Bulletin d épistémologie - article ; n°43 ; vol.37, pg 276-286
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1934 - Volume 37 - Numéro 43 - Pages 276-286
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Publié le 01 janvier 1934
Nombre de lectures 87
Langue Français

Extrait

René Kremer
Bulletin d'épistémologie
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 37° année, Deuxième série, N°43, 1934. pp. 276-286.
Citer ce document / Cite this document :
Kremer René. Bulletin d'épistémologie. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 37° année, Deuxième série, N°43, 1934. pp.
276-286.
doi : 10.3406/phlou.1934.2884
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1934_num_37_43_2884276 R. Kremer
BULLETIN D'ÉPISTÉMOLOGIE
Questions générales.
Les lecteurs de cette revue ont pu suivre ici même, dans les
articles de Mgr Noël, le débat ouvert — ou rouvert — par l'étude
de M. Gilson sur le réalisme méthodique ; c'est la notion de
l'épistémologie et sa méthode qui sont remises en question ; on
ne s'étonnera pas que ce problème ait retenu l'attention de
M. Régis Jolivet, dès la publication de l'article de M. Gilson.
Dans une étude rédigée avec clarté et menée avec autant de
pénétration que de fermeté, le distingué professeur de Lyon exa
mine les opinions en présence' et expose les conclusions aux
quelles il se rallie 1.
Le thomisme doit-il renoncer à la critique de la connaissance,
du moins à une critique qui prendrait pour point de départ le
Cogito ? Le réalisme qu'il professe doit-il renier l'épithète de cr
itique pour accepter uniquement de se dire méthodique? M. Jolivet
ne le pense pas. Toute critique n'est pas nécessairement idéaliste,
et le Cogito peut n'être pas cartésien ; dans le cartésianisme, ce
n'est pas le Cogito qui est proprement idéaliste, c'est le présup
posé qui consiste à appliquer à toute la philosophie la méthode
mathématique et qui fait par suite que le problème de la connais
sance est celui de l'existence de l'être extra-mental. Quelle est
donc la nature et la mission de la critique ? « La critique ne
pourra donc être qu'une réflexion sur la connaissance actuelle
pour en fonder la légitimité, en définir à la fois les modes et les
limites, les exigences absolues et la finalité dernière » (p. 24).
« La critique est... si l'on peut dire, une métaphysique réflexe,
une métaphysique qui assisterait a sa propre genèse, pour la juger
sans cesse par réflexion sur les raisons qui en fondent la légit
imité et la valeur » (p. 110). Le réalisme thomiste « est un réa-
1 Régis JOLIVET, Le Thomisme et la critique de la connaissance (Bibliothèque
française de philosophie, troisième série), Paris, Desclée, De Brouwer & Cie, 1933;
20x13, 148 pp.; 10 fr. d' épistémologie 277 Bulletin
lisme parfaitement conscient des raisons qui le fondent, et c'est
là sans doute un motif suffisant pour l'appeler critique. En effet,
il nous semble que le thomisme mérite d'être appelé un réalisme
critique, pour signifier que le réalisme, entendu, en ce cas, non
pas comme la démonstration de l'existence de choses indépen
dantes de l'esprit, mais comme l'affirmation de la valeur d'être
de la connaissance intellectuelle, est bien le résultat de la critique
de la connaissance. De ce point de vue, il est réaliste parce que
critique... » (p. 111). On pourrait reproduire une foule d'autres
formules, nettement frappées, exprimant les mêmes idées et con
tenant en germe, comme de juste, non seulement la notion, mais
l' épistémologie le développement même de l'épistémologie, et de
réaliste. Citons encore quelques passages : «... Il est impossible...
de dire que le Cogito ne nous ouvre que le monde de la pensée »,
non pas que nous entendions « déduire l'univers à partir des cogi-
tationes. Mais nous disons que, sans un parti pris idéaliste initial,
l'affirmation de l'immanence de l'univers à la pensée ne saurait
aucunement s'imposer. Le Cogito n'implique par lui-même rien de
semblable. Au contraire, il montre que l'on n'est jamais pour soi,
et par conséquent qu'il n'y a de Cogito que par un objet distinct
de soi... La réflexion a beau se redoubler et chercher à étreindre
le moi pur, elle n'y parvient jamais : le moi n'est toujours connu
que comme un sujet pensant un objet, c'est-à-dire pensant quelque
chose d'extérieur à la pure pensée » (p. 26).
Après ces déclarations, et d'autres non moins formelles, après
des développements des plus suggestifs, faut-il s'étonner si M. Joli-
vet déclare que « au fond, la position de Mgr Noël ne souffre que
d'une difficulté de terminologie, qui explique l'objection de M. Gil-
son »? (p. 56). La position de Mgr Noël paraît être celle même de
M. Jolivet, et celui-ci, dans l'allure générale de sa pensée comme
dans sa terminologie, nous semble être bien autrement près de lui
que de M. Gilson. Nous n'insisterons pas sur les questions d'his
toire contemporaine de la philosophie ; en ce qui concerne le
cardinal Mercier, M. Jolivet a mis en lumière des insuffisances et
des lacunes indéniables de sa Critêriologie ; encore faut-il tenir
compte d'éléments divers qui invitent à porter sur cette œuvre un
jugement plus réservé. Les termes n'ont pas toujours la rigueur
que des analyses ultérieures leur ont donnée ; l'interprétation psy-
chologiste de Kant, courante à cette époque, explique certains
flottements et certaines incertitudes ; mais ce qu'il faut avant tout 278 R. Kremer
retenir de cette œuvre, c'est la tendance générale, la volonté de
faire une épistémologie tenant réellement compte des exigences
de la critique philosophique et de l'histoire des systèmes.
Quant aux doctrines mêmes, M. Jolivet a raison de demander
que la connaissance du réel et non simplement celle du monde
extérieur soit mise au centre des recherches, et il a bien vu que
l'on ne peut isoler l'étude des principes de la question des uni-
versaux. Il serait bon d'insister aussi sur le caractère complexe de
l'appréhension de l'être. Ne pourrait-on pas réduire la divergence
qui paraît subsister entre lui et Mgr Noël ? Lorsque celui-ci met
au début de la critique un doute universel, il s'agit évidemment
de doute réflexif, qui n'enlève rien à la certitude spontanée ; et
même dans l'ordre de la réflexion, il déclare explicitement que la
prise de conscience de la valeur de l'intelligence, surtout dans la
première saisie du réel, n'est nullement le résultat d'une longue
élaboration. M. Jolivet écrit fort justement que la critique « n'a
d'autre but et d'autre effet que de faire prendre conscience de
ce qui est... le problème critique ne peut consister qu'à prendre
une conscience réfléchie de cette orientation spontanée, et à véri
fier et justifier réflexivement les procédés par lesquels la pensée
atteint l'être et possède la vérité » (p. 27). S'il y a justification re
flexive, ne faut-il pas qu'en commençant, l'esprit n'ait encore que
des adhésions spontanées et non reflexives ?
Continuant ses recherches sur la nature de la théorie de la con
naissance, Mgr Masnovo 2 discute la thèse fréquemment défendue,
qui en fait une partie de la métaphysique. Il estime que, puis
qu'elle doit justifier la métaphysique elle-même, la théorie de la
connaissance en est distincte et qu'il faut la rattacher à la logique ;
celle-ci ne doit pas être considérée comme une simple théorie de
la cohérence, mais comme une étude intégrale de la vérité. Il nous
paraît qu'il est juste de rappeler que la logique n'étudie pas seul
ement la cohérence interne de la pensée, ou plus exactement, que
cette même est fondée sur l'être ; mais il n'en reste pas
moins vrai que, par son haut degré d'abstraction qui en fait une
science purement formelle, elle ne peut avoir pour objet la vérité
tout entière ; il faut continuer à attribuer celle-ci à la métaphy-
3 A. MASNOVO, Gnoseologia e metafisica, Rivista di filosofia neo-scolastica,
XXV (1933), pp. 131-139. d' êpistémologie 279 Bulletin
sique ; rien n'empêche, par contre, la philosophie première de se
justifier elle-mê

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