Les villes du Pégou aux XIVe et XVe s - article ; n°1 ; vol.37, pg 107-118
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Description

Archipel - Année 1989 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 107-118
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Emmanuel Guillon
Les villes du Pégou aux XIVe et XVe s
In: Archipel. Volume 37, 1989. pp. 107-118.
Citer ce document / Cite this document :
Guillon Emmanuel. Les villes du Pégou aux XIVe et XVe s. In: Archipel. Volume 37, 1989. pp. 107-118.
doi : 10.3406/arch.1989.2565
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1989_num_37_1_2565Emmanuel GUILLON
Les villes du Pégou aux XIVe et XVe s.
La période choisie ici occupe une place très particulière dans l'histoire
de l'Asie du Sud-Est en général, et du Pégou mon en particulier. Elle se
situe à la charnière entre un monde qui finit avec le XIIIe siècle, et une
modernité qui va commencer à s'ébaucher, avec le XVIe siècle.
Cette époque des XIVe et XVe siècles, que les historiens anglais ont qual
ifiée, d'un terme par ailleurs discutable, de «médiévale» est marquée, en
ce qui concerne la Basse-Birmanie, par une stabilité institutionnelle indis
cutable. Une culture originale y brille sans partage, dont le rayonnement
se fait sentir sur les cultures voisines, tant dans les domaines religieux et
artistique que juridique et littéraire.
Les trois embouchures. - Les premiers voyageurs européens ont pris l'hab
itude de nommer «Pégou» (du nom, déformé, de la ville) toute la région
côtière de la Basse-Birmanie (400 km de long sur 200 en profondeur envi
ron) qui va du sud de l'actuelle Moulmein et de la chaîne du Tenasserim
(à l'est jusqu'à la côte ouest du delta de l'Irraouaddi, et, au nord jusqu'à
la chaîne du «Pegu Yoma» (d'après son nom birman actuel). Ainsi défini
le Pégou comptait trois estuaires, dont les tracés se sont d'ailleurs modif
iés depuis, celui de la Salouen, de la Sittang et de l'Irraouaddi, et trois
ports maritimes, d'inégale importance : Bassein, Syriam (près de l'actuelle
Rangoun) et Martaban.
Située entre le 16° et le 20° parallèle, cette zone tropicale océanique
a toujours été marquée par de très fortes moussons, de juin à octobre; la
pluie, continuelle pendant plusieurs mois, forme de 2,5 m à 5 m de précipi- 108
tations par an, selon les endroits. Faite de marécages et de mangroves dans
le delta, la végétation est à l'intérieur des terres celles des forêts tropical
es sempervirantes, composées de diptérocarpées, de bambous et d'épiphy-
tes. Le sol, pourvu de faibles et rares eminences (généralement sacralisées
depuis des temps fort anciens), est couvert d'une terre riche en alluvions
et propice à la rizière inondée; nature généreuse, excessive, que hantait
une faune sauvage abondante.
Les voies de communication, outre les fleuves et les rivières, emprunt
aient (et empruntent toujours) les chaussées naturelles légèrement suré
levées qui longent les piémonts. Elles partaient des royaumes de la côte
pour rejoindre, au nord, les mines de pierres précieuses et de jade de l'actuel
Etat Shan du Nord, puis le Yunnan, ou, à l'est, les mines d'étain du nord
de la Péninsule malaise, ainsi que les forêts de teck situées entre la Salouen
et la Sittang. Cette région se trouve au coeur de l'aire naturelle du teck,
qui s'étend de la partie occidentale de la Thaïlande actuelle au Bengale,
pour s'arrêter, au sud, à la Péninsule malaise. La route de l'est rejoignait,
enfin, par des passes et des gués, les royaumes du monde thai.
Les vents de mousson favorisaient en avril/mai la navigation à voile,
depuis le sud de l'Inde et Ceylan, et, de novembre à février, le trajet inverse.
Le Pégou était en relation, par mer également, avec le Bengale et la région
de l'Orissa, ainsi qu'avec la Presqu'île de Malaka (avec un relais souvent
cité par les navigateurs arabes au port de Tenassérim), puis avec Sumatra
et Java, comme l'attestent l'existence, dans les ports de ces îles, de
Pégouans commerçants. Cependant la zone n'était encore qu'assez peu peu
plée : le delta de l'Irraouddi ne sera pas vraiment exploité, avec des moyens
mécaniques rudimentaires, avant le XVIIIe siècle. Traditionnellement, la
population se trouvait répartie en 96 bourgades.
Les «trois cités» (pi dun). - Le peuplement du Pégou est fort ancien, quoi
que les trouvailles archéologiques, dispersées sur toute l'aire, aient été peu
nombreuses, du fait, principalement, de l'absence quasi totale de fouilles
depuis un siècle. Les rares sondages qui ont été tentés, comme au village
de Winka (au nord de Thatôn), en 1975, ont été rudimentaires, et destruc
teurs. La région constituait, à l'aube de l'histoire connue, c'est-à-dire au
moment du démembrement du Fu-nan (moitié du IVe siècle de notre ère),
la partie occidentale d'un ensemble politique cité par les Annales chinoises
sous le nom de Tun-sun («les cinq cités», en proto-môn) et qu'on peut situer,
à la suite des travaux de P. Wheatley, au nord de la Péninsule malaise,
de part et d'autre de celle-ci.
Plus tard, l'histoire politique et plus encore l'histoire religieuse ont retenu
l'existence, avant le XIe siècle, d'une cité importante, Thatôn, de son vrai
nom Sudhammavati, dont le plan hypothétique a été naguère restitué par 110
le grand historien de la Birmanie, G.H. Luce W. Il s'agissait d'une ville for
tifiée, entourée de deux murailles séparées par un fossé, ayant la forme
d'un rectangle aux angles arrondis, de 2 500 m sur 1 600; le palais royal
était au centre, et la ville était également port de mer. C'est cette ville mône
qui aurait été mise à sac par le roi birman Anawratha et dont il aurait
emmené captifs à Pagan le roi et toute la Cour. Il est fait mention par ail
leurs, dans les Chroniques locales, d'autres cités anciennes, aujourd'hui
enfouies dans la forêt : ainsi d'une «cité des femmes» (brauvati). Mais aucune
n'a été mise à jour.
La tradition, entretenue par les Chroniques birmanes et mônes, veut
que la première ville de Pégou ait été fondée en 573 de notre ère, et qu'une
deuxième fondation ait eu lieu en 825. Rien, dans l'état actuel de nos con
naissances, ne permet d'infirmer ni de confirmer ces dates, si ce n'est l'exi
stence d'une inscription retrouvée sur le site, datable des VIIe-VIIIe siècles.
Quoi qu'il en soit, dès avant la fin du royaume de Pagan (1387), les royau
mes môns de Pégou avaient retrouvé leur autonomie, grâce notamment
à l'émergence d'une nouvelle dynastie à Martaban. Tout au long de leur
existence, ces royaumes - et la tradition se perpétue de nos jours dans
des textes môns imprimés (2) - constituaient un ensemble tripartite, appelé
les «trois cités» ou les «trois royaumes», dont la constitution topographi
que a varié, mais qui se présentait comme un modèle territorial et politi
que. Il est possible que cette division en trois entités liées entre elles cor
respondait à une division clanique archaïque, progressivement remplacée
par un système d'alliances entre plusieurs familles princières, dont il res
tait des descendants encore aux XVII-XVIIIe siècles. Chaque royaume était
constitué en théorie de 32 duh, cités ou fiefs : ces trois ensembles étaient
ceux de Martaban, Bassein et Hamsavati (c'est-à-dire Pégou; le terme a
ensuite été birmanisé en Hanthawaddi, et est maintenant abandonné). Les
capitales de ces petits royaumes étaient, ou ont été, à différentes reprises,
les principaux ports maritimes de la région.
Par ailleurs cette division tripartite correspondait aussi à une division
géographique : celle des trois embouchures, et donc à une division écono
mique et stratégique, car celles-ci commandaient l'accès, par les trois fleu
ves, aux terres intérieures. Enfin elle correspondait également à une struc
ture sacrée du territoire, si l'on admet que les embouchures, comme les
affluents, ont eu à haute époque une valeur religieuse.
Martaban
Cette importante cité, appelée en mon Mutma, ou Matma («le fil du
rocher»), et dont le nom est cité sur une inscription du IXesiècle (3), a joué
un rôle prépondérant durant la période qui nous occupe. C'est en effet 

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