Repenser la communication interne - article ; n°1 ; vol.120, pg 27-40
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Description

Communication et langages - Année 1999 - Volume 120 - Numéro 1 - Pages 27-40
La communication interne dans les organisations n'est plus à la mode. Elle reste tiraillée entre des champs pratiques et théoriques divers et parcellaires. Elle ne dispose pas encore d'une approche proprement communicationnelle. Cet article ouvre cette perspective, par un « retour au terrain » (un conseil régional) et une analyse systémique et constructiviste de la communication interne d'une collectivité territoriale, grâce à la théorie des processus de contextualisation. Il invite les chercheurs en sciences de l'information et de la communication au débat.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 166
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Antoine Corbalan
Repenser la communication interne
In: Communication et langages. N°120, 2ème trimestre 1999. pp. 27-40.
Résumé
La communication interne dans les organisations n'est plus à la mode. Elle reste tiraillée entre des champs pratiques et
théoriques divers et parcellaires. Elle ne dispose pas encore d'une approche proprement communicationnelle. Cet article ouvre
cette perspective, par un « retour au terrain » (un conseil régional) et une analyse systémique et constructiviste de la
communication interne d'une collectivité territoriale, grâce à la théorie des processus de contextualisation. Il invite les chercheurs
en sciences de l'information et de la communication au débat.
Citer ce document / Cite this document :
Corbalan Jean-Antoine. Repenser la communication interne. In: Communication et langages. N°120, 2ème trimestre 1999. pp.
27-40.
doi : 10.3406/colan.1999.2924
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1999_num_120_1_2924Repenser
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La communication interne dans les organisations1 (un conseil régional) et une analyse systé-
n'est plus à la mode. Elle reste tiraillée mique et constructiviste de la communicat
entre des champs pratiques et théoriques ion interne d'une collectivité territoriale,
divers et parcellaires. Elle ne dispose pas grâce à la théorie des processus de
encore d'une approche proprement com- contextualisation. Il invite les chercheurs
municationnelle. Cet article ouvre cette en sciences de l'information et de la com
perspective, par un « retour au terrain » munication au débat.
La communication interne fut à la mode, après les « trente glo
rieuses ». Les entreprises privées ouvrirent la voie, bientôt sui
vies par les administrations, l'État2 lui-même, les associations.
Ce fut l'avènement des « dircoms », les directeurs de la commun
ication interne. La publicité et le marketing servirent souvent de
modèle, et furent promus par une nouvelle profession montante :
les consultants. Mais les résultats ne furent pas à la hauteur des
espérances, la crise continua à sévir3.
Alors apparurent les nouvelles technologies de l'information et
de la communication, les NTIC, dont Internet et le téléphone por
table4 sont les porte-drapeaux. La mode, les espérances et les
craintes, les utopies se focalisèrent sur ces NTIC. La communic
ation interne se retrouva oubliée du discours savant. Mais elle
1 . « Organisation » est à prendre au sens large, englobant toute entreprise publique ou
privée, chaque administration, collectivité locale ou territoriale, chaque association...
c'est-à-dire tout ce qui organise l'activité de personnes, dans un but de production de
biens ou de services.
2. Voir les articles de Anne Leyval-Granger sur la communication du Premier ministre,
dans le numéro 1 1 4 - 4e trimestre 1 997 - de Communication et langages, et sur la com
munication administrative, dans le numéro 1 10 - 4e trimestre 1996.
3. On relira avec intérêt l'article de Thierry et Franck-Bruno Cohen sur la communication
en temps de crise, dans le numéro 102 - 4e trimestre 1994 - de cette revue.
4. Voir mon article sur le téléphone portable dans le numéro 1 13 - 3e trimestre 1997 - de
cette revue, ainsi que les nombreux articles et le dossier du numéro 1 16 - 2e trimestre
1998. 28 La communication des organisations
continue à être mise en œuvre dans les services de communicati
on, par des personnes de plus en plus nombreuses, venant de
formations et d'horizons très divers. Aujourd'hui, le discours
savant ne s'intéresse le plus souvent à la communication interne
que pour en dénoncer les pratiques non légitimées par une théor
ie reconnue. Il est donc nécessaire de repenser ce champ de
pratiques et de théories.
LA COMMUNICATION INTERNE :
UNE FONCTION TIRAILLÉE
Plusieurs champs se sont emparés de la communication interne,
chacun proposant une vision particulière et une professionnalité
spécifique. L'objet de cet article n'est pas de recenser exhaust
ivement les referents de la communication interne5 ; il est de sug
gérer qu'elle puise à des théories et techniques disparates, la
plupart extérieures à la communication.
La communication interne se voit donc tiraillée entre des
approches multiples. Citons en vrac et sans ordre de priorité : la comme idéologie implicite, soit de convivialité,
soit de manipulation ; la publicité, comme tentative de séduction ;
le marketing, comme technique de promotion ; le management,
comme volonté de dynamiser le personnel en l'associant à des
projets collectifs; la gestion, comme méthode d'optimisation des
flux d'information ; le journalisme, comme travail d'écriture et de
diffusion, etc.
Une des caractéristiques fréquentes dans toutes ces approches
est de considérer la communication interne comme une fonction,
à égalité avec les autres fonctions d'une organisation, telles que
la production, la conception, la gestion, les finances, la direction,
la vente... Ceci témoigne souvent d'une vision mécanique et
o taylorienne de l'organisation.
^ Dans tous les cas, la communication interne est identifiée à un
^ service de Un de plus, serais-je tenté d'écrire. Car
§> son introduction dans l'organisation ne va souvent pas de soi. Il
g> n'est pas rare de la voir accusée d'être « la danseuse » ou « le
5 magicien » de la direction.
CD
§ Que l'on me comprenne bien : il n'est pas question ici de nier les
"I apports de chacun de ces champs et de ces métiers. Mais il me
§ semble nécessaire, avant toute chose, de renouveler le point de
O|o c vue 5. Cette sur recension la communication reste d'ailleurs à interne. faire. Repenser la communication interne 29
LA COMMUNICATION INTERNE :
UN « OBJET >> À CARACTÉRISER?
La communication interne qualifie les phénomènes humains qui
se déroulent dans une organisation. Telle est, en première
approximation, la définition que je propose.
Cette définition ne considère plus la communication interne
comme une fonction ou un organe, mais comme une situation à
caractériser, situation actuelle, fluctuante et en perpétuel devenir
des relations humaines au sein d'une organisation, elle-même
conçue comme un système d'interactions.
Cette définition est centrée sur les interrelations entre personnes
considérées comme des acteurs en situation d'interaction, situa
tion plus ou moins voulue et/ou subie, mais acteurs percevant
des situations et leur attribuant une signification plus ou moins
stable, plus ou moins cohérente, plus ou moins opératoire.
Accessoirement, cette définition permettra peut-être de renouvel
er le débat entre deux points de vue qui s'affrontent dans les
organisations : la communication interne est-elle une fonction
autonome, ou n'est-elle qu'un des moyens de la DRH6?
LA COMMUNICATION INTERNE :
UNE APPROCHE À REPENSER
Pour l'essentiel, jusqu'ici, la communication interne est abordée
par les moyens qu'elle utilise et par les fins qu'elle poursuit. Je
propose une centration sur les situations de communication
interne dans des organisations. Pour cela, un « retour au
terrain » s'impose, avec la double question suivante : que se
passe-t-il concrètement dans des organisations, du point de vue
de la communication interne, et quel sens les acteurs de cette
organisation lui donnent-ils?
Pour ce recueil de données, je ferai appel à l'observation, à
l'étude documentaire, à la description, à la participation, à
l'enquête par entretien. Mais cela ne saurait suffire. Il est nécess
aire d'analyser ces données avec une théorie systémique. J'uti
liserai la théorie des processus de la communication, exposée
par Alex Mucchielli7. Un aperçu de cette théorie est proposé
dans l'encadré.
6. Direction des ressources humaines.
7. Alex Mucchielli, Théorie des processus de la communication, Paris, A. Colin, 1998. 30 La communication des organisations
Les processus de la communication**
Une communication se définit comme toute « production »
humaine (expression, création, conduite, paroles, écrits, paralan-
gage, actes de « non-communication »...) pouvant être « lue » c'est-
à-dire trouver un sens - dans une sit

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