Recherches récentes sur le paléolithique de la région de Vailly-sur-Aisne - article ; n°7 ; vol.58, pg 440-449

Henri Joullie, Harper Kelley

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1961 - Volume 58 - Numéro 7 - Pages 440-449
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1961
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Henri Joullie
Harper Kelley
Recherches récentes sur le paléolithique de la région de Vailly-
sur-Aisne
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1961, tome 58, N. 7. pp. 440-449.
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Joullie Henri, Kelley Harper. Recherches récentes sur le paléolithique de la région de Vailly-sur-Aisne. In: Bulletin de la Société
préhistorique française. 1961, tome 58, N. 7. pp. 440-449.
doi : 10.3406/bspf.1961.3771
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1961_num_58_7_3771Recherches récenfes sur le paléolithique
de la Région de Vailly-sur-Aisne
Henri JOULLIE et Harper KELLEY *
Vailly-sur-Aisne Musée de l'Homme
Depuis longtemps les dépôts fluviatiles de l'Aisne ont fourni des mil
liers d'outils paléolithiques. Les gravières aux environs de Vailly-sur-
Aisne sont parmi les plus riches en industrie, et connues de maints amat
eurs qui ont acquis de nombreuses pièces maintenant dispersées dans
les collections particulières en France et à l'Etranger.
Malgré une pareille abondance d'objets lithiques, les publications
figurant ces industries sont peu nombreuses. La plus importante est le
travail du Pr E. Patte, Le Quaternaire de la vallée de l Aisne, paru en
1937 (1).
Le manque d'études détaillées est en partie dû au fait que les extract
ions, situées en bas niveau, sont faites à la drague et qu'il est donc im
possible de trouver les pièces en place dans les dépôts inférieurs.
L'étude des industries est donc limitée à un classement basé sur les
techniques de taille, la morphologie, et l'état physique des pièces.
On peut constater la présence de plusieurs stades de l'industrie acheu-
léenne ainsi que plusieurs stades du Levalloiso-Moustérien, mais il n'est
pas facile de les faire concorder avec les divisions, basées sur la strat
igraphie, des vallées de la Somme, de l'Oise et de la Seine-Maritime.
Cette méthode de classement est bien entendu imparfaite, mais les
principaux stades des industries représentées peuvent être constatés.
Certaines pièces sont difficiles à classer et être attribuées à
l'Acheuléen supérieur ou au Levalloiso-Moustérien.
Depuis plusieurs années, M. Joullié a suivi les gravières aux environs
de Vailly et a récolté plusieurs centaines de pièces. Le but de M. Joullié
était de constituer une série représentative de toutes les industries paléo
lithiques du pays. Il a également étudié les périodes plus récentes et
publié dans le Bulletin de la Société Préhistorique Française, des notes
concernant ces recherches (2).
M. Joullié a eu la bonne fortune d'acquérir trois pièces uniques, ainsi
qu'un certain nombre de pièces exceptionnelles. Deux de ses bifaces
uniques, sont figurés ici (Fig. 1 et Fig. 2, n° 3). L'autre a été présenté au
Congrès Préhistorique de France, session de Monaco 1959 et il figure
dans la communication de M. Kelley, actuellement sous presse, Bifaces
de dimensions exceptionnelles (3). C'est le plus grand biface français
connu et peut-être la plus grande pièce européenne. Très habilement
taillé dans une grande plaque de grès quartziteux, il mesure 353 mm de
long, 155 mm de large et ne pèse que 2,510 kg. Il a été trouvé dans
l'ancienne gravière Rodriguez, à Presles-et-Boves. Depuis la rédaction
de cette note. H. Kelley a retrouvé la référence à un autre grand biface,
signalé par H. Gardez (4), provenant de la gravière de Presles. Il mesure
(*) Séance de décembre 1960. SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 441
25,8 (m
20 J
Fig. 1. — Biface acheuléen, Presles-et-Boves (Aisne). Ech. 1/2. '" ^"""iži^&aĚP^ зЬ за V L/
Fig. 2. — Hachereau, pointe, et biface, acheuléens, Presles-et-Boves. Ech. 1/2. 3. — Bifaces foliacés, éclats retouchés, acheuléens, provenances diverses Fig. des environs de Vailly-sur-Aisne. Ech. 1/2. 444 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
290 X 110 X 60 mm et est à ajouter à l'inventaire des grandes pièces
françaises dans l'article cité ci-dessus.
Les échantillons figurés ici ont été choisis pour présenter, non pas
la synthèse des types de la région de Vailly, mais un choix de pièces
intéressantes et de types divers. Bien entendu, les récoltes de M. Joullié
comportent des séries de bifaces acheuléens des types courants, lancéol
és, ovales, etc., ainsi que des éclats, retouchés ou non, également clas
n° siques. 3) appartenant Nous y avons à M. ajouté Leturque, la lame maître (Fig. 4, d'école n° 4) à et Vailly, la pointe qui (Fig. nous 5, a
très aimablement autorisé à les reproduire.
On peut noter parmi les pièces exceptionnelles le hachereau en silex
(Fig. 2, n° 1). Ce type d'outil est très rare dans la vallée de l'Aisne, fait
assez surprenant étant donné l'emploi fréquent de grès lustré, matière
utilisée très souvent en Afrique pour la fabrication des hachereaux. De
l'Aisne et dans cette matière, le Musée de l'Homme en possède un très
grand à tranchant large, et M. Kelley en a récolté deux autres à tran
chant étroit.
Deux autres pièces également exceptionnelles sont les deux bifaces
foliacés acheuléens (Fig. 3, n° 1 et n° 6) qui viennent s'ajouter à la
série de type foliacé, dont une partie de la vallée de l'Aisne, publiés
récemment dans le Bulletin de la Société Préhistorique Française par
M. Kelley (5). Le n° 6 de la Fig. 2 est une des plus belles du genre.
En ce qui concerne l'ensemble de l'industrie lithique de la région de
Vailly, les récoltes de M. Joullié confirment les observations du Prof.
Patte, qui a constaté une abondance d'Acheuléen dans diverses carrières
ainsi qu'un assez grand nombre de pièces levalloiso-moustériennes.
Les bifaces acheuléens présentent plusieurs états physiques, et cer
taines pièces non usées sont du type de l'Acheuléen final ou Micoquien.
Les échantillons usés appartiennent à stades de l'Acheuléen,
sans qu'il soit possible de les classer avec précision. Le Levalloiso-
Moustérien est très souvent intact, mais il comporte également des
pièces usées. Les phénomènes de solifluxion, souvent visibles dans les
carrières, sont sans doute responsables du transport et de l'usure de
nombreuses pièces. Parmi celles non usées, on note que certaines
d'entre elles sont très lustrées, lustre dû à l'action fluviatile par des
eaux chargées de sable.
Le grès lustré a été employé pour la majeure partie des bifaces acheul
éens, mais il y en a aussi un assez grand nombre en silex. Cette dernière
mat;ère a été utilisée, semble-t-il, pour la plupart des pièces Levalloiso-
Moustériennes, mais on note également la présence d'un certain nombre
d'instruments en grès.
DESCRIPTION DES FIGURES
Fig. 1. — Grand biface ovale allongé, en silex veiné, à patine rouge lustrée
sur les deux faces, d'âge acheuléen probablement assez évolué. Provenance :
ancienne gravière Rodriguez, Presles-et-Boves. Dimensions : 258 mm X
112 mm X ép. max. 41 mm. La pièce est non usée. C'est probablement un des
plus beaux bifaces qui aient jamais été trouvés en France, non seulement
par la taille parfaite, mais également par la matière première qui est splen-
dide. L'excellent dessin de M. Laurent montre bien la perfection de la taille,
mais aucun dessin au trait ne peut rendre la beauté de la matière première.
Fig, 2. — 1. Hachereau acheuléen, en silex marbré, de la gravière Chaplet,
Presles-et-Boves. Dimensions : 145 X 100 X 35 mm. La face supérieure, seule
figurée ici, est légèrement usée. Le tranchant est ébréché et presque aussi
large que le corps de la pièce, les bords sont bien retouchés et il reste deux
îlots de cortex. Un enlèvement assez large part du tranchant. La face infé- SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 445
rieure, non figurée, présente à la partie la plus épaisse un îlot où la qualité du
silex est moins bonne que dans le