Les préparatifs d une invasion anglaise et la descente de Henri III en Bretagne (1229-1230). - article ; n°1 ; vol.54, pg 5-44
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Les préparatifs d'une invasion anglaise et la descente de Henri III en Bretagne (1229-1230). - article ; n°1 ; vol.54, pg 5-44

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1893 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 5-44
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1893
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Élie Berger
Les préparatifs d'une invasion anglaise et la descente de Henri
III en Bretagne (1229-1230).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1893, tome 54. pp. 5-44.
Citer ce document / Cite this document :
Berger Élie. Les préparatifs d'une invasion anglaise et la descente de Henri III en Bretagne (1229-1230). In: Bibliothèque de
l'école des chartes. 1893, tome 54. pp. 5-44.
doi : 10.3406/bec.1893.447728
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1893_num_54_1_447728LES PRÉPARATIFS
D'UNE INVASION ANGLAISE
ET LA
DESCENTE DE HENRI III EN BRETAGNE.
(1229-1230.)
On sait que les Plantagenets ont attendu plus de cinquante ans
avant de reconnaître par un acte solennel les conquêtes de Phi
lippe-Auguste. Depuis les premières années du хше siècle jus
qu'en 1259, ils ont été constamment en guerre avec la France.
Ne pouvant se résoudre à ratifier la perte de leurs possessions
continentales, trop faibles pour les reprendre, trop fiers pour
acheter la paix au prix d'un humiliant abandon, ils n'ont traité
qu'en désespoir de cause, après de longs et inutiles efíorts. Pour
reprendre la Normandie, le Poitou, l'Anjou, le Maine, il aurait
fallu gagner des batailles, et la victoire ne se décida jamais que
pour la France. Henri III, roi d'Angleterre, et ses sujets mirent
longtemps à se rendre compte qu'ils devaient renoncer à la
revanche; sous Philippe-Auguste, au temps de son fils et de
saint Louis, ils laissèrent traîner les hostilités, guettant les occa
sions, préparant des armements qui n'aboutissaient pas toujours,
attaquant la France, puis se retirant sans avoir rien obtenu, parf
ois battus et toujours malheureux. Après chaque prise d'armes,
comme on ne pouvait rester indéfiniment en guerre ouverte, on
faisait une trêve, conclue pour un temps plus ou moins long, et
souvent, quand еДе arrivait à son terme, on la renouvelait, faute
de pouvoir mieux faire.
L'expédition de 1230 est l'une de ces tentatives faites par le LES PRÉPARATIFS D'UNE INVASION ANGLAISE 6
fils de Jean Sans-Terre pour remettre la main sur les anciens
domaines de sa famille. Elle n'a pas été plus heureuse que les
autres, et pourtant les circonstances dans lesquelles la France
se trouvait alors semblaient favorables au roi d'Angleterre.
Louis IX sortait à peine de l'enfance ; la régente Blanche de
Castille employait son génie et les ressources de la couronne à
défendre le pouvoir royal contre le mauvais vouloir ou l'inimitié
déclarée des grands vassaux. Quelques mois à peine après l'av
ènement de son fils, elle avait dissous, aux traités de Vendôme,
une coalition soutenue par les Anglais, à la tête de laquelle se
trouvaient Thibaud, comte de Champagne, Hugues de Lusignan,
comte de la Marche, et Pierre de Dreux, auquel était dévolue la
garde de la Bretagne pendant la minorité de ses enfants. Mais ce
premier succès n'avait pas été suivi d'une paix durable : bientôt
Blanche avait dû déjouer un complot des barons, qui voulaient
se saisir de son fils, puis marcher en plein hiver, avec le roi,
contre le comte de Bretagne et lui enlever de force le château de
Bellême. Elle venait de mettre fin à la guerre des Albigeois et de
recevoir au traité de Paris la soumission du comte de Toulouse,
quand les grands, se sentant impuissants à l'attaquer de face,
prirent le parti de ruiner, pour l'affaiblir, ceux qui lui restaient
fidèles. Le vaincu de Bouvines, Ferrand de Portugal, comte de
Flandre, que Blanche avait tiré de prison, et le comte de Champ
agne, qui, depuis 1227, était passé du parti des révoltés à celui
de son jeune maître, étaient alors les principaux soutiens de la
couronne ; on résolut de briser leur puissance. Après avoir, avec
une obstination pleine de perfidie, forgé de toutes pièces une
légende d'après laquelle Thibaud de Champagne aurait été l'amant
de la reine, les ennemis de Blanche passèrent de la calomnie à la
violence ouverte et se coalisèrent pour déposséder son protégé.
L'oncle du roi, Philippe Hurepel, comte de Boulogne, était à la
tête de ce parti, que composaient avec lui le duc de Bourgogne et
le comte de Nevers, les comtes de Saint-Pol et de Guines, le
sire de Coucy, le comte Robert de Dreux, ses frères le comte de
Mâcon, l'archevêque de Reims et Pierre Mauclerc, comte de Bre
tagne, l'irréconciliable et redoutable ennemi de la reine Blanche.
Prétendant dépouiller le comte de Champagne au profit de sa
cousine la reine Alix de Chypre, ils se disposaient à se jeter sur
ses États au moment où finit là trêve qui depuis quelque temps
avait été rétablie entre l'Angleterre et la France. ET LA DESCENTE DE HENRI III EN BRETAGNE. 7
Cette trêve, conclue d'abord en 1227 pour une année, avait
ensuite été prorogée jusqu'au 22 juillet 1229. C'est avec impat
ience que Henri III en voyait approcher le terme, car il comptait
bien mettre à profit, pour reprendre l'héritage de ses pères, la
guerre civile qui allait commencer en France, le mécontentement
des Normands, l'humeur inquiète et turbulente des Poitevins et
surtout les rancunes du comte de Bretagne. Une fois décidé à faire
contre la France un grand effort, le roi d'Angleterre poussa ses
préparatifs en homme qui se disposait à conquérir pour le moins
deux ou trois provinces. Tout d'abord, comme prélude aux actes
de guerre, on vit reparaître en Angleterre ces mesures rigoureuses
qui, à chaque reprise d'hostilités, interrompaient les relations
commerciales d'une rive à l'autre de la Manche.
Dès le 5 juillet, Henri III avait écrit à tous les vicomtes ou
sheriffs de son royaume et à plusieurs de ses baillis de s'opposer
à ce qu'aucun marchand étranger séjournât en Angleterre, avec
ses biens et ses marchandises, après la Sainte-Madeleine (22 juil
let). Ceux qui resteraient passé ce délai devaient s'attendre à
être arrêtés et dépouillés1. Le 17, les baillis de Dunwich et de
quatorze autres ports situés sur la Manche et sur la mer du Nord
furent informés que la trêve allait être finie et que déjà des barques
et des vaisseaux français, réunis sur les côtes ennemies, se pré
paraient à faire la course; défense était faite aux vaisseaux
anglais de passer la mer ; tous les bâtiments étrangers en séjour
dans les ports anglais devaient être arrêtés et gardés jusqu'à nou
vel ordre, sans excepter ceux qui venaient de la Gascogne2. Des
instructions de teneur analogue furent promulguées le 20 juillet3 ;
puis, le 25, la sévérité de ces mesures se relâcha en faveur des
marchands étrangers, à l'exclusion des Français ; le maire et les
vicomtes de Londres furent invités à les laisser aller4. Le lende
main, 26 juillet, Henri III écrivit aux vicomtes des comtés de
Dorset, Norfolk, Suffolk, Essex, Lincoln, Kent, Sussex, South
ampton, Devon et Cornouailles pour leur annoncer l'envoi de
commissaires royaux, avec le concours desquels ils auraient à
1. Shirley, Royal and other historical letters illustrative of the reign of
Henry 111 (collection du Maître des Rôles), t. I, p. 353-354 ; 5 juillet 1229.
2. Shirley, t. I, p. 354; 17 juillet 1229.
3. Record office. Close rolls; 13e année de Henri III, n' 39, membr. 7 in
dorso; 20 juillet 1229 : « Rex ballivis portus de Sorham, » etc.
4. Shirley, p. 355; 25 juillet 1229. 8 LES PRÉPARATIFS D1UNE INVASION ANGLAISE
faire arrêter tous les vaisseaux rencontrés dans leurs ports ; on
devait s'assurer qu'ils s'y trouveraient à la quinzaine de la Saint-
Michel, prêts à partir dans la direction que le roi leur ferait dési
gner. Pour chaque comté, une liste, rédigée en double expédit
ion, devait porter l'indication de tous les vaisseaux, du nombre
de chevaux que chacun pouvait contenir et des noms de leurs
patrons1.
Le 27 juillet, le roi fit savoir à Renouf, comte de Chester et de
Lincoln, à tous ses comtes et barons, évêques et abbés, que, sur
l'avis de ses vassaux et de certains amis qu'il avait outre-mer, il
avait résolu de se trouver à Portsmouth à la quinzaine de la
Saint-Michel pour s'embarquer; il les convoquait à s'y rendre
tout équipés, chacun avec un nombre donné de chevaliers8. Quels
é

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