La philosophie et son «autre». Réflexions à partir de l œuvre d Éric Weil - article ; n°57 ; vol.83, pg 54-74
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1985 - Volume 83 - Numéro 57 - Pages 54-74
In the wake of the Logique de la philosophie, an attempt is made here to present a problematic of philosophy in its relationship to non-philosophy. Confronted with the three fundamental realities of scientific knowledge, political action and poetic creation, reflection shows itself as a power of integrating and relativising comprehension, susceptible of taking into itself any particularity other than itself by replacing it in the presence of the totality lived and thought in a sensible manner by reasonable freedom. But it is only when faced with the absolute violence of the refusal opposed to all coherence that discourse comes to recognise itself as resulting from an option simultaneously injustifiable and militant in favour of (the realisation of) reason, an option which excludes the irrational revolt only in order to discover better and at the same time produce the immanent meaning of the finite condition. Do such perspectives entirely escape the peril of double truth and of a certain theoreticism? Suffice it here to raise the question and open the way to discussing it. (Transl. by J. Dudley).
Dans le sillage de la Logique de la Philosophie, on cherche ici à présenter une problématique de la philosophie dans son rapport à la non-philosophie. Confrontée à ces trois réalités fondamentales que sont le savoir scientifique, l'action politique et la création poétique, la réflexion se montre comme puissance de corn- préhension intégrative et relativisante susceptible de reprendre en soi toute particularité autre que soi en la replaçant dans la présence de la totalité vécue et pensée de manière sensée par la liberté raisonnable. Mais c'est seulement face à la violence absolue du refus opposé à toute cohérence que le discours en vient à se reconnaître comme issu d'une option à la fois injustifiable et militante pour la (réalisation de la) raison, option qui n'exclut la révolte irrationnelle que pour mieux découvrir et produire à la fois le sens immanent de la condition finie. De telles perspectives échappent-elles entièrement au péril de la double vérité et de certain théoricisme? On se contente ici de poser la question et d'ouvrir à sa discussion.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Francis Guibal
La philosophie et son «autre». Réflexions à partir de l'œuvre
d'Éric Weil
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 83, N°57, 1985. pp. 54-74.
Citer ce document / Cite this document :
Guibal Francis. La philosophie et son «autre». Réflexions à partir de l'œuvre d'Éric Weil. In: Revue Philosophique de Louvain.
Quatrième série, Tome 83, N°57, 1985. pp. 54-74.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1985_num_83_57_6343Abstract
In the wake of the Logique de la philosophie, an attempt is made here to present a problematic of
philosophy in its relationship to non-philosophy. Confronted with the three fundamental realities of
scientific knowledge, political action and poetic creation, reflection shows itself as a power of integrating
and relativising comprehension, susceptible of taking into itself any particularity other than itself by
replacing it in the presence of the totality lived and thought in a sensible manner by reasonable
freedom. But it is only when faced with the absolute violence of the refusal opposed to all coherence
that discourse comes to recognise itself as resulting from an option simultaneously injustifiable and
militant in favour of (the realisation of) reason, an option which excludes the irrational revolt only in order
to discover better and at the same time produce the immanent meaning of the finite condition. Do such
perspectives entirely escape the peril of double truth and of a certain theoreticism? Suffice it here to
raise the question and open the way to discussing it. (Transl. by J. Dudley).
Résumé
Dans le sillage de la Logique de la Philosophie, on cherche ici à présenter une problématique de la
philosophie dans son rapport à la non-philosophie. Confrontée à ces trois réalités fondamentales que
sont le savoir scientifique, l'action politique et la création poétique, la réflexion se montre comme
puissance de corn- préhension intégrative et relativisante susceptible de reprendre en soi toute
particularité autre que soi en la replaçant dans la présence de la totalité vécue et pensée de manière
sensée par la liberté raisonnable. Mais c'est seulement face à la violence absolue du refus opposé à
toute cohérence que le discours en vient à se reconnaître comme issu d'une option à la fois injustifiable
et militante pour la (réalisation de la) raison, option qui n'exclut la révolte irrationnelle que pour mieux
découvrir et produire à la fois le sens immanent de la condition finie. De telles perspectives échappent-
elles entièrement au péril de la double vérité et de certain théoricisme? On se contente ici de poser la
question et d'ouvrir à sa discussion.philosophie et son «autre» La
Réflexions à partir de l'uvre d'Éric Weil*
«Comprendre, c'est toujours comprendre en
commençant par considérer l'autre de ce qui est
à comprendre».
(PS, p. 363)
«Pour le Tout, il n'y a pas d'autre».
(LP, p. 323)
Éric Weil est sans doute de ceux qui nous ont le plus vigoureuse
ment appris ou rappelé que la philosophie reste à jamais
* Éric Weil est né en Allemagne en 1904. Il se forma à la philosophie sous la
direction notamment de E. Cassirer. Ses origines juives l'amenèrent à s'exiler au cours
des années trente-trois. Naturalisé français, il fut engagé après la guerre au C.N.R.S. et
compta parmi les fondateurs de la revue Critique. En 1950, il soutint sa thèse française
de doctorat avec sa grande Logique de la Philosophie et un Hegel et l'État qui
prenait le contre-pied de nombre d'idées reçues. A partir de 1955, il fut professeur à
l'Université de Lille où il enseigna jusqu'en 1968; il passa ensuite à l'Université de
Nice jusqu'à sa retraite en 1974. Il est mort à Nice au début de 1977.
Peu soucieuse d'éclat ni de mode, cette pensée sans complaisance, rigoureuse et
exigeante, n'a sans doute pas reçu jusqu'à présent l'accueil qu'elle mérite. Sous l'im
pulsion, toutefois, de disciples et d'amis français et italiens, cette méconnaissance
relative paraît en voie d'être surmontée, si l'on en juge par l'augmentation récente
d'articles et de travaux. Dernièrement, le Centre Éric Weil de Lille organisait ainsi à
Chantilly un colloque sur «l'actualité d'Éric Weil» dont les Actes ont été publiés en
1984 chez Beauchesne. On trouvera ici une version modifiée et amplifiée de la com
munication présentée à cette occasion par Francis Guibal.
Abréviations utilisées :
LP Logique de la Philosophie, Vrin.
PP Philosophie Politique, Vrin.
EC Essais et Conférences, 2 tomes, Pion.
PRet Réalité, Beauchesne.
PS «La Philosophie est-elle scientifique?», Archives de Philosophie, 1970, tome 33.
RH «Réflexions sur l'histoire», conférence inédite.
VL «Violence et Langage», Recherches et Débats n° 59, DDB.
AP Archives de Philosophie, 1970, tome 33 (numéro spécial consacré à É. Weil).
RMM Revue de Métaphysique et de Morale, 1950, tome 55 (compte-rendu de la
soutenance de thèse). philosophie et son autre 55 La
question pour elle-même, parce qu'elle est philosopher, activité d'hom
mes vivants, possibilité toujours ouverte, éternelle jeunesse et perpétuel
(re)commencement d'une «interrogation sur le sens toujours renouvelée,
toujours à renouveler» (PS, 367) et à actualiser, parce qu'elle questionne
tout et toutes les réponses historiques données, y compris celles de la
tradition philosophique. Or, c'est précisément à partir de et face à son
«autre» disons, provisoirement, la «non-philosophie» que ce(t)
(auto)questionnement inlassable ne cesse de surgir, de se conquérir et
de se formuler. D'où l'intention qui anime cette étude : tenter d'éclairer
quelques aspects de la philosophie en précisant quelques formes de cet
«autre» d'elle-même sans lequel elle ne pourrait être elle-même.
C'est évidemment en marge de l'uvre de Weil, en particulier de sa
Logique de la Philosophie, que se proposent les réflexions qui suivent.
On se gardera pourtant d'y chercher un commentaire suivi qui exigerait,
c'est trop clair, un bien autre travail ; disons plutôt que, à l'ombre et à
la suite de Weil, je m'essaie à présenter une problématique de la
philosophie en tant que confrontée à ces trois «faits» majeurs que sont
le savoir scientifique, l'action politique et la création poétique. Ce qui
devrait permettre au terme de mieux saisir que le défi le plus radical
porté à la volonté raisonnable de compréhension ne lui vient pas de
ces autres seulement relatifs, mais bien de cet autre absolu qui a nom
violence et qui oblige à mieux mesurer la spécificité de l'option philo
sophique. Je me permettrai, pour finir, de poser quelques questions
susceptibles d'ouvrir sur une manière quelque peu différente d'envisager
la cohérence raisonnable.
Condition et liberté
Historiquement, on le sait, les sciences sont nées de la philosophie,
mais en vertu d'une rupture émancipatrice qui leur a conféré leur
autonomie. De ce processus encore inachevé ne peut manquer de surgir
une double question : 1) en quoi réside exactement la différence entre
savoir scientifique et théorie philosophique? et 2) qu'en est-il dès lors du
rapport de la philosophie aux sciences positives? Quant au premier
point, Weil montre que l'intérêt interrogatif de la philosophie porte sur
l'auto-compréhension de la liberté humaine à l'intérieur «du tout et
du sens» (PS, 361), non sur la maîtrise conceptuelle des conditions
objectives ; si la philosophie ne peut être confondue ni avec une science Francis Guibal 56
ni avec une super-science, ce n'est point faute «d'avoir trouvé un
domaine autonome et une méthode propre» (PS, 356), mais en raison de
l'intégralité et de la radicalité qui sont au cur de sa quête de
cohérence. Cette distance clairement marquée à l'égard des tendances
réductrices du néo-positivisme (par exemple Carnap) ne conduit par
ailleurs nullement à une pensée mystico- ou mythico-poétique super
bement étrangère à la rationalité calculante (par exemple Heidegger) :
en tant que projet fondamentale

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