Malthus devant les insulaires du Pacifique - article ; n°68 ; vol.36, pg 159-164
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1980 - Volume 36 - Numéro 68 - Pages 159-164
Mieux que toutes les autres, les sociétés insulaires du Pacifique, la tahitienne notamment, semblent se prêter à une vérification des thèses de Malthus. Cette mise à l'épreuve se heurte toutefois à une première difficulté : les chiffres de population ont donné lieu aux estimations les plus discordantes à la fin du XVIIIe siècle. En ce qui concerne la pratique de l'infanticide dont Malthus faisait l'un des principaux freins à l'expansion démographique, il ne semble pas qu'elle ait eu l'extension qu'à lui prêtait.
Quant aux « guerres tribales », deuxième mécanisme régulateur invoqué, elles n'ont pu produire d'effets sensibles sur la démographie qu'après des contacts prolongés avec les Européens, lorsque l'introduction des armes à feu, l'intervention de mercenaires étrangers et l'adoption d'une politique nouvelle d'hégémonie leur eurent donné un caractère d'extermination inconnu jusqu'alors. Ce n'est donc pas là un trait structurel.
Enfin, la liberté des mœurs sexuelles a été généralement mal interprétée, tant par les premiers voyageurs que par Malthus. En tout état de cause, les travaux modernes sur la fécondité suggèrent que cette licence prétendue aurait eu des conséquences tout autres.
En définitive, c'est le modèle même de système clos qui paraît arbitraire en face des sociétés du Pacifique. C'est ainsi que Malthus croyait les techniques de navigation autochtones trop imparfaites pour autoriser une émigration et qu'il imaginait l'agriculture locale incapable d'assurer une alimentation régulière. Sur ces deux points il se trompait lourdement. Que le nombre des habitants du Pacifique ait pu tripler entre 1900 et 1956 sans changement de leurs ressources vivrières suffit d'ailleurs à montrer que la « Loi de la Population » n'est pas une loi.
Better than all others, the island societies of the Pacific, especially the Tahitian, seem to lend themselves to an examination of Malthus' theses. However, putting this to the test comes up against a first difficulty: very conflicting estimates of the population at the end of the 18th century. As for the practice of infanticide, which Malthus put forward as one of the main brakes on demographic expansion, it does not appear to have been as widespread as he assumed. As for tribal wars, the second regulating mechanism put forward, they did not have much effect on demography until after prolonged contacts with Europeans, when the introduction of firearms, the intervention of foreign mercenaries and the new policy of supremacy gave them a character of extermination unknown until then. So that this is not a structural feature.
Lastly, the liberty of sexual mores was generally wrongly interpreted, as much by the first travellers as by Malthus. In any event, modern works on fertility suggest that this supposed licence would have had quite different consequences.
In the end it is the very model of a closed system which seems arbitrary when looking at societies of the Pacific. Malthus believed that emigration was not possible because the techniques of autochtonous navigation were inadequate, and that the local agriculture was not capable of ensuring regular food. On these two points he was much mistaken. Indeed, the fact that the number of inhabitants in the Pacific tripled between 1900 and 1956 without a change of their food resources is enough to show that the Law of Population is not a law.
6 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Michel Panoff
Malthus devant les insulaires du Pacifique
In: Journal de la Société des océanistes. N°68, Tome 36, 1980. pp. 159-164.
Citer ce document / Cite this document :
Panoff Michel. Malthus devant les insulaires du Pacifique. In: Journal de la Société des océanistes. N°68, Tome 36, 1980. pp.
159-164.
doi : 10.3406/jso.1980.3033
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1980_num_36_68_3033
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