Les Rèmes à la veille de la romanisation. Le Porcien au Ier siècle avant J.-C. - article ; n°1 ; vol.11, pg 13-38

Bernard Lambot

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Revue archéologique de Picardie - Année 1996 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 13-38
26 pages

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• Publié par: REVUE_ARCHEOLOGIQUE_DE_PICARDIE
• Publié le: 01 janvier 1996
• Nombre de lectures: 318
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 5 Mo

Extrait

Bernard Lambot
Patrick Casagrande
Les Rèmes à la veille de la romanisation. Le Porcien au Ier
siècle avant J.-C.
In: Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial 11, 1996. pp. 13-38.
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Lambot Bernard, Casagrande Patrick. Les Rèmes à la veille de la romanisation. Le Porcien au Ier siècle avant J.-C. In: Revue
archéologique de Picardie. Numéro spécial 11, 1996. pp. 13-38.
doi : 10.3406/pica.1996.1885
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pica_1272-6117_1996_hos_11_1_1885archéologique de Picardie N° spécial 11 - 19% Revue
LES RÈMES À LA VEILLE DE LA ROMANISATION
LE PORCIEN AU 1er SIÈCLE AVANT J.-C.
Bernard LAMBOT*
avec la collaboration de Patrick CASAGRANDE **
INTRODUCRTION là une image représentative de toute la
Champagne, entité géographique et géologique
Aborder le problème de la romanisation dans une uniforme. Les données récentes recueillies en
région donnée, en l'occurrence la civitas des fouilles préventives et en prospection-inventaire
Rèmes, n'est pas chose aisée (fig. 1). La question combinées à une abondante documentation aérien
est complexe et le choix des critères à retenir peut ne permet de faire une projection crédible sur
prêter à discussion. En effet, la Champagne, tout l'ensemble du territoire.
comme l'Hunsrûk-Eifel, entretient des contacts
commerciaux avec la méditerranée depuis des La seconde moitié du 1er siècle avant J.-C, en
siècles par le grand axe Sâone-Rhône. Après une revanche, nous est moins bien connue et les info
période de régression aux IVème et Illème siècles, rmations récentes sur l'urbanisation des grandes
ce commerce redevient particulièrement actif villes, Reims notamment, ne sont pas encore diffu
dans la seconde moitié du Ilème siècle avant J.-C. sées.
C'est à ce moment que sont érigées les places
fortes qui témoignent d'une nouvelle organisation Cette contribution se veut donc générale et axée
socio-économique des territoires. Le développe principalement sur la ruralité à la charnière du 1er
ment de l'artisanat entraîne une augmentation de siècle avant J.-C. et notre ère (1). En 1982, le co
la production et par induction un développement lloque de Saint-Riquier (Somme) consacré aux
"Villes de la Gaule Belgique au Haut-Empire" jamais atteint du commerce et des échanges.
L'aristocratie foncière de ces territoires, dont la (Revue Archéologique de Picardie, n° 3-4/1984, 317 p.)
richesse est fondée essentiellement sur l'agricultu abordait, timidement, l'origine gauloise des agglo
re et sur l'exploitation du minerai de fer dans la mérations romaines. On pouvait même lire que
région du Titelberg, se fait enterrer avec des objets Metz était le seul exemple reconnu d'une ville
importés. L'illustration de ce commerce intense et romaine installée sur un oppidum gaulois (R evue
du goût des nobles pour les productions italiques archéologique de Picardie, 1984, p. 295). Faut-il encore
est bien marquée dans la vallée de l'Aisne, dans les s'entendre sur ce qui peut être appelé ville : sa
environs de l'oppidum de Château-Porcien, où de superficie, un plan géométrique régulier et un
nombreuses tombes sont connues (LAMBOT 1993, réseau viabilisé, une architecture monumentale,
121-151). Mais ces importations ne se limitent pas une activité commerciale, politique et religieuse ?
aux objets de luxe comme les nombreux fragments En bref, la naissance de la plupart des villes gallo-
d'amphores Dressel I servant au transport du vin romaines de Gaule Belgique était mal connue et
l'attestent. L'adoption précoce de la monnaie par leur éventuelle origine gauloise évoquée du bout
les Rèmes, premier peuple de toute la Gaule des lèvres. Il est remarquable que les protohistor
Belgique à émettre, résulte de ces relations privilé iens, plus particulièrement ceux travaillant sur La
giées et d'une volonté politique. Dans un tel Tène finale, étaient pratiquement absents de ce
contexte il ne fait guère de doute qu'insidieuse débat, il y a une dizaine d'années. Il est évident que
ment la culture latine s'impose et marque la popul les données disponibles étaient bien trop fragment
ation ou tout au moins son élite, d'autant que aires pour aller plus avant, bien que certains part
nombre de commerçants sont d'origine romaine et icipants n'aient pas manqué de souligner la
véhiculent avec eux l'image de leur culture. Les nécessité d'appréhender l'évolution des agglomér
Rèmes, comme les Trévires, n'ignorent rien de la ations, des bâtiments en bois et torchis aux
civilisation romaine avec laquelle ils ont tissé des constructions en dur, et les rapports entretenus par
liens étroits, économiques et politiques et il faut les villes avec la campagne (GOUDINEAU et
avoir ces notions à l'esprit si l'on veut comprendre AGACHE dans les discussions, R.A.P. 1984).
leur attitude pendant la guerre avec Rome et les
* U.M.R 126-6 du CNRS, CRAVO bénéfices qu'ils en tireront.
21 rue des Cordeliers
F-60 200COMPIÈGNE La région du Porden est celle qui se prête le mieux,
dans l'état actuel de la recherche, à l'étude de cette ** Association Aquilea période et il ne fait guère de doute que nous avons F - 08 270 NOVION-PORCIEN
13 100-175
175-250
250-375
'€ m 375 500
Fig. 1 : le territoire des Rèmes.
14 aborderons donc le problème de la romanisa- Nous re bataille face aux peuples belges coalisés se tient
tion chez les Rèmes par la mise en évidence du sur la rive droite de l'Aisne, à proximité de Berry-
au- Bac sur la butte de Mauchamp, "aux confins du substrat gaulois. C'est un "zoom", du général -la
cité rème- au particulier -l'habitat d'Acy-Romance- pays rémois ". Pendant cette bataille, César envoie
que nous proposons ici, en ayant à l'esprit que cette des secours à la "ville des Rèmes nommée Bibrax
démarche est sujette à discussion, "(CÉSAR, B. G. H, Peyre 1978, GOUDINEAU 1994)
qui se trouve violemment attaquée par les Belges. les fouilles restant rares en dehors des sauvetages
sur les grands travaux et en zone urbaine. Les Rèmes ont fait alliance avec César avant même
le conflit et on comprend que ce dernier dépêche
LA SITUATION CHEZ LES RÈMES AVANT LA immédiatement des troupes pour sauver les assié
CONQUÊTE gés, mesure d'autant plus nécessaire que le ravi
taillement de ses légions dépend de ce peuple.
Autant nous connaissions les rites funéraires et la D'autres informations sont fournies par le fameux
culture matérielle des tribus marniennes au Vème texte de César sur les Rèmes et les Suessiones,
et IVème siècles avant J.-C, autant nous étions informations parfois peu claires en ce qui concerne
leurs relations. Il nous dit qu'ils font partie des ignorants de la société gauloise pendant le siècle
précédant la Conquête il y a encore quelques Belges -"les gaulois sont séparés des Aquitains par
années. Les travaux récents ont apporté un certain la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine"- et
nombre de données, toutefois encore insuffisantes nous indique une frontière de leur territoire. Si les
pour proposer une étude de la romanisation sur faits historiques nous sont connus, les lieux
l'intégralité du territoire des Rèmes (Fouilles de M. demeurent incertains, l'influence qu'ils ont pu
Chossenot au Camp de Mourmelon/La Cheppe, avoir sur les populations nous échappe complète
fouilles urbaines de Reims, fouilles de l'habitat et ment. En fait seul le mobilier et les données archéo
des nécropoles d'Acy-Romance, fouilles de Condé- logiques peuvent nous informer sur le rythme de
ces changements. Encore faut-il avoir à disposition sur-Suippe/Variscourt, prospections aériennes,
prospections-inventaires récentes). Aussi examine suffisamment de documents pour proposer un
rons nous plus précisément la vallée de l'Aisne, canevas.
région particulièrement étudiée ces dernières
années. L'apport primordial réside dans les prospections
aériennes qui montrent une dense occupation des
Historiquement l'acte initial, si l'on peut dire, de la plateaux calcaires, les établissements ruraux y
transformation de la société est la guerre que Rome ét