Qui est l auteur de la chronique latine de Charles VI dite du Religieux de Saint-Denis? - article ; n°1 ; vol.134, pg 85-102
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Qui est l'auteur de la chronique latine de Charles VI dite du Religieux de Saint-Denis? - article ; n°1 ; vol.134, pg 85-102

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Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1976 - Volume 134 - Numéro 1 - Pages 85-102
Dans le manuscrit de Bruxelles, Bibliothèque royale 10306-307, contenant un traité de Jean de Montreuil, humaniste parisien assassiné en 1418, se trouve une note marginale qui qualifie le chroniqueur de Saint-Denis de chantre de l'abbaye. Les dates extrêmes de la composition de cette note sont 1409-1413; dans ces conditions, le chroniqueur et chantre mentionné ne peut être que l'auteur anonyme de la Chronique latine de Charles VI, le fameux «Religieux de Saint-Denis». Or M. Samaran a publié en 1943 un nécrologe de l'bbaye contenant les noms de tous les dignitaires décédés entre le XIVe et le XVIIe siècle; d'autre part, en constatant une rupture de style dans la chronique au cours de l'année 1420, il avait supposé que le Religieux était mort autour de cette date. Le nécrologe mentionne effectivement le décès d'un chantre à cette époque: il s'agit d'un certain Michel Pintoin, mort en février 1421 (n. st.), qui doit donc être identifié avec le chroniqueur anonyme. Malheureusement, il ne reste aucune trace connue de ce personnage dans les archives.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nicole Grevy-Pons
Ezio Ornato
Qui est l'auteur de la chronique latine de Charles VI dite du
Religieux de Saint-Denis?
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1976, tome 134, livraison 1. pp. 85-102.
Résumé
Dans le manuscrit de Bruxelles, Bibliothèque royale 10306-307, contenant un traité de Jean de Montreuil, humaniste parisien
assassiné en 1418, se trouve une note marginale qui qualifie le chroniqueur de Saint-Denis de chantre de l'abbaye. Les dates
extrêmes de la composition de cette note sont 1409-1413; dans ces conditions, le chroniqueur et mentionné ne peut être
que l'auteur anonyme de la Chronique latine de Charles VI, le fameux «Religieux de Saint-Denis». Or M. Samaran a publié en
1943 un nécrologe de l'bbaye contenant les noms de tous les dignitaires décédés entre le XIVe et le XVIIe siècle; d'autre part, en
constatant une rupture de style dans la chronique au cours de l'année 1420, il avait supposé que le Religieux était mort autour de
cette date. Le nécrologe mentionne effectivement le décès d'un chantre à cette époque: il s'agit d'un certain Michel Pintoin, mort
en février 1421 (n. st.), qui doit donc être identifié avec le chroniqueur anonyme. Malheureusement, il ne reste aucune trace
connue de ce personnage dans les archives.
Citer ce document / Cite this document :
Grevy-Pons Nicole, Ornato Ezio. Qui est l'auteur de la chronique latine de Charles VI dite du Religieux de Saint-Denis?. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1976, tome 134, livraison 1. pp. 85-102.
doi : 10.3406/bec.1976.450054
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1976_num_134_1_450054•
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QUI EST L'AUTEUR
DE LA CHRONIQUE LATINE DE CHARLES VI,
DITE DU RELIGIEUX DE SAINT-DENIS?
par
Nicole GRÉVY-PONS et Ezio ORNATO
Le Religieux de Saint-Denis est un des plus célèbres
anonymes de l'histoire intellectuelle du Moyen Age, car
sa chronique présente un triple intérêt historique, littéraire
et humain. Son auteur, ayant reçu la charge officielle de
« chroniqueur de France », avait accès aux documents confi
dentiels provenant de la chancellerie royale ; par la qualité
de son style et l'étendue de sa culture, il se distingue de
ses prédécesseurs et successeurs ; enfin, le Religieux fait
montre d'une grande indépendance d'esprit et d'un réel
souci du bien commun. Aussi nombre d'érudits ont-ils tenté
de percer son anonymat, volontaire ou involontaire.
Le Laboureur, au xvne siècle, publia une Histoire de
Charles VI1, traduction de la chronique du Religieux ; il
proposa d'identifier ce dernier avec Guillaume Barrault,
grand prieur de l'abbaye — mais celui-ci est mort avant
1400 — ou avec Benoît Gentien, célèbre théologien et pré
dicateur de l'époque, lui aussi moine de Saint-Denis ; malheu
reusement, la chronique contient son éloge funèbre et parle
plusieurs fois de lui à la troisième personne. Au xixe siècle,
les recherches continuèrent. Dans son édition des Chro
niques de Froissart, Kervyn de Lettenhove évoque la per
sonnalité du Religieux de Saint-Denis et propose de recher
cher son nom parmi les notaires et secrétaires du roi, en se
1. Paris, 1663. NICOLE GRÉVY-PONS ET EZIO ORNATO 86
basant sur un passage de la Chronique des abbés des Dunes
d'Adrien de But1. Quelques années plus tard, Moranvillé
proposa d'identifier le Religieux avec un secrétaire de
Charles VI, Pierre Le Fruitier dit Salmon, car des passages
de ses mémoires se retrouvent de manière presque identique
dans la chronique 2. Mais Noël Valois, au début du siècle, a
montré que le Religieux de Saint-Denis avait inséré dans
son œuvre des relations d'ambassade, des comptes rendus
de missions de divers personnages contemporains tels Gon-
tiei' Col et Jacques de NouVion, en ne leur faisant subir que
de légères modifications 3. Les dernières tentatives d'identi
fication du Religieux sont dues à M. Charles Samaran :
comme nous le Verrons plus loin, on peut dire que celui-ci
a pratiquement touché au but. Nous étions loin d'avoir la
prétention de combler une lacune dans la documentation
historique, mais le hasard a Voulu qu'au cours de nos tr
avaux concernant cette même période, une indication ren
contrée dans un manuscrit nous permette d'apporter un
élément nouveau.
Nous Venons d'éditer, avec M. Ouy, l'œuvre historique et
polémique de Jean de Montreuil4, mort en 1418. Celui-ci
était connu jusqu'à présent comme l'un des premiers human
istes français ; mais, en sa qualité de membre de la Chanc
ellerie royale, il contribua aussi à définir et à mettre en
œuvre la politique extérieure de la France en une période
particulièrement troublée, marquée par le Grand Schisme,
la guerre franco-anglaise, la rivalité des princes dégénérant
en civile. Conscient de ses responsabilités, il écrivit
1. Bruxelles, 'J 867-1877, réimpr. Osnabrtick, 1967, t. XIII, p. 322-323.
Adrien de But citait le moine Brandon qui évoquait le Religieux de Saint-
Denis en le qualifiant de notarius régis. Selon И.-F. Delaborde {La vraie chro
nique du Religieux de Saint-Denis, dans Bibliothèque de VËcole des chartes,
t. LI (1890), p. 96), l'expression notarius régis ne doit pas être prise à la lettre,
mais elle désignerait plutôt le titre de chroniqueur officiel attribué au Reli
gieux.
2. La chronique du Religieux de Saint-Denis, les mémoires de Salmon el la
chronique de la mort de Richard II, dans Bibliothèque de l'École des chartes,
t. L (1889), p. 5-40.
3. Jacques de Nouvion et le Religieux de Saint-Denis, dans Bibliothèque de
VËcole des chartes, t. LXIII (1902), p. 233-262.
4. Jean de Montreuil, Opera, vol. Il : L'œuvre historique et polémique, éd.
critique par Nicole Gréyy, Ezio Ornato et Gilbert Ouy, Turin, 1975. "
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Pl. I. — Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. 10306-307, fol. 14 v°.
Jean de Montreuil, A toute la Chevalerie de France (1413).
Note marginale sur la loi salique. LE RELIGIEUX DE SAINT-DENIS 87
différents traités pour défendre les intérêts du roi et du
royaume1. Parmi ceux-ci, deux sont particulièrement
importants et nous sont d'ailleurs parvenus en plusieurs
versions chacun. L'un d'eux, dirigé contre les prétentions
du roi d'Angleterre à la couronne de France et que nous
désignons plus simplement par l'appellation de Traité
contre les Anglais, a été écrit dans un but de propagande
diplomatique ; l'autre traité est adressé A toute la Chevalerie
de France et avait pour but d'exhorter la noblesse française
à chasser les Anglais hors du royaume. Or, dans une des
versions de ce dernier traité, contenue dans le manuscrit
10306-307 de la Bibliothèque royale de Bruxelles, nous
avons trouvé une note se présentant sous la forme d'une
addition marginale (cf. pi. I) :
Combien que j'ay oy dire au chantre et croniqueur de Saint
Denis, personne de grant religion et reverence, qu'il a trouvé
par très anciens livres que ladicte coustume et ordonnance,
qu'il appelle la loy salica, fu faicte et constituée devant qu'il
eust onques roy chrestien en France. Et je mesmes l'ay veu
et leu ycelle loy en un ancien livre, renouvelée et confermee
par Charlemaingne empereur et roy de France. Laquelle loy,
entre plusieurs autres choses qui font très grandement a nostre
propos, dit ainsy et conclut en ceste propre forme : Mulier vero
nullam in regno habeat portionem 2.
1. Le seul ouvrage entièrement consacré à Jean de Montreuil est aujour
d'hui encore celui d'A. Thomas, De Joannis de Monsterolio vita et operibus,
Paris, 1883. Cf. également A. Coville, Gontier et Pierre Col et l'humanisme en
France au temps de Charles VI, Paris, 1935 ; A. Combes, Jean de Montreuil et
le chancelier Gerson, Paris, 1942 ; G. Ouy, Le recueil épistolaire autographe de
Pierre d'Ailhf et les

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