L insistance du langage dans la phénoménologie post-husserlienne - article ; n°33 ; vol.77, pg 51-70
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1979 - Volume 77 - Numéro 33 - Pages 51-70
The care to understand the forms and the causes of the universal obsession with language in contemporary philosophical thought dominates this study in which the A. attempts to catch by surprise this obsession in one of its most discreet sources, Heidegger's Sein und Zeit. He observes that (1) Heidegger, and with him all of the phenomenological-dialectical-hermeneutical current, has sought to avoid the philosophy of language in the Anglo-Saxon sense, that is to say, a metalinguistic philosophy which would only be of language, for the sake of a philosophical thought which would continue to be about that which is and the being of that which is; (2) the way in which the question is treated in Sein und Zeit is unsatisfactory because it is fundamentally ambiguous. On the one hand the language is localised in a very secondary and apparently unproblematic place, in the framework of a philosophy which seeks to be about the being-thereness and being itself. On the other hand the question of the language springs up insistently in numerous forms at the very heart of the problematic of the treatise which finally reveals itself to be almost as obsessed by questions of language as Unterwegs zur Sprache or as is Anglo-Saxon philosophy, though in a very different form. To illustrate this ambiguity the A. examines especially the way in which Heidegger treats the questions of the statement, of the «inasmuch-as», of the nature of the phenomenological (-hermeneutical) discourse.
Finally the A. briefly verifies certain results of this analysis of Sein und Zeit by examining one of the latest of Heidegger's writings embodied in Phänomenologie und Theologie.
The general conclusion tends to discern in contemporary philosophy a twofold obsession with language : the one metalinguistic and specifically Anglo-Saxon, the other adlinguistic and more specifically continental.
Le souci de comprendre les formes et les causes de la hantise universelle du langage dans la pensée philosophique contemporaine commande cette étude où l'auteur tente de surprendre cette obsession à l'une de ses sources les plus discrètes, dans Sein und Zeit de Heidegger. Or il constate que 1) Heidegger, et avec lui tout le courant phénoménologique-dialectique-herméneutique, a cherché à esquiver la philosophie du langage au sens anglo-saxon, c'est-à-dire une philosophie métalinguistique qui ne serait que du langage, au profit d'une pensée philosophique qui continuerait d'être à propos de ce qui est et de l'être de ce qui est; 2) la façon dont la question du langage est traitée dans Sein und Zeit est insatisfaisante car fondamentalement ambiguë. D'une part, le langage est localisé en un lieu très dérivé et apparemment non problématique, dans le cadre d'une philosophie qui se veut de l'être-là et de l'être même. D'autre part, la question du langage rejaillit de façon insistante sous des formes multiples au cœur même de la problématique du traité qui se révèle, en définitive, presque aussi obsédé par les questions de langage que le sera Unterwegs zur Sprache ou que l'est, quoique sous une forme fort différente, la philosophie anglo-saxonne. Pour illustrer cette ambiguïté, l'auteur examine spécialement la façon dont Heidegger traite les questions de l'énoncé, de l'en-tant-que, de la nature du discours phénoménologique (-herméneutique).
Enfin, l'auteur vérifie brièvement certains résultats de cette analyse de Sein und Zeit en examinant un des textes les plus tardifs de Heidegger repris dans Phänomenologie und Theologie.
La conclusion générale tend à discerner dans la philosophie contemporaine une hantise langagière à deux faces : l'une métalinguistique et spécifiquement anglo-saxonne, l'autre adlinguistique et plus spécifiquement continentale.
20 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gilbert Hottois
L'insistance du langage dans la phénoménologie post-
husserlienne
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 77, N°33, 1979. pp. 51-70.
Citer ce document / Cite this document :
Hottois Gilbert. L'insistance du langage dans la phénoménologie post-husserlienne. In: Revue Philosophique de Louvain.
Quatrième série, Tome 77, N°33, 1979. pp. 51-70.
doi : 10.3406/phlou.1979.6032
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1979_num_77_33_6032Abstract
The care to understand the forms and the causes of the universal obsession with language in
contemporary philosophical thought dominates this study in which the A. attempts to catch by surprise
this obsession in one of its most discreet sources, Heidegger's Sein und Zeit. He observes that (1)
Heidegger, and with him all of the phenomenological-dialectical-hermeneutical current, has sought to
avoid the philosophy of language in the Anglo-Saxon sense, that is to say, a metalinguistic philosophy
which would only be of language, for the sake of a philosophical thought which would continue to be
about that which is and the being of that which is; (2) the way in which the question is treated in Sein
und Zeit is unsatisfactory because it is fundamentally ambiguous. On the one hand the language is
localised in a very secondary and apparently unproblematic place, in the framework of a philosophy
which seeks to be about the being-thereness and being itself. On the other hand the question of the
language springs up insistently in numerous forms at the very heart of the problematic of the treatise
which finally reveals itself to be almost as obsessed by questions of language as Unterwegs zur
Sprache or as is Anglo-Saxon philosophy, though in a very different form. To illustrate this ambiguity the
A. examines especially the way in which Heidegger treats the questions of the statement, of the
«inasmuch-as», of the nature of the phenomenological (-hermeneutical) discourse.
Finally the A. briefly verifies certain results of this analysis of Sein und Zeit by examining one of the
latest of Heidegger's writings embodied in Phänomenologie und Theologie.
The general conclusion tends to discern in contemporary philosophy a twofold obsession with language
: the one metalinguistic and specifically Anglo-Saxon, the other adlinguistic and more specifically
continental.
Résumé
Le souci de comprendre les formes et les causes de la hantise universelle du langage dans la pensée
philosophique contemporaine commande cette étude où l'auteur tente de surprendre cette obsession à
l'une de ses sources les plus discrètes, dans Sein und Zeit de Heidegger. Or il constate que 1)
Heidegger, et avec lui tout le courant phénoménologique-dialectique-herméneutique, a cherché à
esquiver la philosophie du langage au sens anglo-saxon, c'est-à-dire une philosophie métalinguistique
qui ne serait que du langage, au profit d'une pensée philosophique qui continuerait d'être à propos de
ce qui est et de l'être de ce qui est; 2) la façon dont la question du langage est traitée dans Sein und
Zeit est insatisfaisante car fondamentalement ambiguë. D'une part, le est localisé en un lieu
très dérivé et apparemment non problématique, dans le cadre d'une philosophie qui se veut de l'être-là
et de l'être même. D'autre part, la question du langage rejaillit de façon insistante sous des formes
multiples au cœur même de la problématique du traité qui se révèle, en définitive, presque aussi
obsédé par les questions de langage que le sera Unterwegs zur Sprache ou que l'est, quoique sous
une forme fort différente, la philosophie anglo-saxonne. Pour illustrer cette ambiguïté, l'auteur examine
spécialement la façon dont Heidegger traite les questions de l'énoncé, de l'en-tant-que, de la nature du
discours phénoménologique (-herméneutique).
Enfin, l'auteur vérifie brièvement certains résultats de cette analyse de Sein und Zeit en examinant un
des textes les plus tardifs de Heidegger repris dans Phänomenologie und Theologie.
La conclusion générale tend à discerner dans la philosophie contemporaine une hantise langagière à
deux faces : l'une métalinguistique et spécifiquement anglo-saxonne, l'autre adlinguistique et plus
spécifiquement continentale.L'insistance du langage
dans la phénoménologie post-husserlienne
II y a deux modes de rencontre de la phénoménologie et du
langage : le premier consiste en l'articulation d'une relation externe
où la phénoménologie paraît maîtriser le langage et toute science du
langage comme n'importe quel autre objet et savoir objectif; selon
l'autre style de rencontre, la question du langage ne cesse de rejaillir
expressément ou de façon dissimulée au cœur même de la phénoménolo
gie, et donc de la philosophie puisqu'il est entendu que la phéno
ménologie a eu la prétention de s'identifier au tout thématique et
méthodologique de la philosophie. Insistons-y cependant : la façon
dont la question du langage hante certains philosophèmes phénoménol
ogiques-herméneutiques peut ne pas être explicite du tout; mieux : il
arrive que le langage soit évoqué comme repoussoir en vue de la
détermination de ce que l'on désigne comme proprement digne de
l'investigation philosophique : ainsi, on cherchera à démontrer l'exi
stence d'une nappe de sens préalable au langage, on opposera l'invest
igation des «choses mêmes» à la considération de simples mots.
L'œuvre de H. J. Pos 1, et dans une moindre mesure celle de Stutter-
1 On se reportera spécialement à H. J. Pos, Inleiding tot de taalwetenchap et
Keur uit de verspreide geschriften van Pos (I. Taal, mens en cultuur), et à CF. P. Stut-
terheim, Inleiding tot de taalphilosophie. On trouvera chez Pos une critique du
paradigme sujet-prédicat propre à la réflexion philosophique traditionnelle sur le langage
(cf. Inleiding tot de taalwetenschap, pp. 10 ss, 20 ss) avec, parfois, des intuitions qui
cependant portent loin : « La théorie de la langue comme phase de la langue elle-
même» (cf. o.c, pp. vin, 230 ss). Toutefois, Pos cherche surtout à nous convaincre
de la nécessité de réinscrire la linguistique dans le champ préalable d'un rapport et
d'un savoir spontané du langage et de son exercice, dont il s'agit de ne pas
méconnaître la positivité et la fécondité. Très phénoménologiquement, il s'emploie à
dériver par modifications-privations successives le phénomène scientifique du langage
à partir de la conscience vivante de la parole. Soulignant que le savant doit toujours
partir de l'expérience du sujet parlant, qu'il demeure lui-même jusque dans son
travail scientifique (cf. Keur..., pp. 131-140), Pos insiste notamment sur la nécessité
phénoménologique-herméneutique de l'éclairage théorique du concept du langage, pré
alablement à l'étude scientifique du fait linguistique. C'est le principe bien connu
selon lequel toute description présuppose une théorie et donc un éclairage philoso
phique : « Aucun 'fait' ne peut être établi sans ». 52 Gilbert Hottois
heim l, fournissent un bon exemple de rencontre largement extérieure
de la phénoménologie post-husserlienne 2 et du langage.
Il en va tout autrement quand on considère les deux grands traités
de Sein und Zeit et de La phénoménologie de la perception. Il y a là
un double foyer, dont on ne soulignera jamais assez l'importance, de
l'investissement subtil de la philosophie par la question du langage
sur le continent.
Nous nous bornerons dans cet article à considérer Sein und Zeit,
nous efforçant de montrer comment, d'une part, ce livre paraît éviter
de placer la question du langage au centre de ses préoccupations de
telle sorte que la phénoménologie-herméneutique demeure bien une
phénoménologie et une herméneutique des choses mêmes, de la
«réalité» et non des mots, du langage; et comment, d'autre part,
dans ce livre, la question du langage, de l'énoncé et de l'en-tant-que
est mal réglée de telle sorte que le thème du langage rejaillit divers
ement et plus ou moins subrepticement en divers lieux significatifs.
En somme, nous pensons que Heidegger n'a réussi à éviter une
philosophie du langage (au sens anglo-saxon) qu'au prix d'une contor
sion de la pensée philosophique (faisant par exemple de la phéno
ménologie une herméneutique) qui, si elle a

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