Madame la comtesse de Maure et mademoiselle de Vandy (troisième article). - article ; n°1 ; vol.15, pg 489-515
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1854 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 489-515
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1854
Nombre de lectures 3
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Victor Cousin
Madame la comtesse de Maure et mademoiselle de Vandy
(troisième article).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1854, tome 15. pp. 489-515.
Citer ce document / Cite this document :
Cousin Victor. Madame la comtesse de Maure et mademoiselle de Vandy (troisième article). In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1854, tome 15. pp. 489-515.
doi : 10.3406/bec.1854.461850
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1854_num_15_1_461850T, .
M""
LA COMTESSE DE MAURE
ET
ME
DE VANDY.
( Troisième article '. )
A peu près vers 1660, la comtesse de Maure, sans changer de
caractère et d'humeur, changea sa vie. Elle vieillissait ; sa santé
s'altérait de plus en plus. Sa fortune, à ce qu'il paraît, s'était fort
ressentie du peu d'ordre de sa maison. Mademoiselle de Vandv
avait un asile à la cour de Mademoiselle. La distance de la place
Royale à Port-Royal, où madame de Sablé s'était retirée depuis
plusieurs années, était fort pénible à son amitié et à sa paresse.
Par tous ces motifs, elle se décida à aller loger aussi dans le
faubourg Saint-Jacques, et elle y demeura jusqu'à sa mort.
C'est à peu près vers ce temps que le docteur Valiant entrait
chez madame de Sablé en qualité de médecin, de secrétaire, d'in
tendant, de factotum. Le curieux docteur, au lieu de brûler les
lettres que recevait la marquise, les retenait, les mettait en ordre
et les conservait pour la postérité. Il est bien à regretter qu'il ne
soit pas entré plus tôt au service de madame de Sablé. Nous pos
séderions bien des lettres d'un tout autre style; mais il faut bien
nous contenter de ce que nous avons. La comtesse de Maure et ma
dame de Sablé, vivant dans le faubourg Saint- Jacques, aussi près
l'une de l'autre qu'elles étaient place Royale, et se voyant sans
cesse, s'écrivaient encore fort souvent, mais seulement pour la né-
1. V. plus haut, p. 109 et 313.
V. (Troisième série.) 33 490
cessité du jour et sur quelque incident de santé ou d'affaires. C'était
dans le tète-à-tète qu'elles mettaient les choses un peu import
antes, leurs sentiments et leurs pensées. D'ailleurs, nous n'avons
que les lettres de la comtesse de Maure ; et encore elles sont très-
courtes , et l'écriture en est souvent indéchiffrable. Cependant,
dans ces billets, la plupart du temps insignifiants, nous avons pu
surprendre plus d'un trait piquant, plus d'un renseignement cu
rieux sur le caractère et les habitudes des deux amies , et aussi
sur les personnes qu'elles voyaient encore , parmi lesquelles
étaient quelques hommes célèbres et des dames du plus haut rang.
Les lettres de la comtesse de Maure, dont il nous reste à rendre
compte, se trouvent à la Bibliothèque nationale, parmi les pa
piers de madame de Sablé, au t. VTI des portefeuilles de Valiant,
p. 238 à 332; elles sont au nombre de cinquante à soixante,
toutes inédites, la plupart autographes sans être signées, et j
amais datées , excepté de temps en temps par Valiant lui-même.
Elles parcourent à peu près trois années, de 1660 a 1663. Il n'y
en a point qui remonte avant 1660, excepté cette lettre de ja
lousie que mademoiselle d'Attichy écrivit à madame de Sablé en
1632, et que nous avons publiée 1, lettre qui n'est point auto
graphe et dont la copie semble avoir été conservée à dessein par
nïadame de Sablé comme un cher souvenir d'une époque déjà bien
éloignée et d'une amitié extraordinaire.
Cette amitié n'avait fait que s'accroître avec l'âge, et en 1660
madame de Maure écrit encore des douceurs à madame de Sablé.
Elle se sert avec elle de mots de tendresse qui ne seraient pas
aujourd'hui sans ridicule : elle l'appelle Mamour, ce qui nous fait
penser que Mademoiselle a reproduit au naturel le langage et
les manières caressantes de la comtesse , lorsqu'elle lui fait dire
à mademoiselle de Vandy : « Ah petite ! ah mignonne! » Le
même ton se retrouve dans toute cette correspondance.
Il est bien certain qu'elle avait quitté la place Royale et habit
ait le faubourg Saint-Jacques, puisqu'en parlant dece faubourg
elle écrit toujours : Ce quartier-ci , et que plus d'une fois elie
dit qu'elle a fait ou qu'elle va faire des visites à la place Royale.
Elle n'y demeurait donc plus. D'un autre côté, nous voyons
qu'elle écrit à madame de Sablé presque toujours à Port -Royal,
mais quelquefois aussi à Auteuil ou lorsqu'elle revient d'Auteuil,
1. V. le premier article. í 49
nouvelle preuve de ce que nous avions déjà pu apprendre, par
plusieurs lettres de la marquise, qu'en 1661 ou 1662, enveloppée
elle-même dans les persécutions exercées contre Port-Royal,
elle alla s'établir un été à Auteuil, et passer quelques jours aussi
à l'hôtel de Longueville et à l'hôtel de Rambouillet.
Nous ne grossirons pas nos extraits d'une foule de passages
qui démontrent que la comtesse de Maure, sans pousser aussi
loin que madame de Sablé le goût des friandises, des confitures
et des mets recherchés, avait cependant profité à son école, et
que surtout elle pouvait rivaliser avec elle pour les soins qu'elle
prenait de sa santé, et pour la crainte du froid, du chaud, du
vent, de l'air ; elle a en quelque sorte la passion des médecines,
et elle va jusqu'à s'étonner que madame de Sablé se porte si
bien en faisant aussi peu de remèdes. Nous passons sur ces dé
tails fort peu intéressants, sur lesquels Tallemant a épuisé la rail
lerie, et que Mademoiselle a relevés avec une indulgente plai
santerie. Nous nous bornerons à tirer de la page 306 de notre
manuscrit ce très-petit renseignement, que Renaudot était le mé
decin de la comtesse, comme Valiant celui de la marquise.
Disons encore, sans y insister, que le temps n'avait pas changé
le caractère ombrageux et l'humeur processive du comte de
Maure. Il est sans cesse occupé à démêler ses affaires, qu'il em
brouille sans cesse. Tallemant dit que sa femme, dans ce style
de tendresse que nous lui connaissons, l'appelait le Bon. Il l'était
probablement, mais cela ne l'empêchait pas d'être mécontent de
tout le monde et assez tracassier. Sa femme, par nature et par
condescendance, entrait dans ses soucis; elle partageait avec lui
le soin des sollicitations auprès des juges; et elle ne se faisait
pas faute de mettre à contribution la complaisance de madame
de Sablé et de tous ses amis.
Us en étaient venus à cette fâcheuse extrémité d'avoir besoin
d'une pension. Madame de Sablé en avait une depuis longtemps,
et c'avait été justice, car elle n'était pas riche et elle avait habi
lement et utilement servi le roi pendant la Fronde, elle et toute
sa famille. Nous avons vu qu'il n'en avait pas été ainsi du comte
et de la comtesse de Maure. Celle-ci été dans sa jeunesse
une des filles de la reine , elle pouvait donc prétendre à une pen
sion ; mais, au lieu de la demander comme une grâce, il parait
qu'avec sa fierté ordinaire elle la réclama comme une dette. Elle 492
fit agir auprès de la reine mère madame de Chevreuse, et madame
de Sablé de le Tellier. Toutes ces sollicitations échouèrent.
La comtesse de Maure s'en prit à tout le monde , excepté à ma
dame de Sablé ; elle accusa la reine d'ingratitude , et se plaignit
surtout de madame de Chevreuse, qui ne lui sembla pas avoir
mis assez de zèle dans cette affaire et convenablement parlé à la
reine, réservant son crédit pour elle-même et pour le marquis de
Laigues, son dernier amant.
P. 3i 4. « J'oubliai hier, ma chère Mamour, de vous prier de ne
pas faire le moindre semblant à M. de Maison (l) de ce que je vous ai
dit que j'ai fait avec M" de Cheuvreuse, ni que je songe en façon du
monde à cette affaire là. Je serai bien aise , la chose ne réussissant
pas, qu'il ne croye point que j'y aye davantage songé; et dans la vé
rité je crois plustost qu'elle ne réussira pas , soit que la dame n'en
parle pas comme il faut, soit par l'humeur où est présentement la
Reine ; mais pourvu que la dame parle je serai satisfaite , parce que
mon bu

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