Les Pays-Bas : une société à flexibilité limitée - article ; n°1 ; vol.64, pg 97-127
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Description

Revue de l'OFCE - Année 1998 - Volume 64 - Numéro 1 - Pages 97-127
The Netherlands flexibility under control. Catherine Bruno, Valérie Chauvin. Many of the other European countries envy the Dutch economic performance, especially in the field of employment : employment grew by about 20% from 1982 to 1996 and the unemployment rate has been cut by half from 1982 to 1996. Twenty years ago, economists were discussing about the Dutch disease. Now, they talk about the Dutch miracle. Over the last fifteen years, deep changes happened on the Dutch labor market : part-time jobs developed, wage increases were moderate and the labor time was reduced. The reduction of labor costs seems to be the most important change. Indeed, it improved the Dutch competitiveness, so that foreign trade could boost growth. Moreover, the same rate of growth would have led to more employment than the past thanks to labor time reduction and hourly productivity slowdown. The unemployment rate has been reduced despite the growth of labor force which stems from demographic factors but also from labor market policy changes. Nevertheless, labor market policy is still generous unemployment allowances are high and disabled persons, whose allowances are even higher, represent 10% of total labor force in 1996. So, the Dutch labor market is more flexible since 1982 but the government controls this flexibility in maintaining workers' advantages and social unity bet ween employers and employees.
Depuis 1983, les Pays-Bas ont réalisé en matière d'emploi et de chômage de bonnes performances par rapport aux autres pays européens. De profondes mutations ont eu lieu au cours des quinze dernières années sur le marché du travail : développement du temps partiel, modération salariale et réduction du temps de travail. Parmi ces évolutions, la baisse du coût du travail semble importante. Elle a permis de réaliser des gains de compétitivité en suivant une politique de désinflation compétitive très stricte. Le commerce extérieur a ainsi tiré la croissance. Par ailleurs, la réduction de la durée du travail et le ralentissement de la productivité horaire du travail ont permis d'augmenter le contenu en emplois de la croissance. La baisse du taux de chômage a été réalisée malgré une croissance de la population active, qui provient de l'évolution démographique mais aussi des restrictions de politique de l'emploi. Toutefois, celle-ci reste généreuse : les indemnités chômage sont élevées et le statut d'invalide, mieux indemnisé encore que le chômage, accueille 10 % de la population. Ainsi, les réformes entreprises aux Pays-Bas sont allées dans le sens d'une plus grande souplesse du fonctionnement du marché du travail. Toutefois, ce surcroît de flexibilité s'accompagne d'une volonté des pouvoirs publics de maintenir la cohésion sociale et les acquis des salariés.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Catherine Bruno
Valérie Chauvin
Les Pays-Bas : une société à flexibilité limitée
In: Revue de l'OFCE. N°64, 1998. pp. 97-127.
Citer ce document / Cite this document :
Bruno Catherine, Chauvin Valérie. Les Pays-Bas : une société à flexibilité limitée. In: Revue de l'OFCE. N°64, 1998. pp. 97-127.
doi : 10.3406/ofce.1998.1486
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1998_num_64_1_1486Abstract
The Netherlands flexibility under control. Catherine Bruno, Valérie Chauvin. Many of the other European
countries envy the Dutch economic performance, especially in the field of employment : employment
grew by about 20% from 1982 to 1996 and the unemployment rate has been cut by half from 1982 to
1996. Twenty years ago, economists were discussing about the Dutch disease. Now, they talk about the
Dutch miracle. Over the last fifteen years, deep changes happened on the Dutch labor market : part-
time jobs developed, wage increases were moderate and the labor time was reduced. The reduction of
labor costs seems to be the most important change. Indeed, it improved the Dutch competitiveness, so
that foreign trade could boost growth. Moreover, the same rate of growth would have led to more
employment than the past thanks to labor time reduction and hourly productivity slowdown. The
unemployment rate has been reduced despite the growth of labor force which stems from demographic
factors but also from labor market policy changes. Nevertheless, labor market policy is still generous allowances are high and disabled persons, whose allowances are even higher,
represent 10% of total labor force in 1996. So, the Dutch labor market is more flexible since 1982 but
the government controls this flexibility in maintaining workers' advantages and social unity bet ween
employers and employees.
Résumé
Depuis 1983, les Pays-Bas ont réalisé en matière d'emploi et de chômage de bonnes performances par
rapport aux autres pays européens. De profondes mutations ont eu lieu au cours des quinze dernières
années sur le marché du travail : développement du temps partiel, modération salariale et réduction du
temps de travail. Parmi ces évolutions, la baisse du coût du travail semble importante. Elle a permis de
réaliser des gains de compétitivité en suivant une politique de désinflation compétitive très stricte. Le
commerce extérieur a ainsi tiré la croissance. Par ailleurs, la réduction de la durée du travail et le
ralentissement de la productivité horaire du travail ont permis d'augmenter le contenu en emplois de la
croissance. La baisse du taux de chômage a été réalisée malgré une croissance de la population
active, qui provient de l'évolution démographique mais aussi des restrictions de politique de l'emploi.
Toutefois, celle-ci reste généreuse : les indemnités chômage sont élevées et le statut d'invalide, mieux
indemnisé encore que le chômage, accueille 10 % de la population.
Ainsi, les réformes entreprises aux Pays-Bas sont allées dans le sens d'une plus grande souplesse du
fonctionnement du marché du travail. Toutefois, ce surcroît de flexibilité s'accompagne d'une volonté
des pouvoirs publics de maintenir la cohésion sociale et les acquis des salariés.de l'OFCE n° 64 / Janvier 1998 Revue
Les Pays-Bas : une société à flexibilité
limitée *
Catherine Bruno
Département des études
Valérie Chauvin
Département analyse et prévision
Depuis 1983, les Pays-Bas ont réalisé en matière d'emploi et de chô
mage de bonnes performances par rapport aux autres pays européens. De
profondes mutations ont eu lieu au cours des quinze dernières années sur
le marché du travail : développement du temps partiel, modération sala
riale et réduction du temps de travail. Parmi ces évolutions, la baisse du
coût du travail semble importante. Elle a permis de réaliser des gains de
compétitivité en suivant une politique de désinflation compétitive très
stricte. Le commerce extérieur a ainsi tiré la croissance. Par ailleurs, la
réduction de la durée du travail et le ralentissement de la productivité
horaire du travail ont permis d'augmenter le contenu en emplois de la
croissance. La baisse du taux de chômage a été réalisée malgré une crois
sance de la population active, qui provient de l'évolution démographique
mais aussi des restrictions de politique de l'emploi. Toutefois, celle-ci reste
généreuse : les indemnités chômage sont élevées et le statut d'invalide,
mieux indemnisé encore que le chômage, accueille 10 % de la population.
Ainsi, les réformes entreprises aux Pays-Bas sont allées dans le sens
d'une plus grande souplesse du fonctionnement du marché du travail.
Toutefois, ce surcroît de flexibilité s'accompagne d'une volonté des pouv
oirs publics de maintenir la cohésion sociale et les acquis des salariés.
Depuis 1983, les Pays-Bas ont réalisé en matière d'emploi et de chô
mage des performances qui font l'envie des autres pays européens. En
effet, le taux de chômage, qui était égal à 11,7 % en 1983, a diminué jus
qu'à 6,5 % en 1996. L'emploi a augmenté de 20 % de 1982 à 1996. Si cer
tains parlent de miracle hollandais, d'autres évoquent plus modestement
le « modèle » hollandais (1RES, 1997) concernant le fonctionnement du
marché du travail. C'est sur le marché du travail qu'ont eu lieu au cours
des quinze dernières années de profondes mutations : développement du
temps partiel, modération salariale et réduction du temps de travail. Ces
réformes, qui vont dans le sens d'un assouplissement des règles en
vigueur sur le marché du travail néerlandais, ont été menées dans un
contexte social très serein : les accords tripartites — syndicats, patronat
* Nous remercions Gabriel Goldstein de la Direction de la prévision pour ses conseils. Catherine Bruno et Valérie Chauvin
et Etat — sont à la base des réformes entreprises qui ont été acceptées
sans conflit social.
Pour mieux comprendre ce qui constitue la clé de la réussite des Pays-
Bas en matière de créations d'emplois massives, revenons quelques ins
tants sur la situation économique et sociale hollandaise au début des
années quatre-vingt. Les Pays-Bas étaient alors en pleine crise. Petite
économie ouverte, elle a subi l'impact négatif sur l'activité des chocs
pétroliers et des pertes d'emplois industriels. L'arrivée sur le marché du
travail des femmes et des cohortes issues du baby boom a fait grimper le
taux de chômage jusqu'à 11,7 % en 1983. Le déficit public a atteint 5,8 %
du produit intérieur brut en 1983, jouant son rôle de stabilisateur auto
matique : les dépenses publiques liées aux dispositifs de protection
sociale ont alors augmenté sensiblement.
C'est dans ce contexte de crise économique que l'accord de
Wassenaar conclu en 1982 est cité comme instrument essentiel de la
réussite néerlandaise. Deux objectifs sont visés : l'un concerne la stabilité
des prix ; l'autre s'intéresse au partage de l'emploi selon divers moyens
tels que la réduction du temps de travail, la création d'emplois nouveaux
et la lutte contre le chômage des jeunes, qui sont financés par le gel des
salaires. L'assouplissement des règles régissant le marché du travail inter
vient au creux de la vague récessionniste de 1992 : l'intérim et le temps
partiel se développent, les journées de travail sont de durée inégale.
Deux questions essentielles se posent alors. Tout d'abord, quel est
l'effet de la réduction du temps de travail sur l'emploi ? Ensuite, com
ment expliquer que l'orientation nouvelle prise par l'Etat — renforce
ment des contrôles et accès limité aux régimes d'indemnisation du
chômage et d'invalidité — n'ait pas conduit à de fortes tensions sociales
et politiques ? On peut alors légitimement se demander si un affaibliss
ement aussi radical de l'Etat-providence a réellement eu lieu. Dans cet
article, nous apportons des éléments de réponse à ces questions en abor
dant trois thèmes : la flexibilité du marché du travail ; l'impact de la
baisse des coûts salariaux sur la croissance économique ; les mesures de
la politique de l'emploi et, en particulier, le régime d'invalidité. Plus pré
cisément, dans une

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