Les tensions raciales dans la vie politique en Afrique du Sud - article ; n°4 ; vol.6, pg 833-850
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Description

Revue française de science politique - Année 1956 - Volume 6 - Numéro 4 - Pages 833-850
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Franck L. Schoell
Les tensions raciales dans la vie politique en Afrique du Sud
In: Revue française de science politique, 6e année, n°4, 1956. pp. 833-850.
Citer ce document / Cite this document :
Schoell Franck L. Les tensions raciales dans la vie politique en Afrique du Sud. In: Revue française de science politique, 6e
année, n°4, 1956. pp. 833-850.
doi : 10.3406/rfsp.1956.402723
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1956_num_6_4_402723Les Tensions Raciales
dans la Vie Politique en Afrique du Sud
FRANCK L. SCHOELL
I. L'AFFRONTEMENT DES RACES
EN AFRIQUE DU SUD
II ne saurait être mauvais — - ou plutôt il est indispensable —
au début d'une étude sur les tensions raciales dans l'Union Sud-
Africaine, de rappeler brièvement quel est le dispositif racial dans
le pays et quelles sont les proportions numériques des différents
groupes ethniques.
1. L'Union Sud-Africaine est habitée par 2.900.000 Blancs, ou
« Européens », qui sont l'élément colonisateur. Les deux tiers
d'entre eux sont des descendants de colons néerlandais. Autrefois
connus sous le nom de « Boërs » (c'est-à-dire paysans, fermiers ) ,
ils s'appellent maintenant Afrikaners * et parlent une langue déri
vée du néerlandais, l'afrikaans, qu'ils conservent et cultivent avec
passion. Ils sont l'élément blanc dominant dans les campagnes,
mais depuis le début de ce siècle, ils se sont aussi fixés dans les
villes en très grand nombre.
L'autre tiers de la population européenne se compose de des
cendants de colons britanniques, ainsi que d'immigrants britan
niques de fraîche date et d'une centaine de milliers de Juifs ori
ginaires d'Europe orientale. Cet élément est presque entièrement
citadin.
1. La désignation «Afrikander» est tout à fait désuète et ne s'applique
plus guère qu'à une race bovine du pays. Franck L. ScJwell
C'est la population blanche qui fait la loi, dirige, commande
et administre partout. La banque, les mines, la grande industrie,
le haut commerce sont en général demeurés entre les mains de
l'élément anglo-saxon, mais l'agriculture, presque tous les petits
emplois (contremaîtres dans les mines et l'industrie, employés de
commerce, de chemin de fer, agents de police, etc.) et, depuis 1948,
tout le pouvoir politique, et en conséquence les hauts postes admin
istratifs, sont le fief des Afrikaners.
2. Les 9.300.000 indigènes 2 comprennent :
a) trois millions et demi de Xhosas, de Zoulous, de Bassou-
tos, etc. qui vivent encore sous l'ancien régime tribal dans les
« Réserves » très peuplées de la province du Cap et du Natal,
moins peuplées des deux autres provinces de l'Union, le Transvaal
et l'Etat libre d'Orange ;
b) quelque trois millions d'indigènes qui vivent et travaillent
dans les campagnes sur les terres des Blancs ou dans leurs vi
llages ;
c) deux millions et demi de Noirs qui travaillent dans les villes
(en particulier dans les agglomérations minières) et y vivent soit
à titre permanent (plus d'un million et demi), soit à titre tempor
aire, car ils conservent un pied dans les Réserves. Presque la
moitié de ces citadins temporaires, classés comme « migrants », pro
viennent de territoires extérieurs (Mozambique, Betchouanaland,
Bassoutoland, Souaziland, Rhodésies, Nyassaland). L'autre moit
ié vient des Réserves indigènes sises dans l'Union et ont l'i
ntention d'y retourner. Mais l'attirance de la ville est forte et un
certain nombre d'entre eux réussissent à s'ancrer eux aussi dans
les villes.
3. Un million un quart de Gens de couleur ou Métis 3, fruit du
mélange biologique qui se produisit aux xvne et xvme siècles entre
colons néerlandais et femmes aborigènes ou malaises, habitent la
ville du Cap et les campagnes environnantes. Mais un certain nomb
re d'entre eux se sont aussi transportés dans la partie occidentale
2. En anglais Natives, en afrikaans Naturelle. Mais ils n'aiment pas cette
désignation et s'appellent eux-mêmes simplement « Africains ». Ils n'aiment pas
non plus le terme de « Bantous » qui leur est souvent appliqué parce qu'ils
parlent des langues bantoues.
3. En anglais Coloureds, en afrikaans Kleurlinge.
884 La Vie Politique en Afrique du Sud
de l'immense province du Cap, dans le Transvaal et le Natal, et y
ont essaimé.
4. Il y a enfin dans l'Afrique du Sud 420.000 Indiens ou des
cendants d'Indiens 4. Les trois quarts d'entre eux sont fixés dans
le Natal et en particulier dans le grand port de Durban et
sa banlieue. Ce sont les descendants des Immigrant coolies qui ont
été introduits dans le pays, sous contrat, par les planteurs britan
niques de canne à sucre à partir de 1860. Car ces souf
fraient d'une grave pénurie de main-d'ioeuvre, les Zoulous ne goû
tant pas les travaux agricoles.
IL LES TENSIONS
ENTRE GROUPES ETHNIQUES NON-EUROPEENS
Ce sont donc quatre groupes ethniques très nettement tran
chés qui habitent le pays.
Entre les trois groupes non-européens assujettis aux Blancs, le
préjugé de race est assez fort, comme nous l'a récemment rappelé
l'écrivain métis Peter Abrahams 5.
Mais on ne saurait parler de tension réelle, assez forte pour
comporter des incidences politiques, qu'entre deux groupes : les
Indiens et les Africains. Quel caractère de violence cette tension
peut soudainement revêtir, les sanglantes émeutes dont Durban
a été le théâtre les 13 et 14 janvier 1949 l'ont abondamment
démontré^. Cet antagonisme s'explique aisément. La ville s'était
industrialisée à une cadence vertigineuse, ce qui avait déterminé
un afflux massif de main-d'œuvre indigène. Les Indiens — implant
és depuis plus de deux générations et dont bon nombre étaient
4. Ce terme inclut naturellement les Indiens mahométans, ou descendants
d'Indiens mahométans, qui se rattachent désormais au Pakistan.
5. « Le préjugé est un facteur puissant dans tous les secteurs de la vie
sud-africaine. Les non-Blancs sont dans certains cas aussi bourrés de préjugé
que les Blancs. Le Métis a un fort préjugé contre le Noir et l'Indien ; l'Indien
a un fort préjugé contre le Métis et le Noir ; et le a un fort préjugé
contre les deux autres groupes. Dans le passé, j'avais eu bien des altercations
avec ma propre famille [métisse] pour avoir amené des Noirs dans notre
maison.» Return to Goli («Retour à Johannesburg»), Londres, Faber and
Faber, 1953, p. 50.
6. Bilan: 142 morts (dont 87 indigènes et 50 Indiens); 1.087 blessés (dont
541 indigènes et 503 Indiens); 306 bâtiments détruits; 1.939 bâtiments endom
magés.
835 Franck L. Schoell
propriétaires fonciers — avaient le sentiment d'être « chez eux »
quoiqu'ils se sentissent « opprimés » par les Européens, et ils
détestaient ces « intrus » qui venaient leur faire concurrence dans
certains emplois. Les Zoulous, par contre, dont l'habitat séculaire
était tout proche, se sentaient de plus justes droits de présence
et d'occupation que les Indiens, qui pour eux étaient bien davan
tage encore des « intrus ».
III. LES TENSIONS
ENTRE EUROPEENS ET NON-EUROPEENS
La tension la plus forte est incontestablement entre Blancs et
Indigènes.
Elle se fait encore peu sentir dans les
EUROPEENS ET INDIGENES Réserves, où la vie tribale suit son cours
archaïque sur des terres insuffisantes,
érodées et appauvries, ce qui précisément oblige les hommes à
gagner la ville pour y chercher un gain d'appoint. Tout au plus
constate-t-on des heurts lorsque les commissaires aux affaires indi
gènes s'efforcent d'enrayer le fléau de la surpâture en réduisant le
nombre trop élevé des têtes de bétail, ou encore lorsque la police
exécute des raids pour arracher des plants dissimulés de dagga 7.
Dans les campagnes « européennes », la tension entre Blancs
et Indigènes n'est guère apparente non plus. L'ancien paternalisme
y subsiste, avec ses bons et ses mauvais côtés. Il y a certes des
maîtres brutaux, mais la grande majorité comprend fort bien la
mentalité indigène et traite humainement la main-d'œuvre agricole
ou les locataires.
En revanche, le probl

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