Les jugements du légat Gérard d’Angoulême en Poitou au début du XIIe siècle. - article ; n°1 ; vol.155, pg 315-338
26 pages
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Les jugements du légat Gérard d’Angoulême en Poitou au début du XIIe siècle. - article ; n°1 ; vol.155, pg 315-338

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1997 - Volume 155 - Numéro 1 - Pages 315-338
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Soline Kumaoka
Les jugements du légat Gérard d’Angoulême en Poitou au début
du XIIe siècle.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1997, tome 155, livraison 1. pp. 315-338.
Citer ce document / Cite this document :
Kumaoka Soline. Les jugements du légat Gérard d’Angoulême en Poitou au début du XIIe siècle. In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1997, tome 155, livraison 1. pp. 315-338.
doi : 10.3406/bec.1997.450870
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1997_num_155_1_450870Résumé
À la fin du XIe et au début du XIIe siècle, l'écrit documentaire connaît en Aquitaine une profonde
évolution, à laquelle ont concouru les interventions des légats pontificaux. On examine en ce sens
diverses affaires jugées par le légat Gérard d'Angoulême (litiges opposant Saint-Pierre d'Uzerche aux
clunisiens de Ventadour, Saint-Benoît de Nanteuil-en-Vallée Fontevraud, Bourgueil à Montierneuf, La
Chaise-Dieu à Saint-Maixent). Une valeur testimoniale primordiale est désormais accordée aux
documents écrits: la conservation et l'exploitation des archives en trouve stimulée, tout comme la
confection de cartulaires; la mise par écrit, voire le remaniement d'actes plus anciens deviennent plus
fréquents et cherchent à affiner et préciser le vocabulaire employé, par exemple celui du fief.
Zusammenfassung
Gegen Ende des 11. Jahrhunderts und zu Beginn des 12. Jahrhunderts erlebt das Gebrauchsschrifttum
in Aquitanien eine grundlegende Veränderung, zu der die Tätigkeit der päpstlichen Legate beigetragen
hat. Zur Dokumentation dieser Einwirkung werden verschiedene Fälle untersucht, die der Legat Gérard
d'Angoulême entschieden hat (Streitfälle zwischen Saint-Pierre d'Uzerche und den Cluniazensern von
Ventadour, zwischen Saint-Benoît de Nanteuil-en-Vallée und Fontevraud, Bourgueil und Monderneuf,
La Chaise-Dieu und Saint-Maixent). Der schriftlichen Dokumentation wird von nun an ein vorrangiger
Zeugniswert zuerkannt: Bewahrung und Nutzung der Archive sowie die Erstellung von Kartularien
werden daher intensiviert; die Niederschrift von Dokumenten und die Bearbeitung älterer Urkunden immer häufiger und bemühen sich, den verwendeten Fachwortschatz stärker zu strukturieren
und zu präzisieren, z. B. im Bereich des Lehenswesens.
Abstract
In the late eleventh and early twelfth centuries, one observes a major evolution in the written documents
of Aquitaine, due in part to the action of pontifical legates. This article examines various cases submitted
to the judgment of legate Gérard d'Angoulême (Saint-Pierre of Uzerche vs. the Cluniac monks of
Ventadour, Saint-Benoît of Nanteuil-en-Vallée vs. Fontevraud, Bourgueil vs. Montierneuf, La Chaise-
Dieu vs. Saint-Maixent). Written documents were by that time endowed with capital testimonial value.
This contributed to the preservation and exploitation of archives, and furthermore to the compiling of
cartularies. Older deeds were written out or even reworded, and efforts were made towards clearer and
more precise definition of vocabulary (e. g., words relating to fiefs).")■ !
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 155, 1997, p. 315-338.
LES JUGEMENTS DU LEGAT GÉRARD D'ANGOULÊME
EN POITOU AU DÉBUT DU XIIe SIÈCLE
par
Soline KUMAOKA
Le légat Gérard, évêque d'Angoulême, naquit, selon Y Historia pontificum
et comitum Engolismensium, à Blay en Normandie, dans une famille
modeste1. Après avoir étudié et enseigné à Angoulême et à Périgueux, il
fut élu évêque d'Angoulême en 1102. Ses activités ne se limitèrent pas à
son diocèse. En mai 1107, il participa au concile de Troyes2, où il fit
preuve de capacités eminentes, qui n'échappèrent pas au pape Pascal II.
Ce dernier le chargea d'une mission en Bretagne ; après le concile, il se rendit
donc à Dol 3 ; comme légat pontifical, il réforma d'abord le siège episcopal,
puis consacra un nouveau pontife en la personne de Baudry, abbé de
Bourgueil 4.
Pascal II, satisfait du résultat obtenu par Gérard, le nomma dès lors légat
permanent dans les cinq provinces de Bourges, Tours, Dol, Bordeaux et
1. Éd. Jacques Boussard, Paris, 1957, p. 30-31 (Blay, Calvados, cant. Trévières). Sur
Gérard d'Angoulême : abbé Maratu, Girard, évêque d'Angoulême, légat du Saint-Siège, dans
Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, 4e sér., t. 2, 1864, et notice
par Robert Favreau dans le fascicule Engolisma du « Nouveau Gams », à paraître, p. 17-20.
Je remercie vivement Monique Goullet, Laurent Morelle, Michel Parisse et Georges Pon pour
l'aide qu'ils m'ont apportée dans la préparation du présent article.
2. Sacrosancta concilia, éd. Philippe Labbe et Gabriel Cossart, t. X (Paris, 1671), col. 754.
3. Le siège de Dol, à l'image des autres évêchés bretons, était occupé par la puissante
famille des seigneurs du lieu. L'évêque n'était qu'un modeste clerc séculier qui, depuis le
IXe siècle, se targuait pourtant du titre d'archevêque et refusait de se soumettre à l'autorité
de l'archevêque de Tours. Malgré l'intervention des papes Léon IX (J.L. 4225) et Urbain II
(J.L. 5519), le diocèse était resté indépendant, conservant son titre d'archevêché. Gérard
ne régla pas le problème, qui ne semblait pas relever de sa mission : au moment de la conséc
ration, il conféra à Baudry le pallium, attribut de l'archevêque, « en suivant les coutumes
de ses prédécesseurs » (Patr. lat., t. 163, col. 253) : Noël- Yves Tonnerre, La Bretagne féo
dale, XI'-XIW siècle, Rennes, 1987, p. 259-260.
4. Baudry (1046-1130), célèbre pour ses poésies, fut abbé de Bourgueil (1089-1107),
puis archevêque de Dol (1107-1130) : Henri Pasquiet, Baudri, abbé de Bourgueil, arche
vêque de Dol, d'après des documents inédits, 1046-1130, Angers, 1878.
Soline Kumaoka, 17 rue des Bernardins, F-75005 Paris. SOLINE KUMAOKA B.É.C. 1997 316
Auch 5, ce qu'il annonça aux évêques suffragants dans une lettre circulaire
du 28 avril 11086. À compter de ce moment, Gérard exécuta des missions
de contrôle, de juridiction et d'information. Il réunit huit conciles 7. Les éta
blissements ecclésiastiques, anciens ou nouveaux, profitèrent de ces réu
nions pour lui soumettre démêlés et litiges. Le légat reçut également les
demandes de recours contre des jugements prononcés par des évêques et
qu'il avait le droit de casser. L'examen des affaires qui lui furent confiées
permet de mieux connaître le fonctionnement de la justice ecclésiastique
au début du XIIe siècle. Quatre dossiers seront successivement ouverts, qui
montrent sur le vif combien Faction des légats de la « réforme grégorienne »
a pu peser sur les pratiques de l'écrit documentaire.
I. GÉRARD D'ANGOULÊME, LÉGAT ET JUGE EN POITOU.
1. Le litige entre Saint-Pierre d'Uzerche et le prieuré clunisien de Venta-
dour. — En 1116, Bernard, vicomte de Comborn (1086-1119), voulut faire
une donation aux Clunisiens : il octroya à l'abbé de Cluny et au prieuré clu
nisien de Ventadour8 la terre de Manzanes9, dont il s'estimait propriét
aire 10. L'abbaye de Cluny n'était plus à cette date une institution nouvelle.
5. J.L. 6262; éd. Patr. lat., t. 163, col. 240-241.
6. Le système de la légation a commencé à se développer à partir de Grégoire VII
(1073-1085) ; il existait deux sortes de légats, temporaire (chargé d'une seule mission, dans
un espace limité) et permanent (qui exerçait son autorité dans une contrée ou dans un pays
durant le pontificat du pape qui l'avait désigné). C'est sans doute au titre de légat temporaire
que Gérard a mené la réforme et la consécration de Dol, car YHistoria pontificum et comi-
tum Engolismensium, éd. cit., p. 32, dit que le pape l'a envoyé d'abord dans la province
de Bretagne, puis dans celles de Tours, Bordeaux, Bourges et Auch.
7. Conciles de Nantes en 1108 (Dom Gui-Alexis Lobineau, Histoire de Bretagne, Paris,
1707, t. II, col. 194-195, 200-201, 264-265), de Loudun en octobre 1109 (Sacrorum con-
ciliorum nova et amplissima collectio, éd. Gian Domenico Mansi, t. XXI [Venise, 1776],
col. 1-6), de Châteauroux en mars 1116 (Edmond Martène, Thesaurus novus anecdotorum,
t. IV [Paris, 1717], col. 133-136), d&

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