Mémoire sur une lettre inédite adressée à la reine Blanche par un habitant de La Rochelle. - article ; n°1 ; vol.17, pg 513-555
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Mémoire sur une lettre inédite adressée à la reine Blanche par un habitant de La Rochelle. - article ; n°1 ; vol.17, pg 513-555

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1856 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 513-555
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1856
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Léopold Delisle
Mémoire sur une lettre inédite adressée à la reine Blanche par
un habitant de La Rochelle.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1856, tome 17. pp. 513-555.
Citer ce document / Cite this document :
Delisle Léopold. Mémoire sur une lettre inédite adressée à la reine Blanche par un habitant de La Rochelle. In: Bibliothèque de
l'école des chartes. 1856, tome 17. pp. 513-555.
doi : 10.3406/bec.1856.445399
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1856_num_17_1_445399MEMOIRE
SUR UNE LETTRE INÉDITE
ADRESSÉE A LA REINE BLANCHE
PAR UN HABITANT DE LA ROCHELLE.
Souvent on s'est plaint de la sécheresse de nos anciennes chro
niques; souvent on a déploré la rareté ou même l'absence de ces
correspondances intimes qui jettent de si vives lumières sur les
événements d'un règne, en nous initiant aux secrets de la polit
ique et en nous dévoilant les pensées et les intentions des per
sonnages qui ont joué un rôle important sur la scène du monde.
Ces plaintes et ces regrets sont malheureusement trop fondés :
antérieurement au quatorzième siècle, nous sommes à peu près
complètement dépourvus de ces documents qui donnent la vie
à l'histoire, et que d'ingénieuses inductions ne sauraient remp
lacer.
Une lettre confidentielle adressée à une reine de France, à la
mère de saint Louis, est donc une pièce qui mérite d'être mise au
jour, surtout quand elle se rattache à l'un des principaux épiso
des de l'histoire du treizième siècle. Tel sera, je l'espère, l'avis de
mes lecteurs quand ils connaîtront le morceau dont je vais les
entretenir.
C'est une lettre close dont l'original se conserve à la Biblio
thèque impériale ' .
Cette lettre a été écrite, en caractères fort déliés, sur le recto
d'une feuille de parchemin, longue de 40 centimètres, large de 1 7.
On se rend aisément compte de la manière dont elle a été fermée.
Le parchemin a été replié un grand nombre de fois sur lui-même,
pour être réduit à un carré d'environ 5 centimètres de côté.
1. Supplément latin, n° 87 J, pièce 1.
II. (Quatrième série.) 34 514
C'était un format bien exigu ; mais, quand on aura lu la lettre,
on ne s'étonnera pas que l'auteur ait pris des mesures qui per
mettaient de la dérober facilement à des regards indiscrets.
Après avoir été pliée, la lettre a reçu une adresse : Domine re-
gine Francorum ; puis on a pratiqué une incision, pour faire
passer à travers tous les plis, soit une bandelette de parchemin,
soit un écheveau de soie, dont les extrémités ont été arrêtées sous
un sceau en cire verte. C'était la manière ordinaire de cacheter
les lettres au treizième et au quatorzième siècle l .
Comme beaucoup de lettres missives, la pièce dont je m'oc
cupe est entièrement dépourvue de date ; mais il y a peut-être
moyen de découvrir à quelle époque elle a été écrite. À. cet effet,
j'examinerai les passages relatifs :
1° A une princesse appelée domina regina Marchise;
2° A une reine de France, mère du roi ;
3° A un comte de Poitiers ;
4° Au séjour des enfants de la reine de France à Lusignan ;
5° A une cour plénière tenue à Poitiers par le roi et la reine
de France ;
6° A une conspiration formée en Poitou et en Guienne contre
les Français.
Je reprends chacun de ces points.
1° La princesse appelée domina regina Marchise ne peut être
qu'Isabelle, fille d'Aimar, comte d'Angoulême, veuve de Jean
sans Terre, roi d'Angleterre, et femme de Hugue de Lusignan,
comte de la Marche. Isabelle, qui, dans le principe, avait été
promise à Hugue IX, comte de la Marche, et non pas à son fils,
depuis appelé Hugue X , finit par épouser celui-ci, non pas en
1217, mais en 1220, et mourut, non pas en 1245, mais en 1246 :
je donnerai à part 2 les raisons qui me déterminent à m'écarter
sur ces points de Y Art de vérifier les dates. La lettre, qui rend un
compte détaillé des intrigues de la reine-comtesse, est donc posté
rieure à 1220 et antérieure à 1246.
2° Elle est adressée à la reine de France, mère du roi. La
seule reine mère qui ait vécu en France entre les années 1220
et 1246 est Blanche de Castille. C'est donc à Blanche, et posté
rieurement à l'avènement de saint Louis (1226) , que la lettre a
été écrite.
1. Voy. Appendice, I.
2. Appendice, II. 5 J 5
3° Cette lettre suppose l'existence d'un comte de Poitiers.
Or, depuis 1226 jusqu'en 1241, le Poitou a été" réuni à la cou
ronne; ce fut seulement au mois de juillet 1241 que saint Louis
l'en détacha pour en investir son frère Alphonse { . Cette circons
tance limite assez étroitement le champ de nos recherches : d'une
part, nous ne devons pas remonter au. delà de 1241 ; d'autre ne saurions descendre au delà de 1246.
4° Quelque temps avant l'envoi de la lettre, les enfants de la
reine de France avaient séjourné à Lusignan. Ici il s'agit év
idemment de saint Louis et d'un de ses frères, Alphonse, comte
de Poitiers. Le voyage de saint Louis à Lusignan n'est mentionné
ni dans l'ouvrage de Le Nain de Tillemont, ni dans l'itinéraire
dressé par les éditeurs du XXIe volume du Recueil des historiens ;
mais nous possédons une charte d'Alphonse datée de Lusignan ,
au mois de juillet 1241 2.
5° Le roi venait de tenir sa cour à Poitiers. La présence de
saint Louis à Poitiers pendant le mois de juillet 1241 est attestée
par les chartes 3 et par le sire de Joinville 4 .
6° II se formait alors en Poitou , en Saintonge et en Guienne
une vaste conspiration, dont les meneurs avaient pour but d'ar
rêter les progrès de la domination française dans ces contrées.
C'est incontestablement la conspiration qui, selon Mathieu Paris,
éclata au mois de décembre 1241 % et qui fut étouffée par saint
Louis dans le courant de l'année suivante. Pour le démontrer,
analysons brièvement le contenu de la lettre.
Dans une cour plénière tenue à Poitiers, le comte de la Mar
che se soumet à saint Louis et lui abandonne quelques-unes de
ses prétentions. Mais, à l'instigation de sa femme, il ne tarde pas
à se repentir, et il organise un soulèvement général. Il a pour
complices le comte d'Eu et Geoffroi de Lusignan. Le fils de Re-
1. Guillaume de Nangis; dans Bouquet, XX, 334 в, 549 D. — Joinville; ibid.,
206 В. — Pierre Coral ; ibid., XXI , 765 С. — Chronique attribuée à Baudouin d'A-
vesnes; ibid., 164 С. — Avant l'investiture de 1241, Alphonse avait déjà le titre de
comte de Poitiers , puisqu'on lit dans le traité de Vendôme , en mars 1227 : « Frater
noster Alfonsus, comes Pictav.; » Beg. Phil. Aug.f (ms. franc. 8408, 2.2, B), f. 189.
Mais le Poitou n'en était pas moins réuni à la couronne. Voy. le compte de l'Ascen
sion 1238, dans Bouquet, XXI, 258 K.
2. Besly, Hist, des comtes de Poictou, 499-502.
3. Bouquet, XXI, 411 L.
4. Ibid., XX, 206 В.
5. Mathieu Paris, éd. de Paris, 1644, p. 392.
34. 516
naud de Pons assiste à un des conciliabules. C'est à Parthenai
qu'a lieu la première réunion des conjurés. Tous les barons de la
Saintonge entrent dans le complot, sauf Geoffroi de Rançon. On
forme le projet de bloquer la Rochelle du côté de la mer et de
ravager les environs de cette ville. Le comte de la Marche fortifie
le château de Frontenai.
Tels sont les faits consignés dans la lettre. Je vais successiv
ement les mettre tous en regard de ce que les historiens et les do
cuments contemporains nous ont appris sur les événements de
1241-1242.
Dans une cour plénière tenue à Poitiers, le comte de la Marc
he se soumet à saint Louis et lui abandonne quelques-unes de
ses prétentions. — Nous avons un acte daté de Poitiers, au mois
de juillet 1241, par lequel Hugue de Lusignan, comte de la
Marche et d'Angoulême , fait hommage à Alphonse , frère de
saint Louis, et lui abandonne Saint-Jean d'Angeli avec la terre
d'Aunis * .
Le comte de la Marche, à l'instigation de sa femme, ne tarde
pas à se re

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