Notice sur la vie et sur les écrits de Philippe de Navarre. - article ; n°1 ; vol.2, pg 1-31
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1841 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 1-31
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1841
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Auguste Arthur Comte Beugnot
Notice sur la vie et sur les écrits de Philippe de Navarre.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1841, tome 2. pp. 1-31.
Citer ce document / Cite this document :
Comte Beugnot Auguste Arthur. Notice sur la vie et sur les écrits de Philippe de Navarre. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1841, tome 2. pp. 1-31.
doi : 10.3406/bec.1841.451575
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1841_num_2_1_451575T,'
.5 О О \
NOTICE
SUR LA VIE ET SUR LES ÉCRITS
PHILIPPE DE NAVARRE.
On n'accusera pas l'histoire d'avoir été injuste envers les guerr
iers qui se sont illustrés dans les croisades. Les nations auxquelles
ils appartenaient ont recueilli avec vénération les moindres détails
de leurs périlleuses expéditions et entouré leurs noms d'un éclat
qui , après tant de siècles , rejaillit encore sur leurs descendants.
Il est donc permis de s'étonner que les historiens français n'aient
pour ainsi dire accordé aucune mention à un personnage qui ob
tint beaucoup de renommée en Orient, à une époque où les occa
sions de s'y distinguer étaient rares pour les chrétiens1. La sur
prise redouble quand on acquiert la certitude que ce guerrier
célèbre pour sa dextérité dans les affaires politiques autant que
pour sa valeur dans les combats , était un des hommes les plus in
struits et un des écrivains les plus remarquables du treizième siècle.
Nous nous occupons en ce moment de publier, par les ordres de
l'Académie des Belles-Lettres, un ouvrage de jurisprudence dont
1 Lévêque de la Ravaillière, dans ses Révolutions de la langue françoise, tome I
des Poésies du roy de Navarre, p. \lb, donne, sur un seul des ouvrages de Navarre,
des notions incomplètes et fautives, qui malheureusement sont reproduites dans l'His
toire littéraire de la France, tome XIII, p. 95. Les historiens de l'île de Chypre, Lu-
signan, Loredano et Jauna, rapportent plusieurs circonstances de la vie militaire de
ce personnage, qu'ils avaient puisées dans l'ouvrage manuscrit de Florio Bustron, qui
existe à la Bibliothèque royale, № 10495, anc. fonds.
II. est l'auteur, et qui, quand il sera connu el. jugé, placera sans il
difficulté celui qui l'a écrit à côté de Pierre de Fontaines et de
Philippe de Beaumanoir. Le traité de morale qu'il a composé ,
et que nous possédons , est certainement par la solidité des prin
cipes, la finesse des aperçus, l'ingénuité des sentiments, les révé
lations précieuses qu'on y trouve sur les mœurs privées du treizième
siècle, et le charme d'un style toujours clair et simple, une des
compositions les plus intéressantes de cette époque. Ajoutons que
si les mémoires que cet auteur avait écrits sur les événements de
sa vie peuvent être retrouvés , et rien ne s'oppose à ce qu'une
telle espérance soit conçue , la France comptera un historien de
plus , et cet historien sera de l'école des Villehardouin et des
Joinville. Nous n'ignorons pas que souvent des écrivains prennent
à lâche d'exalter la mémoire de personnages qui sont restés pen
dant un grand nombre de siècles dans une obscurité complète ,
moins par amour de la justice que pour montrer la pénétration de
leur esprit, qui leur a fait reconnaître le génie là où personne avant
eux ne l'avait aperçu ; nous savons aussi que ces apothéoses tar
dives et intéressées ont jeté quelque discrédit sur les grands
hommes inconnus. Cependant il ne faut pas penser que l'histoire
ait toujours distribué sa renommée avec une stricte équité , ni
qu'il n'y ait plus à revenir sur aucun de ses arrêts. Nous réclame
rons donc, sans crainte, pour Philippe de Navarre, la place qui lui
appartient parmi les hommes qui ont illustré la France au moyen
âge.
Philippe de Navarre ou de Novaire naquit en France vers la
tin du douzième siècle. Le lieu de sa naissance ne nous est pas
connu d'une manière plus précise , mais il est permis de penser
qu'il vit le jour dans la province dont il portail le nom. Une obscur
ité complète règne sur sa famille , ses premières années , l'édu
cation qu'il reçut, et les motifs qui le portèrent à quitter sa patrie
pour aller s'établir dans les possessions chrétiennes d'Orient, à
une époque où l'ardeur des croisades était fort ralentie et où ces
établissements ne pouvaient plus offrir aucun appât au désir de
s'illustrer ou de faire fortune. La vie guerrière et politique de
Philippe commence donc, pour nous, en l'année 1218, époque
où nous le voyons au nombre des guerriers qui , sous les ordres du
roi Jean de Brienne, assiégèrent et prirent la ville de Damiette,
que ce prince remit ensuite au Soudan , en vertu d'arrangements
particuliers. 3
Navarre était alors fort jeune et simple écuyer d'an seigneur
nommé Pierre Chape ; il fait lui-même une peinture si naïve des
fonctions qu'il remplissait près de ce personnage, que nous
croyons convenable de le laisser parler : « II avint que je fui au
« premier siege de Damiete o messire Pierre Chape. Et messire
« Rau de Tabarie menga un jor о lui. Après mengier,
« Piere me fist lire devant luy en un romans. Mesure Rau dist
« que je lisoie moult bien. Après fu messire Rau malade , et mes-
« sire Pierre Chape , à la requeste de messire Rau , me manda
« lirre devant lui; issi avint que trois mois et plus y fu, et moult
« me despîaisoit ce que moult me deust pleire. Messire Rau dor-
« met poi et malvaisement , et quant je avoie leu tant com il vo-
« leit, il meismes me conteit moult de chozes dou royaume de Je-
« rusalem et des us et des assises , et disoit que je le retenisse T . »
Navarre n'oublia pas le conseil de Raoul de Tibériade , et on
verra que ce conseil ne pouvait pas être donné à un homme plus
capable d'en sentir l'importance et d'en tirer un bon parti.
Navarre , à cette époque , servait-il dans l'armée du roi de Jé
rusalem , ou dans celle du roi de Chypre , car ces deux armées
prirent également part au siège de Damielle? Il est difficile de
répondre à cette question d'une manière positive. Mais si nous
considérons que Philippe , dans l'écrit qu'il a composé sur la juri
sprudence féodale, montre qu'il connaissait aussi bien les lois et
les usages du royaume de Jérusalem que ceux du royaume de
Chypre , et qu'il eut des relations plus ou moins intimes avec les
principaux seigneurs de ces deux états, nous pourrons nous croire
en droit de conclure qu'il commença sa carrière militaire dans le
royaume de Jérusalem , et que , à l'exemple de tant de chevaliers
français , il alla prendre du service chez le roi de Chypre , quand
les chrétiens eurent été chassés de la Syrie et réduits à se renfer
mer dans Acre , dans Tyr et dans quelques châteaux du littoral.
Après avoir perdu de vue, pendant plusieurs années, Philippe
de Navarre, nous le retrouvons au premier rang parmi les se
igneurs les plus puissants et les plus considérés de l'île de Chypre.
Dans ces temps et surtout dans ces contrées , les caprices de la for
tune étaient fréquents, cependant les écrits de Philippe nous font
assez connaître son caractère , pour que nous puissions rester con
vaincus qu'il fut redevable de sa rapide élévation à son courage, à
' С XLTXj page 525 de notre édition. 1
talents et à sa fidélité pour une famille puissante, qui, pendant ses
presque toute la durée du treizième siècle , gouverna les deux
royaumes. Il prit une part active aux événements qui suivirent
l'arrivée de l'empereur Frédéric II dans l'île de Chypre , en 1228,
ce qui nous oblige de rappeler les causes d'une guerre civile qui .
durant cinq années , désola le royaume de Chypre. Nous suivrons ,
dans ce récit, Bustron et Jauna1, qui ont écrit d'après un poëme
que Navarre avait composé sur cette guerre.
Le roi Hugues 1er mourut en 1213, et laissa la couronne à
son fils Henri, qui était âgé seulement de neuf mois. Le gouver
nement du royaume et la garde du jeune prince furent remis,
conformément aux lois d'outre-mer, à Philippe et à Jean ďlbelin,

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