Palais et fisc à l époque carolingienne : Attigny - article ; n°2 ; vol.140, pg 133-162
31 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Palais et fisc à l'époque carolingienne : Attigny - article ; n°2 ; vol.140, pg 133-162

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
31 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1982 - Volume 140 - Numéro 2 - Pages 133-162
Domaine rural acquis par Clovis II en 651, Attigny fut une résidence du maire du palais Pépin à partir de 749. Devenu un palais avec l'avènement des Carolingiens, il cessa d'être fréquenté après 931. La fonction essentielle de ce palais découle de sa situation géographique située à proximité de la voie romaine Reims-Trêves, la localité constituait une étape commode entre est et ouest du royaume franc, puis entre les royaumes de Francie occidentale et de Lotharingie. Le fisc d'Attigny, mentionné pour la première fois en 877, peut être connu par l'analyse de trois diplômes, dont deux très postérieurs à la période carolingienne. Il englobait au début du Xe siècle au moins trois mille cinq cents hectares et regroupait quatre sinon six ~~villae~~. Les donations de terre faites au début du Xe siècle, ou dès la fin du IXe, des églises royales ne touchent une faible partie du fisc Attigny, qui passe ainsi à peu près intact dans le domaine royal capétien. Il constitue la dot de la fille de Philippe Ier, Constance, lors de son mariage avec le comte de Champagne, Hugues, vers 1093. Démembré par ce prince au profit de l'église de Reims et de l'abbaye de Molesmes, il est à l'origine des seigneuries ecclésiastiques d'Attigny et de Sainte-Vaubourg.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 147
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Josiane Barbier
Palais et fisc à l'époque carolingienne : Attigny
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1982, tome 140, livraison 2. pp. 133-162.
Résumé
Domaine rural acquis par Clovis II en 651, Attigny fut une résidence du maire du palais Pépin à partir de 749. Devenu un palais
avec l'avènement des Carolingiens, il cessa d'être fréquenté après 931. La fonction essentielle de ce palais découle de sa
situation géographique située à proximité de la voie romaine Reims-Trêves, la localité constituait une étape commode entre est
et ouest du royaume franc, puis entre les royaumes de Francie occidentale et de Lotharingie. Le fisc d'Attigny, mentionné pour la
première fois en 877, peut être connu par l'analyse de trois diplômes, dont deux très postérieurs à la période carolingienne. Il
englobait au début du Xe siècle au moins trois mille cinq cents hectares et regroupait quatre sinon six villae. Les donations de
terre faites au début du Xe siècle, ou dès la fin du IXe, des églises royales ne touchent une faible partie du fisc Attigny, qui passe
ainsi à peu près intact dans le domaine royal capétien. Il constitue la dot de la fille de Philippe Ier, Constance, lors de son
mariage avec le comte de Champagne, Hugues, vers 1093. Démembré par ce prince au profit de l'église de Reims et de l'abbaye
de Molesmes, il est à l'origine des seigneuries ecclésiastiques d'Attigny et de Sainte-Vaubourg.
Citer ce document / Cite this document :
Barbier Josiane. Palais et fisc à l'époque carolingienne : Attigny. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1982, tome 140,
livraison 2. pp. 133-162.
doi : 10.3406/bec.1982.450265
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1982_num_140_2_450265r o
PALAIS ET FISC À L'ÉPOQUE CAROLINGIENNE
ATTIGNY*
par
Josiane BARBIER
Attigny est l'un des plus célèbres palais des souverains carolin
giens. Il demeure néanmoins mal connu, ce qui peut sembler d'autant
plus paradoxal que, à partir du xvne siècle, plusieurs érudits s'y
sont intéressés, aussi bien Mabillon que des historiens locaux comme
G. Marlot, J.-B. Hulot et L. Péchenart1. Leurs dissertations et monog
raphies apparaîtraient vieillies par le seul fait que, depuis les tr
avaux de Péchenart (1904), les principaux textes relatifs à, Attigny
ont reçu une édition critique. Surtout l'historiographie carolingienne
a fort évolué : il faut rappeler ici tout ce que l'on doit aux recherches
des historiens allemands contemporains sur les fiscs et les palais
royaux2.
Ceux-ci ont notamment contribué à. éclairer les notions de palais
(palatium) et de fisc (fiscus). A l'époque carolingienne, le palais était
une résidence royale où s'effectuaient des actes de gouvernement.
Désignant également l'édifice où siégeait le souverain, le palatium
* Les références aux éditions de textes, aux ouvrages à caractère général, ainsi qu'aux
travaux ayant un objet plus restreint mais cités au moins deux fois, seront données en
abrégé dans les notes. Une liste des abréviations utilisées accompagnées des références
complètes est présentée page 161.
1. Dom Jean Mabillon, De re diplomatica libri VI, 3e éd., Naples, 1789, 2 vol., 1. IV, p. 248-
249 ; dom Guillaume Marlot, Histoire de la ville, cité et université de Reims, métropolitaine de
la Gaule belgique..., Reims, 1843-1846, 4 vol., t. III, p. 231-234; H.-L. Hulot, Attigny;
abbé L. Péchenart, Coup d' œil sur Attigny, Reims, 1904. Attigny : Ardennes, arr. Vouziers,
ch.-l. cant.
2. Outre les ouvrages généraux de Wolfgang Metz (Das karolingische Reichsgut, eine
verfassungs- und verwaltungs geschichtliche Untersuchung, Berlin, 1960) et de Cari Richard
Brühl (Fodrum), il convient de citer la publication collective de monographies consacrées
aux palais carolingiens et ottoniens, entreprise depuis 1963 par le Max- Planck-Institut für
Geschichte de Göttingen : Deutsche Königspfalzen, Beiträge zu ihrer historischen und archäolo
gischen Erforschung, ainsi que les travaux relatifs aux palais de Francia occidentalis : C. R.
Brühl, Palatium und Ciçitas, Studien zur Profantopographie spätantiker Civitates corn 3. bis
zum 13. Jahrhundert. I : Gallien, Cologne-Vienne, 1975 ; Eugen Ewig, Résidence et capitale
pendant le haut Moyen Age, dans E. Ewig, Spätantike» und fränkisches Gallien, Gesammelte
Schriften (1952-1973), t. I, Munich, 1976, p. 362-408.
BIBL. ÉC. CHARTES. 1982. 2 10 >
134 JOSIANE BARBIER
a été le mieux analysé par G. R. Brühl qui propose de le définir par
« la durée, la signification, la fréquence de la résidence ou de la pré
sence royale et par l'existence de constructions représentatives de
la royauté »l. Les palais, lorsqu'ils étaient ruraux, étaient liés à,
un ensemble agricole qui fournissait une partie au moins de la sub
sistance du souverain et de la cour. Cet ensemble pouvait être un
fiscus, terme qui paraît avoir désigné une unité d'administration
groupant une ou plusieurs unités économiques (villae)2.
Palatium, fiscus, Attigny fut l'un et l'autre. Après une analyse
portant sur le palais, on décrira le fisc tel qu'on peut l'entrevoir,
puis les donations dont palais et fisc firent l'objet. Ce réexamen
du passé d'Attigny ne sera qu'une relecture des sources écrites —
essentiellement diplomatiques — • qui mentionnent Attigny, dans
le sillage des monographies de palais carolingiens, afin de permettre
d'éventuelles comparaisons.
* * *
L'histoire du domaine royal d'Attigny s'inscrit entre 651 et 1093.
En effet, à, la différence de l'immense majorité des biens fiscaux,
les circonstances de l'entrée dans le fisc royal, celles de
sa cession par les souverains, sont connues : vers 651, l'abbé de Saint-
Aignan d'Orléans, Leodebodus, échangea avec le roi Glovis II son
domaine d'Attigny contre le viens de Fleury-sur-Loire 3 ; vers 1093,
Philippe Ier donna en dot à, sa fille Constance, épouse du comte de
Champagne Hugues, sa villa d'Attigny4.
Si, durant plus de quatre siècles, Attigny demeura dans les mains
des souverains, c'est seulement pendant la moitié de cette période
qu'on le trouve mentionné : car il faut attendre le premier diplôme
authentique délivré à Attigny, un acte du maire du palais Pépin
pour l'abbaye de Saint-Denis, du 17 août 749 5, pour qu'apparaisse
1. G. R. Brühl, Fodrum, t. I, p. 93 ; définition reprise en français par Fernand Vercau-
teren, L'hôtel du roi..., dans Le Moyen Age, t. 74, 1968, p. 583.
2. C. R. Brühl, op. cit., p. 95 et suivantes.
3. M. Prou et A. Vidier, Chartes de Saint-Benoît-sur-Loire, t. I, n° 1, p. 1-19 : testament
de Leodebodus, 27 juin 651 ; R.- H. Bautier, introduction à : Helgaudde Fleury, Vie de Robert
le Pieux, p. 33-34.
4. J. Laurent, Cartulaires de Molesme, 1er cartulaire, n° 20, t. II, p. 28-31 ; date du mariage
de Constance et de Hugues : d'après M. Bur, Comté de Champagne, p. 273-274.
5. M. G.H.D.Mer.,n°2l, p. 106-107 ;B.-M.,n°58, p. 31, place ce diplôme à l'année 750.
Les Ann. Petav., p. 9, rapportent, à l'année 727, le décès d'un certain Danihel à Attigny
(in Attiniaco). Selon l'éditeur Pertz, ce Danihel serait Ghilpéric II, connu également sous
le nom de Daniel. Il s'agirait donc de la première mention d'Attigny postérieure à 651, et
du premier séjour royal attesté dans cette localité- Cette interprétation n'est pas sans sou- ATTIGNY 135
un nouveau témoignage sur Attigny, par lequel débute une série
de mentions qui s'achève en 978 1. Il s'écoulera ensuite cent vingt ans
avant qu' soit à nouveau cité, au moment où il passe dans Attigny
le domaine du comte de Champagne. 749-978 : ce laps de temps
où se concentre la quasi-totalité des témoignages relatifs à Attigny
correspond à la période carolingienne.
C'est pendant cette période, précisément entre 749/757 et 921,
que les sources qualifient Attigny de palatium, palais : la multipli
cation soudaine des mentions d'Attigny à, partir de 749 et leur dis
parition tout aussi brutale après 978 pourraient s'expliquer par
la fonction de palais alors dévolue à Attigny. Cela nous amène à,
nous intéresser à ce palatium, plus particuli&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents