Révolutionnaires de Basse-Bretagne : Jean-Marie Baudouin de Maisonblanche, jurisconsulte et député - article ; n°1 ; vol.33, pg 105-130
27 pages
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Révolutionnaires de Basse-Bretagne : Jean-Marie Baudouin de Maisonblanche, jurisconsulte et député - article ; n°1 ; vol.33, pg 105-130

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Annales de Bretagne - Année 1918 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 105-130
26 pages

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Publié le 01 janvier 1918
Nombre de lectures 32
Langue Français
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Extrait

Léon Dubreuil
Révolutionnaires de Basse-Bretagne : Jean-Marie Baudouin de
Maisonblanche, jurisconsulte et député
In: Annales de Bretagne. Tome 33, numéro 1, 1918. pp. 105-130.
Citer ce document / Cite this document :
Dubreuil Léon. Révolutionnaires de Basse-Bretagne : Jean-Marie Baudouin de Maisonblanche, jurisconsulte et député. In:
Annales de Bretagne. Tome 33, numéro 1, 1918. pp. 105-130.
doi : 10.3406/abpo.1918.1479
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1918_num_33_1_1479LÉON DUBKEOÏL
RÉVOLUTIONNAIRES DE BASSE-BRETAGNE
JEAN-MARIE BAUDOUN DE MAISONBLANCHE
Jurisconsulte et Député
On peut le caractériser en deux mots : c'est un breton
convaincu. L'amour qu'il a voué à sa petite patrie suffit à
expliquer tous ses actes, toutes les inconséquences apparentes
de sa conduite. Kerviler d) l'a singulièrement rapetissé. Il n'a
pas compris les raisons profondes pour lesquelles Baudouin
de Maisonblanche s'est toujours laissé faire violence par ceux
qui désiraient le voir occuper des fonctions publiques. De
toute l'œuvre politique du constituant, il n'a guère envisagé
que son vote de la constitution civile du clergé et s'est jugé
satisfait d'avoir découvert comme une manière de désaveu
dans quelques lignes sibyllines de son auteur. Les révolution
naires ignoraient heureusement à peu près tout des concept
ions modernes de l'ultramontanisme. Les juger à la lumière
d'un Montalembert, ou même d'un Lamennais, c'est commettre
le pire des anachronismes. Ces remords, qu'on leur attribue
d'une manière bénévole, sont plus souvent les remords de
leurs descendants que les leurs propres. Et Baudouin de
Maisonblanche n'a jamais exprimé le moindre désaveu.
Sa vie offre, au contraire, un rare exemple de continuité.
Le souci de ses études le transporte en Basse-Bretagne. Il est
(1) René Kerviler. Etude biographique sur Baudouin de Maisonblanche,
député de la Sénéchaussée de Lannion aux Etats Généraux de 1789 '174-2-
1812). — Saint-Brieuc, 1886. 106 REVOLUTIONNAIRES Î)E BASSE-BRETAGNE.
frappé de l'existence d'un mode de tenure familier à l'Armo-
rique, qui provoque d'interminables commentaires, depuis
que les Coutumes ont été réimprimées par les Poullaiu-
Duparc, les IJévin, les Michel Sauvageau. Les conditions du
domaine congéable s'aggravent en conséquence de l'absen
téisme des seigneurs fonciers et des exigences de leurs
intendants. Les hommes de loi, répandus dans toutes les
campagnes, désireux de vivre et de bien vivre, ont généra
lement pris contre les feudistes ie parti des colons. La philo
sophie du siècle corrobore leurs intérêts. Alors que certains
jurisconsultes ne voient dans la baillée congéable qu'un contrat
bilatéral et licite, ceux-ci affirment son identité avec la tenure
servile.
Or les textes authentiques manquent. Jamais les usements
convenanciers n'ont été produits lors des réformations de la
Coutume : il n'en est fait mention qu'au moment de certaines
enquêtes par turbesW, où les propriétaires fonciers se sont
érigés en juges de leur propre cause. Si l'usement de Cor-
nouaille, si l'usement de Rohan paraissent rédigés d'une
manière définitive, l'usement de Vannes ou de Brouérec ne
s'entend que grâce au commentaire du juriste Gattechair; —
l'usement de Poher n'est qu'une aggravation léonine de celui
de Cornouaille, et les colons s'accordent à en fixer l'origine
en 169 \ seulement, date à laquelle le Parlement de Rennes
rendit contre les Lostanlen un arrêt favorable aux prétentions
abusives de leur propriétaire foncier. Enfin, nul texte n'existe
de l'usement de Tréguier et Goello, uniquement connu par le
commentaire de l'écuyer F. de Rozmar.
Dans toute la province — car les jurisconsultes de Rennes
s'y consacrent — on scrute les profondeurs du passé, on
recherche les origines du bail à convenant dans l'espoir d'en
déterminer l'espèce. Or, depuis Bo,schorn et Bochart, qui
au XVIIe siècle, mirent le celtisme à la mode, l'on ne fait que
répéter, amplifier follement leurs fantaisies philologiques. Le
domaine congéable doit finir par entrer en conjonction avec
(1) Enquêtes faites pour constater la coutume — et non pour la réformer. .

.
JEA.N-MABIE BAUDOUIN DE MAISONBLANCHE . 107
le culte des antiquités bretonnes. L'idée s'est ancrée dans les
esprits que le régime convenancier date des migrations des
Bretons en Armorique. Mais il y avait des Celtes auparavant
dans le pays : on les rend contemporains des monuments
mégalithiques. La linguistique entraîne à de singulières
erreurs. Par une confrontation abusive des racines de l'hé
breu, du grec et du breton, l'on retrouve certaines fortuites
coïncidences. Et depuis un siècle l'on va répétant que le breton
pourrait bien être la langue fondamentale ? L'ami de La Tour
d'Auvergne, Le Brigant, écrira plus tard les Eléments suc
cincts de la Langue des Celtes-Gomérites, où il prendra vi
olemment à partie le P. Grégoire de Rostrenen d), auteur d'une
grammaire réputée (2), et pensera trouver, aux temps les plus
reculés de l'antiquité biblique, l'origine des Celtes-Armori
cains (3).
Une pareille idée avait de quoi séduire le mysticisme des
esprits cultivés du XVIIIe siècle. Montesquieu y avait lui-même
inconsciemment contribué'4) en reprenant à son compte la
comparaison que le P. Duhalde avait faite du régime conve
nancier et de la tenure précaire en usage chez les Tartares.
Il n'est pas douteux que de pareilles questions aient été agitées
par tous ceux qui se piquaient d'avoir des connaissances et
des lettres. Le Brigant, Baudouin de Maisonblanche et La
(1) « Un des plus tristes [livres] et des plus absurdes a été la dernière
Grammaire tiu pauvre capuoin Hosternen qui, en forgeant treize à quatorze
conjugaisons sans en donner une, présentait des choses aussi inutiles que la
barbe des capucins. »
(2) Grammaire française-celtique ou française-bretonne contenant tout ce
qui est nécessaire pour apprendre par les règles la Langue Celtique ou
Bretonne, par P. F. Grégoire de Rostrenen (Nouvelle édition, Brest, an III).
(3) « Cette Langue, la première du monde, qui avant le mélange des
nations survenues, était celle de l'Europe, evro pen, la tête ou l'extrémité
du pays, ou partage des enfants de Japhet, à prendre depuis le cap Finis
tère, nommé Are ta bro, encore ton pays, jusqu'à Yllellespont, est celle des
Celtes-Gomérites, Gombrites ou Bretons », etc.. [Eléments succincts de la
Langue des Celtes-Gomérites ou Bretons; Introduction à cette langue et
par elle à celles de tous les peuples connus. Seconde édition, retouchée et
rectiliée par l'auteur. Le Brigant, de Pontrieux, Brest, an VII). — Pour Le
Brigant, les Bretons ont pour ancêtre Gomer, fils de Japhet. « Filii Japhet
Gomer, Magog, Javan et Madai (Gf.x. C. X.) ».
(4.) Esprit des Lois, liv. XVIII, chap. 21. 108 RÉVOLUTIONNAIRES DÉ BASSE-BRÈTAGNË.
Tour d'Auvergne en sont les types les plus achevés parce que
les plus chimériques.
Si Le Brigant est resté confiné dans ses recherches de li
nguistique comparée, ses deux émules ont cherché par l'étude
du passé de leur province, par l'écriture de l'histoire (?) de
l'Armorique à déterminer les lois essentielles de l'histoire
générale. Sans doute leurs conceptions sont parfois bien
étranges; ces savants nous font l'effet de pédantes caricatures :
leur œuvre est restée imparfaite à l'excès. Ils n'en comptent
pas moins au nombre des vulgarisateurs de questions extr
êmement prenantes, extraordinairement fécondes.
En fait, la vie de Baudouin de Maisonblanche se trouve
cantonnée par ses Institutions Convenantières qu'il publia à
Saint-Brieuc en 1776 et par son projet d'Histoire de la Basse-
Bretagne d). Tout le reste n'est que l'accessoire. Son rôle
politique, qui est celui d'un bourgeois et d'un démocrate,
n'est que le corollaire de l'œuvre du celtisant. Le monument
qu'il cherche à élever dans la réalité est un à la
gloire de l'Armori

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