur les foires les plus anciennes de France. Mais il n'est pas de problème
qui ne nécessite une remise à jour une ou deux fois par siècle ; car,
si les documents demeurent immuables, d'une génération à l'autre
le regard change qu'on porte sur eux. L'attention prêtée aux à-côtés
topographiques et historiques et une analyse plus serrée des sources
montrent que, sur bien des points, Léon Levillain sollicita les textes.
Les fouilles des dernières années ont prouvé l'existence d'une basi
lique mérovingienne sous les édifices successifs de Saint-Denis. Il
est possible d'établir qu'il n'y eut jamais de diplôme original de fon
dation de la foire Saint- Denis par Dagobert et que le faux sur papyrus
daté de 629 fut fabriqué, non au xe siècle mais dès le milieu du
vine siècle, pour servir de preuve en justice. Enfin, la foire du Lendit
se tenait déjà à l'époque protohistorique.
Afin que le lecteur puisse suivre plus aisément une démonstration
quelque peu austère, je dévoilerai dès l'abord les conclusions où je
1. Michel Félibien, Histoire de l'abbaye royale de Saint-Denys en France, Paris, 1706,
rééd. 1973, p. 97, 156 et 353, parle du Lendit et de sa bénédiction sans mentionner la relique
hiérosolymitaine du bois de la Croix. Il laisse entendre clairement, au contraire, que la
bénédiction se faisait à l'aide de « la châsse de Nostre-Dame » (p. 353). Le premier, l'abbé
Lebeuf établit un rapprochement entre l'arrivée du bois de la Croix à Notre-Dame de Paris,
qu'il datait du 1er août 1109, et la première bénédiction de la foire dans la plaine : Sur
V assemblée générale qui sous le nom de V Indict et depuis du Lendit s'est tenue pendant plu
sieurs siècles dans la plaine de Saint-Denys, dans Mémoires de l'Académie royale des Inscrip
tions et Belles Lettres, t. 21, 1754, p. 167-174, et Histoire de la cille et de tout le diocèse de Paris,
t. I, p. 537-556. Geneviève Bautier a eu raison de corriger la date d'arrivée de la relique
à Notre-Dame et de la fixer au dimanche 1er août 1120 ; mais, à tort, elle persiste à la mettre
en rapport avec la bénédiction du Lendit : L'envoi de la relique de la vraie croix à Notre-
Dame de Paris en 1120, dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. 129, 1971, p. 387-397. LES FOIRES DE SAINT-DENIS 275
veux l'amener. Les pages qui vont suivre chercheront à prouver que
les trois foires de l'abbaye de Saint-Denis étaient de formation spon
tanée et que leur tenue ne fut étayée, au cours des temps, que par des
documents sans authenticité, fabriqués par les moines dans le but
de justifier leurs prétentions sur les profits de rendez-vous commerc
iaux déjà existants. L'obscurité de leurs origines, l'imprécision de
leurs emplacements, l'incertitude qui règne à propos de leur durée
s'accordent pour témoigner de leur installation empirique, pérennisée
par la coutume. Foin, en l'occurrence, d'initiat

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