Notes sur les structures sociales des Mnong-Rlam du Centre-Viêtnam - article ; n°2 ; vol.53, pg 675-683
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Notes sur les structures sociales des Mnong-Rlam du Centre-Viêtnam - article ; n°2 ; vol.53, pg 675-683

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1967 - Volume 53 - Numéro 2 - Pages 675-683
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Pierre-Bernard Lafont
Notes sur les structures sociales des Mnong-Rlam du Centre-
Viêtnam
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 53 N°2, 1967. pp. 675-683.
Citer ce document / Cite this document :
Lafont Pierre-Bernard. Notes sur les structures sociales des Mnong-Rlam du Centre-Viêtnam. In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 53 N°2, 1967. pp. 675-683.
doi : 10.3406/befeo.1967.5060
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1967_num_53_2_5060NOTES SUR LES STRUCTURES SOCIALES
DES MNONG-RLAM DU CENTRE-VIETNAM
par
Pierre- Bernard LAFONT
Au vu l'organisation mais de cours publier les les événements, de circonstances deux les sociale notes voyages de que nous de remettre cette en nous en pays tribu. empêchèrent. avions les Mnong-Rlam, pieds Nous recueillies en espérions Dix territoire années notre en pouvoir 1954 rlam, attention se sont et revenir nous 1956. écoulées. fut pensons étudier attirée Ayant ses qu'il par structures perdu la n'est complexité tout pas sociales, espoir, inutile de
M. Tang Phôk et surtout M. Bun Pang Sur, Mnong-Rlam réfugiés au Cambodge, nous aidèrent,
en 1965, à réviser et à compléter ces notes de terrain. Qu'ils en soient ici remerciés.
Les Mnong-Rlam, proto-indochinois du Centre-Vietnam, de langue môn-
khmère, sont installés autour du lac Dak Lak à une cinquantaine de kilomètres
au Sud-Est de Ban-Ma-Thuot.
Cette tribu — qui se qualifie elle-même de Lam-Ban et que les Rhadé appellent
Mnong-Dak-Lak — groupe environ quinze mille individus.
Le pays rlam — qui est limité au Nord par le pays rhadé, à l'Ouest par le
pays Bih, au Sud par le pays Mnong-Gar et à l'Est par le pays Mnong-Kuen — est
une zone de contact entre les tribus de langue môn-khmer et malayo-polynésienne.
Les Mnong-Rlam ont subi une forte influence rhadé, qui fut d'ailleurs accélérée
sous le protectorat français. Mais si ces gens ont adopté de nombreuses formes
culturelles rhadé (1), ils se « sentent » toujours Mnong. Ceci est si vrai que, lors
qu'ils ont besoin d'une aide, les Rlam s'adressent aux Mnong-Gar plutôt qu'aux
Rhadé avec lesquels ils ont pourtant des relations commerciales suivies.
L'organisation sociale traditionnelle de cette tribu sans écriture repose sur le
village et le noyau de la vie villageoise est la famille restreinte qui groupe le père,
la mère et leurs enfants, habitant une case sur pilotis.
<lf Soixante-dix pour cent des Mnong-Rlam peuvent tenir une conversation courante en rhadé;
certaine portent, lors de grandes cérémonies, la blouse rhadé; la presque totalité des Rlam a pris
l'habitude de faire précéder son nom de Y (pour les hommes) ou de H' (pour les femmes), ce qui est
typiquement rhadé; dans plusieurs villages du Nord du lac Dak Lak les Rlam récitent des prières
rhadé lors de certaines cérémonies.
BEFEO, LUI-2 44 676 PIERRE-BERNARD LAFONT
L'économie rlam est basée sur la riziculture irriguée et secondairement sur
l'élevage du buffle. ,
D é r rfNô
Les clans.
L'organisation sociale des Mnong-Rlam repose sur des clans (Pul) matrilinéaires
et exogames. Chaque clan groupe l'ensemble des personnes se réclamant d'un
ancêtre commun mythique, en ligne maternelle. Tous les individus appartenant
au Pul de la mère, aussi éloignés fussent-ils du sujet, sont considérés comme ses
parents alors que du côté paternel on ne retient que ses parents très proches.
Si nous en croyons les mythes locaux et les Mnong-Rlam interrogés, les Pul
étaient jadis géographiquement localisés par village. Étant donné le caractère
non impératif du matrilocat, nous trouvons aujourd'hui plusieurs Pul par village,
avec cependant : 1° prédominance numérique d'un Pul, qui revendique la fonda
tion du village et un droit de propriété sur son territoire; 2° une localisation des
divers Pul à l'intérieur du village, chaque Pul occupant un « quartier » (qui aurait
été, jadis, entouré d'une haie). Et si le clan minoritaire, ou l'un des clans minor
itaire, a besoin de terrain pour y installer une maison, il doit « l'acheter » au clan
majoritaire ^.
11 ' Cet « achat » se concrétise par un transfert d'objets divers. Le « prix » du terrain peut être
symbolique si la famille qui sollicite son attribution est très pauvre. NOTES SUR LES STRUCTURES SOCIALES DES MNONG-RLAM 677
Chaque Pul porte un nom dont l'origine est justifiée par une histoire mythique &\
nom qui se transmet par les femmes (2). Le Pul joue un rôle primordial dans la
position des individus au sein de la tribu, puisque tous les membres du Pul matern
el, sans exception, sont considérés comme parents. De ce fait, les relations
sexuelles sont prohibées avec tous les membres du Pul de la mère et la violation
de cet interdit, qui est qualifiée inceste (um benh), entraîne la réprobation générale,
la mise en jugement des coupables et nécessite une réparation rituelle (3).
Si la prohibition des relations sexuelles a d'abord eu sa source dans un système
de Pul exogames peu nombreux ^, elle a perdu de sa simplicité lorsque apparurent
de nouveaux Pul. En effet, si nous en croyons la tradition orale, certains membres
des Pul originels s'étant fait remarquer par une singularité de leur comportement
se virent affublés d'un sobriquet qui remplaça leur nom clanique d'origine et leurs
descendants conservèrent ce sobriquet, qui devint leur nouveau nom de Pul.
Ainsi, si nous suivons la tradition, c'est la dation de sobriquets à certaines per
sonnes, sobriquets qui mettaient en lumière un comportement anormal, qui fut
à l'origine des nouveaux Pul (5).
Étant donné que les « fondateurs » des nouveaux Pul étaient eux-mêmes issus
de l'un des Pul originel, les membres des Pul sont considérés et se
considèrent comme parents des du Pul d'où était issue celle dont ils
portent le sobriquet (e), ainsi que des membres de tout Pul revendiquant la même
origine clanique qu'eux. Cette parenté entraîne automatiquement prohibition
des relations sexuelles entre les membres de tous les Pul issus d'un même clan
et les membres de ce clan. Ainsi, les Pâng Sur et les Ung, dont les ancêtres étaient
des Phôk (cf. n. 5) sont mythiquement parents entre eux et toute relation sexuelle
entre porteurs de l'un de ces trois noms de Pul est prohibée, la rupture de cet
interdit étant qualifiée inceste et punie comme telle.
Donc, du côté maternel, la parenté englobe toutes les personnes portant le
même nom de Pul ainsi que toutes les personnes portant le nom d'un Pul apparenté
au sien.
(1) Le Pul Long n'dvmg {long = pueh = « bûches »; n'du-ng est dérivé de dxtng = ding =*
« tube en bambou ») tire son nom du fait que l'ancêtre de cette famille aimait cuire ses aliments dans
des tubes de bambou femelle. (Notons que ce genre de cuisson est connu dans toute la péninsule
indochinoise.) Le Pul Phôk tire son nom du fait que les ancêtres de cette famille n'installaient leurs villages
qu'au pied des montagnes, dans des vallées où coulait une rivière (en rlam, ces lieux se disent phôk).
l2) Chaque clan a des interdits alimentaires ou de faire.
'8) On taille dans un tronc de bananier deux effigies anthropomorphes — qui symbolisent les
coupables — puis on les coupe en deux d'un coup de sabre. Le fait que l'on décapite les deux statuettes
nous donne à penser que, plutôt que l'acte lui«même, c'est le lien créé entre deux êtres séparés par le
système de parenté qui est condamné et puni.
<4) Si nous en croyons les Mnong Rlam interrogés, il n'aurait existé jadis que quelques Pul (Pul
Phôk, Pul Ông, Pul Luk, Pul Du, Pul Nhcrm, Pul Mók).
í6) Une fille du Pul Phôk avait un porc castré qu'elle chérissait. Lorsque ses parents voulurent
le vendre elle s'y opposa de toutes ses forces et sa vie durant elle le soigna avec amour. Devant ce
fait, sa mère décida qu'elle ne méritait plus d'être une Phôk et la surnomma Pâng Sur « pense trop
à son porc ». Elle ne fut plus connue que sous ce sobriquet qu'elle transmit à ses descendants.
Une fille du Pul Phôk refusait d'aller pêcher, laver les poissons et les écailler. Elle n'acceptait
que de surveiller leur séchage au feu (ung-ka). Sa mère décl

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