Les jeux de damiers celtiques - article ; n°4 ; vol.77, pg 597-609
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Annales de Bretagne - Année 1970 - Volume 77 - Numéro 4 - Pages 597-609
13 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 31
Langue Français
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Extrait

Claude Sterckx
Les jeux de damiers celtiques
In: Annales de Bretagne. Tome 77, numéro 4, 1970. pp. 597-609.
Citer ce document / Cite this document :
Sterckx Claude. Les jeux de damiers celtiques. In: Annales de Bretagne. Tome 77, numéro 4, 1970. pp. 597-609.
doi : 10.3406/abpo.1970.2551
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1970_num_77_4_2551LES JEUX DE DAMIERS CELTIQUES
travers Le jeu tous de les damier niveaux est de une civilisation, activité que dès l'on les rencontre plus primit à
ifs. 11 apparaît dès les temps les plus reculés de l'Histoire
humaine, puisque le plus ancien à avoir été retrouvé au
complet est Agé de près de 7 000 ans (1), et il suffît de con
sulter les travaux des ethnologues ou les études spéciali
sées (2) pour se rendre compte qu'on le retrouve dans les
recoins les plus lointains du panorama des sociétés humain
es actuelles. Or, lorsque les Celtes apparaissent pour la
première fois comme une entité discernable aux yeux de la
Science contemporaine, ils étaient loin d'être des primitifs
ainsi que, malheureusement, beaucoup de gens et même de
manuels scolaires les imaginent encore. Il est donc extr
êmement vraisemblable qu'ils n'étaient pas dépourvus de
jeux de damier. Malheureusement les fouilles archéologi
ques n'ont encore livré aucun damier qui puisse nous per
mettre d'imaginer quels étaient leurs délassements de cet
ordre : sans doute traçaient-ils damiers sur le sol, ou
encore sur des pièces de bois que le temps a détruites.
Néanmoins, l'existence d'activités ludiques de ce genre est
prouvée par les découvertes fréquentes de dés associés à
des jetons dans les tombes celtiques dès le premier âge du
fer (3). Les pions sont très simples : le plus souvent ce sont
de petits disques colorés ou décorés. Les dés présentent
plusieurs formes : certains sont tout-à-fait semblables à
nos dés actuels, d'autres sont pareillement cubiques mais
ne portent que les marques 3, 4, 5, 6 ; d'autres encore ont
(1) J. Vannier. Manuel d'Archéologie égyptienne, t. I, Paris, 1952.
p. 405-408.
(2) Essentiellement H.J.R. Muhray, History of Board Games other
thon Chess, Oxford, 1952 ; R.C. Bell, Iioard and Table from
mant) Civilisations, Londres, 1960.
(3) J. Déchelette, Manuel d'Archéologie préhistorique, celtique et
gallo-romaine, t. II, 2. Paris, 1913, p. 1396-1398. LES JEUX DE DAMIERS CELTIQUES 598
la forme de parallélipipèdes aplatis dont les quatre grandes
faces portent le plus souvent trois, quatre, cinq et six
cercles ponctués. Les plus étroites de ces faces sont mar
quées des points les plus élevés. Ils étaient ainsi les plus
difficiles à obtenir.
L'Antiquité celtique a également fourni une catégorie
d'objets extrêmement mystérieux, dont il a souvent été dit
qu'il s'agissait de pièces de jeu. Il s'agit de dodécaèdres en
bronze, dont chaque sommet est orné d'une petite boule, ce
qui leur a valu l'appellation consacrée de «
bouletés ». Chaque face de ces dodécaèdres est percée d'un
trou, et tous les trous sont d'un diamètre différent.
Seraient-ce une sorte de dé, dans laquelle le hasard serait
compensé par la différence de gravité des faces qui amène
une fréquence beaucoup plus élevée des valeurs les moins
fortes ? Ce serait alors presqu'un jeu d'adresse, car l'expé
rience et la dextérité pouvaient donner le « tour de main »
propre à augmenter les chances du joueur. Mais ce n'est là
qu'une hypothèse parmi beaucoup d'autres : on y a vu
aussi des chandeliers, des mesures-étalons, des objets de
culte,... Le mystère reste entier (4).
A l'époque romaine, le contact des civilisations intro
duisit les jeux de damiers romains dans les pays celtiques,
et les troupes stationnées aux limites de l'Empire les apport
èrent jusqu'au contact des peuples celtes restés indépend
ants. On a ainsi retrouvé plusieurs damiers sur le mur
d'Hadrien, la célèbre muraille qui protégeait la Britannia
romaine des barbares du nord (5). Ces damiers se recon
naissent pour ceux du ludus latrunciilorum (6), et on en a
retrouvé un tout pareil en Irlande, à Lagore (Meath) (7),
en dehors de la Romania, ce qui prouve bien que les Celtes
les avaient adoptés.
(4) Le meilleur état de la question se trouve dans W. Deonna, Les
dodécaèdres ajourés et bouletés. A propos du dodécaèdre d'Avenches
dans Bull. Ass. Pro Aventico, XVI, 1954, p. 17-89.
(5) J. Liversidge, Iiritain in the Roman Empire, Londres, 1968, p. 350.
(6) Sur ce jeu : R.G. Austin, Board Games dans Greece and
Rome, IV, 1934-1935, p. 25-30 ; H.J.R. Murray, p. 33-34.
(7) W.G.W. Martin, Lake-Dwellings in Ireland, Dublin, 1886, p. 129. LES JEUX DE DAMIERS CELTIQUES 599
Mais les vrais jeux de damier celtiques, ceux qui étaient
pratiqués dans les sociétés traditionnelles d'Irlande, de
Man, d'Ecosse, de Galles, de Cornouaille et de Bretagne,
nous en retrouvons les traces dans les textes et dans le sol
de ces pays. Bretagne et Cornouaille n'ont encore rien livré
car leurs textes sont trop rares ou trop tradifs ; l'Ecosse
n'a donné que quelques pions (8), Man a donné un damier,
le plus beau, Irlande et Galles sont nos sources les plus
sûres.
Les textes irlandais connaissent trois jeux de damier :
buanfach, fîdchell et brandubh. Le Pays de Galles en con
naît deux : gwyddbwyll et tawlbwrdd.
Le buanfach est totalement inconnu, malgré qu'il soit
fréquemment cité par les textes (9). En fait, la seule allu
sion qu'ils contiennent au sujet de la marche de ce jeu est
le fait qu'il opposait deux joueurs, et que l'un d'eux avait
un avantage marqué (10). Le nom du jeu (litt. « frapper
loin ») n'apporte aucun éclaircissement.
Le fîdchell irlandais est le même jeu que le gwyddbwyll
gallois, et sans doute était-il également connu en Bretagne
continentale car le mot y est attesté à date ancienne sous
la forme guidpoill (mod. gwezbouell) (11). Le fait que ces
noms ont été appliqués au jeu d'échecs dès son introduc
tion dans les pays celtiques, et qu'il le désigne encore
aujourd'hui, a malheureusement trop longtemps entraîné
traducteurs et commentateurs des vieux textes à n'accor
der aucune attention aux passages où ils ont été cités, et
à y voir aussi systématiquement qu'erronément le jeu
d'échecs classique.
Le nom de ce jeu est pan-celtique : fîdchell, gwyddbwyll
et gwezbouell sont des formes strictement parallèles, déri-
(8) R. Munro, Ancient Scottish Lake-Dwellimjs, Edimbourg, 1882,
p. 24-23.
(9) Ces textes ont été rassemblés : H. Zimmeh, Buanfach, buanbach
dans Zeits. Vergl. Sprachsforschung, XXX, 1890, p. 78-80.
(10) E. Mac Withe, Earlg Irish Board Gaines dans Eujse, V, 1945-
1947, p. 30.
(11) L. Fleuriot, Dictionnaire des gloses en vieux breton, Paris, 1964,
p. 190-191. Sur ce jeu, cf. essentiellement E. Mac Withk, p. 26-29. 600 LES JEUX DE DAMIERS CELTIQUES
vant d'une forme de base * uidu-kueslà. Leur sens est
« intelligence du bois », « réflexion sur le bois » ou « ré
flexion du bois » (12) : c'est une bonne définition pour un
tel jeu d'adresse intellectuelle. Bien que le mot ne soit pas
attesté en gaulois, son identité dans toutes les langues cel
tiques indique sans doute une extrême antiquité (13).
Malgré qu'on en ait une définition dans le Glossaire de
Cormac, qui est du ix*1 siècle, et qu'il y ait des allusions en
grand nombre à ce jeu dans les vieux textes, nos connais
sances sur ses règles sont fort maigres, et seule une longue
étude comparative serait susceptible de les faire progresser.
Le Sanas Cormaic donne la définition suivante : Fithc-
{h)ill ,i. fâth-clall .i. fâth 7 cîall occ a imbirt. Nô fëith 7 clall.
Nô fùath-cell .i. fûath cille .i. is cethrachair cêtumus ind fit (h)
chill 7 it dïrge a tithe, ocus find ocus diib fuirre 7 is (s)ain-
muinter cachlafechtus bêus beress a tuchell. Sic (et) eclesia per
singula, per quatuor terrale) partess I1II euang€li(i)s pasta
{.i. is marsin an éclats ic sâssad cethri rann sundradach in
betha 0 soscelaib). Is dïriuch immessaib lasna tii na scep{t)ra
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