Penser la révolution industrielle - article ; n°4 ; vol.15, pg 615-629
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Description

Histoire, économie et société - Année 1996 - Volume 15 - Numéro 4 - Pages 615-629
Abstract This article proposes a model of the development of traditional economics. This model is malthusian : the propensity of population to grow faster than food supplies generates long cycles, which lead into serious crises, as in the 14th and 17th centuries. However, the model is markedly qualified by introducing boserupian episodes, during which population growth has positive effects. More over, in Europe, successive crises did not prevent an increasing accumulation of both physical and human capital. This accumulation was at the root of the Industrial revolution, thanks to wich there was an escape from the malthusian trap ; it has therefore to be seen as the crowning of a very long process.
Résumé Cet article présente un modèle du développement des économies traditionnelles. Ce modèle est « malthusien » : la tendance de la population à croître plus vite que les disponibilités en détermine des cycles longs, qui se terminent par des crises graves, comme celle des XVIe et XVIIe siècles. Mais ce modèle est fortement nuancé par l'introduction d'« épisodes boserupiens » durant lesquels la croissance de la population a des effets positifs. De plus, en Europe, les crises n'ont pas empêché l'accumulation croissante de capital physique et humain. Cette accumulation a débouché sur la Révolution industrielle, qui a permis d'échapper au piège malthusien, et qui apparaît donc comme le couronnement d'un processus à très long terme.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

John Komlos
Penser la révolution industrielle
In: Histoire, économie et société. 1996, 15e année, n°4. pp. 615-629.
Résumé Cet article présente un modèle du développement des économies traditionnelles. Ce modèle est « malthusien » : la
tendance de la population à croître plus vite que les disponibilités en détermine des cycles longs, qui se terminent par des crises
graves, comme celle des XVIe et XVIIe siècles. Mais ce modèle est fortement nuancé par l'introduction d'« épisodes boserupiens
» durant lesquels la croissance de la population a des effets positifs. De plus, en Europe, les crises n'ont pas empêché
l'accumulation croissante de capital physique et humain. Cette accumulation a débouché sur la Révolution industrielle, qui a
permis d'échapper au piège malthusien, et qui apparaît donc comme le couronnement d'un processus à très long terme.
Abstract This article proposes a model of the development of traditional economics. This model is "malthusian" : the propensity of
population to grow faster than food supplies generates long cycles, which lead into serious crises, as in the 14th and 17th
centuries. However, the model is markedly qualified by introducing "boserupian episodes", during which population growth has
positive effects. More over, in Europe, successive crises did not prevent an increasing accumulation of both physical and human
capital. This accumulation was at the root of the Industrial revolution, thanks to wich there was an escape from the malthusian
trap ; it has therefore to be seen as the crowning of a very long process.
Citer ce document / Cite this document :
Komlos John. Penser la révolution industrielle. In: Histoire, économie et société. 1996, 15e année, n°4. pp. 615-629.
doi : 10.3406/hes.1996.1890
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1996_num_15_4_1890PENSER LA REVOLUTION INDUSTRIELLE
par John KOMLOS
Résumé
Cet article présente un modèle du développement des économies traditionnelles. Ce modèle
est « malthusien » : la tendance de la population à croître plus vite que les disponibilités en
détermine des cycles longs, qui se terminent par des crises graves, comme celle des XVIe et
XVIIe siècles. Mais ce modèle est fortement nuancé par l'introduction d'« épisodes boserupiens »
durant lesquels la croissance de la population a des effets positifs. De plus, en Europe, les crises
n'ont pas empêché l'accumulation croissante de capital physique et humain. Cette accumulation
a débouché sur la Révolution industrielle, qui a permis d'échapper au piège malthusien, et qui
apparaît donc comme le couronnement d'un processus à très long terme.
Abstract
"malthusian" This article : proposes the propensity a model of population of the development to grow faster of traditional than food economics. supplies generates This model long is
cycles, which lead into serious crises, as in the 14th and 17th centuries. However, the model is
markedly qualified by introducing "boserupian episodes", during which population growth has
positive effects. More over, in Europe, successive crises did not prevent an increasing accumul
ation of both physical and human capital. This accumulation was at the root of the Industrial
revolution, thanks to wich there was an escape from the malthusian trap ; it has therefore to be
seen as the crowning of a very long process.
Je propose ici un modèle de ce qu'ont été les forces à l'œuvre dans le
développement économique européen qui s'est conclu par la révolution indust
rielle du XVIIIe siècle. Jusqu'à maintenant on a considéré celle-ci tantôt
comme une rupture soudaine avec le passé, tantôt comme une excroissance
amplifiant des processus entamés depuis le Moyen Age, sinon plus tôt encore.
J'entreprends d'harmoniser ces deux points de vue : certes, on peut voir dans
cette révolution une des composantes d'un processus économique qui persiste
depuis des siècles, sinon des millénaires ; rien ne s'oppose cependant à ce que,
dans le cours même de ce processus, ne soient apparues des discontinuités la croissance de telle ou telle variable démographique ou économique
pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Une telle approche nous permett
rait, je crois, de résoudre cette contradiction apparente : d'une part un déve
loppement économique, culminant dans la révolution industrielle, qui est de
HES 1996 (15e année, n° 4) 616 Histoire Économie et Société
nature évolutive; d'autre part des taux de croissance de la production globale,
de la production par tête et de la main-d'œuvre témoignant d'une discontinuité
manifeste. Rien ne nous obligerait plus alors à voir, dans cette révolution
industrielle, le lieu d'une rupture structurelle avec le passé; elle redeviendrait
part intégrante de millénaires d'expérience économique '.
La science économique peut légitimement considérer que la période qui va
de la révolution agricole du Néolithique jusqu'à la révolution industrielle pré
sente une réelle unité, car l'économie y fut constamment à dominante massi
vement agricole. L'économie de chasse et de cueillette qui précéda, celle du
monde industriel du XXe siècle qui suivit, se caractérisent toutes deux par des
relations de production nettement différentes de celles qu'ont pratiquées les
sociétés agricoles intermédiaires. Au XIXe siècle, le régime démographique
avait cessé d'être malthusien et l'économie n'était plus massivement agricole;
de plus, on attendait sérieusement de la science qu'elle résolût les problèmes
techniques ou économiques qui se posaient. Voilà qui remettait en cause fo
ndamentalement les structures des millénaires antérieurs. Selon Douglass
North, « la Première Révolution Economique a créé l'agriculture et la "civil
isation"; la seconde a donné de l'élasticité à la courbe de l'offre de nouvelles
connaissances, ce qui a permis d'incorporer la croissance économique dans le
système... Toutes deux méritent le titre de "Révolution" parce qu'elles ont
imprimé une autre pente à la courbe de l'offre de biens à long terme, de sorte
que la croissance démographique a pu se poursuivre sans qu'apparaissent les
conséquences lamentables du modèle économique classique » 2.
Du point de vue démographique, on peut également considérer que les dix
millénaires qui séparent ces deux révolutions constituent une entité car, pen
dant tout ce temps, l'augmentation de la population fut lente, et les régres
sions fréquentes. Avant la révolution néolithique, la population croissait
d'environ 0,15/10000, ce qui était extrêmement lent, mais signifiait cependant
doublement tous les 60000 ans; après la révolution agricole, il se peut que le
taux de croissance doive être multiplié par 24, pour atteindre 0,036 % par an ;
il se perpétuera à ce niveau jusqu'au début de l'époque moderne ; accélérera à
1. Carlo M. Cipolla, The Economie History of World Population, T éd., Hamnondsworth GB, Pelican
Books, 1978; Eric L. Jones estime que l'industrialisation n'a pas été « un coup de tonnerre soudain, mais une
croissance profondément enracinée dans le passé » : voir E.L. Jones, The European Miracle, Environments,
Economies, and Geopolitics in the History of Europe and Asia, Cambridge, Cambridge University Press,
1981, p. 225; Jan de Vries avance, dans la même veine, que « le milieu du XIXe siècle, disons le début de
l'âge des chemins de fer, fait un bien meilleur candidat au titre d'appariteur des nouveaux temps d'urbanisa
tion universelle » que « la ligne de partage conventionnelle de 1800 » : voir J. de Vries, European
Urbanization, 1500-1800, Cambridge Mass., Harvard University Press, 1984, p. 44. Et Daniel Christ : « ...
sans l'essor millénaire de l'Occident, on ne saurait même penser une histoire comme la révolution industrielle
anglaise » : voir D. Christ, « The Rise of the West », American Sociological Review 50, 1985, p. 181-195.
Dans « The Economy of Traditional Europe », Journal of Economic History 31, 1971, p. 153-164, David
Herlihy souligne aussi la continuité qui caractérise les processus économiques européens.
2. Douglass С. North, Structure and Change in Economie

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