Les Malais en Thaïlande  - article ; n°4 ; vol.17, pg 749-760
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Description

Revue française de science politique - Année 1967 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 749-760
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 7
Langue Français

Extrait

Monsieur Pierre Fistié
Les Malais en Thaïlande
In: Revue française de science politique, 17e année, n°4, 1967. pp. 749-760.
Citer ce document / Cite this document :
Fistié Pierre. Les Malais en Thaïlande . In: Revue française de science politique, 17e année, n°4, 1967. pp. 749-760.
doi : 10.3406/rfsp.1967.393037
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1967_num_17_4_393037Conflits Internationaux 749 Les
faire naître dans le pays la lenteur de 1' « ordre nouveau » à redresser
la situation économique. D'autre part, il ne semble pas que l'Indonésie
veuille arriver à une rupture définitive avec la Chine : est-ce pour
prouver qu'elle demeure fidèle à une ligne neutraliste et anti-impérial
iste ou pour conserver une marge de manœuvre dans ses rapports
avec l'Occident ?
Quant à la minorité chinoise elle-même, elle ne paraît politisée
que dans une assez faible proportion. La plus grande partie ne désire
que pouvoir poursuivre en paix ses activités. Peu souhaitent être rapat
riés en Chine — et ceux-là seuls dont la situation est devenue vraiment
intenable. On a assisté à des manifestations anti-Pékin de la part des
Chinois-Indonésiens voulant persuader l'opinion indonésienne de leur
loyalisme envers leur pays d'adoption et s'assurer contre la discrimi
nation. Mais aussi, pour la première fois de leur histoire, des Chinois
ont manifesté, en tant que Chinois, contre le gouvernement indonésien
le 20 avril dernier. Pour Djakarta, il ne fait pas de doute qu'on reconn
aît là les manœuvres de Pékin. Le problème demeure donc entier.
Si toute répression antichinoise cessait en Indonésie, cela n'amènerait
sans doute pas une amélioration des relations sino-indonésiennes. Car
c'est avant tout un conflit politique qui oppose maintenant Djakarta et
Pékin et la minorité chinoise en est une des victimes principales plutôt
qu'une cause déterminante.
F. C.
LES MALAIS EN THAÏLANDE
Le cas des Malais de Thaïlande montre que l'existence d'une
minorité nationale n'est pas nécessairement la cause d'un antagonisme
entre le gouvernement auquel elle est soumise et celui d'un pays voisin
où ses frères de race constituent la majorité de la population. Encore
faut-il, en effet, que les dirigeants de ce pays soient résolus à exploiter
la situation, ce qui, en l'occurrence, n'a pas eu lieu jusqu'à présent.
Le problème posé par la subordination de Malais à une autorité
thaïe remonte en fait à la fin du xme siècle, c'est-à-dire à l'époque de la
formation par voie de conquête d'un royaume thaï au milieu de la
péninsule indochinoise. Cette conquête, en effet, s'étendit jusque dans
la région moyenne de la presqu'île de Malacca où vivait une population
malaise dont la conversion à l'Islam, dans le courant du xv' siècle,
devait encore renforcer la personnalité. Revue Française de Science Politique 750
L'effondrement du royaume siamois en 1767 sous les coups des
Birmans et son éclatement momentané en principautés autonomes permit
à cette population de retrouver une indépendance de fait qui allait
d'ailleurs permettre à la Grande-Bretagne de prendre pied dans le monde
malais (c'est, en effet, en 1782 que le sultan de Kedah, précédemment
vassal du Siam, céda l'île de Penang à l'East India Company) . Le
rétablissement de la souveraineté siamoise s'accompagna d'un « durcis
sement » de l'autorité thaïe, en particulier au Kedah qui, à partir de
1821, et pour une durée de vingt ans, fut soumis à un régime d'admin
istration directe que la population supporta très mal. La révolte qui
éclata en 1831 et se communiqua au Pattani, entraîna une répression
impitoyable marquée par des déportations massives de Malais dans les
provinces du Siam central.
Ce n'est qu'entre 1874 et 1888 que la Grande-Bretagne établit son
protectorat sur les quatre Etats malais du Perak, du Selangor, du Negri
Sembilan et du Pahang, et il faut attendre 1909 pour qu'elle obtienne
du gouvernement de Bangkok le transfert de ses droits sur le Perlis, le
Kedah, le Kelantan et le Trengganu. Les frontières méridionales de la
Thaïlande étaient désormais fixées. En 1943 cependant, le Japon céda
à la Thaïlande l'administration des quatre Etats auxquels elle avait
renoncé en 1909, mais les Thaïs conscients du fait qu'à ce stade de la
guerre le cadeau était surtout compromettant intervinrent au minimum
dans la gestion des affaires locales de ces Etats qu'ils restituèrent spon
tanément en 1945.
Les frontières fixées en 1909 laissaient une importante minorité
malaise en territoire siamois. Officiellement, pour le gouvernement de
Bangkok, il n'y a pas de Malais en Thaïlande, mais seulement des
« Thaïs musulmans ». Ceci laisserait supposer qu'ils sont assimilés, ce
qui n'est vrai que pour les descendants des Malais déportés en 1832
dans les provinces centrales, lesquels, effectivement, ne se distinguent
plus que par leur religion du reste de la population. Les autres, c'est-à-
dire ceux vivant dans la péninsule, à proximité de la frontière de Malai-
sie dans les cinq provinces de Songkhla, Pattani, Satun, Yala et Nari-
thiwat (où ils formaient en 1947, 70 % à 87 % de la population, sauf
dans la province de Songkhla où ils n'étaient que 17%) ont conservé
leur personnalité non seulement religieuse, mais linguistique. C'est de
ces derniers seulement (qui pouvaient être évalués à un peu plus de
500 000 en 1956) qu'il sera question ici.
Il s'agit d'une population presque entièrement rurale (les « villes »
de la région ne sont que de gros marchés), pratiquant une riziculture
de subsistance complétée par la culture commerciale du cocotier et par
celle de l'hévéa qui a pris une importance croissante depuis la fin de
la première guerre mondiale. Il faut noter que l'hévéa a été introduit Conflits Internationaux 751 Les
par des immigrants chinois venus de Malaisie et qui se sont installés
dans les provinces de Thaïlande méridionale. Leurs plantations sont, la plupart des cas, de dimensions supérieures à celles des Malais
qui n'emploient que de la main-d'œuvre familiale alors que les Chinois
font appel aux services de salariés (Chinois eux aussi) et monopolisent
pratiquement la commercialisation du caoutchouc récolté, quelle que
soit sa provenance.
Les souverains de la dynastie Chakhri n'ont pas maintenu indéf
iniment à l'égard des Malais leur attitude rigoureuse de la première
moitié du XIXe siècle. C'est ainsi que le Code civil de 1925 prévoyait
pour eux l'application de la loi islamique en matière de mariage et de
succession, et la présence de juges musulmans aux côtés des juges si
amois dans toutes les affaires intéressant ces deux domaines *.
Le régime « constitutionnel » issu du coup d'Etat de 1932 eut d'abord
le souci de ne pas s'aliéner la minorité malaise 2. Des exemptions en
matière de mariage et de succession au profit de la population musul
mane se retrouvent d'ailleurs dans le nouveau Code civil et de com
merce de 1934 3.
Le problème des Malais de Thaïlande apparut à notre époque lors
que Phibun Songkhram (qui accède au poste de Premier ministre en
décembre 1938) inaugura, notamment en matière scolaire, une politique
d'assimilation qui allait encore s'intensifier en 1941 avec la suppression
des privilèges légaux des Malais. Ceux-ci opposèrent à toutes ces
pressions une résistance passive fort efficace, mais il s'agissait là d'un
phénomène social spontané bien plutôt que d'une opposition politique
organisée.
Les données du problème furent profondément modifiées en 1946
par la prise de conscience nationale qui s'opéra alors de l'autre côté
de la frontière chez les Malais de Malaisie (en réaction au statut de
la Malayan Union qui, à leurs yeux, faisait la part trop belle aux
Chinois). Une certaine effervescence en résulta chez les Malais des
provinces méridionales de Thaïlande et continua de se manifester en
1. Landon (K.P.), «Siam», in: Mills (L.À.) éd., The New World of
Southeast Asia. Minneapolis, Un

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