Mémoire sur le régime des terres dans les principautés fondées en Syrie par les Francs à la suite des croisades (quatrième et dernier article). - article ; n°1 ; vol.15, pg 409-429
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mémoire sur le régime des terres dans les principautés fondées en Syrie par les Francs à la suite des croisades (quatrième et dernier article). - article ; n°1 ; vol.15, pg 409-429

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1854 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 409-429
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1854
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Auguste Arthur Comte Beugnot
Mémoire sur le régime des terres dans les principautés fondées
en Syrie par les Francs à la suite des croisades (quatrième et
dernier article).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1854, tome 15. pp. 409-429.
Citer ce document / Cite this document :
Comte Beugnot Auguste Arthur. Mémoire sur le régime des terres dans les principautés fondées en Syrie par les Francs à la
suite des croisades (quatrième et dernier article). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1854, tome 15. pp. 409-429.
doi : 10.3406/bec.1854.461848
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1854_num_15_1_461848MÉMOIRE
SUR
LE RÉGIME DES TERRES
DANS LES PRINCIPAUTÉS
FONDÉES EN SYRIE PAR LES FRANCS
A LA SUITE DES CROISADES.
(Quatrième et dernier article
§ TOI.
De la classe des cultivateurs.
Une classe de la société que les Francs désignaient par les
qualifications de villani, rustici , casati , peuplaient les casaux
et cultivaient les terres qui en dépendaient. L'origine et la con
dition de ces paysans sont faciles à déterminer.
Les vilains étaient, par leur origine ou leur religion , Syriens
ou Arabes 2; mais la plug grande partie appartenait à la pre
mière de ces nations et formait la race indigène du pays, celle
qui « dès les temps antiques,» dit Jacques de Vitry J, «a habité et
1. Voy. le volume précédent, p. 529, et plus haut, p. 31 et 236.
2. Dans une chatte de Baudouin III , de l'an 1155, l'origine des vilains de divers
casaux est suffisamment indiquée par leurs noms propres. On y lit qu'une revendicat
ion a été intentée par la reine Mélissende contre les vilains du casai de Belhsiuie :
videlicet Selmen filio Maadi , Habderhamen, Selim, Ifasem , Nasen, Mekeden,
Seleemen, Sade, Brahin, Kannet, Nasser, Hariz, Mahmut, etc. Il est évident
que ces vilains étaient des Arabes. Pius bas nous lisons : ■< Iluic eiiam concessioni et
confirmationi mee Surianos de Calandria ■■ Cosmas, Semhan , Samuel , lhanna,
Meferreg , Gerges, etc. » De Rozière, p. 95, n. 52.
3. C. lxxiv, p. 1089.
V. (Troisième série.) 28 410
cultivé cette terre sous l'autorité de ses divers maîtres , Ro
mains, Grecs, Latins, Barbares , Sarrasins et Chrétiens, subis
sant pendant longtemps et avec des chances variées le joug de
la servitude; partout esclaves , toujours tributaires, les Syriens
sont réservés pour les travaux de l'agriculture et les autres ser
vices inférieurs. »
La longue domination des Arabes exerça sur les mœurs et les
croyances religieuses de la population syrienne une puissante
influence, sans cependant la détacher complètement de la rel
igion chrétienne. Lorsque les croisés s'emparèrent de la Syrie,
ils se trouvèrent au milieu d'un peuple qui, en majorité, ob
servait les rites et les coutumes des Grecs dans les offices divins
et dans les affaires spirituelles, et qui témoigna dès le principe,
contre les prélats européens une aversion que le temps ne iit
qu'accroître. Les Syriens obéissaient aux évêques francs par
crainte ; mais au fond ils les regardaient comme des excommun
iés. «Ils ne témoignent aucun respect pour nos sacrements, «
dit Jacques de Vitry \ «et ne veulent passe lever lorsque nos
prêtres portent le corps du Seigneur pour visiter les malades. »
La communauté de religion ne rapprocha pas des Francs la po
pulation syrienne. Cependant , malgré les accusations dirigées
par Jacques de Vitry contre les Syriens , ils n'en étaient pas
moins placés par la loi 2 et par l'opinion immédiatement après
les Francs et au-dessus des Grecs et des Sarrasins.
Les cultivateurs arabes étaient surtout nombreux dans les
fiefs et les terres qui bordaient la frontière de l'Est. Nous ne
saurions dire dans quel rapport exact ils s'y trouvaient, quant
au nombre, avec les Syriens chrétiens ; mais ces deux races,
hostiles l'une à l'autre par tant de motifs, obéissaient à la même
volonté et à la même impulsion aussitôt qu'il s'agissait de miner
la puissance de leurs nouveaux maîtres ou de lui porter quelque
coup. Au surplus, les paysans syriens, auxquels on ne peut
3 reproche à attribuer les vices raffinés que Jacques de Vitry
toute leur nation , et qui n'existaient réellement que chez les
habitants des villes, étaient résignés, laborieux, intelligents,
et par un traitement moins dur et moins injuste les Francs se
les seraient facilement attachés.
1. C. lxxiv, p. Í090.
2. Philippe de Navarre, с lxii, p. 533.
3. Jacques de Vitry, с lxxiv, p. 1089. 411
Leur condition était incomparablement plus mauvaise que
celle des esclaves voués au service de la personne ou de la mai
son, chez les seigneurs ou chez les riches bourgeois. Les esclaves
domestiques vivaient daus la familiarité de leurs maîtres, et ils
trouvaient, sous l'empire des traditions fondées par. la législation
romaine, quelques garanties, que les marchands et les bourgeois
européens établis dans les villes du littoral s'étaient plu à res
pecter 1 . Quant aux serfs de la campagne, ils n'avaient rien gagné
à passer du joug des Arabes sous celui des Francs. Considérés
comme des appartenances des casaux sur lesquels ils étaient iixés,
ne possédant rien en propre, ils pouvaient être vendus, donnés,
échangés , séparés les uns des autres au gré de leurs seigneurs ,
ou plutôt des baillis ou des sénéchaux auxquels ceux-ci con
fiaient le soin de diriger la culture de leurs terres 2. Le servage,
sous les Francs , ne paraît avoir eu d'autre règle que la volonté
absolue, illimitée des propriétaires % car les assises des bour
geois s'occupent de l'esclave des villes et gardent le silence sur le
serf rural. De leur côté, les jurisconsultes de la Haute-Cour ne
parlent de celui-ci que pour enseigner comment on doit le pour
suivre , l'arrêter et le rendre à son maître quand il s'est enfui de
son casai. Rien, dans ces volumineuses compilations, n'indique
qu'une autorité quelconque intervînt entre le seigneur et ses
vilains pour assurer au moins la vie de ceux-ci. « Si le seigneur , »
dit Philippe de Navarre 4,« entent que son home ait et tiengne
aucune choze dou seignor, si come vilains, bestes, ou aucun
autre meuble , etc. » Le sort des paysans est indiqué clairement
par cette seule assimilation,
La tyrannie des seigneurs et de leurs agents ayant accru le
1. Assises des Bourgeois , с ccvi, p. 139.
2. Paoli , t. I , p. 104 , n. xcrx.
3. Voici un fait qui prouve à quel point les Francs se montraient cruels dans leurs
rapports avec leurs serfs. « Le prieur Arnauld et le sire Robert de Retest,» lit-on dans
un acte d'échange entre les chanoines du Saint-Sépulcre et quelques bourgeois de la
Mahomerie (de Rozière, p. 241 , n. 129), « se trouvant un jour à la Mahomerie, di-
« rent : Allons et voyons les bornes et divisions de nos champs et de nos terres. » Cela
leur plut à l'un et à l'autre ; ils sortirent afin de voir les bornes et de mesurer les limi
tes des terres. Ils prirent avec eux un vieux Sarrasin, nommé Piétors, qu'ils firent mar
cher en avant. Cet homme connaissait les bornes et les divisions des terres. Sire Ro
bert, à qui ce paysan appartenait, lui ordonna de dire la vérité et de les conduire par
les justes et véritables limites des terres, le menaçant de lui faire percer son boa
pied s'il mentait ou s'il s'écartait qnelque peu de la vérité. »
4. С. хин, p. 519.
28. 412
nombre des serfs fugitifs, on fut contraint d'établir trois
hommes liges par seigneurie, chargés de les rechercher et de
les restituer à leurs maîtres. La procédure en cette matière était,
par exception aux habitudes judiciaires des Francs, des plus
sommaires , parce que l'évasion et le vagabondage des vilains
devinrent en Syrie, comme dans tous les pays à esclaves , une
source de désordres et de périls *. Ces bandes de brigands dont
parle Guillaume de Туг, qui, au début de la conquête , infes
taient les chemins et les grandes routes, se composaient de vi
lains que les mauvais traitements de leurs maîtres et la misère
avaient chassés de leurs casaux.
Bien n'indique que le sort des paysans ait été meilleur sur
les terres des églises, des couvents ou des bourgeois que sur
celles des nobles. Les Francs avaient apporté d'Europe l'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents