Modèles et pratiques en histoire médiévale urbaine : une approche de l'espace rouennais à la fin du Moyen-Âge - article ; n°3 ; vol.13, pg 401-417

Philippe Cailleux

Description

Histoire, économie et société - Année 1994 - Volume 13 - Numéro 3 - Pages 401-417
Résumé Paris à la fin du Moyen-Âge : ville exemplaire et ville particulière. A partir des listes de contribuables seigneuriaux, complétées par les archives religieuses et hospitalières, on peut réunir des informations sur le marché des rentes et des immeubles. Dans le cadre d'un modèle seigneurial, qui sut s'adapter sans prendre de vrais risques, se dévoile aussi la vie d'une population qui modèle et utilise sa cité.
Abstract This article accentuates the possibility of an analytical approach both topographical and socio-economic to urban space at the end of the Middle Ages. After briefly describing the rouennais setting in which the research took place and the methods used for topographical reconstruction, it produces the results of preliminary exploitations of theses sources, focused on two themes : - Properties are studied with two points of view : descriptions of tenements and estimation of surfaces and frontage widths. - The actors of urban life, at least those revealed by the documentation, for whom are examined occupations and geographic mobility during one decade of the fifteenth century.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1994
• Nombre de lectures: 70
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Philippe Cailleux
Modèles et pratiques en histoire médiévale urbaine : une
approche de l'espace rouennais à la fin du Moyen-Âge
In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°3. pp. 401-417.
Abstract This article accentuates the possibility of an analytical approach both topographical and socio-economic to urban space
at the end of the Middle Ages. After briefly describing the rouennais setting in which the research took place and the methods
used for topographical reconstruction, it produces the results of preliminary exploitations of theses sources, focused on two
themes : - Properties are studied with two points of view : descriptions of tenements and estimation of surfaces and frontage
widths. - The actors of urban life, at least those revealed by the documentation, for whom are examined occupations and
geographic mobility during one decade of the fifteenth century.
Résumé Paris à la fin du Moyen-Âge : ville exemplaire et ville particulière. A partir des listes de contribuables seigneuriaux,
complétées par les archives religieuses et hospitalières, on peut réunir des informations sur le marché des rentes et des
immeubles. Dans le cadre d'un modèle seigneurial, qui sut s'adapter sans prendre de vrais risques, se dévoile aussi la vie d'une
population qui modèle et utilise sa cité.
Citer ce document / Cite this document :
Cailleux Philippe. Modèles et pratiques en histoire médiévale urbaine : une approche de l'espace rouennais à la fin du Moyen-
Âge. In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°3. pp. 401-417.
doi : 10.3406/hes.1994.1702
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1994_num_13_3_1702MODELES ET PRATIQUES EN HISTOIRE MÉDIÉVALE URBAINE
une approche de l'espace rouennais à la fin du Moyen Age
par Philippe CAILLEUX
Résumé
Cet article met l'accent sur la possibilité d'une approche à la fois topographique et socio-économique
de l'espace urbain à la fin du Moyen Age. Après avoir brièvement dessiné le cadre rouennais dans lequel
s'est inscrit la recherche et les méthodes employées pour la restitution topographique, il livre les résultats
des premières exploitations, menées autour de deux thèmes :
- l'habitat, évoqué sous deux angles : le premier s'intéressant aux descriptions des tenements, le
second à leurs superficies et longueur sur rue.
- les acteurs de la vie urbaine, tout au moins ceux que la documentation laisse apparaître, pour les
quels sont étudiées activités - notamment leur répartition spatiale - et mobilité géographique, durant une
décennie du XVe siècle.
Abstract
This article accentuates the possibility of an analytical approach both topographical and socio-econo
mic to urban space at the end of the Middle Ages. After briefly describing the rouennais setting in which
the research took place and the methods used for topographical reconstruction, it produces the results of
preliminary exploitations of theses sources, focused on two themes :
- Properties are studied with two points of view : descriptions of tenements and estimation of sur
faces and frontage widths.
- The actors of urban life, at least those revealed by the documentation, for whom are examined
occupations and geographic mobility during one decade of the fifteenth century.
L'approche de l'espace urbain médiéval ici évoquée repose sur une conviction personnelle
et un choix initial : conviction de la possibilité et de la nécessité d'une étude à la fois topogra
phique et socio-économique de cet espace ; choix, plutôt que de porter l'étude sur une étendue
urbaine trop vaste, de limiter la zone étudiée à quelques hectares afin de mettre en œuvre, de
façon systématique, l'ensemble des données à la disposition de l'historien. Ainsi, préférer à
l'étude des rentes foncières d'une ou de plusieurs communautés à l'échelle de la ville, l'analyse
de la totalité des rentes pesant sur les héritages d'une portion de cette ville permet, par exemple,
de mieux cerner leur poids effectif.
L'abondante documentation rouennaise médiévale, qui ajoute notamment, aux riches séries
ecclésiastiques (séries G et H), l'existence d'un tabellionage certes lacunaire mais ne comportant
pas moins de 79 registres pour la période allant de 1360 jusqu'à l'extrême fin du XVe siècle, a
fourni les matériaux nécessaires à la réalisation de ce projet.
Après l'exemple parisien, qu'analyse plus loin Simone Roux, fortement enraciné dans le
cadre de la seigneurie foncière, l'étude de la situation rouennaise, sensiblement différente, nous
permettra de présenter quelques pratiques d'histoire urbaine rendues possibles par cette richesse
documentaire.
Pour cela, après avoir abordé le cadre des recherches menées (1), nous évoquerons quelques
aspects de l'habitat avant de nous intéresser, en dernier lieu, aux acteurs de la vie urbaine. 402 Histoire Économie et Société
i - le cadre de la recherche
Les recherches en cours portent sur trois paroisses de la ville qui seront présentées après
avoir traité du statut du sol rouennais ainsi que des méthodes de travail utilisées pour l'approche
topographique de ces paroisses.
1) Le statut de la terre à Rouen
Pour aborder la question du statut de la terre à l'intérieur de l'espace urbain rouennais, il
faut partir d'un double constat :
- Aux XIIe et XIIIe siècles, on trouvait, sur le sol de la ville, de nombreux fiefs (2) sur le
squels le seigneur percevait cens, corvées et droits de mutation. Le consentement du seigneur y
était nécessaire au tenancier pour charger le fonds d'un surcens. Citons par exemple le fief du
comte de Leicester, paroisse Notre-Dame-La-Ronde ou encore celui du chambellan de Tancar-
ville correspondant à l'ancien donjon ducal (3). La ville et la banlieue de Rouen relevaient, en
matière civile, de la juridiction du maire. On parlait du « fieu du maire » . Mais plusieurs
enclaves échappaient à sa et relevaient pour les principales du chapitre Notre-Dame,
du prieuré Saint-Gervais ou encore de la baronnie de Saint-Ouen (4).
- Les cens disparaissant progressivement au cours des XIIIe et XIVe siècles, l'essentiel des
parcelles se trouvent échapper à la seigneurie foncière pour les deux derniers siècles du Moyen
Age : ni aveu ou relief, treizième ou retrait seigneurial (5). Seules pèsent sur la majeure partie
des héritages les rentes rachetables et surtout les « rentes foncières anciennes » . Malgré l'exis
tence de ces dernières, le tenancier passe de plus en plus pour un propriétaire comme en
témoigne, dans la seconde moitié du XVe siècle, l'usage fréquent de formules telles que « tenant
propriétairement », « à qui appartient » etc. (6).
S'il y a généralement accord sur le constat lui-même, de sérieuses divergences se manifest
ent dans son analyse.
Charles de Beaurepaire, dans sa notice sur l'hôtel du Tot, relevait l'emploi fréquent, aux
XIIe et XIIIe siècles, des mots « fief », « seigneur » et « hommage » dans les actes concernant
des maisons à l'intérieur de Rouen, ajoutant que ces termes « n'ont plus rien qui rappelle ce que
nous représentons par ces mots de fiefs et féodalités » parce qu'alors « la fieffé appelée feodum
était le contrat le plus ordinaire, le seul même qui fut habituellement possible, comme transmis
sion de propriété, dans un temps où le numéraire était peu abondant. Le premier bailleur d'une
maison ou d'une terre à titre de fieffé en restait le seigneur ; la rente constituée à son profit était
son droit seigneurial ; pour l'acquittement duquel il pouvait se faire justice sur le bien fieffé.
Son consentement était nécessaire pour que le fieffataire put, à son tour, fieffer, en tout ou en
partie, le bien qu'il tenait de son seigneur primitif... ». Parmi les explications de l'emploi de ces
termes, Charles de Beaurepaire s'interrogeait : « tiendrait-il à une prétention des bourgeois de
Rouen, qui auraient voulu assimiler les biens tenus en bourgage, aux terres nobles »? (7).
Pour René Genestal, le statut du sol rouennais s'apparente à la tenure en bourgage reconnue
par la Summa de legibus normannie, au milieu du XIIIe siècle, comme l'une des quatre sortes de
tenures normandes (8). Rangeant les bourgages en trois catégories, en prenant pour base
l'