Prolégomènes à une étude portant sur l organisation de l espace sacré en Orient - article ; n°1 ; vol.7, pg 23-36
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Description

Travaux de la Maison de l'Orient - Année 1984 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 23-36
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Claude Margueron
Prolégomènes à une étude portant sur l'organisation de l'espace
sacré en Orient
In: Temples et sanctuaires. Séminaire de recherche 1981-1983. sous la direction de G. Roux. Lyon : Maison de
l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1984. pp. 23-36. (Travaux de la Maison de l'Orient)
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Margueron Jean-Claude. Prolégomènes à une étude portant sur l'organisation de l'espace sacré en Orient. In: Temples et
sanctuaires. Séminaire de recherche 1981-1983. sous la direction de G. Roux. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée
Jean Pouilloux, 1984. pp. 23-36. (Travaux de la Maison de l'Orient)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0766-0510_1984_sem_7_1_1650PROLÉGOMÈNES A UNE ÉTUDE
PORTANT SUR L'ORGANISATION
DE L'ESPACE SACRÉ EN ORIENT
Jean-Claude MARGUERON
Si les études portant sur l'architecture sacrée en Orient sont relativement nomb
reuses1, on remarque cependant qu'elles ne s'intéressent que rarement à la no
tion d'espace sacré2. Or, certaines recherches que j'ai menées sur le terrain, en
particulier à Emar, ajoutées à une réflexion théorique, m'ont conduit à penser
que préalablement à toute étude d'architecture religieuse, selon les méthodes
traditionnelles, il fallait s'interroger sur l'espace que les anciens consacraient à la
divinité ; c'est alors, mais alors seulement que la connaissance des formes archi
tecturales et des techniques utilisées peut avoir une signification et devenir une
explication de l'univers religieux.
Dans le cadre de ce séminaire, il ne saurait être question que je traite l'ensem
ble du problème. Je voudrais simplement, après avoir précisé dans quel sens il
me paraît nécessaire d'orienter la problématique, évoquer à partir de deux exemp
les certaines des directions de recherche qui s'imposent d'emblée3 ; mais il est
bien évident que je ne pourrai dans les limites de cet exposé apporter une dé-
1. On citera Heinrich 1982 où ce spécialiste de l'architecture reprend l'essentiel de ses écrits anté
rieurs, nous dispensant par là même de les détailler ici. On retiendra aussi, parmi d'autres publicat
ions, Lenzen 1955, H. Crawford 1977 et le dernier travail en date Tunca 1983. Il ne faut toutefois
pas surestimer le volume de ces travaux : à l'exception du dernier qui étudie l'ensemble des sanc
tuaires du Dynastique Archaïque de façon systématique en renouvelant les problèmes, on est enco
re loin d'avoir une connaissance précise de ces temples.
2. Toutefois Gullini 1971 s'est intéressé à la notion d'espace sacré, mais selon une approche différente
de la nôtre puisqu'il utilise ce terme pour définir la catégorie dans laquelle un édifice peut être pla
cé.
3. Un troisième exemple a été développé lors du séminaire ; il portait sur la division intérieure des
temples. Comme il prenait trop d'importance par rapport à ce texte, il sera publié de façon indé
pendante. :
24 J. MARGUERON
monstration complète de chaque exemple. Chacun de ces thèmes sera donc re
pris dans des études ultérieures4.
Qui a voyagé au Proche-Orient sait que l'espace s'y charge d'une signification
particulière. Aux paysages relativement fermés de la côte, des montagnes du Tau-
rus et du Zagros, s'oppose l'infini des steppes, des déserts ou de la plaine alluviale
du Tigre et de l'Euphrate. Dans un monde où l'horizon disparaît dans une confu
sion du ciel et de la terre, dans une immensité sans fin, comment l'homme sédent
aire aurait-il pu désirer autre chose que reconstruire un monde à sa mesure ?
C'est cette perception de l'espace remodelé que cherchent à définir les recher
ches sur l'architecture de l'antiquité. Pourtant dans le domaine du divin, je ne
sais si l'on s'est interrogé sur les raisons qui ont poussé l'homme à structurer l'e
space sacré, ni si l'on s'est inquiété du fait que ne consacrant qu'une partie de ce
monde à la (aux) divinité(s), il a cherché à délimiter matériellement ce territoire,
car si l'on pense avec Mircéa Eliade qu'une hiérophanie est à l'origine de la sacra
lisation d'un espace5, il faut encore comprendre comment on a pu donner une d
imension en superficie (territoire), voire en volume (édifice construit) à ce qui, au
départ, n'était qu'une manifestation purement ponctuelle. Ce transfert ne me pa
raît nullement évident a priori.
Dans une étape suivante ne faudrait-il pas se demander pourquoi certains espa
ces sacrés sont restés libres de toute construction, alors que d'autres se cou
vraient d'édifices ? Et, dans ce dernier cas, quels sont les impératifs qui ont pré
sidé au choix des zones qui, à l'intérieur du territoire consacré, devaient rester à
l'air libre et celles qui devaient être couvertes ? Sont-ce des règles d'architecture
traditionnelle qui fourniront des indices ou au contraire doit-on espérer des solu
tions d'une meilleure connaissance des pratiques cultuelles ? Au fond l'espace sa
cré peut être :
1°) libre de toute construction de quelque nature que ce soit : seule la cons
cience collective sait que ce lieu est différent des autres et en connaît les
limites ;
2°) équipé d'installations cultuelles à l'air libre, destinées à certaines prati
ques : autels, réceptacles à libations, support d'offrandes... ;
3°) construit partiellement avec un ou plusieurs édifices ;
4°) totalement jusqu'à la limite du territoire, sans laisser une seule
partie à ciel ouvert.
C'est le troisième cas qui est le plus intéressant pour notre propos, puisqu'il
permet de poser le problème des rapports entre les différentes parties pourvues
ou non de constructions. De façon un peu schématique on peut envisager quatre
possibilités :
a - la partie construite se limite à une enceinte ; cette architecture sommaire ne
vise qu'à matérialiser les frontières du monde sacré, à le protéger, mais aussi
à préserver tout individu du risque de sacrilège ;
4. Il faut marquer aussi que le problème est difficile le matériel est hétérogène dans le temps comme
dans l'espace et trop souvent inadéquat. Il ne faut donc guère s'étonner si l'approche est parsemée
de pièges qui concernent particulièrement le domaine des idées reçues.
5. Eliade 1964, p. 316 sq. !
L'ESPACE SACRÉ EN ORIENT 25
b - la partie construite s'étend à toutes les limites du territoire sacré, mais en
laissant à l'intérieur un ou plusieurs espaces à ciel ouvert : ceux-ci apparais
sent alors comme des cours insérées à l'intérieur de la construction, qui peu
vent être disposées selon des modalités nombreuses qu'il n'est pas nécessaire
de détailler maintenant ;
c - la partie construite jouxte une ou plusieurs limites du territoire sacré et des
espaces ouverts s'étendent sur un ou côtés des parties construites
et des limites de l'espace sacré ; les modalités de juxtaposition et de combi
naison sont très nombreuses, puisque la partie à ciel ouvert peut se trouver
devant, à côté ou derrière le bâtiment ;
d - enfin, la partie construite se trouve au centre du territoire et elle est entou
rée par l'espace à ciel ouvert, qui s'étend jusqu'aux limites de l'enclos ; on est
alors en présence d'une organisation de forme concentrique.
Il ne me paraît pas nécessaire de définir ici plus longuement ces possibilités ; il
me suffisait de tracer les grandes lignes d'une situation qui n'est pas aussi simple
que ce qu'on aurait pu croire. Car on a parfois eu tendance en archéologie méso-
potamienne à ramener le secteur consacré à la seule partie construite (situation
4), c'est-à-dire au temple et donc à n'étudier que celui-ci. On peut aisément expli
quer cette propension, car, dans son entreprise, l'archéologue cherche quelque
chose de solide, une réalité et non pas le vide ; il est donc tout naturellement
conduit à porter ses efforts sur l'architecture et à arrêter la fouille quand il ne
trouve « rien », c'est-à-dire

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