Lettres inédites de Catherine de Bourbon, princesse de Navarre, recueillies par Ernest de Fréville [premier article]. - article ; n°1 ; vol.18, pg 127-152
27 pages
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Lettres inédites de Catherine de Bourbon, princesse de Navarre, recueillies par Ernest de Fréville [premier article]. - article ; n°1 ; vol.18, pg 127-152

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1857 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 127-152
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1857
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sainte-Marie Mévil
Ernest De Fréville
Lettres inédites de Catherine de Bourbon, princesse de Navarre,
recueillies par Ernest de Fréville [premier article].
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1857, tome 18. pp. 127-152.
Citer ce document / Cite this document :
Mévil Sainte-Marie, De Fréville Ernest. Lettres inédites de Catherine de Bourbon, princesse de Navarre, recueillies par Ernest
de Fréville [premier article]. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1857, tome 18. pp. 127-152.
doi : 10.3406/bec.1857.445468
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1857_num_18_1_445468j s
LETTRES INÉDITES
DE
CATHERINE DE
BOURBON,
PRINCESSE DE NAVARRE,
recueillies par Ernest de Fréville \
L'existence de Catherine de Bourbon 2 est vraiment singulière.
Fille de Jeanne d'Albret, reine de Navarre, et d'Antoine de Bour
bon, duc de Yendôme , sœur d'Henri IV , elle naquit à Paris 3
le 7 février 1558. Elevée au milieu des discordes religieuses
et des guerres civiles, et instruite par sa mère dans la croyance
protestante , cette princesse fut , pendant toute sa vie , en lutte
entre son devoir et ses affections , entre son bonheur et sa cons
cience. Dans cette alternative continuelle , elle n'hésita-jamais, et
son âme énergiquement trempée résista à la fois et aux conseils
et à l'exemple d'un frère tendrement aimé, et brava les prières ,
les injonctions et les frayeurs d'un mari catholique et amoureux.
1 . Notre regrettable confrère avait commencé un nombre assez considérable de tra
vaux, très-différents, que le mauvais état de sa santé ne lui avait pas permis d'achever.
Parmi ses manuscrits, nous avons trouvé les matériaux d'une collection des Lettres
de Catherine de Bourbon qu'il préparait depuis plusieurs années. Nous croyons
faire plaisir à nos lecteurs en publiant dans notre recueil un certain nombre de ces
lettres, qui attendront longtemps encore un éditeur aussi distingué que M. de Fréville.
2. Princesse de Navarre , duchesse d'Albret, comtesse d'Armagnac et de Rodez ,
vicomtesse de Limoges et de Fezenzaguet, etc. — Les romanciers se sont emparés de
la vie de Catherine de Bourbon. Au dix-huitième siècle, Mademoiselle de la Farce publia
les Mémoires historiques de la duchesse de Bar, réimprimés depuis sous le titre
A' Histoire secrète , etc., 1703, in-12. Voy. Bibl. hist, de Fr., t. IT, n° 25593, etc.
n° 7, l'aile de 3. La reine Jeanne d'Albret occupait alors, rue des Francs-Bourgeois,
la maison située entre la deuxième cour et le jardin. Au premier étage, au-dessus de
l'entre-sol, il y a encore un salon du temps de la reine Jeanne , décoré de peintures et
de panneaux en laque et de glaces, auquel on n'a point touché. 128
Sacrifice continuellement offert à la froide politique, Catherine
se vit tour à tour recherchée par le duc d'Alençon, par Henri III,
par le duc de Lorraine , par le roi d'Espagne , par le prince de
Condé, par le comte de Soissons et par le duc de Montpensier * ;
et après tant d'alliances illustres projetées puis rompues, la rai
son d'État la livra au duc de Bar , malgré les dernières recom
mandations de Jeanne d'Albret 2, l'amour du comte de
Soissons, malgré les larmes de Catherine, malgré sa religion.
I.
Catherine enfant fut ramenée dans le Béarn , où elle grandit à
côté de son frère. C'est là qu'au milieu des montagnes de ce
beau pays, elle s'habitua à vivre d'une vie rude et frugale. C'est
là encore qu'elle reçut, sous l'influence de sa mère, les enseigne
ments des ministres réfugiés à Pau, et quelle puisa dans leurs
leçons celte volonté, dirai-je cet entêtement , qui devait tant
contribuer aux douleurs de son existence, en la rendant, auprès
de son frère et de son mari , la protectrice des persécutés de son
parti et de sa religion 3 .
Lorsque le mariage projeté d'Henri et de Marguerite de Valois
fut sur le point de s'accomplir, la reine Jeanne d'Albret, suivie
de sa fille, quitta son royaume pour se rendre à Paris. Arrivée
à Tours , la jeune princesse écrivait au roi son frère :
« Monsieur, j'ai veu Madame que j'ay trouvé fort belle, et eusse
« bien désiré que vous l'eussiés veue. Je luy ay bien parlé pour
« vous, qu'elle vous tint en sa bonne grace, ce qu'elle m'a pro-
1. Abrégé de l'histoire, de J.-A. de Thou, par Rémond de Sainte-Albine, t. IX,
293, note a.
2. « Lui commandant aussi expressément de prendre la tutelle et défense de madame
Catherine, sa sœur, lui servant après Dieu de père, protecteur et conducteur..., de la
faire nourrir en Béarn jusqu'à ce qu'elle soit en aage d'estre mariée avec un prince de
sa qualité qui /ait profession de la vraie religion, en laquelle elle est nourrie,
qui craigne Dieu, etc. » Porter. Fontanieu, 324, et ms. franc. 9438.7, provenu de De
Mesmes. Bibliothèque imp.
3. 1597, 17 janvier. Délibération du parlement de Rouen sur les réformés. Il y est
dit que Madame, sœur du roi, « trouvoit fort estrange de vouloir priver les réformés
de sépulture, estant ung acte et espèce d'inhumanité. » Registre secret du parlement
de Normandie, 1597, fol. il, archives delà cour impériale de Rouen. Voyez, sur l'i
ntervention de Catherine dans les querelles de religion entre le cardinal Duperron et les
ministres protestants, les Œuvres de Duperron. Paris, 1662, fol., p. 309etsuiv. 129
« mis. Et m'a fait bien bonne chère, et m'a donné un beau petit
« chien que j'aime l. »
Les prières de Catherine eurent , on le sait, bien peu d'effica
cité, car sa nouvelle sœur, son égale en esprit et en talent, sa
souveraine en beauté , ne sut pas respecter la foi conjugale et
donna au monde le spectacle scandaleux d'amours faciles et chan
geantes.
Bevenue dans son pays, qu'elle ne devait plus quitter de long
temps 2, la princesse fut, en 1577, déclarée, par son frère, ré
gente du royaume de Navarre, et sous ses ordres Bernard de Mon-
sr de Bénac, succéda à Miossens, comme lieutenant général taut,
de Béarn 3 . Catherine prit dès lors une part active à l'adminis
tration 4, et veilla avec la plus grande sollicitude, pendant les
guerres de la Ligue, à la défense du pays. La correspondance
dont nous publions ici des fragments et qu'elle échangeait jour
par jour avec M. de Saint-Geniès, M. de Poyanne, M. de Mes-
lon, M. d'Jixpalungue et les autres officiers d'Henri IV, donne
de précieux renseignements sur les divers mouvements des partis
ennemis, et montre en même temps la vigilance et les soins de
la régente.
Généreuse toujours, elle accueillait les proscrits de tous pays et
leur ouvrait son palais. Antonio Pérez, fugitif et exilé, y trouva
un asile assuré contre la colère et les vengeances de Philippe II,
son ancien maître 5 .
II.
Ce fut vers 1587 que commencèrent les amours de Catherine
et de son cousin Charles de Bourbon, comte de Soissons, qui, si
1. 21 février 1572. Mss. Dupuy, 211, fol. 33. Ces mots sont écrits au bas d'une
longue et importante lettre de Jeanne d'Albret à son fils, datée de Tours. Ce sont peut-
être les premières lignes qu'ait tracées Catherine de Navarre.
2. Elle resta en Béarn jusqu'au 10 octobre 159'2.
3. Essai sur le Béarn, par Faget de Bours, p. 465.
4. 1581. Instructions originales signées Henri et Catherine, données aux ambass
adeurs qu'ils envoient vers la reine d'Angleterre, curieuses pour l'article du com
merce. Arch. del'Emp., к. 101, n° 17. Le numéro 26 de la même liasse renferme une
■procuration, donnée le 1er juin 1581, par Catherine au sieur du Plessis, conjointement
avec le roi de jSavarre, son frère.
5. Mignet, Journal des Savants, Ш 5, avril, p. 211, et Antonio Perez, edit.
in-ГЛ, p. 295.
Voy. aussi Fonfanieu, portef. 439-440 . et manuscr. franc. 9141, fol. a. 30 1
l'on en croit le portrait * , était un brillant cavalier et d'une grande
élégance. Le roi de Navarre , désireux d'attacher à son parti
un seigneur aussi influent , sembla d'abord le favoriser et parut
même disposé à consentir au mariage ; mais il changea bientôt
de système, et, prétendant avoir à se plaindre du comte de
Soissons, il ne songea plus qu'à traverser les desseins des deux

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