Les Thaï blancs de Phong-tho - article ; n°1 ; vol.18, pg 1-56
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1918 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 1-56
56 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1918
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Capitaine Silvestre
Les Thaï blancs de Phong-tho
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 18, 1918. pp. 1-56.
Citer ce document / Cite this document :
Silvestre . Les Thaï blancs de Phong-tho. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 18, 1918. pp. 1-56.
doi : 10.3406/befeo.1918.5890
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1918_num_18_1_5890LES THAI BLANCS DE PHONG-THO
Parle Capitaine SILVESTRE,
de l'Infanterie coloniale.
Ces notes, prises par l'auteur pendant qu'il tenait garnison à Phong-tho, n'ont pu,
faute de temps, être revues, mises en ordre, et complétées par lui. Au moment de son
départ pour la France, incertain du sort qui l'attendait, il les a confiées à l'Ecole
française d'Extrême-Orient.. Il ne devait pas avoir la joie de prendre part à la lutte
sur le front. Il disparut dans le naufrage de YAthos (17 février 191 7). Encore
qu'elles n'aient pas la mise au point désirable, ces notes sur une tribu peu connue
offrent un vif intérêt ; nous sommes heureux de pouvoir les présenter aux lecteurs du
Bulletin, et nous en adressons ici nos remerciements au père du vaillant officier qui
a bien voulu en autoriser la publication, suprême hommage à la mémoire d'un bon
serviteur de la France.
Nous publions ces notes telles qu'elles nous ont été remises, sauf quelques légères
modifications de forme sans importance. Seule la partie concernant la divination, à
peine esquissée, n'a pu, à notre grand regret, être utilisée.
La Rédaction.
HISTOIRE DE PHONG-THO.
Avant l'arrivée des Français.
Aucun document écrit n'existe sur l'histoire de Phong-tho (Muong So en
thai). C'est à la mémoire des vieillards qu'il a fallu avoir recours pour sa
reconstitution jusqu'à l'arrivée des Français.
La légende rapporte que les Thai seraient venus dans le pays, appelés par
les Sa-man, race qui habitait autrefois les plaines de la région. Cette peuplade
cultivait les rizières basses de quelques vallées et avait la prétention de com
mander à toutes les autres races qui occupaient les montagnes. Personne
d'ailleurs ne reconnaissait son autorité. Son impuissance était surtout due à
ce qu'elle manquait d'union, chaque famille vivant à part et à sa guise. Les
vieillards se réunirent et décidèrent de mettre à leur tête un chef qui command
erait aux Sa-man. Mais personne n'avait les qualités voulues pour faire -un
XVIII, * chef digne de ce nom, et leurs recherches les menèrent loin, dans la direction
du Laos jusqu'à Muong So-loun. En ce point habitait un grand chef thai, très
puissant et très sage. Il avait huit fils, et les envoyés des Sa-man ne crurent
pas pouvoir faire mieux que lui en demander un pour chef.
Le huitième fils consentit à régner sur les Sa-man. Il demandait toutefois
à voir le pays avant de donner une réponse définitive. Son père lui fournit
une escorte de partisans et de notables, et il se mit en route. Plus le voyage
s'avançait, plus le prince faisait triste mine -en contemplant la brousse, les
montagnes arides qui lui faisaient regretter son beau Laos. Il manifesta fin
alement l'intention de s'en retourner; mais les Sa-man, auxquels s'étaient joints
les montagnards, le supplièrent tellement qu'il se décida à tenter l'expérience.
Il n'accepta pas les invitations des montagnards qui désiraient le voir s'installer
près d'eux, et voulut rester dans la plaine. Les populations le suivaient,
prêtes à se conformer à ses moindres désirs, tant elles avaient de crainte de
le voir partir.
On l'amena d'abord près de Ban-mang. Le manque d'eau l'empêcha de se
décider pour ce point. Alors on remonta jusqu'à l'emplacement actuel de
Phong-tho. La vue de la rivière et des belles plaines susceptibles d'être
transformées en rizières le décida, et il jeta son dévolu sur ce pays qui était
encore absolument désert. Ses nouveaux vassaux travaillèrent avec acharne
ment pour l'installer, puis lui demandèrent la permission de retourner dans
leurs villages. Avant de partir ils laissèrent un groupe des leurs chargés de
satisfaire les moindres désirs du chef, mais aussi de le surveiller et de le
retenir si par hasard l'idée lui venait de s'enfuir.
Thai et Sa-man ne parlaient pas la même langue. Les relations étaient dif
ficiles. Le chef s'ennuya et essaya de s'échapper par le pignon de sa case qui
était resté ouvert. Les Sa-man l'arrêtèrent, et à force de promesses réussirent
à le faire rentrer dans sa case dont ils obturèrent le pignon. Pensant que le
chef s'ennuyait seul, ils allèrent au Laos et à grands frais ramenèrent les plus
belles jeunes filles qu'ils purent trouver et qu'ils lui donnèrent pour épouses.
Les femmes thai ne savaient rien faire, pas même commander à leurs servi
teurs. Dans une de ses promenades à Ban-mang, le chef vit combien les femmes
sa-man étaient travailleuses et s'entendaient à conduire leur maison. Il décida
de prendre une épouse de cette race qui dresserait les femmes qu'il avait déjà.
C'est alors qu'il épousa la fille d'un nommé Han-na-Hong ou Ba-kan-Niam qui
a été élevé depuis au rang de génie pour ce service rendu au chef thai.
La nouvelle épouse apprit aux Thai, hommes et femmes, tous les travaux
de la maison et des champs qu'ils ignoraient complètement. Les Thai prospér
èrent, alors que les Sa-man étaient décimés par les maladies et les pirates.
Actuellement on n'en trouve plus qu'une douzaine de familles au village de
Ban-mang, et une centaine dans la région de Muong-la (Chine).
Jusqu'en 1795, les seize châu furent laissés par le roi d'Annam sous le com
mandement d'un chef thai qui résidait à Phong-tho et qui portait le titre de — — 3
koun-koun. Ce mandarin aurait été le trisaieul du ly-trirô-ng de Phong-tho,
Deo-van-An. A sa mort il été remplacé par un mandarin annamite en
résidence à Hong-hoa. Un de ses fils, mécontent de cette mesure et ayant
essayé de faire de l'agitation, aurait été mandé à Hong-hoa et y aurait eu la tête
tranchée.
Le fils aîné du koun-koun ne gouverna plus que le chàu de Chiêu-tan avec
résidence à Phong-tho et le titre de tung-su. Son neveu lui succéda ; mais, à
la mort de ce dernier, il fut remplacé par un fonctionnaire annamite qui prit le
titre- de tri-châu. La famille des Deo fut donc réduite au commandement du
canton de Phong-tho.
Les fonctionnaires annamites ne purent s'habituer au climat de la région..
Le premier mourut après une année de séjour ; son successeur, au bout du
même temps, tomba malade, dut être évacué et périt en route. Le troisième
n'arriva même pas jusqu'à Phong-tho. Saisi par la maladie à Thanh-huyên, il
y décéda. Le quatrième resta à Hong-hoa pendant un an.
Cette rapide succession de mandarins annamites abattus les uns après les
autres par le climat, dans un délai très court, donna à penser au pouvoir central
que les génies s'opposaient à ce que les Thai fussent commandés par d'autres
que les leurs. Un Thai fut donc nommé tri-chàu de Chiêu-tan avec résidence
à Duong-qui. Il s'appelait Nguyên-van-Quang, et fut plus tard nommé quàn-
dao par les Français. Son neveu lui "succéda en qualité de tri-châu et vint
habiter à Phong-tho. Il se rendit rapidement insupportable par ses excès, ses
exigences et ses brutalités. Il dut quitter le pays.
En 1896, le canton de Phong-tho fut rattaché au chàu de Thuy-vi. Il avait
toujours été administré par des descendants du koun-koun. Les Deo d'ailleurs
occupaient toutes les fonctions officielles.
Les chefs de canton dont le nom est encore connu sont Deo-van-Ngan,1 fils
du dernier tung-su, puis, après un successeur inconnu, Deo-thi-Nhi, enfin son
frère Deo-van-Toa. Le dernier chef de canton fut Deo-van-Phu, fils du
précédent, cassé en 19 10.
Jusqu'à notrcarrivée dans le pays tous ces chefs payaient tribut à l'Annam
et à la,Chine. Appelés par le fils de l'ancien chef thai de Hong-hoa; les Chi
nois ravagèrent la région durant plusieurs années et se retranchèrent sur le
mamelon situé au Nord-N

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