On demande toujours des inventeurs - article ; n°1 ; vol.33, pg 5-23
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Description

Communications - Année 1981 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 5-23
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Geneviève Jacquinot
On demande toujours des inventeurs
In: Communications, 33, 1981. pp. 5-23.
Citer ce document / Cite this document :
Jacquinot Geneviève. On demande toujours des inventeurs. In: Communications, 33, 1981. pp. 5-23.
doi : 10.3406/comm.1981.1492
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1981_num_33_1_1492Geneviève Jacquinot
On demande toujours des inventeurs...
et Georges l'enseignement, Friedmann, reproduit lors d'un dans débat le numéro sur les 2 de communications cette même revue de masse Comm
unications *, déclarait :
« L'utilisation des émissions de télévision éducative, leur traitement
pédagogique... ne concernent pas seulement la télévision comme moyen
d'enseignement mais retentissent sur la formation du téléspectateur. »
C'était en 1962, au moment où l'audio-visuel faisait son apparition
dans l'enseignement.
Vingt ans après — ou presque — où en sommes-nous?
L'apparition constante de nouveaux moyens de production, de stockage
et de diffusion de l'information, des télécommunications spatiales aux
vidéodisques en passant par la télévision câblée, la vidéocassette, la vidéo-
holographique et autres lasers... a rendu de plus en plus variées les situa
tions possibles d'apprentissage. En une génération on est passé, pour le
moins au niveau des discours, de l'école sans bibliothèque à la bibliothèque
devenue centre-d'auto-documentation-multi-médias-avec-enseignement-in-
dividualisé, machine -à -enseigner -et -information -automatisée -sur -ordina
teur!
Un média chasse l'autre et chaque nouveau gadget est l'occasion de
reposer la pseudo-question fondamentale : « Le média X va-t-il trans
former l'enseignement? » Les réponses se réduisent toutes, ou à peu près,
à une défense et illustration de la machine donnée : celle-ci est posée
comme utile par le technologue, et son usage éducatif, au mieux, postulé
en termes d'objectif de société. L'éventail des moyens disponibles témoi
gne de la passion pour l'innovation qui caractérise l'éducation aujourd'hui.
Et pourtant... on demande toujours des inventeurs 2.
Car il y a une disproportion inquiétante entre la richesse des techniques
de production, de stockage et de diffusion de l'information et la pauvreté
éducative et créatrice des messages véhiculés par ces nouveaux moyens
de communication, notamment les médias audio-visuels. L'insertion per
tinente de l'image dans un processus éducatif suppose au moins deux
types de réflexion, l'une portant sur l'instrument, le support, l'autre sur
le langage :
« L'histoire des recherches communicatives et pédagogiques montre
que l'intérêt a été massivement focalisé sur le premier terme. Les scien-
1. Communications 2, Paris, Éditions du Seuil, 1962.
2. Titre d'un chapitre du livre de M. Tardy, Le Professeur et les Images, Paris, PUF,
collection « SUP, L'éducateur», 1966, dont on s'aperçoit, à le relire, qu'il n'a pas beau
coup vieilli. Geneviève Jacquinot
tifiques puis les fabricants ont développé des systèmes techniques tou
jours plus performants. Le bastion pédagogique de la recherche (l'Uni
versité) s'est, lui aussi, associé au mouvement et de nombreux centres
de recherche ont travaillé ou ont été associés aux travaux sur les télécom
munications spatiales, la transmission numérique des données visuelles,
la télé-impression, etc. Aujourd'hui, le ridicule semble souvent atteint
lorsqu'on en vient à se demander quels programmes diffuser dans le cadre
de systèmes complexes de communication, par exemple les systèmes de
télécommunications spatiales transnationaux 1. »
On n'en finirait pas d'énumérer les maladresses qui se perpétuent dans
l'utilisation pédagogique de l'image. Elles témoignent d'une absence —
refus ou incapacité — de recherche d'une « écriture », c'est-à-dire d'une
exploration d'un mode de signifier spécifique en fonction de l'intention
d'instruire.
Dans une étude menée il y a quelques années sur les structures du film
pédagogique 2, nous concluions :
« Toujours un peu honteux de n'être pas du vrai cinéma — entendons
du cinéma fictionnel ou narratif — le film pédagogique ou bien ressemble
au et accepte de ne pas être didactique pour ne pas être
ennuyeux ; ou bien tourne le dos au cinéma fictionnel et accepte d'être pour être sûr d'être didactique. »
On pourrait dire à peu près la même chose de la télévision éducative :
— ou bien, considérée comme une des multiples ressources mises à la
disposition des enseignants dans le cadre normal de la classe, les émis
sions renforcent la relation traditionnelle de l'enseignant à l'enseigné et
de l'enseigné au savoir. Ce qui a fait dire à Henri Dieuzeide, lors d'une
conférence sur le thème Can television teach 3P
« Si cela continue, dans les années à venir, la télévision scolaire fera
figure de parc national, de musée où seront exposés les vestiges préhis
toriques de la tradition pédagogique du xixe siècle finissant. »
— ou bien (et c'est une tendance plus récente, notamment dans les
pays occidentaux) les émissions éducatives ressemblent à s'y méprendre
à certains programmes commerciaux : importance des moyens matériels
mis en œuvre, effacement du souci de communication pédagogique au
profit des effets visuels et sonores, emprunt aux procédés qui ont fait
leur preuve en publicité, etc. 4.
1. In revue Direct, bulletin mensuel sur l'utilisation de la technologie en éducation,
publiée par le Centre d'information et d'échanges télévision de l'Agence de coopération
culturelle et technique, qui a consacré un important dossier récapitulatif sur la télé
vision éducative et scolaire (1979, n08 3-4-5) auquel on pourra se reporter.
2. G. Jacquinot, Image et Pédagogie : Analyse sémiologique du film à intention
didactique, Paris, PUF, col. « SUP, L'éducateur », 1977.
3. « Est-ce que la télévision peut enseigner? », groupe de travail de deux jours sur
la télévision à l'école organisé par la Thames Television en association avec l'Indépen
dant Broadcasting Authority et l'Institut de l'éducation de l'université de Londres.
Londres, 1-2 juin 1979. Extrait d'une intervention de M. Dieuzeide, directeur de la
division des Structures, Contenus, Méthodes et Techniques de l'Éducation, UNESCO
(c'est nous qui traduisons).
4. Voir en particulier la série télévisuelle Sesame Street, « étalon » de la télévision
américaine dont le succès populaire est peu contestable mais que nombre de psycho- On demande toujours des inventeurs...
Positions l'une et l'autre inadéquates : la première parce qu'elle fait
de la télévision un simple moyen de diffusion, comme s'il suffisait d'occuper
l'écran pour accroître l'efficacité de la communication — ce qui revient
à nier les pouvoirs spécifiques de l'expression audio-visuelle ; la seconde
parce que reléguant les pédagogues au second plan, elle a accentué leurs
réticences à l'égard de produits qui méconnaissent les impératifs péda
gogiques. Dans cette lutte de pouvoir entre pédagogues et professionnels
de la télévision, la victoire passe d'un camp à l'autre : ce faisant nous
n'avons rien appris — ou presque — sur les possibilités offertes par l'image
pour apprendre...
Trente années de travaux, tant américains qu'européens, n'ont pas
réussi à faire ressortir nettement la supériorité du médium audio-visuel,
quel qu'il soit, sur le médium humain direct, celui qui fait le cours ou la
conférence en présence de son public. Le médium n'est pas tout, le rôle
et l'attitude du maître, pour ne prendre que cet exemple, semblent être
des variables autrement significatives. Wilbur Schramm — eminent spé
cialiste des problèmes de l'éducation par les médias — concluait, non
sans quelque candeur, dans un de ses derniers livres Big Media, Little
Media x, que ce qui compte c'est moins le m&

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