Noms et verbes - article ; n°1 ; vol.53, pg 103-153
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Description

Communications - Année 1991 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 103-153
51 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 83
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Ron W. Langacker
Claude Vandeloise
Noms et verbes
In: Communications, 53, 1991. pp. 103-153.
Citer ce document / Cite this document :
Langacker Ron W., Vandeloise Claude. Noms et verbes. In: Communications, 53, 1991. pp. 103-153.
doi : 10.3406/comm.1991.1804
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1991_num_53_1_1804Ron Langacker
Noms et verbes
Est-il possible de définir notionnellement les catégories grammatic
ales fondamentales ? En particulier, peut-on attribuer des caracté
ristiques sémantiquement valides à des catégories aussi essentielles
que NOM et verbe ? Le jugement de la doctrine linguistique contemp
oraine à ce sujet est catégorique et sans équivoque négatif. En
conséquence, les auteurs de textes scolaires se sentent obligés de
démolir le point de vue opposé, jugé naïf1, et de démontrer que les
catégories grammaticales doivent être définies sur des bases grammati
cales plutôt que notionnelles. Néanmoins, les arguments habituels
contre la possibilité d'une définition sémantique sont superficiels et
dépendent de façon critique de certaines hypothèses tacites mais
contestables. J'essaierai de montrer que, avec une vision adéquate de
la sémantique, des descriptions notionnelles des catégories grammati
cales fondamentales font bien partie du royaume du possible.
/. Questions à l'étude.
Plusieurs clarifications doivent servir d'introduction à la dis
cussion principale. Premièrement, je ne prétends pas que toutes les
classes grammaticales sont strictement définissables en termes
notionnels : l'hypothèse n'est spécifiquement maintenue que pour les
noms, les verbes et certaines sous-catégories majeures (les noms
comptables par rapport aux noms de masse et les sous-classes consti
tuées par les aspects des verbes). L'appartenance à de nombreuses
catégories grammaticales (par exemple, la classe des verbes morpho
logiquement irréguliers en anglais) est fondamentalement arbitraire
d'un point de vue sémantique. Dans beaucoup d'autres cas, le sens
qui * en Paru a aimablement en 1987 dans autorisé Language, la traduction. 63.1. Nous remercions l'éditeur, The Linguistic Society of America,
103 Ron Langacker
n'est qu'un des facteurs impliqués et ne permet pas de faire des pré
dictions absolues2.
Pour exprimer clairement l'hypothèse en jeu, nous devons exami
ner brièvement plusieurs modèles alternatifs de la catégorisation.
Selon le point de vue traditionnellement dominant, une catégorie est
définie par un ensemble de critères, c'est-à-dire par des conditions
nécessaires et suffisantes d'appartenance à la classe. Ce modèle est
accepté par la sémantique des valeurs de vérité, qui cherche à carac
tériser le sens objectivement, indépendamment de la conceptualisa
tion du monde par les locuteurs et des processus cognitifs. Malgré sa
prédominance, le modèle des critères ne peut prétendre a priori à la
validité psychologique. En fait, les découvertes récentes de la psychol
ogie cognitive soutiennent clairement une conception différente :
une conception impliquant des prototypes, où l'appartenance à une
catégorie est déterminée par les ressemblances perçues avec les
exemples caractéristiques. La catégorisation devient alors une ques
tion de jugement humain et il n'est plus nécessaire qu'un attribut
soit partagé par tous les membres de la classe 3. Mon propre modèle
est une synthèse de la catégorisation selon les prototypes et selon les
SCHÉMAS. Un schéma est un patron (template) abstrait représentant les
caractéristiques communes des structures qu'il catégorise, des struc
tures qui ÉLABORENT donc ou exemplifient le schéma ; ainsi le concept
[outil] constitue-t-il un schéma pour des notions telles que [marteau]
et [scie]. Un schéma diffère d'une liste de critères parce qu'il repré
sente lui-même un concept autonome ; la seule différence est qu'il est
caractérisé avec moins de spécificité et de détails que ses exemplificat
ions.
Il va de soi qu'une définition sémantique des classes des noms ou
des verbes est hors de question si on ne considère que des facteurs
objectifs, liés aux valeurs de vérité. Mais si la caractérisation sémant
ique de la catégorie se limite aux prototypes, sa possibilité ne peut
guère être mise en doute ; nombre de chercheurs ont suggéré que les
objets physiques ont valeur de prototype pour les noms, tout comme
les actions typiquement physiques sont des prototypes pour les
verbes (voir Lyons 1968, p. 318 ; Giv<5n 1984, chap. 3 ; Hopper et
Thompson 1984, 1985 ; Bates et MacWhinney 1982). Bien que j'a
ccepte cette analyse, et l'importance générale des prototypes, j'affirme
que noms et verbes se prêtent également à des caractérisations sché
matiques générales ; c'est là l'aspect original (et certainement contro
versé) des propositions qui vont suivre. En termes plus précis, j'a
ffirme que tous les membres de la classe des noms (et non seulement
ses membres centraux) exemplifient un schéma abstrait du nom
104 Noms et verbes
cependant que les verbes élaborent un schéma abstrait du verbe.
Si les caractérisations schématiques qui vont suivre sont correctes
pour l'essentiel, elles sont sans aucun doute universelles plutôt que
spécifiques à un langage. On s'est bien sûr demandé si la distinction
nom/verbe était valide pour toutes les langues, mais c'est en fait un
faux problème. Même si une langue n'a qu'une classe de racines qui
fonctionnent tantôt comme nom, tantôt comme verbe, chaque racine
adopte néanmoins les propriétés qui différencient une catégorie de
l'autre selon la construction particulière dans laquelle elle est utili
sée. Tout ce qui compte, c'est de savoir s'il y a des raisons de croire
qu'une catégorisation est « primordiale » pour une expression
née4
des questions méthodologiques doivent être prises en Finalement,
considération. Selon le point de vue orthodoxe, les catégories gram
maticales fondamentales sont définies en fonction de leur comporte
ment morpho-syntaxique (par exemple, la classe des verbes en
anglais pourrait être identifiée avec les mots conjugués qui s'a
ccordent avec le sujet). C'est parfaitement raisonnable dans le cas
d'analyse ou de description pratique, puisque c'est le parallélisme des
comportements grammaticaux d'un ensemble d'expressions qui nous
révèle leur statut de catégorie. Cependant, le comportement qui
permet au début de découvrir une catégorie doit être distingué de sa
CARACTÉRISATION finale. Je maintiens que, au mieux, le comportement
grammatical de la classe des noms ou des verbes est un symptôme de
sa valeur sémantique, mais qu'il ne constitue pas la base unique et
ultime pour leur définition.
Pour être juste, une évaluation des notions qui seront proposées ci-
dessous doit tenir compte de la cohérence et de la valeur descriptive
de l'ensemble du système dans lequel elles s'intègrent. Demander
que chaque point particulier et les conséquences qu'il implique
soient motivés de manière évidente ou exiger que des preuves psy
chologiques indépendantes établissent la réalité cognitive de chaque
élément de la théorie ne serait pas raisonnable (aucune théorie li
nguistique ne satisfait à de telles exigences). Les distinctions sémant
iques traitées ici sont subtiles et expliquées en termes d'opérations
cognitives auxquelles nous n'avons pas d'accès direct ou intuitif.
Ainsi, quand j'affirme que comme désigne une relation conceptualisée
indépendamment du temps, alors que le verbe ressembler (ou le
groupe être comme) enregistre séquentiellement la même relation
dans le temps conçu, il n'y a aucun moyen de prouver cette affirma
tion directement ou de manière autonome. Ce qui peut se faire, et
sera fait, c'est montrer que cette analyse s'intègre dans un cadre des-
105 Ron Langacker
criptif exhaustif au sein duquel un large éventail de phénomènes
sémantiques et grammaticaux sont expliqués de manière naturelle,
cohérente et révélatrice.
2. Concepts fondamentaux.
Dans le cadre de la grammaire cognitive, toutes les structures

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