Les structures socio-politiques de la nation libanaise - article ; n°1 ; vol.4, pg 80-104
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Description

Revue française de science politique - Année 1954 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 80-104
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Rondot
Les structures socio-politiques de la nation libanaise
In: Revue française de science politique, 4e année, n°1, 1954. pp. 80-104.
Citer ce document / Cite this document :
Rondot Pierre. Les structures socio-politiques de la nation libanaise. In: Revue française de science politique, 4e année, n°1,
1954. pp. 80-104.
doi : 10.3406/rfsp.1954.452638
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1954_num_4_1_452638Structures Socio- Politiques Les
de la Nation Libanaise
PIERRE RONDOT
C'est au terme d'un développement historique prolongé et
significatif que le Liban aborde la vie politique moderne :
il s'agit d'une nation façonnée par les siècles. On ne saur
ait, sans méconnaître les raisons profondes et les conditions néces
saires de son existence, en juger comme d'une création artificielle
récente.
Toute étude du Liban moderne exige donc, à la fois, un rappel
de son évolution historique et une analyse des éléments sociaux
traditionnels qui continuent de jouer un rôle capital dans sa struc
ture. Ainsi les principes sur lesquels la nation s'est édifiée et con
tinue de subsister apparaîtront plus clairement ; ainsi se justifieront
mieux, dans leur réelle sagesse et malgré d'inévitables imperfections,
les institutions politiques que l'Etat libanais s'est" donné de nos
jours.
I
LE CADRE HISTORIQUE DES PROBLÈMES LIBANAIS
A. Àpsrçy ds résolution historique du Liban
Par sa configuration géographique : une montagne tombant
-ur la mer, le Liban, a de tout temps pu servir dans l'Orient de
refuge avr. r on- conformistes et aux proscrits et leur offrir, vers
i Ocddeno, des possibilités de contact. D'une part, sûreté, indépen
dance, sous condition d'un rutiimum d'entente intérieure et donc
de compromis conservateurs ; de l'autre, secours parfois, voire pour
quelques-uns évasion réelle ou morale, en tout cas relations loin
taines, afflux d'idées nouvelles, progrès. Tout cela sur une base
80 Socio-Politiques du LiboM Structures
territoriale exiguë, ne procurant que ressources et forces limitées,
interdisant tout excès et imposant la sagesse,
Sans remonter aux Phéniciens que cependant invoque parfois
l'idéologie nationale, il faut signaler la naissance progressive de
la personnalité nationale libanaise au sein de ces populations d'ori
gine diverse qui, de l'aube des temps médiévaux jusqu'au début du
xïxe siècle, affirment et au besoin défendent leur autonomie de
fait à l'égard des Byzantins, puis des Arabes, des Mamelouks et
enfin des Ottomans ; ces montagnards sont rassemblés en groupes
tribaux et pseudo-féodaux * qu'à partir du xvi€ siècle dominent et
médiatisent deux dynasties émiraîes successives, elles-mêmes vas
sales de la Porte mais largement autonomes en fait.
Après l'abaissement de la « féodalité » par les Emirs, puis la
destruction de la dynastie émirale en 1840 par la Porte et ses alliés,
enfin de 1 840 à 1 860 une tentative ottomane de prise en mains
directe, la structure socio-politique du Liban est dominée par un
trait majeur : la symbiose séculaire des diverses « communautés »,
groupes de populations de diverses sectes chrétiennes et musulmanes
définies par leur appartenance religieuse et conduites par des chefs
ecclésiastiques dont l'importance politique s'affirme alors 2. Les
Ottomans tentent de fonder leur pouvoir sur la destruction de cette
concorde ; après des troubles sanglants et une intervention des puis
sances occidentales (Î860), le Liban reçoit un statut de province
autonome, fondé surtout sur le partage proportionnel des charges
et des responsabilités publiques entre les communautés.
Libéré en 1918 par la défaite ottomane, le Liban se construit
en Etat distinct sur cette base « communautaire », dont l'agrandis
sement du territoire en Î920 diversifiera et compliquera les données,
î. Sur la notion de tribu, cf. P. Rondot. « Essai sur la tribu dans le Proche-
Orient », Al Macktiq (Beyrouth), juillet-août 1952. pp. 493-498. — Sur les
apparentes analogies d'institutions traditionnelles orientales avec la féodalité,
cf. A.N. Poliak. Feudalism in Egypt, Syria, Palestine and the Lebanon. 1250'
1900, London. î 939, et les remarques, suggestives aussi pour le Proche-Orient,
de G. Marçâis. Les Arabes en Berbérie du XI" au XIVe siècle, Paris-Constan -
tine, 1913, pp. 245-251 et 451-453, et R. Montagne, les Berbères ef_ le Maghzen
dans le Sud du Maroc, Paris, 1930, pp. 358-362 ; bien qu'il s'agisse d'une pseudo-
féodalité, nous emploierons ici, pour simplifier, le terme <c féodaliïé » cui corres
pond d'ailleurs à la pratique locale actuelle. — Sur î'easemble de l'histoirî
libanaise, voir notre thèse, Les Institutions politiques du Liber, de; communaui is
traditionnelles à l'Etat moderne, Paris. 1947. pp. ~-21. No-j? nous excuse ns de
devoir ici, dans un souci d'allégement, renvoyer à nos propres publications anté
rieures.
2. Sur la notion de communauté (maronite, druse, sunnite, etc.) au sens cù
nous l'entendons ici, selon la pratique orientale, voir notre thèse, cp. cit., p. 22.
Les termes « rite » et « secte » sont parfois employés dans le même sens.
81 Pierre Rondoi
mais qui ne cessera pas de se montrer efficace. Le mandat français,
sous le contrôle de la Société des Nations, va veiller, jusqu'en 1943-
1945, parmi diverses traverses, sur le destin du nouvel Etat.
Celui-ci, dénommé d'abord Grand-Liban, est transformé en 1926 en
une République libanaise sous régime parlementaire. Le traité du
13 novembre 1936 aurait dû mettre un terme à la tutelle mandat
aire, mais il est entraîné dans l'échec du traité franco-syrien. L'i
ndépendance du Liban est proclamée formellement par la France
libre îe 26 novembre 1941 ; le 8 novembre 1943, non sans conflit
avec les autorités de tutelle, le Parlement libanais allège la Consti
tution des articles qui prévoyaient l'intervention du mandat ; les
prérogatives du pouvoir sont graduellement transmises au Liban et
le retrait des autorités mandataires et des forces françaises s'achève
en 1946.
Le Liban se consacre alors, durant quelques années, à « vivre »
en quelque sorte sa pleine indépendance, par l'approfondissement
conscient de la symbiose islamo-chrétienne et des grandes valeurs
nationales. Mais dans la mesure même où les problèmes de la nation
sont résolus vont se poser ceux de l'Etat : il s'agira essentiellement
d'amender les institutions à base communautaire, sans toutefois
ébranler prématurément l'armature qu'elles donnent à la nation ;
on devra donc s'efforcer de faire du « pays légal » une image plus
exacte du « pays réel », et de moderniser progressivement la struc
ture et le fonctionnement des organismes nationaux. A partir sur
tout de 1949, l'urgence de ces tâches inspire une opposition qui,
peu puissante d'abord au Parlement, imposera cependant la paci
fique « Révolution de Septembre » (1952) et inspirera un effort de
réforme dont la consultation électorale de juillet-août 1953, sur
bases rénovées, manifeste le premier signe.
B. Le triple problème initia! du Liban moderne (1919)
Le Liban de 1919, émancipé du joug ottoman, pose trois
problèmes qui s'engendrent l'un l'autre. Ce pays doit-il exister
comme entité politique distincte ? Si oui, quels territoires et quelles
populations doit-il contenir ? Enfin, quelle structure lui donner afin
de tenir compte des divers éléments rassemblés ?
L'existence distincte du Liban
Pour la mystique arabe, le Liban n'est guère qu'une minorité
de l'Orient arabe ; il est juste et prudent de l'absorber dans l'unité
82 Socio-Politiques du Liban Structures
arabe, et de le réunir, sous réserve d'une autonomie plus ou moins
étendue, à la Syrie dont il constitue la façade maritime et le débou
ché naturel s.
L'idée arabe ne déplaît pas entièrement, à l'époque, à quelques
intellectuels libanais émigrés 4 ; plus nombreux sont les partisans
d'une certaine communauté libano-syrienne 5 ; mais, devant les
ambitions panarabes, ces derniers se rallient progressivement à

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