Nécrologie - article ; n°3 ; vol.36, pg 629-645
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Annales de Bretagne - Année 1924 - Volume 36 - Numéro 3 - Pages 629-645
17 pages

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Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 26
Langue Français
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Extrait

G. Dottin
Nécrologie
In: Annales de Bretagne. Tome 36, numéro 3, 1924. pp. 629-645.
Citer ce document / Cite this document :
Dottin G. Nécrologie. In: Annales de Bretagne. Tome 36, numéro 3, 1924. pp. 629-645.
doi : 10.3406/abpo.1924.1597
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1924_num_36_3_1597NÉCROLOGIE
L'Abbé FRANÇOIS DUINE d>
Les Annales de Bretagne ont perdu en la personne de l'éminent
érudit que fut l'abbé Duine un de leurs plus réguliers et fidèles
collaborateurs. Notre revue lui était chère; il lui réservait ses plus
précieuses trouvailles et il n'était guère de fascicule, depuis le
tome XII, où ne figurât un article de lui. Du tome XXX au XXXIII (1914-1918), par ordre de l'autorité ecclésiastique, son
nom disparut des Annales. Mais, sous l'anonymat, nu] n'hésitait
à le reconnaître, d'autant que les tirages à part, sans doute moins
suspects parce qu'ils n'avaient pas le titre dune revue « universi
taire », portaient le nom, partout respecté, du savant qui était une
des gloires du clergé breton. .*.
François-Marie Duine, clericus Dolensis, comme il aimait à se
surnommer lui-même, fut en effet un clerc, au double sens du mot :
à la fois homme d'église et homme de science. Né à Dol, le 8 mai
1870, élève au collège universitaire de Dol (2), puis au petit séminaire
de Saint-Méen, il entrait au grand séminaire de Rennes en octobre
1887 et fut ordonné prêtre le 23 décembre 1893. A sa sortie, il devint
membre de la congrégation de l'Oratoire. Il fut successivement
(1) Les renseignements qui ont servi à composer celte notice proviennent
pour la plupart de lettres qu'ont bien voulu me communiquer des amis
du regretté savant. Quelques-uns sont empruntés à des articles nécro
logiques : de M. Gasnier-Duparc, maire de Saint-Malo, conseiller général,
dans Le Républicain de Saint-Malo du 12 décembre 1924; de M. R. Charlier, La Bretagne touristique du 15 janvier 1925 (avec un portrait); de
M. Maurice Bigot, dans Le Nouvelliste de Bretagne du 12 décembre 1924;
de M. Jean des Cognets, dans La Vie catholique du 20 décembre 1924.
(2) La famille Duine n'est pas originaire de Dol. On ne trouve personne
de ce nom dans les Cahiers des paroisses de l'abbé Paris-Jallobert et Duine
racontait que son arrière- grand-père, « Louis Poney, bon Parisien et
traiteur, exerçait ses talents culinaires dans la paroisse de Sainte-Marine
de la Cité ». 630 NÉCROLOGIES.
professeur aux collèges de Saint-Lô (1894-1898), et de Juilly (1898-
1901). 11 passa à Paris l'année 1901-1902, suivant en auditeur libre
des cours à la Sorbonne, à l'Ecole des Hautes-Etudes et au Collège
de France. Le 17 février 1902, il entra dans le ministère paroissial
en qualité de vicaire à Guipel. Le 6 septembre 1904, il était nommé
quatrième vicaire à Saint-Martin de Vitré. Le 10 novembre 1906, il
devenait aumônier du lycée de garçons et du lycée de jeunes filles
de .Rennes. Il y resta jusqu'à sa mort, survenue le vendredi
5 décembre 1924.
développement' Les professeurs que qui devait l'ont 'prendre eu comme son élève esprit. ne prévoyaient Ils ont gardé pas le
souvenir d'un élève de force moyenne, s'intéressant aux livres et à
l'archéologie. Ses propos parfois frondeurs et son goût pour le
paradoxe le rendirent souvent suspect à ceux qui avaient charge des
jeunes clercs. Les années qu'il passa dans l'Oratoire de France et les
rapports qu'il y eut avec des hommes éminents furent, semble-t-il,
bien que la tâche d'enseignement quil y remplissait absorbât la
plus grande partie de son temps, les plus fructueuses pour sa
formation, et dès son retour à son diocèse d'origine il commença
à publier quelques essais sous le nom de Henri de Kerbeuzec.
Mais, d'abord, il souffrit profondément de la solitude intellectuelle
où il se trouvait plongé et était près de devenir neurasthénique.
<( Je me cache d'aimer les livres et autres choses ejusdem farinae;
c'est un péché ! » Autour de lui il entendait répéter la devise :
« Beaucoup de temps donné aux livres, marque de peu de bon
sens ». Et pourtant, à cette époque, -il écrivait à son meilleur ami ;
« Etre prêtre sans aimer les livres, cela me paraît toujours
stupéfiant ». Quand il pénétrait dans les milieux ecclésiastiques où
l'étude n'était pas méprisée, il en sortait souvent avec l'impression
que « leur conception du travail était décourageante ».
Ces dures années de campagne ne furent pas entièrement perdues
pour lui. Il ne manquait pas d'ailleurs de faire d'amusantes
réflexions sur les êtres et les choses qui l'entouraient : « Comment
voulez-vous que je fasse? », me disait-il un jour. « Les vieilles
dévotes exigent que le vicaire marche à petits pas, les yeux baissés,
qu'il parle d'une voix timide et qu'il tienne les mains dans les
manches de sa douillette. Pour plaire aux francs lurons du bourg, au
contraire, il faut de grandes enjambées, un regard droit et assuré,
des propos libres et les bras ballants ». Il se tirait de cette diff
iculté en se mêlant le moins possible à la vie privée de ses ouailles. NÉCROLOGIE. 631
II avait plaisir à raconter une histoire de diable qui tous les soirs
se faisait entendre dans une ferme et qu'on l'avait pressé en vain
d'exorciser. Bien lui en avait pris, car il ne fut plus question du
diable dès le jour où le propriétaire fit savoir à son fermier que
si le diable ne partait pas ce serait le fermier qui partirait. L'abbé
Duine profita de son séjour pour recueillir le patois, les légendes et
l'histoire de sa petite paroisse.
A Saint-Martin de Vitré, il trouva, au presbytère même, de bonnes
amitiés, un ministère plus absorbant et un milieu plus approprié
à ses goûts. C'est là qu'il prit l'habitude de consacrer à l'étude tout
le loisir que iui laissaient ses fonctions. Il y passait souvent ses
nuits et n'abandonnait son travail qu'au moment de la messe de
six heures les jours où c'était son tour de la dire.
Quand un de ses amis me parla de lui pour le poste d'aumônier
du lycée de Rennes, c'était au temps de la Séparation, et les deux
pouvoirs, ecclésiastique et universitaire, se rejetaient l'un et l'autre
à la tête le nobis nominavit. Comment put-on sortir de cet
imbroglio? Je ne me le rappelle plus. Lorsque l'abbé Duine reçut
sa nomination, il ne laissa pas de témoigner quelque inquiétude du
milieu, nouveau pour lui, où il allait entrer, « Mes amis de l'Univers
ité de Rennes, écrivait-il, m'ont fait nommer aumônier du lycée.
Comme disait un ancien : Sparte est devenue ta part, donne tes
soins à Sparte. N'y ferais-je du bien qu'à une seule âme que je
n'aurais pas perdu mon temps ». Il se traçait cependant un
programme précis : « Entretenir de bons rapports avec la direction
du lycée, respecter sincèrement la liberté des autres, former un
petit groupe de disciples, tâcher de faire vivre 4'Evangile dans le
cœur de quelques-uns, dissiper les préjugés dans la tête d'un certain
nombre, aimer mon siècle pour faire aimer l'Eglise, voilà tout
mon programme. Et je me trouve fort inférieur à la besogne ».
Ces craintes, il le vit bientôt, étaient vaines. Il trouva dans
l'Université, dès l'abord, Je milieu intellectuel qui lui était néces
saire, puis la largeur de vues et la tolérance, enfin la sympathie
et le respect pour son caractère et pour sa personne. Il y trouva
aussi, pour l'apostolat moral qui était une de ses plus vives préoc
cupations, des ressources qu'il n'avait pas soupçonnées. Les
disciples qu'il formait ne lui étaient pas amenés par le règlement,
mais par le libre choix et ils s'attachaient d'autant plus à son
enseignement qu'ils n'étaient pas obligés de le suivre. Duine disait
avec fierté à ses confrères qu'il avait porté l'effectif des communiants 632 NÉCROLOGIE.
de 13 à 73. Ses cours étaient d'ailleurs particulièrement intéressants.
Aux élèves

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