Les îles Philippines, « troisième monde », selon D. Francisco Samaniego (1650) - article ; n°1 ; vol.44, pg 141-152
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Description

Archipel - Année 1992 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 141-152
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Pierre Berthe
Maria Fernanda G. De Los
Arcos
Les îles Philippines, « troisième monde », selon D. Francisco
Samaniego (1650)
In: Archipel. Volume 44, 1992. pp. 141-152.
Citer ce document / Cite this document :
Berthe Jean-Pierre, De Los Arcos Maria Fernanda G. Les îles Philippines, « troisième monde », selon D. Francisco Samaniego
(1650). In: Archipel. Volume 44, 1992. pp. 141-152.
doi : 10.3406/arch.1992.2858
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1992_num_44_1_2858PHILIPPINES
Jean-Pierre BERTHE & Maria Fernanda G. de LOS ARCOS
Les Iles Philippines, « Troisième Monde »,
selon D. Francisco de Samaniego (1650)
Le 27 juillet 1650, le Docteur D. Francisco de Samaniego Tuesta, procu
reur (fiscal) à la cour royale de Manille (Real Audiencia) écrivait à Juan Diez
de la Calle, fonctionnaire du Conseil des Indes à Madrid, pour lui donner des
nouvelles de son voyage et de son arrivée aux Philippines. Il lui envoyait en
même temps une « Table de toutes les îles qui sont comprises sous le nom
de Philippines » W.
Le Dr. Samaniego ne fut pas un magistrat de premier rang, mais sa car
rière modeste, en raison même de son manque d'éclat, présente pour l'histo
rien un véritable intérêt et permet d'éclairer quelques aspects de la lettre dont
nous publions en annexe la traduction française.
Selon ses propres dires (2), D. Francisco de Samaniego était né à Caicedo,
à quelques lieues de Vitoria, « dans le diocèse de Calahorra, province d'Alava »,
dans une famille noble. Il ne précise pas sa date de naissance : vers 1600 pro- ■
bablement, ou même quelques années auparavant, puisqu'un de ses ennemis
politiques de Manille mentionne dans un rapport de 1650 son « grand âge »
(es de mucha edad) pour mieux condamner l'immoralité supposée de sa con
duite. Il faut qu'il ait eu alors au moins la cinquantaine, et même davantage.
D. Francisco de Samaniego fît des études de droit à l'Université de Sala-
manque, où il obtint en 1620 le grade de bachelier. Il essaya ensuite, avec
l'aide de son oncle, le licencié Juan de Samaniego, conseiller de Castille, de 142
briguer une bourse du Colegio Mayor de Santa Cruz de Valladolid : le décès
de l'oncle, en 1622, fit échouer le projet. Mais l'appui d'un autre de ses parents
lui aussi bien placé, le Dr. D. Pedro Hurtado de Gaviria, membre du Conseil
Suprême de l'Inquisition, lui permit d'entrer au Colegio Mayor de l'univer
sité d'Osuna, où il obtint ses grades supérieurs, licence et doctorat, et ensei
gna quelque temps le droit canon et le droit civil.
En 1629, il fut nommé relator, c'est-à-dire rapporteur, de la salle crimi
nelle de l'Audience, ou cour royale, qui siégeait à Mexico : le poste était
modeste - l'Audience comptait six rapporteurs - et le traitement annuel se
montait seulement à 500 pesos de oro comûn, alors que les huit auditeurs (oido-
res) et les deux procureurs gagnaient chacun près de 3 000 pesos par an (3).
En 1643, Samaniego végétait toujours dans ce même poste, depuis quatorze
ans, ce qui le décida à s'embarquer cette année-là pour l'Espagne, afin d'y
faire valoir ses états de service et solliciter quelque avancement.
A cette fin, il a certainement dû rappeler les mérites de ses écrits, dont
les plus importants en l'occurence étaient évidemment ceux qu'il avait publiés
sur des questions juridiques (4). Son traité El Primipilo, su origen, signifi
cation, ocwpoxiôn y privilegios, Mexico, 1640, devait lui valoir plus tard une
mention élogieuse du grand jurisconsulte Juan de Solôrzano y Pereyra, dans
sa Politico, Indiana, Madrid, 1648, au livre VI, chap. 15. Mais, don Francisco,
qui ne semble pas avoir péché par excès de modestie, qualifie lui-même de
« non moins extraordinaire et savant » son traité sur l'irrégularité par illégi
timité. Quant aux « Nénies funèbres » qu'il composa en latin à la mémoire d'une
de ses nièces, elles sont, selon leur auteur, « plus ingénieuses » encore que
les deux ouvrages précédents !
Son séjour en Espagne, quoiqu'assez bref, d'août 1643 à avril 1644, (5) ne
fut pas inutile : en 1645, Francisco de Samaniego est proposé à trois reprises
par le Conseil des Indes pour un poste d'auditeur ou de procureur à l'Audience
de Manille. La troisième présentation reçut l'agrément du roi Philippe IV,
qui le nomma fiscal de Manille le 23 septembre 1645 (6).
Samaniego apprit sa nomination le 29 janvier 1646, par une lettre que lui
adressa à Mexico Juan Baptista Sâenz Navarrete, secrétaire pour la Nouvelle-
Espagne au Conseil des Indes. Dès le 10 février, il dut commencer à user de
son titre de procureur et à porter la robe de magistrat, si notre interpréta
tion de l'expression « puse garnacha » (je revêtis la toge) est correcte : la gar-
nacha, selon les dictionnaires anciens, est la toge, ou robe longue, réservée
aux magistrats des grands conseils et des audiences et, par extension, la dignité
ou la fonction de celui qui la porte (7). Cette nomination représentait pour D.
Francisco de Samaniego une véritable promotion : à vrai dire, l'audience de
Manille était peu recherchée des candidats, mais le fiscal avait un rang très
supérieur à celui des rapporteurs et touchait le même traitement que les audi
teurs, 2 000 pesos de oro de minas, soit environ 3 300 pesos de oro comûn,
davantage que les magistrats de l'audience de Mexico. Prime d'éloignement
bien méritée sans doute, mais pas toujours très régulièrement payée.
Le nouveau procureur allait tarder plus de trois ans et demi avant de pren
dre officiellement et effectivement possession de son poste à Manille. Tout
indique en effet que le départ du magistrat pour les Philippines, le 1er avril 143
1649, ne put avoir lieu qu'après une longue période d'interruption, ou du moins
de très grandes difficultés, des liaisons maritimes entre la Nouvelle-Espagne "
et l'archipel. En mars 1645, deux navires étaient partis d'Acapulco pour
Cavité. Le 17 février 1646, arrivait à Acapulco, en provenance des Philippi
nes, le galion San Luis rey de Francia, qui repartit pour l'archipel le 2 avril,
avec à bord 408 marins et soldats et un secours en argent, matériel et mar
chandises qui avait coûté 350 000 pesos à la trésorerie royale de Mexico -
sans compter les sommes considérables que les marchands de Nouvelle-
Espagne envoyaient à Manille, légalement ou en contrebande, pour y acquér
ir des marchandises venues de la Chine ou de l'Inde. D. Francisco de Sama-
niego aurait eu le temps de prendre passage sur ce navire, mais il n'avait pas
encore reçu le titre officiel de sa nomination, faute duquel il ne pouvait pren
dre possession de sa charge dans les formes légales. Il dut donc se résoudre
à attendre le bateau suivant.
Mais aucun autre galion (ou nao de China, désignation courante de ce navire
au XVIIème siècle, avec celle de galeôn) n'arriva à Acapulco, en provenance
des Philippines, aux dates habituelles, en décembre 1646 et janvier-février
1647 d'abord, en décembre 1647 et janvier-février 1648 ensuite : deux années
sans nouvelles de Manille ni marchandises de Chine à revendre ou à réexport
er ! Répercussion manifeste du conflit hispano-hollandais dans les mers d'Asie
orientale ou fortune de mer, le résultat était le même : en l'absence de galion
venu des Philippines, la Nouvelle-Espagne, dont le commerce maritime avec
le Pérou était prohibé depuis 1634 et qui ne possédait pas de chantiers de cons
truction navale, ne disposait d'aucun navire capable d'affronter la traversée
du Pacifique. D. Francisco de Samaniego en fit l'expérience à ses dépens :
comptant sans doute sur la venue d'un galion au début de l'année 1647 et la
possibilité d'un départ en mars ou avril, il avait acheté et fait expédier à Aca
pulco tout le nécessaire à son voyage (matalotaje), ainsi que ses livres, linge
et vêtements. Il en fut pour la dépense et les frais de transport aller et retour
entre Mexico et Acapulco.
En mars 1648, un navire envoyé de Panama arriva dans la baie d'Acapulco.
Le comte de Salvatierra, vice-roi de Nouvelle-Espagne, devait s'y embarquer
pour aller exercer la même fonction au Pérou, mais, très préoc

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